La liquéfaction hydrothermale (HTL) de la biomasse est un processus complexe qui, en raison de ses nombreuses variables de réaction, fait l'objet de nombreuses études visant à améliorer son rendement et la qualité de l'huile biologique produite. Parmi ces variables, la température de réaction, le temps de séjour, la pression, la charge en microalgues et l'utilisation de solvants et de catalyseurs jouent un rôle essentiel. En effet, bien que les conditions de température et de pression soient déterminantes, l'addition de gaz tels que l'hydrogène ou l'azote peut aussi influer considérablement sur le processus de conversion.

Une des premières observations importantes est que, sous des conditions normales, la pression de l'hydrogène a un effet plus marqué que celle de l'azote. En effet, bien que la pression d'azote n'affecte pas substantiellement la distribution des produits, l'ajout d'hydrogène au début du processus accroît la production d'huile biologique. Toutefois, à mesure que la pression en hydrogène augmente davantage, un effet inverse se produit et la production d'huile diminue. Ce phénomène peut être dû à des processus de désoxygénation ou à la rupture de certaines molécules de l'huile biologique en molécules plus petites. La présence de solvants joue également un rôle crucial en améliorant l'hydrogénation, en augmentant la teneur en hydrogène de l'huile biologique et en optimisant le rendement. Par exemple, des solvants comme le méthanol ou l'éthanol peuvent rompre les liaisons hydrogène et ainsi empêcher la formation d'intermédiaires instables, contribuant à la production d'huiles plus stables et de meilleure qualité.

Le type de matière première utilisé dans le processus HTL est tout aussi déterminant. Les algues, en particulier, sont riches en lipides qui, une fois soumis à la liquéfaction hydrothermale, se transforment principalement en acides gras libres, en triglycérides et en autres composants bioactifs. Les lipides, qui se présentent sous forme de triglycérides, sont hydrolysés sous des conditions subcritiques pour libérer des acides gras tels que l'acide oléique, stéarique et palmitique. Ces acides sont ensuite transformés en hydrocarbures par décarboxylation, ou bien en alcools par désoxygénation, et peuvent aussi former des esters gras.

Le processus de liquéfaction hydrothermale des lipides est particulièrement influencé par la température de réaction. À des températures plus basses, les lipides jouent un rôle primordial dans la formation de l'huile biologique. À des températures plus élevées (350–400 °C), ce rôle diminue, et les protéines prennent une importance plus grande. L'effet de la température sur la conversion des lipides mérite donc d'être approfondi, car il détermine non seulement la nature des produits finaux, mais aussi l'efficacité globale du procédé.

Les solvants, en plus de faciliter la décomposition des matières premières, jouent un rôle essentiel dans l'augmentation de la teneur en hydrogène du biocrude, ce qui améliore le rendement global. L'effet synergique de plusieurs solvants dans le processus HTL permet de dissoudre davantage de substances dans le système, ce qui contribue à la formation de composés biochimiques complexes. Les co-solvants augmentent également la surface interne des algues en provoquant leur gonflement, ce qui facilite la rupture des macromolécules et la recombinaison des fragments.

Le rôle de l'atmosphère réductrice est également central dans la réaction HTL. L'hydrogénation favorise des réactions telles que la décarboxylation des acides gras et inhibe la formation de composés amides. En réduisant les acides gras et leurs dérivés, l'hydrogénation génère des hydrocarbures linéaires et ramifiés, caractéristiques des carburants bio. Ces réactions sont d'autant plus efficaces dans un environnement réducteur, où l'ajout d'hydrogène améliore significativement les rendements.

La structure chimique de la matière première impacte également le processus HTL. Par exemple, la conversion de l'huile de tournesol produit moins de biocrude que celle des acides oléiques, et ce, sous des conditions identiques. Cette variation est due aux différences dans les structures moléculaires des matières premières, ce qui montre que la composition initiale du substrat est un facteur clé pour déterminer le rendement et la composition de l'huile produite.

Enfin, les lipides, qui sont principalement constitués de triglycérides, représentent une source majeure de composés légers dans les biocarburants produits par pyrolyse à haute température. Ces lipides ne se transforment pas en phase solide pendant la pyrolyse, ce qui les rend particulièrement précieux dans le cadre de la production d'huiles biodégradables de haute qualité. La transformation de ces triglycérides sous haute température mène à la formation de nombreux produits intéressants, notamment des alcools et des hydrocarbures qui peuvent être utilisés comme sources d'énergie ou comme matières premières pour des produits chimiques.

La compréhension des mécanismes chimiques sous-jacents à la liquéfaction hydrothermale de la biomasse est cruciale pour optimiser ce procédé et le rendre plus rentable et plus efficace à des fins industrielles. Le rôle des solvants, des gaz réducteurs, de la température et de la structure de la biomasse sont des facteurs qui, ensemble, influencent la qualité et la quantité de l'huile biologique produite. Une meilleure maîtrise de ces variables pourrait permettre une avancée importante dans la mise en œuvre industrielle de la HTL pour la production de biocarburants et de produits chimiques à partir de ressources renouvelables.

Quelles sont les réactions chimiques dans l'hydrogénation catalytique du biocrude pour améliorer sa qualité ?

L'hydrogénation catalytique du biocrude, qui est obtenue à partir de la liquéfaction hydrothermale de la biomasse, permet d'améliorer les propriétés du biocarburant en éliminant certains composés indésirables et en produisant des hydrocarbures à plus faible teneur en oxygène, azote et soufre. Les processus chimiques complexes impliqués dans cette conversion incluent l'hydrogénation, l'hydrogénolyse, l'hydrolyse et la décarboxylation. Ces réactions se produisent à différentes étapes, en fonction des conditions de température, de pression et des catalyseurs utilisés.

Les réactions de désoxygénation sont particulièrement importantes dans l'hydrogénation du biocrude. Les esters, comme le méthylhéptanoate et le méthylcaproate, sont des modèles utilisés pour étudier ce processus. En présence d'hydrogène, ces esters subissent une séquence de réactions : l'hydrogénolyse, la déshydratation et l'hydrogénation, pour former des alcanes. Toutefois, certains esters subissent une hydrolyse, produisant des acides carboxyliques et des alcools. Ces derniers peuvent ensuite être réduits en aldéhydes, qui subissent une déaldéhydation pour former des oléfines et des alcanes. En d'autres cas, les acides carboxyliques peuvent être décarboxylés pour produire des oléfines, qui sont ensuite hydrogénées en alcanes.

Un autre aspect essentiel de l'amélioration du biocrude est la dénitrification, c'est-à-dire l'élimination des composés azotés comme l'indole, la pyridine et les amines. Ces composés proviennent principalement des protéines présentes dans les matières premières utilisées pour produire le biocrude. Pendant l'hydrogénation, les composés azotés subissent des réactions complexes, où la pyridine, par exemple, est d'abord hydrogénée puis ouverte pour former des piperidines et des amines pentylées, qui sont ensuite dénitrogénées en alcanes et en ammoniac. La dénitrification nécessite des températures élevées et une pression d'hydrogène suffisante pour casser les liaisons C–N et favoriser les réactions d'hydrogénolyse.

Les composés soufrés, principalement dérivés des protéines, sont également éliminés par des réactions de désulfuration. Les principaux composés soufrés du biocrude, comme le thiophène, sont thermiquement instables et peuvent être facilement décomposés sous l'effet de l'hydrogénation. À température élevée, ces composés se transforment en H2S, un gaz qui est ensuite éliminé. Les réactions de désulfuration incluent l'hydrogénation du thiophène, suivie de l'ouverture du cycle et de la formation de H2S, ainsi que la rupture directe des liaisons C–S sans hydrogène, qui est plus efficace.

Les conditions de température jouent un rôle crucial dans la catalyse des réactions chimiques. À des températures plus élevées, la vitesse des réactions augmente, ce qui permet une plus grande dégradation des liaisons chimiques. Par exemple, l'hydrogénation et l'hydrogénolyse des composés azotés sont accélérées à des températures plus élevées, rendant plus probable la rupture des liaisons C–N. De même, une pression d'hydrogène élevée favorise la dénitrification en permettant aux réactions d'hydrogénolyse de se produire et d'aboutir à la formation d'alcanes et d'ammoniac.

Un autre point important concerne les catalyseurs utilisés. Des catalyseurs à base de nickel, de platine et de carbone activé sont souvent utilisés pour améliorer l'efficacité de ces réactions. Le nickel, par exemple, favorise la rupture des liaisons C–N dans les composés azotés, tandis que le carbone activé est efficace pour éliminer simultanément l'azote, l'oxygène et le soufre. En outre, des modifications spécifiques des catalyseurs, telles que l'ajout de fluor pour améliorer les sites acides, peuvent améliorer la performance des réactions de dénitrification.

Les recherches sur les processus d'hydrogénation catalytique du biocrude sont cruciales pour comprendre comment optimiser la production de biocarburants de haute qualité à partir de la biomasse. Il est essentiel de maîtriser non seulement les conditions de réaction, telles que la température et la pression, mais aussi la nature des catalyseurs et les mécanismes de réaction sous différentes conditions. De plus, bien que l'hydrogénation soit efficace pour éliminer les impuretés comme l'azote, le soufre et l'oxygène, il reste nécessaire d'optimiser ces processus pour obtenir des rendements élevés et réduire l'impact environnemental des biocarburants produits.