Les premières estimations des trajectoires de Helios, l'étoile qui s'approchait de notre système, donnaient une distance de rencontre d'une ampleur impressionnante : plus de dix mille unités astronomiques, soit environ trois cents fois la distance de Pluton. Ce chiffre, bien que spectaculaire, se révéla rapidement incorrect. Une cinquantaine d'années d'efforts scientifiques ininterrompus permirent de réduire cette estimation à environ mille unités astronomiques, un chiffre bien plus précis et, en vérité, bien plus proche de la réalité. À mesure qu'Helios s'approchait, les mesures devenaient de plus en plus fiables, et l'éventualité d'une perturbation significative du système solaire devenait de plus en plus claire.

Dans les années 1960, l'excitation monta d'un cran. Helios allait pénétrer dans l'orbite des planètes extérieures, modifiant le paysage astronomique d'une manière inédite. D'ici 2070, une valeur définitive fut obtenue : au point de son approche la plus proche, Helios se trouverait à seulement vingt unités astronomiques du Soleil. À cette distance, il serait cinq mille fois plus lumineux que la pleine Lune, bien que son éclat ne représente qu'un quarantième de celui du Soleil. Les effets de cette rencontre sur la Terre seraient relativement modérés. Bien que l'orbite terrestre soit légèrement perturbée, produisant une ellipse plus marquée, les changements sur les saisons seraient perceptibles, mais pas dramatiques. Les journées et les années seraient affectées, mais l'ampleur exacte de ces changements demeurait encore un mystère.

Cependant, il n'y avait pas de doute quant aux conséquences pour les planètes extérieures du système solaire. Uranus, Neptune et Pluton étaient susceptibles d'être complètement déroutées, voire expulsées de notre système. L'influence gravitationnelle de Helios sur ces géantes serait comparable à celle du Soleil lui-même. Si la Terre subissait des effets modérés, les planètes les plus éloignées subiraient une véritable révolution cosmique.

Avec l'impact de cette arrivée, il devenait évident que l'existence d'un système planétaire autour d'Helios ne pouvait être ignorée. Les théories astronomiques indiquaient que, malgré la grande masse d'Helios, il restait une probabilité pour qu'un système de planètes ait pu se former. Ces spéculations se confirmèrent avec la découverte de deux planètes massives, semblables à Jupiter dans notre propre système. Les découvreurs américains, enthousiasmés par cette avancée, leur attribuèrent les noms de Hera et Semele. Cette époque coïncidait avec un moment où la philosophie et les sciences sociales prenaient une place plus dominante dans la culture populaire, éclipsant parfois les noms de figures historiques comme Newton ou Einstein.

Au début du siècle suivant, de nouvelles découvertes eurent lieu. Deux autres planètes de taille comparable à Uranus furent observées, et les chercheurs choisirent des noms philosophiques : Hegel et Kierkegaard. La recherche ne s'arrêta pas là. Quelques mois plus tard, une cinquième planète fut repérée par Conway lui-même. Contrairement aux autres, cette planète était bien plus petite et donc difficile à distinguer dans l'éclat intense d'Helios. Sa taille, plus proche de celle de la Terre, la rendait intrigante, mais peu de détails étaient disponibles sur elle. Conway, avec une touche d'humour britannique, décida de la nommer Achille, défiant ainsi les pressions internationales pour lui attribuer un nom comme Spinoza, choisi par certains pour son symbolisme.

Les observations de Helios et de ses planètes ont non seulement bouleversé notre compréhension de l'univers, mais elles ont aussi mis en lumière la fragile relation entre la Terre et son Soleil. La rencontre avec Helios est loin d’être simplement un événement astronomique : elle nous pousse à réévaluer l'impact des phénomènes cosmiques sur notre propre existence, nos saisons, et même l'évolution de notre planète.

Il est également essentiel de comprendre que les perturbations causées par de tels événements pourraient bien aller au-delà des simples effets astronomiques. Le changement d'orbite de la Terre pourrait affecter de manière significative nos climat et écosystèmes, avec des conséquences à long terme sur la biodiversité et les sociétés humaines. La rencontre avec une étoile aussi massive qu'Helios n'est pas qu'une curiosité scientifique, mais un rappel de la vulnérabilité de notre position dans l'univers, une position que l'on croyait stable et protégée.

Quel rôle joue la mémoire collective dans la transformation de la réalité perçue ?

Il avait à peine entendu les sons étouffés qui accompagnaient le corps d’un homme, impeccablement vêtu dans ses habits de ville. L’homme, luttant pour respirer, se cramponnait à sa gorge, produisant des bruits rappelant de l'eau s'écoulant dans une canalisation. À ses pieds, son parapluie roulé et son chapeau melon reposaient non loin, et sa mallette ouverte déversait une pile de sandwiches, autour desquels les pigeons se régalaient paisiblement. Le spectacle était dérangeant, pourtant l’homme n’était pas une exception dans cette réalité instable qui semblait avoir envahi la ville.

Il se dirigea vers l’endroit où il devait rencontrer Cathy. À cet instant, une question le hantait : comment diable avait-elle réussi à provoquer cela ? Ce qui semblait si simple, le fait de perturber les zones de stockage de la mémoire, devenait beaucoup plus complexe quand il pensait à l'ampleur de ce phénomène. Il n'arrivait pas à concevoir comment elle avait pu faire en sorte que tous voient, de façon simultanée, une réalité modifiée. Mais peut-être que chacun voyait quelque chose de différent ? C'était sûrement cela. Chaque individu, dans sa perception privée, devait vivre sa propre vision, sa propre illusion.

Cathy arriva enfin, un petit sourire amusé sur les lèvres. "Je suis contente que tu sois à l'heure", dit-elle. "Où étais-tu ?" "Dans la ville. Je me suis aventuré dans les rues étroites où la foule était la plus dense. C'était là que ça devait commencer. Mais je suis revenu à pied, il n'y a aucun transport disponible."

La situation était devenue chaotique. "Je pense qu'il est désormais inutile de chercher à repartir en voiture", répondit-elle. "C'est la folie complète. Dieu, tu as vraiment lancé quelque chose !"

Ils prirent un taxi qu'ils trouvèrent, avec le moteur encore en marche, accidenté contre un poteau de signalisation. Ils roulèrent rapidement en direction de St James's Street, où la ville semblait figée. Tout était bloqué, mais la voiture leur permettait de se faufiler à travers ce chaos grandissant. En chemin, ils discutèrent peu. Les mots étaient devenus inutiles, l’ampleur du phénomène dépassait tout ce qu’ils auraient pu exprimer.

"Nous allons sûrement battre le record pour le trajet le plus court", plaisanta Conway, mais sa voix trahissait une certaine appréhension. Ils avaient quitté la ville, se dirigeant vers les banlieues, puis se retrouvèrent coincés dans un embouteillage de voitures qui cherchaient à fuir une menace perçue. Les gens étaient pris dans une sorte de panique psychologique. Les conversations à la radio, et même la télévision, ne diffusaient que des blancs. Le monde semblait avoir cessé de fonctionner.

Cathy et Conway se regardaient, perplexes, sachant que ce phénomène n'était que la première étape d'une transformation bien plus vaste. "Tu vois", dit Cathy, "il suffisait d’une petite étincelle pour que la folie se propage, comme une réaction en chaîne. Cela a commencé avec quelques-uns, et maintenant il semble que tout le monde vive cette même hallucination collective."

Ils comprirent peu à peu que cette vision partagée ne concernait pas seulement un petit groupe d'individus. C'était une réaction psychologique qui se diffusait comme une onde de choc, un effet de masse dont les conséquences demeuraient encore floues. Au-delà du simple spectacle, il y avait une lourde réflexion à mener sur ce que cela disait de la condition humaine : à quel point étions-nous vulnérables aux manipulations de la mémoire et des perceptions ?

Les premières heures après l’événement furent marquées par une sorte de stupéfaction. Le monde se réveillait comme d’un cauchemar, réalisant qu’il avait frôlé l’apocalypse sans le savoir. La psychologie de masse avait joué un rôle majeur dans cette hystérie collective. Les leaders politiques, les commentateurs de télévision, tous avaient nourri cette vision de catastrophe, instillant la peur dans les esprits. Ils avaient manipulé la mémoire collective, suscitant des réactions disproportionnées et créant une panique générale.

Ce n’était pas tant l’idée de la catastrophe en elle-même qui comptait, mais le fait que l'humanité avait cru en sa propre destruction imminente. La force de cette croyance, alimentée par les médias et les discours autoritaires, avait suffi à transformer un monde ordinaire en un terrain fertile pour l’émergence de visions déformées et de réactions incontrôlables.

Mais le plus troublant, ce n’était pas seulement la facilité avec laquelle une telle transformation pouvait se produire. C’était la reconnaissance que tout cela n’avait été qu’un miroir, reflétant les peurs et les doutes enfouis en chacun de nous. Le processus de manipulation n’avait pas implanté de nouvelles idées, il n’avait fait que réveiller des visions qui avaient toujours été là, prêtes à émerger à la moindre perturbation. Cette prise de conscience de l’existence de cette "mémoire partagée", du pouvoir que l’on a sur l’autre à travers la perception, devenait plus que jamais un enjeu moral et social crucial.

En fin de compte, il ne s'agissait pas seulement de voir la réalité comme un reflet de soi-même, mais aussi d'en accepter les dangers inhérents. Ce que nous vivons tous, la manière dont nous percevons le monde autour de nous, est bien plus fragile et influençable que nous ne le pensons. Si la manipulation des souvenirs et des perceptions est possible, alors la question de notre autonomie psychologique devient centrale. Chacun porte en soi des fragments d’une mémoire collective qui, un jour ou l’autre, pourrait se retourner contre lui.

Quelle stratégie adopter pour des missions interplanétaires ? L'importance de la vitesse et de la dynamique dans l'exploration spatiale.

Conway s'arrêta, son esprit pris dans un tourbillon de pensées contradictoires. Il savait bien que ses ambitions étaient bien loin de la réalité. Il se disait qu'il aurait peut-être trouvé un terrain d'entente, mais plus il y pensait, plus il se rendait compte qu'il n'y avait pas de solution facile. Emling, l'homme à qui il pensait offrir un poste dans un projet de recherche, n'était pas du genre à se laisser impressionner par des questions de statut ou de respectabilité. En réalité, il ne s'en préoccupait guère. Si Emling savait que la jeune femme venait d'obtenir un appartement, il se contenterait sans doute d'en rire.

C'est alors qu'une idée surgit : "Il y a un appartement sur la rive sud de la rivière, je pourrais peut-être vous en obtenir un." Il avait voulu ajouter cela simplement pour ne pas sembler hypocrite. Mais, comme à son habitude, la situation le rattrapa vite. Ce n'était pas qu'une simple affaire de logement.

Quelques heures plus tard, Conway se retrouva devant la boutique de vêtements où Cathy faisait souvent ses achats. Il chercha un prétexte pour entrer, mais il en ressortit plus perplexe que jamais. Il apprit que Cathy était avec un homme, un certain Mike. Par curiosité, il se rendit au bureau d'information et, après quelques recherches, confirma son intuition : il s'agissait de Mike Fawsett. Il reprit alors un taxi pour retourner à son propre véhicule, garé près de Regent's Park, mais son esprit était déjà ailleurs. Il se rendait enfin compte de l'ampleur de l'affaire, et que Cathy était loin de n'être qu'une simple connaissance. L'agitation et les coupures de presse qui s'étaient accumulées ne faisaient que confirmer ses soupçons : il s'agissait bien plus qu'une aventure passagère.

Ce même après-midi, de retour chez lui, Conway se préparait à un long moment de réflexion. La pluie battait les vitres, le vent soufflait fort et il faisait froid. Il alluma un feu, chargeant une grosse pile de bois dans un grand panier en osier. Alors que la fumée montait dans la cheminée, le téléphone sonna. C'était Alex Cadogan, l'un des meilleurs ingénieurs en fusée du centre. Il avait une question brûlante : "Comment ça s'est passé aujourd'hui ?" Mais Conway, feignant une migraine persistante, répondit qu'il n'avait pas pu assister à la réunion du comité supérieur. Cadogan, comme prévu, ne comprenait pas bien qu'on puisse manquer une telle réunion, mais il ne fit aucun commentaire. En revanche, sa proposition de se retrouver pour un verre dans la soirée rassura Conway. Tout au long de la conversation, il avait bien vu que les ambitions de Cadogan ne s'arrêtaient jamais aux simples tâches techniques. Comme souvent, ceux qui réussissaient le mieux dans leur domaine voulaient toujours quelque chose de plus.

Après l'appel, Conway prit une décision : il allait contacter sa secrétaire, Edith O'Malan. C'était une question de tact. "Vous avez appelé toute la journée, Edith," expliqua-t-il, en feignant une nouvelle fois d'avoir passé la journée à souffrir d'un mal de tête. Cela semblait l'avoir satisfaite, bien que la situation lui échappât probablement. "J'espère que ça ira," dit-elle dans un souffle.

En attendant Cadogan, qui arriva une demi-heure plus tard, Conway se réfugia dans ses réflexions. Son ami, un homme lourdement bâti, était aussi passionné par l'ingénierie que par les détails de la physique des moteurs. Mais leur sujet de discussion ce soir-là ne portait pas seulement sur les questions mondaines. Le projet était devenu un défi sans précédent. Ce qu'ils devaient accomplir était bien plus complexe que ce que l'on avait envisagé pour l'exploration spatiale classique. Ils parlaient d'un saut technologique énorme, une mission interplanétaire où les variables ne ressemblaient à aucune mission précédente.

Le problème était que, contrairement aux missions habituelles, il ne s'agissait pas simplement d'envoyer une fusée vers la Lune ou Mars. L'objectif était de voyager dans le système de Helios, un défi inédit en raison de la vitesse du corps céleste. Les paramètres étaient clairs : il fallait que la fusée développe une vitesse énorme pour être "en phase" avec la trajectoire de la planète, sous peine d'être emportée par la vitesse du système. Cela nécessitait un moteur à poussée intense, bien au-delà des capacités des moteurs actuels, une véritable prouesse technologique.

Cadogan et Lamos, tous deux experts dans leur domaine, comprenaient les implications de ce défi. Pour eux, cette mission n'était pas juste une autre étape, mais un saut vers l'inconnu. Une vitesse minimale de deux cents kilomètres par seconde serait nécessaire, dix fois plus que pour un voyage vers la Lune. Pour parvenir à un tel exploit, il fallait une toute nouvelle approche : un moteur nucléaire libre dans un champ magnétique. Mais les ingénieurs n'étaient pas naïfs. Ce type de propulsion serait un véritable casse-tête, particulièrement pour une mission aussi ambitieuse.

La question clé n'était pas seulement de savoir comment atteindre une telle vitesse, mais aussi comment la maintenir et l'ajuster tout au long du voyage. La dynamique de la mission exigeait des calculs précis, mais aussi une souplesse tactique face à un corps céleste d'une autre nature, bien plus dangereux et plus rapide que tout ce qu'ils avaient connu jusque-là. Dans cette aventure, l'ingénierie seule ne suffira pas. Ce qui comptait, c'était la capacité à s'adapter et à repenser constamment les données pour répondre à l'inconnu.

Un autre aspect important que Conway et ses collègues devaient intégrer dans leurs calculs était la notion de retour. Si leur fusée parvenait à s'aligner correctement pour atteindre Helios, il fallait encore trouver un moyen de revenir sur Terre, ce qui représentait une complexité supplémentaire. Toute la mission dépendrait de leur capacité à maîtriser ces variables avec une précision parfaite. Mais, comme le soulignait Lamos avec un sourire grinçant, ils étaient sur le point de relever un défi sans pareil. Le voyage vers l'inconnu était loin d'être une simple formalité.