La théorie des potentiels périodiques, qui repose sur des bandes de largeur VV et des gaps de bande Δ\Delta, est essentielle pour comprendre le comportement des courants persistants dans les systèmes mesoscopiques. Ces états de bande sont capables de transporter des courants persistants, dont la possibilité d'observation repose en grande partie sur la théorie des structures de bande des solides, largement développée. Un résultat fondamental de cette théorie est que l'énergie de la bande dans un anneau oscille périodiquement en fonction du flux magnétique qui y est enclavé, ce qui conduit à l'expression de l'énergie En(Φ)=En(Φ+Φ0)E_n(\Phi) = E_n(\Phi + \Phi_0), et à l'apparition du courant persistant In=dEn(Φ)dΦI_n = -\frac{dE_n(\Phi)}{d\Phi}.

Pour un anneau géométriquement parfait, les courants persistants transportés par des bandes successives sont de signes opposés. Cela établit une condition clé pour l'observation de ces courants : la largeur du niveau électronique, déterminée par /τφ\hbar/\tau_\varphi (où τφ\tau_\varphi est le temps de diffusion inélastique), doit être beaucoup plus petite que le gap de bande Δ\Delta et la largeur de la bande VV. Cette condition implique que la cohérence de phase doit être maintenue le long de tout l'anneau, c'est-à-dire que la longueur de cohérence de phase ll doit être plus grande que la circonférence moyenne LL de l'anneau (régime balistique). Si la longueur libre moyenne des électrons devient plus petite que la circonférence de l'anneau, on entre alors dans un régime diffusif, où la période de l'effet Aharonov-Bohm devient Φ0/2\Phi_0 / 2.

Un autre critère important pour l'observation des courants persistants est la température, qui doit être suffisamment basse. Si la température est trop élevée, c'est-à-dire kBTΔk_B T \geq \Delta, les courants persistants dans les niveaux occupés, de signes alternés, se compensent partiellement, ce qui entraîne une forte réduction du courant persistant total. Ce phénomène a été étudié de manière approfondie dans le travail fondateur de Büttiker, qui a initié un intérêt considérable pour le problème des courants persistants dans les anneaux quantiques.

Les premières preuves expérimentales des courants persistants dans les anneaux mesoscopiques ont été fournies par plusieurs expériences pionnières. Les courants persistants en régime diffusif, où la longueur libre élastique est bien inférieure à la circonférence de l'anneau, ont été mesurés dans un ensemble d'anneaux en cuivre avec un magnétomètre SQUID et dans un anneau isolé en or en utilisant un magnétomètre SQUID à film mince. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, des anneaux quantiques à semiconducteurs ont été fabriqués avec un diamètre moyen de plus en plus réduit, ce qui a permis de manifester l'effet Aharonov-Bohm. Dans le régime balistique, pour un anneau GaAs avec un diamètre moyen de 2,7 μm, l'effet Aharonov-Bohm dans la réponse magnétique a été détecté pour la première fois en utilisant une technique particulière où l'échantillon et le SQUID étaient intégrés sur la même puce.

L'émergence de courants persistants a stimulé des recherches intensives visant à développer des modèles plus réalistes des anneaux quantiques, tenant compte des effets liés à la taille finie, au désordre et aux interactions électron-électron. Par exemple, pour les anneaux quantiques métalliques en régime diffusif, les magnitudes des courants persistants mesurées étaient bien plus grandes que celles prédites par la théorie des électrons non-interagissants, tandis que pour les anneaux quantiques à semiconducteur dans le régime balistique, la théorie simple semblait être en accord avec les expériences.

Cela a conduit à des investigations approfondies concernant plusieurs aspects théoriques, notamment le rôle du choix de l'ensemble statistique (canonique versus grand-canonique) pour calculer les valeurs moyennes des courants persistants, le rôle du spin dans l'effet fractionnaire Aharonov-Bohm, l'impact des interactions électron-électron et l'importance des corrélations au-delà de l'approche de perturbation du premier ordre.

Les contradictions entre les prédictions théoriques et les observations expérimentales concernant l'amplitude des courants persistants ont conduit à une révision des modèles théoriques. L'une des idées majeures qui a émergé est que l'interaction électron-électron peut fortement réduire l'effet du désordre. En outre, un intérêt particulier a été porté sur la signature diamagnétique des courants persistants observée dans les anneaux quantiques métalliques, ce qui suggérait que ces matériaux pourraient être des supraconducteurs faibles avec une température critique très basse. De plus, l'interaction attractive électron-électron pourrait renforcer la réponse magnétique d'un anneau quantique en raison de la contribution des niveaux d'énergie élevés.

Dans les années 90, une théorie quantique rigoureuse des courants persistants dans les anneaux quantiques en régime balistique a révélé que le couplage entre les différents canaux de mouvement des électrons pouvait entraîner l'apparition de harmoniques supérieures du flux quantique Φ0\Phi_0 dans le courant persistant. Trois découvertes fondamentales ont été faites à cette époque : (i) la réduction de la période fondamentale des courants persistants, qui peut se produire dans un anneau quantique de largeur ou de hauteur finie en raison du couplage des mouvements azimutal et radial des électrons par la diffusion des impuretés ; (ii) les oscillations de type Aharonov-Bohm dans le champ magnétique pénétrant la région conductrice de l'anneau quantique finie ; et (iii) la densité d'états dans un anneau quantique de largeur finie a été étudiée en mesurant la dépendance en température de la recombinaison radiative des excitons.

Ces découvertes ont enrichi notre compréhension des phénomènes quantiques dans les anneaux quantiques, et ont mis en lumière l'importance des interactions entre les électrons et de la taille finie des systèmes dans la détermination des courants persistants.

Quelle est l'importance du cadre orthonormal MR pour la géométrie des nanostructures courbées ?

Les courbes géométriques, en particulier celles qui sont associées à des nanostructures telles que les nanoringues et les structures de Möbius, révèlent des propriétés uniques qui ne peuvent pas être décrites adéquatement par les approches classiques de géométrie différentielle. Pour ces structures complexes, il est essentiel d'introduire un cadre orthonormal local qui prend en compte la courbure et la torsion de la géométrie sous-jacente. Dans ce contexte, le cadre MR (Minimum Residual Frame) se distingue comme étant particulièrement avantageux, bien que sa formulation nécessite de prendre en compte des considérations géométriques détaillées.

L’une des caractéristiques importantes du cadre MR réside dans sa capacité à minimiser l’énergie élastique associée à une courbure donnée. Ce cadre est une représentation orthonormale qui est construite de telle sorte que l’énergie mécanique de déformation est la plus faible possible. L'absence de torsion mécanique dans ce cadre, contrairement à ce qui pourrait se produire dans un cadre traditionnel, permet de limiter l'impact des effets indésirables sur les propriétés physiques du système. En d'autres termes, ce cadre offre une solution optimale pour le calcul des déformations, en réduisant la contribution de la torsion et en se concentrant uniquement sur la flexion de la structure.

Un autre aspect notable du cadre MR est sa stabilité et sa simplicité dans les calculs numériques. Contrairement à d'autres cadres qui peuvent être difficiles à calculer analytiquement, le cadre MR peut être résolu numériquement avec des algorithmes efficaces. Cela permet d'obtenir des résultats concrets même pour des géométries complexes où la torsion n'est pas immédiatement évidente. La solution aux équations différentielles associées à la courbure d'une structure, dans le cas d'un nanoring par exemple, peut donc être obtenue de manière relativement simple, même si le cadre MR lui-même n’a pas toujours une forme fermée.

Il convient de noter que, même si la torsion mécanique est absente, ce cadre ne supprime pas les effets de courbure qui peuvent influencer le comportement des états électroniques dans des structures comme les nanoringues ou les structures de Möbius. Ces effets de courbure modifient la symétrie des états électroniques et, par conséquent, influencent leurs propriétés énergétiques. Ainsi, pour des géométries très courbées, où la taille du rayon de courbure devient extrêmement petite, les effets de la courbure deviennent significatifs, entraînant des variations dans les énergies propres des états électroniques.

Le cadre MR est également particulièrement utile pour les structures de type nanoring, où il est possible de relier la topologie de la courbure à la configuration des états électroniques du système. En effet, il existe une dépendance spécifique entre la courbure géométrique d’un nanoring et la manière dont les états électroniques sont organisés. Pour des tailles de courbure nanométriques, la symétrie des états électroniques peut être altérée de manière significative, ce qui affecte leur comportement. Ces changements sont particulièrement visibles dans des structures comme les nanoringues de Möbius, où les effets de torsion topologique et géométrique ne peuvent être négligés.

En matière de calculs pratiques, le cadre MR présente l'avantage de respecter les conditions aux limites de Neumann en espace physique, ce qui n'est pas toujours le cas pour les cadres orthogonaux classiques. Cette caractéristique permet d'étendre les solutions trouvées en physique des matériaux à des systèmes plus complexes et d’obtenir des prédictions précises pour les nanostructures soumises à des contraintes géométriques particulières.

Cependant, bien que ce cadre soit d'une grande utilité, il présente certaines limitations. Notamment, bien qu'il offre une solution extrêmement efficace pour des géométries lisses et continues, il peut être difficile à appliquer à des géométries plus irrégulières ou à des structures qui comportent des singularités géométriques notables. Néanmoins, l'algorithme proposé par certaines études permet de surmonter ces obstacles, facilitant ainsi son utilisation dans des contextes de calcul avancé.

Il est également essentiel de comprendre que l'impact des effets de courbure et de torsion peut être négligeable à des échelles plus grandes, mais devient significatif lorsque les rayons de courbure descendent en dessous de quelques nanomètres. À ces échelles, les propriétés physiques des matériaux, comme les propriétés électroniques ou thermiques, peuvent changer de manière substantielle, nécessitant des approches de calcul plus détaillées et adaptées.

Il est donc primordial pour le lecteur de prendre en compte les spécificités de ces cadres orthonormaux dans le contexte de la géométrie différentielle appliquée aux nanostructures. Le cadre MR offre une méthode robuste pour étudier les déformations mécaniques, mais il est important de reconnaître les limites de son application dans des géométries extrêmes ou dans des situations où la torsion géométrique joue un rôle essentiel. Il est également crucial de comprendre que l'analyse de la structure électronique des nanoringues, en particulier dans les régimes où les effets de courbure deviennent marquants, doit prendre en compte la modification de la symétrie des états électroniques en fonction des paramètres géométriques.