L'épistaxis récurrente, bien que fréquente dans la population générale, représente un défi particulier en raison de la diversité de ses causes et de la variété des traitements nécessaires. Il est essentiel de comprendre que l'épistaxis récurrente peut être primaire, sans cause sous-jacente évidente, ou secondaire à des facteurs spécifiques tels que des troubles coagulopathiques, des malformations vasculaires, ou encore des traumatismes. Le traitement dépend largement de l'étiologie de la condition, de la gravité de l'hémorragie et de la réponse aux traitements précédents.

Le traitement initial de l'épistaxis, surtout dans les cas de saignement modéré à sévère, repose souvent sur des mesures de compression et de cautérisation. Toutefois, dans les cas où les saignements persistent malgré ces traitements, des options plus invasives sont envisagées. Parmi celles-ci, la ligature de l'artère sphénopalatine (ESPAL) demeure l'intervention la plus couramment utilisée, particulièrement efficace dans les cas résistants à la mise en place de packs nasaux. Cette méthode présente un taux de succès notable et est souvent préférée en raison de sa relative simplicité et de sa faible incidence de complications.

Dans des cas plus graves ou lorsque la ligature échoue, l'embolisation artérielle est une alternative efficace, avec un taux de succès supérieur à 80%. Cette procédure consiste à bloquer sélectivement les artères responsables du saignement, telles que l'artère maxillaire ou faciale, en utilisant des matériaux hémostatiques comme le Gelfoam ou les microcoils. Cependant, l'embolisation artérielle présente un risque accru de complications, telles que la nécrose cutanée faciale, des paraesthésies, des AVC ou des hématomes inguinaux. Ces risques doivent être soigneusement pesés par rapport aux bénéfices, en tenant compte de l’expérience de l'interventionniste et de la disponibilité de la procédure.

Il est aussi important de noter que, dans des situations de récidive après traitement chirurgical, une approche systématique est nécessaire pour identifier les causes sous-jacentes. Les anomalies vasculaires, comme celles observées dans la télangiectasie hémorragique héréditaire (HHT), peuvent être responsables de saignements chroniques réfractaires. Ce trouble génétique, souvent sous-diagnostiqué, se caractérise par la présence de télangiectasies et de malformations artério-veineuses, avec des symptômes tels que des saignements récurrents du nez, souvent sévères et nécessitant une intervention. Le diagnostic de la HHT repose sur le respect de critères spécifiques, comme l'hémorragie récurrente, la présence de télangiectasies au niveau de la cavité orale, des lèvres et du nez, ainsi que des antécédents familiaux de la maladie.

Dans le cadre des patients présentant des troubles de la coagulation, il est primordial de traiter la cause sous-jacente plutôt que de recourir immédiatement à des mesures locales qui pourraient aggraver le saignement. Les packs nasaux doivent être évités dans la mesure du possible, car ils peuvent endommager davantage la muqueuse et exacerber l'hémorragie. L'ajustement du traitement anticoagulant, en collaboration avec les services de cardiologie et d'hématologie, reste une priorité dans la gestion de ces patients, notamment avec l'introduction de nouveaux anticoagulants oraux directs qui compliquent la gestion de ces cas. Un contrôle strict du saignement et des stratégies d'instillation d'agents hémostatiques sont également des approches incontournables.

En ce qui concerne les perforations septales, un traitement précoce avec des crèmes antiseptiques, comme celles à base de chlorhexidine et de néomycine, est essentiel pour éviter la formation de croûtes et favoriser la guérison. Si ces mesures ne suffisent pas, des interventions plus radicales peuvent être envisagées, telles que la cautérisation des points de saignement ou l'insertion d'un bouton septal pour favoriser la cicatrisation. En cas de persistance des symptômes, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour recouvrir les bords du cartilage septal avec une greffe muqueuse.

En définitive, la prise en charge de l'épistaxis récurrente exige une approche adaptée à la cause sous-jacente, une évaluation rigoureuse des risques et des bénéfices des différentes options thérapeutiques, ainsi qu’une collaboration interdisciplinaire, en particulier avec les spécialistes en hématologie et en chirurgie vasculaire. Le rôle des méthodes modernes comme l'embolisation artérielle et la cautérisation par laser reste essentiel, tout en veillant à la prévention des complications potentielles. Enfin, dans les cas de troubles génétiques comme la HHT, un diagnostic précoce et une gestion adaptée permettent de réduire considérablement les risques associés à cette pathologie.

Quels sont les rôles et la gestion des fractures du complexe zygomatique et mandibulaire dans les traumatismes faciaux ?

Le complexe zygomatique joue un rôle essentiel dans la définition esthétique des joues, ainsi que dans le soutien fonctionnel de l'œil et des muscles de mastication. Lors de fractures, les patients peuvent se plaindre de symptômes variés, parmi lesquels on retrouve : la diplopie (due à une réduction des mouvements oculaires), la douleur à l'ouverture de la bouche (trismus), la diminution de la projection de la joue (indiquant une dépression du zygoma, souvent un signe tardif causé par un œdème), une hémorragie subconjonctivale latérale, et des paresthésies de la peau sus-jacente, notamment si les branches zygomaticotemporale ou zygomaticobuccale du nerf infraorbitaire sont affectées.

Lors de l'examen clinique, il est crucial de se concentrer sur l'observation directe de la zone afin de déceler toute anomalie de la forme du visage, notamment les déficits osseux ou les déplacements, tout en prenant en compte les structures indirectement impliquées comme l'œil et le cerveau. Les fractures du complexe zygomatique sont fréquemment observées après un traumatisme direct causé par des accidents, des agressions ou des chutes. Les fractures les plus courantes du complexe zygomatique comprennent celles de la branche zygomatique elle-même, du processus temporalis du zygoma, ainsi que de l'arcade zygomatique. Ces fractures peuvent être associées à des lésions des tissus mous et à des lésions internes des sinus et de l'orbite, telles que l'opacification des sinus maxillaires.

L'examen radiologique est indispensable pour évaluer l'étendue du traumatisme. Les radiographies simples, comme les vues occipitoméntales à 15 et 30 degrés, permettent de visualiser la plupart des fractures, bien que la tomodensitométrie (CT scan) soit plus précise pour l'évaluation de fractures complexes. L'utilisation de la radiographie panoramique (OPG) peut également être utile pour identifier des fractures mandibulaires, particulièrement en cas de fractures multiples qui touchent les branches ou l'angle de la mandibule.

En présence d'une fracture du complexe zygomatique, l'indication à une réduction dépendra de la gravité du déplacement et de l'impact fonctionnel ou esthétique. Si le déplacement est modéré et ne pose pas de problème majeur, un traitement conservateur peut être envisagé, mais dans le cas de déplacements importants, une intervention chirurgicale sera nécessaire pour remettre en place les fragments osseux. Ce processus peut se faire par une réduction simple ou une réduction ouverte avec fixation interne, selon la nature et la localisation de la fracture.

Les fractures mandibulaires, quant à elles, nécessitent souvent une évaluation complémentaire pour exclure des lésions cérébrales ou cervicales, particulièrement chez les jeunes hommes, la population la plus souvent touchée par ce type de traumatisme. Les fractures de la mandibule peuvent avoir des conséquences fonctionnelles importantes en raison de leur rôle essentiel dans la mastication et l'élocution. La gestion de ces fractures varie selon leur complexité et la présence de fractures associées.

Les fractures simples peuvent être traitées par une réduction fermée avec des dispositifs tels que des fils ou des barres intra-orales. En revanche, les fractures complexes, notamment celles impliquant l'angle ou les condyles, nécessitent parfois une fixation plus invasive, impliquant des plaques et vis. L’objectif principal reste de restaurer la fonction et l’esthétique du visage tout en prévenant les complications telles que l'ankylose des articulations temporo-mandibulaires ou la malocclusion, qui peuvent entraîner des douleurs chroniques et une usure prématurée des articulations.

L'utilisation des antibiotiques est systématique dans la gestion des fractures mandibulaires, notamment en raison de la proximité de la cavité buccale et des risques d'infection. Un contrôle rigoureux du statut neurologique des branches du nerf trijumeau et du nerf facial est également nécessaire pour évaluer l'intégrité des fonctions sensorielles et motrices dans la région du visage.

Il est important de noter que la fracture du complexe zygomatique ou de la mandibule, lorsqu'elle n'est pas correctement gérée, peut entraîner des troubles fonctionnels à long terme, affectant la capacité de mastication et l'harmonie du visage. L'instabilité de ces fractures peut conduire à des malocclusions sévères, à des douleurs persistantes et à des altérations significatives du bien-être psychologique du patient.

Dans les fractures complexes, le recours à une tomodensitométrie (CT) devient incontournable pour guider les décisions chirurgicales. En outre, l'utilisation de techniques plus récentes, telles que les plaques absorbables, peut améliorer la gestion des fractures tout en réduisant le risque de complications. La prise en charge des fractures mandibulaires et du complexe zygomatique ne se limite pas à une simple réduction de la fracture, mais nécessite également une surveillance à long terme pour prévenir les complications post-opératoires et améliorer le pronostic fonctionnel et esthétique du patient.