L'étude de l'orientabilité d'une variété différentielle et des formes volumiques qui y sont définies occupe une place centrale dans la géométrie différentielle. Un aspect essentiel de cette étude réside dans le lien intime entre la structure différentiable d'une variété et sa capacité à admettre une orientation.

Une variété MM est dite orientable si elle admet une orientation globale, c'est-à-dire une structure permettant de définir un sens uniforme des bases locales à travers toute la variété. Plus précisément, si MM et NN sont des variétés différentielles difféomorphes, alors MM est orientable si et seulement si NN l'est également. Cela découle du fait que toute application différentiable f:MNf: M \to N induit une correspondance naturelle des charts locaux, ce qui permet de transférer l'orientabilité d'une variété à l'autre. Si PP est une forme volumique définie localement sur NN, alors, en appliquant le pull-back ff^*, la forme PP sur NN se transforme en une forme volumique f(P)f^*(P) sur MM, ce qui garantit l'orientabilité de MM si PP est orientable sur NN.

En revanche, une variété une dimensionnelle, comme un cercle S1S^1 ou un intervalle, est toujours orientable. Cela est vérifié en utilisant le théorème qui établit que toute variété une dimensionnelle, qu'elle soit ou non connectée, est difféomorphe à un intervalle JJ ou à S1S^1. Étant donné que ces variétés sont orientables, l'orientabilité des variétés une dimensionnelle suit immédiatement de cette propriété.

Dans le cadre des hypersurfaces dans Rm+1\mathbb{R}^{m+1}, l'orientabilité est conditionnée par l'existence d'un champ normal unitaire lisse sur la hypersurface. Un champ normal unitaire est un vecteur vv dans le fibré tangent de la hypersurface, qui satisfait à la condition v(p)=1|v(p)| = 1, où pp est un point de l'hypersurface. Si un tel champ existe, la hypersurface est orientable. Cette condition permet de déduire que, si une hypersurface est orientable, il existe une base de Rm+1\mathbb{R}^{m+1} qui est compatible avec l'orientation naturelle de la hypersurface.

Un exemple classique d'une surface non orientable est la bande de Möbius. Il s'agit d'une surface obtenue en faisant subir une torsion à une bande de papier avant de coller ses bords. Ce processus, lorsqu'il est représenté mathématiquement, montre que la bande de Möbius n'admet pas de champ normal unitaire, ce qui implique son non-orientabilité. En d'autres termes, la torsion qui relie les deux bords de la bande produit une surface sur laquelle il est impossible de définir une orientation cohérente de manière globale.

Les variétés de dimension supérieure et les champs vectoriels jouent également un rôle crucial dans l'étude des formes différentielles et de leur régularité. Par exemple, les champs vectoriels sont des sections de fibrés vectoriels et permettent de définir des actions de difféomorphismes sur les variétés. Les formes différentielles, quant à elles, sont des sections du fibré des formes différentielles et peuvent être manipulées à travers les opérations de pull-back et de push-forward, qui sont respectivement associées aux applications différentielles. Ces concepts sont fondamentaux pour comprendre la structure géométrique et la dynamique des variétés différentielles, ainsi que la manière dont elles interagissent avec les champs de vecteurs et les formes différentielles.

Il est également crucial de noter que la différentiabilité des tenseurs et leur régularité sont essentielles pour travailler avec des champs vectoriels et des formes différentielles dans des contextes plus complexes. Les tenseurs d'ordre (r,s)(r, s) sont des objets mathématiques qui généralisent les notions de champs vectoriels et de formes différentielles. L'opération de produit tensoriel et l'action sur les tuples de formes de Pfaff et de champs vectoriels permettent de manipuler les données géométriques de manière plus flexible. La régularité des tenseurs, en particulier la classe CkC^k, garantit que ces objets peuvent être utilisés dans le cadre d'une géométrie différentielle lisse.

Enfin, dans le cadre de l'étude des variétés non orientables, il est essentiel de comprendre l'impact de cette non-orientabilité sur les structures géométriques associées à la variété. Les variétés non orientables, comme la bande de Möbius ou le plan projectif, sont des exemples où la possibilité de définir des champs normaux unitaires et des formes volumiques globales est perturbée par des "tours" ou des "inversions" qui rendent impossible l'assignation d'une orientation unique à la totalité de la variété.

Quelle est la signification de la mesure de volume dans les espaces pseudo-Riemanniens et comment l’interpréter?

Dans un espace pseudo-Riemannien MM muni d’une métrique gg, il est essentiel de comprendre comment définir et interpréter la mesure de volume. L'objectif ici est de présenter une méthode rigoureuse pour déterminer le volume d’un sous-ensemble AA de MM en utilisant les outils de la géométrie différentielle, tout en précisant les conditions sous lesquelles cette mesure est valide et comment elle se comporte dans le cadre de l'intégration sur les variétés différentielles.

Soit gg une métrique pseudo-Riemannienne sur MM. Pour définir une mesure de volume μ\mu sur MM, on part d'une variété orientée et on se réfère à l'application ff^* du pull-back d’une forme gg sur MM. Cette forme peut être exprimée dans un chart local (p,U)(p, U), où pp est une application de coordonnées, en utilisant des expressions impliquant des déterminants et des différentiels. La mesure associée μ\mu est construite sur l’intégrale de cette forme localement, ce qui nous permet de définir la "mesure de volume" sur la variété.

L'une des propriétés les plus importantes de cette mesure est sa comportement par rapport à la transformation par des cartes locales. En d’autres termes, si UU est un ouvert de MM et si pp est une carte locale, l’image de p(U)p(U) sous la fonction ff doit être étudiée pour assurer que la transformation des volumes reste cohérente. Il s'avère que la mesure de volume est invariant sous les changements de coordonnées, ce qui signifie que les volumes ne dépendent pas de l'échelle des cartes locales, mais uniquement de la structure intrinsèque de la variété.

À cet égard, une partie cruciale de cette définition est l’utilisation de la σ\sigma-algèbre LMLM sur MM, qui permet de formaliser les sous-ensembles mesurables de MM. Chaque sous-ensemble mesurable est partitionné en sous-ensembles disjoints, et la mesure de volume de AA est simplement la somme des mesures des parties disjointes. Cela suit directement de la propriété σ\sigma-additive de la mesure.

La compréhension géométrique de cette définition nécessite de se plonger dans les cartes locales de l'atlas de MM, qui permettent de diviser AA en une infinité de petits "rectangles" ou parallélipipèdes dans l’espace tangent. Ces petites régions peuvent être vues comme des approximations locales du volume de AA dans MM, et en affinant ces partitions à l'infini, on obtient la valeur du volume de AA sous forme d’une intégrale. Cette intégrale, bien que définie de manière locale, est cohérente sur l’ensemble de la variété et permet d'obtenir une mesure bien définie.

Ainsi, la mesure de volume volg(A)\text{vol}_g(A) sur un sous-ensemble AA de MM peut être interprétée de manière intuitive comme la "somme" des volumes des petits parallélipipèdes qui couvrent AA, ces parallélipipèdes étant définis dans des cartes locales. Cette approche permet non seulement d'attribuer une mesure à des sous-ensembles complexes mais aussi de garantir que cette mesure est indépendante du choix des cartes locales, tant que celles-ci recouvrent correctement la variété.

Enfin, cette construction mène à une forme d'intégration sur les variétés Riemanniennes qui est fondamentale pour de nombreuses applications en géométrie différentielle et en physique théorique, notamment dans les contextes liés à la relativité générale et à la théorie des champs. La mesure de volume est essentielle dans le calcul des volumes dans ces espaces, et elle permet d'étendre l'intégration sur les variétés de manière cohérente et géométriquement significative.

Pour le lecteur, il est primordial de comprendre que cette définition de la mesure de volume, bien qu'abstraite, repose sur des principes simples: la décomposition d'un sous-ensemble en petites régions localement mesurables, et l'addition de leurs volumes. Il est également crucial de saisir l'invariance sous les transformations de coordonnées, ainsi que la notion de σ\sigma-additivité qui sous-tend la mesure de volume sur MM. Cette méthode offre un cadre puissant pour étudier des phénomènes géométriques complexes, en particulier dans les contextes où la géométrie des variétés n’est pas simplement euclidienne, mais imprégnée de courbures et de structures locales variables.