Un anneau est une structure algébrique fondamentale dans laquelle s’opèrent deux opérations : une addition et une multiplication. Plus précisément, un sous-ensemble non vide SS d’un anneau RR qui est un sous-groupe additif et fermé par multiplication est lui-même un anneau, appelé sous-anneau de RR. Cette propriété permet d’établir des hiérarchies dans les structures algébriques, où RR est alors qualifié de sur-anneau de SS. Bien que l’anneau RR puisse posséder un élément neutre multiplicatif, le sous-anneau SS ne l’a pas nécessairement, sauf si 1RS1_R \in S, auquel cas 1R1_R est aussi l’unité de SS.

Il est aussi intéressant de noter que les intersections de sous-anneaux restent des sous-anneaux, ce qui confère à cette construction une grande stabilité. Par exemple, le sous-anneau des fonctions à support fini dans RNR^{\mathbb{N}} illustre bien un sous-anneau sans unité, même lorsque RR en possède une. De plus, la construction du corps P(X)P(X) des parties d’un ensemble XX muni de la différence symétrique et de l’intersection donne lieu à un anneau commutatif avec unité, soulignant la richesse des exemples concrets.

La notion de morphisme d’anneaux, c’est-à-dire une application compatible aux deux opérations, joue un rôle essentiel dans la compréhension des structures et de leurs relations. Une application φ:RR\varphi : R \to R' est un homomorphisme d’anneaux si elle préserve l’addition et la multiplication. Un homomorphisme bijectif est appelé isomorphisme, signifiant que les deux anneaux sont structurellement identiques. Cependant, un homomorphisme ne préserve pas nécessairement l’unité, ce qui découle de la nature multiplicative d’un anneau qui n’est pas un groupe.

Le théorème du binôme s’inscrit naturellement dans le cadre des anneaux. Pour deux éléments commutatifs a,ba, b d’un anneau avec unité, la formule classique

(a+b)n=k=0n(nk)akbnk(a + b)^n = \sum_{k=0}^n \binom{n}{k} a^k b^{n-k}

s’applique, étendue au contexte général des anneaux. Sa démonstration repose sur un raisonnement par induction combiné aux propriétés fondamentales des opérations dans l’anneau. Cette formule est capitale car elle établit un pont entre les structures algébriques abstraites et les développements combinatoires.

La généralisation à la formule multinomiale permet d’étendre ce résultat à des sommes de plus de deux termes. En introduisant un multi-indice α=(α1,,αm)\alpha = (\alpha_1, \ldots, \alpha_m) d’ordre mm, la formule

(j=1maj)k=α=kk!α!aα,\left( \sum_{j=1}^m a_j \right)^k = \sum_{|\alpha|=k} \frac{k!}{\alpha!} a^\alpha,

aα=j=1majαja^\alpha = \prod_{j=1}^m a_j^{\alpha_j} et α=αj|\alpha| = \sum \alpha_j, offre une compréhension plus fine des puissances d’une somme dans un anneau commutatif unitaire. Cette généralisation repose sur une double induction : sur le nombre de termes et sur l’exposant kk. Elle met en lumière l’importance des coefficients multinomiaux, qui sont des entiers naturels garantissant la cohérence combinatoire du développement.

Lorsqu’on considère un anneau KK pour lequel les éléments non nuls forment un groupe abélien multiplicatif, on parle alors d’un corps. Un corps possède donc toutes les propriétés d’un anneau commutatif unitaire, avec en plus l’existence de l’inverse multiplicatif pour tout élément non nul. Cela confère au corps une structure particulièrement riche et élégante, notamment l’absence de diviseurs de zéro, l’existence et l’unicité des solutions aux équations linéaires ax=bax = b pour a0a \neq 0, ainsi qu’un ensemble de règles algébriques rappelant celles des nombres rationnels.

Dans cette perspective, les corps constituent le cadre naturel pour l’algèbre linéaire, la théorie des polynômes, et plus généralement pour une grande partie des mathématiques pures et appliquées. La compréhension fine des anneaux et des corps est donc indispensable pour appréhender les structures algébriques sous-jacentes aux théories plus avancées.

Il est important de saisir que la notion d’anneau, bien que plus souple que celle de corps, impose néanmoins des contraintes très fortes sur les opérations et les éléments. La non-unicité de l’élément neutre multiplicatif dans un sous-anneau, la non-commutativité possible, ou encore l’absence d’inverses multiplicatifs, sont autant d’aspects qui modulent la richesse et la complexité des structures rencontrées. Le théorème du binôme, dans ce contexte, révèle combien certaines propriétés classiques peuvent se généraliser malgré cette complexité apparente.

Enfin, la distinction entre anneaux, sous-anneaux, morphismes, et corps doit être comprise dans leur subtilité : un morphisme peut perdre l’unité, un sous-anneau peut ne pas être muni d’un neutre multiplicatif, et la commutativité peut ne pas se transmettre. Ces nuances sont cruciales pour éviter des erreurs dans l’étude des structures algébriques, ainsi que pour exploiter pleinement les outils théoriques à disposition.

Pourquoi toute fonction monotone continue stricte est-elle inversible avec un inverse continu et monotone ?

Une fonction strictement monotone continue définie sur un intervalle non vide de la droite réelle possède une propriété fondamentale : elle est injective et son inverse, défini sur l’image de l’intervalle, est également une fonction continue et monotone stricte. Cette assertion découle directement du théorème d’inversion pour fonctions monotones, qui s’appuie sur la continuité et la stricte croissance (ou décroissance) de la fonction initiale.

Considérons une fonction f:IRf : I \to \mathbb{R}, où IRI \subseteq \mathbb{R} est un intervalle, et supposons que ff soit strictement croissante et continue. La première conséquence immédiate est que l’image J=f(I)J = f(I) est aussi un intervalle, un résultat classique lié à la préservation de la connexité par les fonctions continues. De plus, la stricte monotonie garantit l’injectivité de ff, et ainsi la bijection entre II et JJ. L’existence d’un inverse g=f1:JIg = f^{ -1} : J \to I est donc assurée.

Pour démontrer la continuité de gg, on procède par contradiction en supposant une discontinuité en un point s0Js_0 \in J. Une construction classique utilisant une suite convergente dans JJ et la propriété de Bolzano-Weierstrass conduit à montrer que l’image des points par gg ne peut pas diverger d’une manière incompatible avec la continuité de ff. Cette contradiction établit la continuité de gg. Enfin, la monotonie stricte de gg découle également directement de celle de ff : si s1<s2s_1 < s_2, alors g(s1)<g(s2)g(s_1) < g(s_2), sous peine d’inverser l’ordre dans ff, ce qui serait impossible.

Des exemples concrets illustrent ces propriétés, comme les fonctions xxnx \mapsto x^n sur R+\mathbb{R}_+, qui sont continues, strictement croissantes, et possèdent des inverses également monotones et continues. À l’inverse, si le domaine de définition n’est pas un intervalle, cette continuité de l’inverse peut échouer, comme le montre un contre-exemple où la fonction est définie sur les entiers Z\mathbb{Z}.

Au-delà de la simple inversion, ces résultats ont des applications importantes dans l’analyse et la topologie des fonctions réelles, notamment dans la caractérisation des homéomorphismes entre ouverts de R\mathbb{R}. Par exemple, toute fonction continue et injective définie sur un ouvert de R\mathbb{R} est un homéomorphisme sur son image, renforçant ainsi la relation entre injectivité, monotonie et structure topologique.

En parallèle, il est essentiel de considérer la distinction entre continuité sur les intervalles et sur des ensembles plus fragmentés : la structure même du domaine influence la régularité des fonctions inverses. Ainsi, la continuité et la monotonie stricte sont intimement liées à la nature connexe de l’intervalle sur lequel la fonction est définie.

Par ailleurs, cette théorie s’inscrit dans une vision plus large des fonctions continues, comme celle de l’exponentielle et des fonctions trigonométriques. Ces dernières, définies par séries convergentes avec un rayon de convergence infini, possèdent également des propriétés d’inversibilité locale en raison de leur continuité et monotonicité sur certains intervalles. L’exponentielle, par exemple, est strictement croissante et continue sur R\mathbb{R}, ce qui garantit une bijection vers (0,)(0, \infty) et une fonction inverse continue : le logarithme.

Pour approfondir la compréhension, il convient aussi de noter que toute fonction injective continue sur un intervalle est nécessairement strictement monotone. Cette propriété se révèle primordiale dans la caractérisation des fonctions inversibles et l’étude des points fixes, où une fonction f:IIf : I \to I continue sur un intervalle compact admet au moins un point fixe, renforçant ainsi la compréhension des dynamiques induites par ces fonctions.

Enfin, au-delà de la stricte monotonicité et de la continuité, il existe des fonctions présentant des discontinuités contrôlées, telles que des fonctions monotones avec des sauts en certains points rationnels, qui illustrent la diversité des comportements possibles. Ces fonctions montrent que la continuité uniforme n’est pas toujours garantie, mais que la monotonie impose malgré tout une certaine régularité dans le comportement global.

Il est important de comprendre que la continuité et la monotonie ne sont pas simplement des conditions techniques : elles assurent la préservation de la structure ordinale et topologique, condition nécessaire pour garantir l’existence et la régularité de fonctions inverses. Cette compréhension est essentielle dans l’étude des fonctions réelles et la théorie plus générale des fonctions continues et monotones, ainsi que dans leurs applications analytiques et topologiques.