L'une des tactiques centrales des leaders populistes consiste à dresser une frontière nette entre "nous" et "eux", où "eux" représente une catégorie définie comme extérieure à la communauté, voire menaçante. Cependant, ce mécanisme de stigmatisation, bien que puissant à court terme, est loin d'être infaillible. En effet, il existe plusieurs vulnérabilités inhérentes à cette stratégie, dont la plus notable réside dans la manière dont "l'Autre" réagit à la catégorisation imposée.
Un exemple frappant de cette dynamique se trouve dans l'attitude du président brésilien Jair Bolsonaro à l’égard de la communauté LGBT+. Avant même de prendre ses fonctions en 2019, Bolsonaro avait multiplié les déclarations homophobes, dépeignant les personnes LGBT+ comme une menace pour la société brésilienne et ses valeurs familiales traditionnelles. Ses propos, parfois outranciers, visaient à isoler une minorité et à créer un ennemi commun à son électorat. Il a notamment qualifié les groupes LGBT+ de « fondamentalistes homosexuels » cherchant à « transformer nos enfants » et a exprimé une aversion envers toute forme de progression légale en faveur des droits LGBT+. Une telle rhétorique populiste s'appuie sur un discours où "eux" sont présentés comme les agents du mal, les ennemis qu'il faut protéger contre une société en déclin.
Cependant, cette construction de l'ennemi, bien qu'efficace dans le court terme pour rassembler une base électorale autour de valeurs communes, rencontre une série d’obstacles. D’abord, lorsque la minorité stigmatisée, en l'occurrence la communauté LGBT+, refuse de jouer le rôle de la victime sacrificielle, les effets escomptés par le populiste peuvent se retourner contre lui. Le plus grand défilé de la fierté gay que Sao Paulo ait jamais vu a eu lieu en juin 2019, juste après l’investiture de Bolsonaro. De plus, des décisions judiciaires comme celle du Tribunal suprême du Brésil, qui a jugé inconstitutionnelle l'exclusion de l’orientation sexuelle et du genre des lois anti-discrimination, ont invalidé la logique de la marginalisation.
Le processus de rejet de l'image de "l'Autre" par ceux qui en sont victimes est renforcé par le fait que les catégories identitaires sont loin d'être figées. Ces groupes opprimés ont une capacité à redéfinir leur propre image et à s’engager politiquement. Cette résistance est particulièrement notable dans le cas des personnes LGBT+, qui, loin de se soumettre à la stigmatisation, ont réussi à obtenir des avancées juridiques significatives, à travers la reconnaissance des unions civiles et du mariage homosexuel dès 2013. Une telle dynamique n'est pas simplement une rébellion contre l'injustice, mais aussi une affirmation de l'identité collective face aux discours populistes.
Ce phénomène de résistance prend un tour encore plus significatif lorsque l’on considère l'impact de l’interaction sociale sur la perception des groupes identifiés comme "l’Autre". Dans la société moderne, marquée par des interactions constantes et inévitables avec les membres de ces groupes, les stéréotypes populaires ont du mal à se maintenir. Les experts, souvent dénigrés par les populistes comme faisant partie d’un « élite corrompue », se trouvent régulièrement en contact avec le public. Les expériences directes avec ces individus, qu'il s'agisse de médecins, d’enseignants, ou de professionnels de divers secteurs, tendent à démentir les stéréotypes véhiculés par les populistes. La réalité du terrain contredit souvent la thèse du complot qu’ils défendent.
Cela est encore plus vrai lorsqu'il s'agit des communautés qu'ils cherchent à exclure. La pratique quotidienne de l'inclusion dans les écoles, les institutions et la vie professionnelle met à l'épreuve les idées reçues sur les "mauvais" groupes. Bien que ces interactions ne remettent pas en cause directement les idées des populistes, elles peuvent nuancer la vision du monde de ceux qui sont en contact avec des membres de ces groupes. Ce processus est plus souvent émotionnel que rationnel : la gratitude et la confiance issues de l’interaction sociale remplacent les soupçons et les préjugés. C’est par cette logique émotionnelle que la frontière "nous/ eux" perd de sa rigidité et que de nouvelles formes d’identités collectives émergent.
En conséquence, bien que la stratégie populiste de construction de l'ennemi soit puissante, elle reste vulnérable aux interactions humaines quotidiennes et à la contestation des groupes qu'elle cherche à discréditer. Il existe ainsi un effet profondément subversif des contacts sociaux qui fragilise la dichotomie "nous/ eux", car les membres des groupes stigmatisés ne se contentent pas d’accepter leur rôle de boucs émissaires. Ils sont en capacité de redéfinir leur propre identité et d'interroger la légitimité des accusations portées contre eux.
Le problème fondamental réside donc dans le fait que la stigmatisation de "l'Autre" par le populisme n'est jamais totalement efficace. La réalité complexe des interactions humaines et des dynamiques sociales permet à ceux qui sont désignés comme ennemis de résister, de se reconstruire et, éventuellement, de renverser les rapports de pouvoir. Les mouvements populistes qui cherchent à manipuler cette dynamique en présentant certaines catégories comme dangereuses et déviantes se heurtent ainsi à un phénomène de retour de bâton.
La communication locale, les systèmes sociaux et l'impact de la différenciation mondiale
Dans un monde de plus en plus interconnecté et globalisé, la question de la communication locale au sein de sous-systèmes sociaux distincts et de l'ensemble des systèmes mondiaux devient cruciale. La complexité des relations humaines, structurée en réseaux d'informations et d'idées, appelle à une réflexion sur la manière dont ces systèmes interagissent, se différencient et parfois se confrontent. Chaque individu, comme l'auteur l'indique, se trouve dans un sous-système social particulier, avec sa propre vision du monde. Cette position requiert une prise en compte des valeurs et croyances des systèmes plus larges auxquels il appartient, tout en offrant un point de vue spécifique.
Lorsqu'on définit un système social comme un réseau de communication, plusieurs implications majeures en découlent. Premièrement, cette définition suggère que la communication n'est pas simplement un échange d'informations, mais qu'elle construit et structure les interactions entre individus et groupes sociaux. Elle sert de lien entre les différentes strates de la société, qu'elles soient locales ou mondiales. L'importance de cette communication se fait d'autant plus sentir dans un contexte de différenciation croissante des systèmes sociaux, où chaque domaine du savoir et de l'expérience humaine devient de plus en plus spécialisé et autonomisé.
Les avantages de cette différenciation sont multiples : d'une part, elle permet un approfondissement de la connaissance dans chaque domaine spécifique. D'autre part, elle offre une meilleure adaptation aux besoins particuliers de chaque sous-système. Toutefois, cette évolution comporte des conséquences notables, notamment un écart grandissant entre des systèmes sociaux de plus en plus spécialisés et un système social global qui peine à intégrer ces diversités. Cette tension produit des dysfonctionnements, notamment dans la manière dont les sociétés interagissent à l'échelle mondiale.
Prenons un exemple de cette difficulté croissante : les crises écologiques mondiales, comme la montée du niveau de la mer, qui affecte les zones côtières tout en étant le fruit d'une industrialisation globale. Les systèmes politiques locaux et les systèmes économiques mondiaux ne se parlent souvent pas dans un langage commun. Alors que les politiciens d’un pays insulaire peuvent chercher à sauver leur nation, les multinationales, sans considération des effets locaux, poursuivent des intérêts à long terme souvent incompatibles avec la survie de ces communautés. Ces déséquilibres trouvent leur origine dans une communication mal structurée entre systèmes qui, bien qu’étant interdépendants, sont souvent divisés par des frontières idéologiques, économiques et politiques.
Il est important de saisir que cette différenciation sociale ne se limite pas aux domaines de la science, de la politique ou de l'économie, mais qu'elle touche également la sphère des valeurs et des croyances. À mesure que les sociétés deviennent plus complexes, des systèmes de valeurs de plus en plus distincts émergent, ce qui entraîne de nouvelles formes de tension et de conflit. Les différences entre les cultures et les idéologies sont plus visibles, et cette diversité crée parfois une forme d'isolement, chaque groupe devenant plus centré sur ses propres préoccupations.
Dans cette optique, il devient essentiel de comprendre l'impact de cette spécialisation croissante sur la perception du monde. En particulier, il faut se demander comment cette segmentation des systèmes sociaux affecte la capacité des individus à percevoir et à réagir aux enjeux globaux. L’absence de communication efficace entre sous-systèmes engendre une fracture dans la compréhension mutuelle, rendant difficile la coopération dans la résolution de problèmes mondiaux urgents.
Un autre aspect important à considérer est l’émergence de phénomènes idéologiques comme le populisme et le fondamentalisme, qui, bien que superficiellement opposés dans leurs domaines d’application, partagent des caractéristiques structurantes dans leurs perceptions du monde. Dans le contexte moderne, ces idéologies prennent racine dans une réaction contre les valeurs dominantes de la modernité et de la rationalité scientifique. Tandis que le populisme remet en question la représentation démocratique au nom d'une volonté prétendument pure du peuple, le fondamentalisme rejette l'idée d'une société laïque et plaide pour un retour à des principes religieux perçus comme intemporels. Ces deux phénomènes, bien que différents dans leur approche, mettent en lumière une méfiance croissante à l'égard des structures sociales globalisées et des élites qui les gouvernent.
Les critiques de ces idéologies, tant en politique qu’en religion, pointent souvent le fait que la désignation de "populisme" ou de "fondamentalisme" sert avant tout à discréditer ces mouvements en les stigmatisant. En d’autres termes, les labels de populistes ou de fondamentalistes sont perçus par certains comme des outils de contrôle idéologique, destinés à maintenir l’ordre existant. Cette analyse suggère que, bien que souvent vus comme des extrêmes, ces mouvements peuvent en réalité exprimer une réaction légitime à des frustrations face à des systèmes politiques et sociaux qu’ils perçoivent comme inaccessibles ou injustes.
Cependant, malgré les critiques radicales de ces idéologies, il est évident qu'elles se nourrissent d’un rejet de la modernité et de ses institutions. Le populisme et le fondamentalisme partagent une vision du monde où la société est divisée entre les "authentiques" et les "élites", ou entre les "fidèles" et les "mécréants". Cette polarisation traduit une rupture profonde avec l'idée d’une société pluraliste où la diversité des valeurs et des croyances devrait être respectée.
En somme, à mesure que les systèmes sociaux se différencient et se complexifient, il devient crucial de comprendre les conséquences de cette évolution sur la communication entre les différents sous-systèmes, et sur la manière dont ces dynamiques façonnent les croyances et les idéologies contemporaines. Les défis qui en résultent, bien qu'inévitables dans un monde globalisé, nécessitent une réflexion continue sur les moyens de favoriser une communication plus inclusive et efficace à l’échelle mondiale.
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