Les équations des fluides à second degré constituent un modèle pour les fluides viscoélastiques, caractérisés par deux paramètres : α > 0, représentant la réponse élastique, et ν > 0, représentant la viscosité. Ces fluides sont considérés incompressibles et homogènes, avec une densité constante et égale à 1. Le tenseur de contraintes associé à ce système est donné par la relation T=pI+νA1+α2A2α2A12T = -pI + \nu A_1 + \alpha^2 A_2 - \alpha^2 A_1^2, où A1=u+uTA_1 = \nabla u + \nabla u^T et A2=tA1+A1u+uA1A_2 = \partial_t A_1 + A_1 \nabla u + \nabla u A_1, étant donné que pp désigne la pression et uu le champ de vitesses.

En considérant cette expression pour le tenseur de contraintes, les équations de mouvement pour un fluide de grade 2, incompressible et homogène, sont formulées comme suit :

ut+curl(u)×u+p+f=νA1α2A12,div(u)=0,uD=0,u(0)=u0,\begin{aligned}
& \frac{\partial u}{\partial t} + \text{curl}(u) \times u + \nabla p + f = \nu A_1 - \alpha^2 A_1^2, \\ & \text{div}(u) = 0, \\ & u|_{\partial D} = 0, \\ & u(0) = u_0, \end{aligned}

ff représente les forces externes, éventuellement stochastiques, agissant sur le fluide.

Le système déterministe des fluides à second degré a été étudié dans des travaux antérieurs, comme celui de Breckner [4], où des résultats concernant l'existence globale et l'unicité des solutions ont été présentés. Lorsque le paramètre α\alpha est nul, le système se réduit aux célèbres équations de Navier-Stokes, ce qui en fait une généralisation de celles-ci. De plus, dans le cadre de la modélisation des fluides viscoélastiques, les équations à second degré sont souvent considérées comme une approximation efficace des équations de Navier-Stokes, comme l’a montré [18].

Un problème classique en dynamique des fluides est celui de la limite sans viscosité, à savoir la convergence des solutions des équations de Navier-Stokes vers celles des équations d'Euler lorsque ν\nu tend vers zéro. Ce phénomène est particulièrement pertinent lorsqu’on considère la convergence dans la topologie L(0,T;L2(D))L^\infty(0, T; L^2(D)), où DD représente le domaine d’évolution des équations.

Dans le cadre des fluides à second degré, cette question de la limite sans viscosité devient encore plus complexe, notamment en raison des conditions aux limites imposées. Dans un domaine DR2D \subset \mathbb{R}^2, sans frontière, avec des conditions initiales convenables, il a été démontré que si les conditions initiales sont suffisamment proches, la convergence des solutions des équations de Navier-Stokes vers celles des équations d’Euler peut être obtenue. En revanche, lorsque des conditions aux limites de type Navier sont imposées (i.e. uνnD=0u_\nu \cdot n |_{\partial D} = 0), la situation devient plus complexe, car la viscosité joue un rôle majeur dans la dynamique près des frontières.

Lorsque l'on impose des conditions aux frontières de type "no-slip" (c'est-à-dire uνD=0u_\nu |_{\partial D} = 0), il existe des résultats partiels qui étudient la convergence des solutions des équations de Navier-Stokes vers les solutions des équations d’Euler. Cela repose sur des hypothèses sur la symétrie du domaine et des données, ou encore sur des données analytiques. Cependant, la difficulté réside dans le fait que les solutions dans la couche limite près de la frontière peuvent mener à des instabilités et générer des vortex. C'est ce qu'on appelle le phénomène de génération d’une couche limite : à proximité de la frontière, le fluide devient turbulent lorsque ν\nu devient très petit. Le contrôle de la taille de cette couche limite et des comportements du fluide dans cette région reste un défi majeur et en grande partie une question ouverte.

Les équations des fluides à second degré peuvent offrir de meilleures propriétés d'approximation des équations de Navier-Stokes dans certains contextes, notamment lorsqu'il s'agit de traiter la limite sans viscosité dans des domaines avec des conditions aux frontières. Des travaux récents ont cherché à démontrer que, dans ce cadre, ces équations pourraient se comporter plus favorablement que les équations de Navier-Stokes classiques, notamment en ce qui concerne la turbulence et les comportements asymptotiques. En utilisant cette approche, il est possible de démontrer la convergence des solutions stochastiques des équations des fluides à second degré vers les solutions des équations d'Euler dans la limite où la viscosité tend vers zéro, même dans des configurations avec conditions aux frontières complexes.

Les résultats concernant cette limite sont encore loin d’être complets, et plusieurs aspects restent à explorer, en particulier en ce qui concerne les comportements asymptotiques et les effets de la turbulence dans des géométries complexes. Il est évident que des progrès dans la compréhension de ces dynamiques sont essentiels pour mieux modéliser et prévoir les comportements des fluides en situation réelle, notamment dans des contextes industriels ou météorologiques.

La modélisation stochastique des fluides, tout en étant une voie prometteuse, n’a pas encore livré tous ses secrets, et la recherche continue d'explorer des pistes pour comprendre comment les petites perturbations (bruit) influencent les solutions et la dynamique des fluides, en particulier dans des régimes à faible viscosité où les phénomènes de turbulence sont amplifiés.

Comment identifier les limites inviscides pour les fluides de second grade

L'étude des fluides de second grade en dynamique stochastique pose des défis complexes en matière d'identification des solutions et de compréhension des comportements à grande échelle, notamment à travers le cadre du "limite inviscide". Dans ce contexte, la compréhension de la convergence de solutions approchées et la définition de nouvelles propriétés d'identification jouent un rôle crucial. Un aspect essentiel réside dans la convergence améliorée de la séquence de solutions uNu_N, qui permet de prouver le bien-fondé de l'équation dans le cadre stochastique.

La première étape fondamentale consiste à introduire une famille de temps d'arrêt τM\tau_M appropriée, permettant d'améliorer la convergence des solutions uNu_N vers uu, l'objectif étant d'atteindre une meilleure stabilité de ces solutions dans l'espace L2L^2. Ce résultat essentiel est présenté dans la littérature, notamment dans [4] et [28], et constitue le fondement de l'argument de bien-posedness (ou la question de la bonne formulation) de l'équation. L'énoncé de ce lemme, via l'utilisation de temps d'arrêt τM\tau_M, montre que sous des hypothèses adéquates sur les normes uu, la différence entre uNu_N et uu converge vers zéro dans un espace L2L^2 approprié, ce qui constitue un premier pas pour garantir l'existence et la stabilité des solutions dans le cadre des fluides de second grade.

Une fois cette convergence améliorée établie, il devient possible d'identifier des objets fondamentaux, tels que B^\hat{B}^* et B^(u,u)\hat{B}(u, u), dans le contexte de la formulation des équations. En effet, la convergence des formes bilinéaires B^(uN,uN)\hat{B}(u_N, u_N) vers B^(u,u)\hat{B}(u, u) dans l'espace L2L^2 constitue un résultat crucial. La linéarité de uNu_N permet de démontrer que, malgré les différences entre les approximations uNu_N et uu, la projection linéaire PNuP_N u converge vers uu, facilitant ainsi l'identification du terme BB, que ce soit pour des grandes ou petites valeurs de uu.

À partir de là, il devient nécessaire de considérer le cas particulier où uNu_N converge vers uu de manière a priori uniforme, ce qui permet de valider les limites inviscides pour α0\alpha \to 0, en supposant que la dépendance par rapport à τM\tau_M peut être éliminée. Cette étape est d'autant plus importante qu'elle garantit la continuité de la solution même pour des conditions initiales fortement perturbées, assurant ainsi la robustesse de la solution dans des situations stochastiques complexes.

Le lien entre la convergence des solutions dans des espaces fonctionnels et la validité du "limite inviscide" se déploie pleinement à travers les équations d'Euler. Dans le cadre de la solution de ces équations sous des conditions stochastiques, il est nécessaire de démontrer que la famille de solutions uαu_\alpha pour les fluides de second grade converge vers la solution des équations d'Euler avec un terme de forcing nul, au fur et à mesure que ν\nu et α\alpha tendent vers zéro. Ce résultat, souvent formulé comme le théorème 5.5, repose sur la rigueur de l'analyse stochastique et sur des techniques avancées telles que la formule d'Itô. L'argument principal repose sur la manière dont les coefficients du bruit de transport influencent la solution en fonction de la norme L2L^2, et sur la manière dont ces termes deviennent insignifiants dans le cadre du passage à la limite inviscide.

Il est important de noter que la convergence vers la solution d'Euler ne se produit pas nécessairement de manière immédiate dans tous les cas. En effet, des résultats intermédiaires sont nécessaires pour renforcer les hypothèses sur la régularité des conditions initiales et garantir que l'approximation stochastique reste contrôlable pendant toute la durée de l'évolution. Ainsi, les preuves intermédiaires, comme celles illustrées dans les sections suivantes, permettent de réduire la complexité de l'argument global en traitant les résultats de manière plus progressive.

La question de la robustesse de cette convergence soulève également un aspect clé du comportement asymptotique des solutions, lié à l'analyse du terme de dissipation, notamment dans le cas où ν\nu est de l'ordre de α2\alpha^2. La gestion du terme de dissipation dans l'équation stochastique devient essentielle pour la validité du "limite inviscide", et il est crucial de s'assurer que la dissipation, même dans le cadre de fortes perturbations initiales, reste contrôlable sur des périodes de temps longues.

L'existence de solutions fortes à l'équation d'Euler dans des espaces fonctionnels comme H3(D)H^3(D) est un résultat classique, mais le lien avec les fluides de second grade et les perturbations stochastiques impose une analyse supplémentaire pour garantir que la solution à l'équation (5.11)(5.11) est bien définie et reste stable dans le temps.

En conclusion, bien que les résultats sur la convergence des fluides de second grade vers les équations d'Euler soient théoriquement solides, il reste crucial de maîtriser les nuances de l'analyse stochastique associée à la perturbation du bruit de transport. La stabilité du "limite inviscide" repose sur une série d'hypothèses, notamment concernant la régularité des conditions initiales et la gestion du terme de dissipation, qui doivent être soigneusement vérifiées dans chaque cas particulier.

Comment modéliser les conditions aux frontières stochastiques de surface influencées par le vent dans les équations primitives stochastiques

Dans le contexte de la modélisation des équations primitives, notamment dans les milieux atmosphériques et océaniques, il est essentiel de comprendre la dynamique des conditions aux frontières et leur influence sur le système de fluides. Les conditions aux frontières stochastiques sont particulièrement importantes lorsqu'on prend en compte l'influence du vent sur la surface de l'océan, ainsi que les interactions entre les différentes couches de fluides.

Le terme de composante tangente du tenseur de stress est donné par zv+Hw\partial_z v + \nabla_H w, qui, en raison de la planéité de l'interface (i.e. w=0w = 0), se réduit à zv\partial_z v. Cela fait référence à la relation fondamentale entre les différentes couches de fluide et la manière dont elles interagissent. L'une des conditions les plus naturelles pour une interface entre deux fluides serait la condition d'adhérence, c'est-à-dire v=vairv = v_{\text{air}} à l'interface. Cependant, cette condition n'est pas utilisée en raison de la présence des couches limites à la surface de l'océan et de l'atmosphère. La condition utilisée dans ce cas prend en compte ces couches limites. En effet, puisque la vitesse de l'air est beaucoup plus lente que celle de l'océan, le terme vv est souvent négligé, et on remplace la condition déterministe par une condition stochastique du type zv=cairvairvair\partial_z v = c_{\text{air}} v_{\text{air}} \cdot |v_{\text{air}}|.

La prise en compte de ces conditions stochastiques liées au vent dans les équations primitives ouvre une nouvelle perspective sur la modélisation des dynamiques océaniques et atmosphériques. En introduisant des conditions aux frontières stochastiques, on transforme les équations primitives en équations différentielles partielles stochastiques, qui permettent de mieux capturer la variabilité temporelle du système.

Pour analyser ces équations stochastiques, nous étendons le cadre déterministe en introduisant des conditions aux frontières stochastiques, induites par le vent, à la surface de l'océan. Ces conditions ont déjà été abordées dans le cadre des équations de Shallow Water, notamment dans les travaux de CESSI et LOUAZEI. Cependant, dans le cadre des équations primitives, cette approche présente des défis supplémentaires, notamment en ce qui concerne la régularité des solutions et la manière dont ces conditions stochastiques peuvent être intégrées de manière rigoureuse dans le modèle.

Un défi majeur réside dans la nécessité d'assurer une régularité suffisante des conditions stochastiques aux frontières pour pouvoir résoudre les équations. À cette fin, une méthode innovante a été employée, combinant régularité stochastique et déterministe, afin de traiter les termes non linéaires qui apparaissent dans ces équations. Cette approche permet de transformer le problème initial en une équation évolutionnaire stochastique semilinéraire, dont les solutions peuvent être analysées à l'aide des théories de régularité maximale stochastique et de régularité critique pour les équations différentielles partielles non linéaires.

L'une des étapes clés consiste à appliquer la projection de Helmholtz hydrostatique pour éliminer le terme de pression, ce qui permet de réécrire les équations sous une forme plus tractable, tout en maintenant les conditions aux frontières stochastiques sous une forme de forçage. L'intégration de ces conditions stochastiques dans le modèle de manière à les traiter comme des termes de forçage est essentielle pour obtenir une solution bien définie et régulière à l'échelle locale.

Un autre aspect important de cette approche est l'utilisation du processus de Wiener cylindrique, qui permet de modéliser les fluctuations stochastiques du vent et d'autres variables climatiques. Ce processus est crucial pour représenter les incertitudes et les variations aléatoires qui caractérisent les phénomènes atmosphériques et océaniques à grande échelle.

Le résultat de cette analyse est un cadre théorique rigoureux permettant de traiter des conditions aux frontières stochastiques dans le contexte des équations primitives. Cette méthode est appliquée dans le cadre des équations de Navier-Stokes, et bien que le problème soit complexe, elle ouvre la voie à de nouvelles perspectives sur la modélisation de la dynamique des fluides sous l'influence de forces stochastiques, notamment le vent.

Il est crucial de noter que cette approche ne se limite pas simplement à l'introduction de termes stochastiques dans les équations. Elle nécessite une compréhension approfondie des espaces fonctionnels anisotropes, des régularités verticales et des propriétés de cartographie des opérateurs comme le Neumann. L'analyse fine de la régularité des solutions est indispensable pour garantir que les solutions stochastiques ainsi obtenues sont non seulement mathématiquement valides, mais aussi physiquement pertinentes dans le contexte de la modélisation océanique et atmosphérique.

En conclusion, l'introduction de conditions aux frontières stochastiques dans les équations primitives ouvre de nouvelles avenues pour la compréhension des phénomènes complexes qui se produisent à l'interface océan-atmosphère. La manière dont le vent interagit avec les couches superficielles de l'océan et de l'atmosphère a des implications profondes pour la modélisation du climat, des courants océaniques et des systèmes météorologiques, et cette approche permet de rendre compte de ces dynamiques avec une plus grande précision.