L’étude des espaces fonctionnels Lp(Rn)L^p(\mathbb{R}^n) révèle une richesse structurelle bien plus profonde que celle suggérée par la simple norme de supremum sur les fonctions continues à support compact. En effet, la définition de ces espaces tient compte de la norme LpL^p et des dérivées au sens faible, ce qui permet d’appréhender des sous-espaces fonctionnels essentiels, notamment dans l’analyse des traces et des convolutions.

Considérons le plan hypercoordonné r:=Rn1×{0}r := \mathbb{R}^{n-1} \times \{0\}, identifié naturellement à Rn1\mathbb{R}^{n-1}. Pour une fonction uC(Rn)u \in C(\mathbb{R}^n), on définit la trace yuy_u de uu sur rr par la restriction yu(x):=u(x,0)y_u(x) := u(x, 0), xRn1x \in \mathbb{R}^{n-1}. Cette opération linéaire y:C1(Rn)Cc(Rn1)y : C^1(\mathbb{R}^n) \to C_c(\mathbb{R}^{n-1}), uyuu \mapsto y_u, est bien définie et se prolonge naturellement à des espaces plus larges grâce à la structure de LpL^p.

Pour 1<p<1 < p < \infty, en introduisant la fonction auxiliaire h(t):=tp1tC1(R)h(t) := |t|^{p-1} t \in C^1(\mathbb{R}), on utilise la règle de dérivation en chaîne et la théorie intégrale pour relier la trace de vCc1(Rn)v \in C_c^1(\mathbb{R}^n) à ses dérivées. En particulier, grâce à la formule intégrale fondamentale et au théorème de Fubini, on obtient une estimation majeure : la norme LpL^p de la trace v(x,0)v(x, 0) sur Rn1\mathbb{R}^{n-1} est contrôlée par une combinaison des normes LpL^p de vv et de ses dérivées partielles sur Rn\mathbb{R}^n. Cette inégalité se traduit formellement par

v(,0)Lp(Rn1)cvH1,p(Rn),\|v(\cdot,0)\|_{L^p(\mathbb{R}^{n-1})} \leq c \|v\|_{H^{1,p}(\mathbb{R}^n)},

H1,p(Rn)H^{1,p}(\mathbb{R}^n) désigne le premier espace de Sobolev et cc est une constante dépendant uniquement de pp.

Ce résultat est fondamental, car il permet d’étendre la définition de la trace aux fonctions appartenant à H1,p(Rn)H^{1,p}(\mathbb{R}^n), un espace de Sobolev défini par la finitude de la norme combinant fonction et ses dérivées. L’application trace ainsi définie est une application linéaire continue yL(H1,p(Rn),Lp(Rn1))y \in \mathcal{L}(H^{1,p}(\mathbb{R}^n), L^p(\mathbb{R}^{n-1})), ce qui a des implications majeures en analyse fonctionnelle, notamment dans l’étude des problèmes aux limites.

L’intérêt se déplace alors vers le demi-espace supérieur Hn:=Rn1×(0,)H^n := \mathbb{R}^{n-1} \times (0, \infty), dont le bord est précisément r=Hnr = \partial H^n. En considérant l’espace H1,p(Hn)H^{1,p}(H^n) obtenu comme restriction des fonctions dans Cc1(Rn)C_c^1(\mathbb{R}^n) à HnH^n, on conserve la continuité de la trace sur la frontière, ce qui s’avère essentiel dans l’étude des équations aux dérivées partielles avec conditions aux limites.

Par ailleurs, le théorème de Fubini-Tonelli et l’inégalité de Young fournissent des outils indispensables pour manipuler les intégrales multiples et assurer la convergence et la majoration des expressions fonctionnelles dans ces espaces. Leur rôle est crucial dans les démonstrations qui relient les normes sur les espaces fonctionnels et leurs traces.

La notion de convolution, quant à elle, apparaît comme une opération centrale définie sur L1(Rn)L^1(\mathbb{R}^n) et étendue à d’autres espaces LpL^p. Elle repose sur la translation invariante de la mesure de Lebesgue. Cette convolution permet non seulement de définir un produit entre fonctions, mais aussi d’introduire des propriétés de lissage et des théorèmes d’approximation essentiels pour la théorie des espaces fonctionnels.

La translation TaT_a agissant sur Rn\mathbb{R}^n par Taf(x):=f(xa)T_a f(x) := f(x - a) étend son action sur les fonctions vectorielles. L’inversion ff~f \mapsto \tilde{f}, définie par f~(x):=f(x)\tilde{f}(x) := f(-x), est un automorphisme involutif qui joue un rôle clé dans la définition symétrique de la convolution.

En résumé, la trace dans les espaces de Sobolev H1,pH^{1,p} constitue un pont essentiel entre les fonctions définies sur Rn\mathbb{R}^n et leurs restrictions aux sous-espaces de dimension inférieure, avec des conséquences analytiques majeures pour la résolution des équations différentielles. La convolution, par sa définition rigoureuse et ses propriétés, est un instrument fondamental d’analyse fonctionnelle, apportant régularité et approximation dans des espaces où la norme LpL^p guide la structure.

Il importe de comprendre que ces notions ne se limitent pas à des constructions abstr

Comment les variétés et les formes différentielles façonnent notre compréhension des sous-variétés et de la géométrie différentielle

Les variétés et les formes différentielles constituent un cadre fondamental dans la géométrie moderne, et leur étude est au cœur de la compréhension des structures géométriques complexes. Dans ce contexte, une variété MM est une espace lisse, où localement, les propriétés géométriques peuvent être approximées par des espaces euclidiens. Cependant, la notion de sous-variété est essentielle pour comprendre comment ces espaces peuvent être divisés en sous-espaces ayant des dimensions inférieures tout en conservant la structure de variété.

Une sous-variété LL de dimension II dans une variété MM de dimension mm est définie par une condition locale, à savoir qu'il existe un charting (ou carte) de MM autour de chaque point de LL tel que l’intersection de LL avec un voisinage de MM ressemble localement à un produit de l’espace euclidien de dimension II avec RmI\mathbb{R}^{m-I}. Ce cadre local permet d’étudier les propriétés de LL sans se soucier des détails globaux de MM, une idée qui sera clé dans la compréhension de l’immersion des sous-variétés.

Les immersions, en particulier, jouent un rôle fondamental dans l’étude des sous-variétés. Une immersion lisse entre deux variétés MM et NN est une application qui préserve la structure locale, dans le sens où le différentielle de l’application au niveau de chaque point est injective. Cela signifie qu'une immersion f:MNf: M \to N préserve la dimension locale de MM, mais elle peut étendre ou se contracter globalement. Une immersion devient une immersion réelle si elle est injective, et si, de plus, elle est un homéomorphisme local, ce qui permet de traiter des propriétés de MM comme une sous-variété de NN.

Les sous-variétés ne se contentent pas d’étudier des objets de faible dimension dans un cadre plus large. Elles permettent aussi d'explorer la structure géométrique de variétés entières en introduisant des notions comme la métrique riemannienne, qui permet de mesurer les distances et les courbures au sein de ces espaces. Une variété peut être munie d'une métrique riemannienne pour définir la longueur des courbes, la courbure des surfaces, et d'autres propriétés géométriques locales et globales.

En particulier, lorsque nous examinons les sous-variétés dans les espaces euclidiens Rn\mathbb{R}^n, nous nous retrouvons souvent à considérer des espaces de courbes ou de surfaces, et ce sont ces objets qui nous permettent de comprendre des phénomènes plus complexes comme les courbures et les torsions. Le lien entre les sous-variétés et la géométrie riemannienne se révèle important, car il permet de relier la topologie des variétés à leur structure géométrique via la métrique.

Les formes différentielles, quant à elles, jouent un rôle crucial dans la généralisation de l'intégration sur ces sous-variétés. Là où les intégrales de ligne mesuraient la circulation de champs vectoriels sur des courbes, les intégrales de formes différentielles sur des sous-variétés plus complexes généralisent cette idée à des objets de dimensions supérieures. Par exemple, l'intégration de formes différentielles sur une surface en 3D fournit des informations sur le flux de champs vectoriels à travers cette surface.

Au cœur de la géométrie différentielle se trouve donc la capacité de manipuler ces formes à travers des outils comme le gradient, la divergence et le rotor (curl), qui relient directement ces objets mathématiques à des phénomènes physiques. L’introduction de l’opérateur Hodge et du calcul différentiel sur les variétés offre une avenue pour comprendre de manière plus abstraite ces opérateurs classiques en vecteurs, tout en permettant leur application dans des contextes plus généraux comme les espaces semi-riemanniens.

Les opérateurs comme le gradient, la divergence, et le curl permettent de traduire des phénomènes physiques dans le langage des formes différentielles, fournissant ainsi un lien direct avec des théories comme l’électromagnétisme ou la mécanique des fluides. Cela est d’autant plus important dans le contexte de la relativité, où les métriques semi-riemanniennes, comme celles utilisées en physique théorique, permettent de comprendre les comportements de l’espace-temps sous l’influence de la gravité.

Lorsque l’on passe à des variétés orientées, ces outils géométriques deviennent encore plus puissants. L'orientabilité permet de définir un cadre global de calcul de formes différentielles, ce qui est crucial lorsque l'on s’intéresse à des intégrales sur des sous-variétés compactes ou non orientables, comme celles rencontrées dans la topologie algébrique.

Ainsi, la relation entre les sous-variétés, les immersions, les formes différentielles et la géométrie riemannienne constitue le socle de la géométrie différentielle moderne. L’approfondissement de ces concepts est essentiel pour quiconque cherche à explorer les liens entre la topologie, la géométrie, et la physique théorique, tout en offrant une base solide pour l’étude plus approfondie de la topologie différentielle.

Comment une métrique riemannienne peut-elle être induite par une immersion ?

Une immersion f:MNf : M \rightarrow N entre deux variétés riemanniennes (M,g)(M, g) et (N,g)(N, g) est dite isométrique si elle préserve la métrique, c’est-à-dire si g=fgg = f^*g, où fgf^*g désigne le tiré en arrière de la métrique de NN par ff. Lorsque cette immersion est également un difféomorphisme, ff devient une isométrie globale, et les variétés MM et NN sont dites isométriquement isomorphes. Cela permet de transférer les propriétés métriques de l’une à l’autre, avec une fidélité parfaite quant à la géométrie.

Considérons le cas où MM est un sous-ensemble de Rm\mathbb{R}^m et fC(X,Rn)f \in C^\infty(X, \mathbb{R}^n) définit son graphe dans Rm+n\mathbb{R}^{m+n}. Ce graphe, muni de la métrique induite, hérite directement de la métrique euclidienne de l’espace ambiant par restriction. Le passage du système de coordonnées cartésiennes (x,y)(x, y) à un système polaire (r,φ)(r, \varphi) dans le plan, où (r,φ)(rcosφ,rsinφ)(r, \varphi) \mapsto (r \cos \varphi, r \sin \varphi), transforme la métrique standard dx2+dy2dx^2 + dy^2 en dr2+r2dφ2dr^2 + r^2 d\varphi^2, illustrant la compatibilité locale de la métrique avec le changement de coordonnées.

Sur le cercle unité, paramétré par h:t(cost,sint)h : t \mapsto (\cos t, \sin t), la métrique devient simplement dt2dt^2. Cette représentation confirme que, malgré la courbure de l’espace, la longueur infinitésimale des arcs reste mesurable dans un cadre localement euclidien.

L’intérêt des coordonnées polaires ou sphériques s’amplifie en dimension supérieure. Pour m>2m > 2, les coordonnées sphériques généralisées paramètrent un ouvert de la sphère SmS^m privé d’un hémisphère. La métrique standard y prend la forme :

gSm=k=1m(j=1k1sin2θj)dθk2g_{S^m} = \sum_{k=1}^m \left( \prod_{j=1}^{k-1} \sin^2 \theta_j \right) d\theta_k^2

Par exemple, pour la sphère S2S^2, cela donne g=dθ2+sin2θdφ2g = d\theta^2 + \sin^2 \theta d\varphi^2, confirmant la dépendance angulaire du facteur d’échelle dans la mesure des distances.

La transition vers les espaces pseudo-riemanniens illustre la généralisation du concept métrique. L’espace de Minkowski R4,1\mathbb{R}^{4,1}, muni de la métrique ds2=dt2dx2dy2dz2ds^2 = dt^2 - dx^2 - dy^2 - dz^2, introduit une signature non définie, propre à la relativité restreinte. La norme de Minkowski distingue les vecteurs timelike, spacelike et lightlike, ces derniers formant le cône de lumière L1,3\mathcal{L}_{1,3}, élément central de la causalité lorentzienne.

Les coordonnées pseudosphériques, en paramétrant l’intérieur du cône de lumière par f1,3:(p,χ,θ,ϕ)(x0,x1,x2,x3)f_{1,3} : (p, \chi, \theta, \phi) \mapsto (x^0, x^1, x^2, x^3), permettent d’exprimer la métrique de Minkowski dans une forme adaptée à l’analyse des symétries hyperboliques. On y obtient une métrique du type :

ds2=dds^2 = d

Comment intégrer les théorèmes de Stokes aux variétés avec singularités minces ?

Le théorème de Stokes, fondamental pour les variétés sans singularités, est un outil puissant en géométrie différentielle et en analyse sur les variétés. Cependant, son application aux variétés présentant des singularités, comme les cônes ou les cylindres, nécessite une extension particulière. Ces variétés, bien que n'étant pas des variétés lisses au sens classique, peuvent souvent être traitées à l’aide d’une généralisation des concepts classiques. Nous examinons ici le cas particulier des variétés avec singularités dites « minces ».

Lorsqu’une variété est définie par une seule carte locale positive, et que la dimension de la variété M est nulle (c'est-à-dire qu'elle est décrite de manière triviale par une carte ou par une intersection de sous-variétés), il est possible d'utiliser des outils d'intégration de manière similaire aux cas classiques. Si la variété est compacte et que la fonction sur laquelle on intègre a un support compact, il est encore plus simple de définir l'intégrale, notamment via le théorème de Stokes étendu. Dans ce contexte, les singularités « minces » (les ensembles qui, par rapport à la frontière de la variété, sont considérés comme de « faible épaisseur ») n'affectent pas l'intégration, ce qui permet de généraliser le théorème de Stokes même en présence de telles singularités.

Une telle généralisation repose sur la compréhension des singularités comme étant des ensembles fermés dans la variété, mais qui ne contribuent pas de manière significative aux résultats d'intégration. Cela est évident si l’on considère des ensembles qui sont Hm-1-null dans l’espace sous-jacent (comme le sont les bords de cônes ou de cylindres), ce qui implique que leur influence sur les résultats d'intégration est négligeable. Par exemple, l’ensemble des singularités de la variété peut être considéré comme une « petite perturbation » qui ne modifie pas l'intégrale globale.

Prenons l'exemple d'un cône K(rB) dans Rm+1\mathbb{R}^{m+1}, qui est une variété de dimension m+1 avec un ensemble singulier qui se réduit à un ensemble de dimension m-1. Ce cône, en dépit de ses singularités à l'origine, reste intégrable grâce à la théorie étendue. L’application du théorème de Stokes à ce type de variétés avec singularités minces montre que l’intégrale sur de telles variétés peut être traitée de manière similaire à l'intégrale sur des variétés classiques.

De plus, lorsque l’on travaille avec des variétés de dimension m qui ont des singularités fines, l'intégration reste valide à condition que les singularités elles-mêmes soient considérées comme nulles en termes de mesure (c’est-à-dire, qu'elles soient des ensembles Hm-1-null). Cela nous permet de traiter ces singularités de manière transparente, sans les écarter complètement. Par exemple, une variété avec singularités minces, comme un cône ou un cylindre, peut être intégrée avec une modification minimale du cadre théorique de Stokes.

Une remarque importante à considérer est que la condition essentielle pour que ces généralisations soient valides réside dans la nature des singularités elles-mêmes. Elles doivent être suffisamment "minces", c’est-à-dire avoir une dimension inférieure à celle de la variété principale (par exemple, un ensemble singulier de dimension m-1 dans une variété de dimension m). Cette condition garantit que les singularités ne modifient pas l'intégrale totale de manière significative et permettent l’application des mêmes techniques d'intégration que pour les variétés sans singularités.

Il est également crucial de noter que ces généralisations n'affectent pas seulement l'intégration, mais aussi la manière dont on définit la frontière de la variété. En effet, dans les variétés avec singularités, la frontière doit être définie avec soin, en tenant compte de la structure singulière de l’espace. Cette frontière peut être plus complexe que celle des variétés classiques, mais elle reste traitable grâce à la généralisation des théorèmes classiques.

Les exemples ci-dessus montrent comment les théorèmes de Stokes peuvent être étendus aux variétés avec singularités minces, ouvrant ainsi la voie à des applications plus larges dans les domaines où ces types de variétés apparaissent fréquemment. Ces extensions permettent de maintenir la rigueur mathématique tout en prenant en compte des objets géométriques plus complexes. Une telle approche est essentielle pour une compréhension approfondie de l’intégration sur des variétés moins régulières, mais néanmoins intéressantes, en géométrie différentielle.