Dans sa définition la plus répandue, une cellule photoélectrochimique (PEC) est constituée d’une ou deux photoélectrodes, c’est-à-dire des semi-conducteurs, en contact direct avec une solution électrolytique afin d’induire des réactions chimiques sous l’effet de la lumière. Toutefois, il existe une configuration alternative, dite à jonction enfouie, dans laquelle le semi-conducteur n’est pas en contact direct avec l’électrolyte. Ce type de dispositif, bien qu’ayant une interface différente, entre néanmoins dans la catégorie des systèmes PEC.

Pour des applications telles que la photolyse de l’eau ou d’autres réactions chimiques, un système PEC peut également prendre la forme d’un couplage entre un panneau photovoltaïque et un électrolyseur, appelé cellule PV-PEC. Dans ce cas, le panneau photovoltaïque fournit l’énergie nécessaire pour alimenter l’électrolyseur, et ainsi provoquer les réactions redox associées. Ces deux configurations, standard et PV-PEC, appartiennent à la même famille des dispositifs PEC, bien qu’elles se distinguent par leur architecture et leur mode d’interaction avec la lumière solaire.

Trois grandes voies d’application émergent des systèmes PEC : la production d’hydrogène par photoélectrolyse de l’eau, la réduction du dioxyde de carbone (CO₂) en carburants, et la conversion de l’azote moléculaire (N₂) en ammoniac (NH₃). L’hydrogène produit par la photolyse de l’eau dans une cellule PEC représente une avancée considérable, car l’eau, qui recouvre environ 70 % de la surface terrestre, constitue la source d’hydrogène la plus abondante et renouvelable. Contrairement à la réforme du méthane, énergivore et fondée sur des combustibles fossiles, cette méthode permet de produire un vecteur énergétique propre. Pour satisfaire la demande énergétique mondiale de 2019, estimée à 1,62 × 10⁵ TWh, il suffirait d’un volume d’eau équivalent à 4,4 × 10¹³ litres, quantité aisément prélevable des océans.

La réduction du CO₂ via des dispositifs PEC présente un double avantage : éliminer un polluant atmosphérique et produire des composés à haute valeur ajoutée, tels que le méthane, l’éthane, le méthanol, l’éthanol ou encore le formiate. Toutefois, la conversion du CO₂ reste un défi considérable, en raison de la grande stabilité de la molécule, notamment la liaison C=O, qui nécessite un apport énergétique significatif pour être rompue. Les systèmes PEC, par leur capacité à fonctionner sous irradiation solaire, leur simplicité de mise en œuvre et la possibilité de contrôle précis des paramètres réactionnels, apparaissent comme une alternative prometteuse à cette problématique énergétique et environnementale.

En ce qui concerne la synthèse de l’ammoniac, traditionnellement réalisée par le procédé Haber–Bosch, celui-ci requiert des conditions extrêmes de température et de pression, avec un impact environnemental majeur. Les systèmes PEC permettent, au contraire, de produire du NH₃ à partir de N₂, H₂O, électricité et lumière solaire dans des conditions ambiantes, sans recours à des catalyseurs coûteux ni à une infrastructure industrielle lourde, ouvrant la voie à une production d’engrais durable et décentralisée.

Les dispositifs PEC peuvent être configurés de diverses manières selon le type de semi-conducteur utilisé et sa polarité. Un système peut comporter une p

Comment le pentacène et les hétérojonctions organiques transforment-ils les dispositifs photovoltaïques et optoélectroniques modernes ?

Les dispositifs photovoltaïques à base de pérovskites hybrides ont connu un essor remarquable grâce à l’intégration de matériaux organiques avancés, tels que le pentacène, qui optimisent l’extraction des trous et améliorent les performances globales. Par exemple, dans des cellules solaires à pérovskite entièrement fabriquées sous vide, un potentiel de sortie à vide (VOC) élevé de 1,12 V a été enregistré, avec une efficacité de conversion de puissance (PCE) maximale de 13,7 %, attribuable à une extraction efficace des porteurs de charge positives. L’utilisation du pentacène comme couche de transport de trous (HTL) à la place du traditionnel PEDOT:PSS dans les cellules solaires planaires permet d’atteindre une PCE comparable (15,90 % contre 15,65 %), avec une meilleure reproductibilité des performances.

Dans les couches actives hétérojonctions bulk (BHJ) à base de fullerènes, un déséquilibre du transport des charges, dû à une mobilité électronique supérieure à celle des trous, limite souvent les performances. La stratégie de dopage léger du pentacène à 0,2 % dans la couche active inversée permet de rétablir cet équilibre, conduisant à une amélioration de 38 % de la PCE. Par ailleurs, le remplacement du fullerène par du diimide de péréline, grâce au contrôle de la géométrie moléculaire et de la morphologie à l’échelle nanométrique, a permis d’obtenir des cellules BHJ très performantes. L’utilisation de rubrène intercalé au potassium comme agent de passivation dual-fonctionnel dans des cellules photovoltaïques à pérovskite permet de réduire l’hystérésis et d’atteindre des PCE supérieures à 19 %, surpassant les performances des dispositifs utilisant du rubrène non modifié.

Un autre développement significatif concerne les transistors à effet de champ photovoltaïques (FET) hybrides combinant des semiconducteurs 2D et organiques via des hétérostructures de van der Waals. Les dispositifs réalisés avec du MoS2 de type n et du rubrène de type p fonctionnent sous irradiation lumineuse sans polarisation externe, ouvrant la voie à des architectures à hautes performances ambipolaires. Des alternatives avec le pentacène comme matériau p-type démontrent également des performances remarquables.

Par ailleurs, la croissance fulgurante des écrans plats OLED, destinés aux applications grand public telles que les ordinateurs portables, téléviseurs et mobiles, repose sur des avancées en efficacité, durée de vie et qualité d’image pour rivaliser avec les technologies LCD et plasma. Les OLED tandem, intégrant des couches génératrices de charge (CGL) innovantes telles que C60/rubrene:MoO3 ou pentacène/C70, affichent des efficacités spectaculaires, avec des courants lumineux et efficacités énergétiques plusieurs fois supérieurs aux dispositifs classiques. L’étude du processus de génération de charges dans ces CGL via le phénomène de tunneling électronique révèle des mécanismes clés pour optimiser la performance. De plus, l’incorporation d’hétérojonctions photovoltaïques planaires dans des unités OLED uniques intensifie la production d’excitons et génère des charges libres, ce qui accroît significativement la luminance et l’efficacité électroluminescente.

Les photodiodes basées sur des hétérojonctions organiques, telles que celles combinant MoS2 monocouche et pentacène, présentent une responsivité photoélectrique élevée, un rapport photo-courant sombre exceptionnel, et une détectivité spécifique record, faisant d’elles des candidates de choix pour des applications de détection proche infrarouge, notamment pour des implants rétiniens artificiels. L’introduction d’électrodes en graphène contrôlant la barrière de Schottky dans des jonctions verticales organiques offre un contrôle amélioré sur la rectification et la sensibilité des photodiodes.

Enfin, la fabrication d’électrodes imprimées pour transistors organiques ouvre des perspectives innovantes dans les domaines des capteurs portables et jetables, avec un potentiel d’intégration dans des dispositifs électroniques flexibles et économiques.

L’intégration des matériaux organiques dans des architectures hybrides permet non seulement de combiner la conductivité élevée des semiconducteurs inorganiques avec les interactions lumière-matière exceptionnelles des composants organiques, mais aussi d’exploiter les propriétés uniques de ces matériaux pour repousser les limites des dispositifs optoélectroniques. La compréhension approfondie des phénomènes de transport de charge, de génération d’excitons et de dynamique des interfaces est cruciale pour optimiser ces systèmes complexes. De plus, la stabilité à long terme et la reproductibilité des performances demeurent des défis essentiels à relever pour leur adoption industrielle. La synergie entre la chimie moléculaire fine, le contrôle nanométrique de la morphologie et les avancées en ingénierie des interfaces constitue la clé pour la prochaine génération de dispositifs à haute performance, durables et multifonctionnels.