L'apathie morale qui sous-tend la domination imaginaire de la suprématie blanche, l'ignorance et l'agissement d'un "monstre moral" devient de plus en plus évidente à travers la gestion catastrophique de la pandémie de COVID-19 par l'administration Trump. Dès les premiers mois de la crise sanitaire, une question s’est posée : comment expliquer le refus manifeste du président Trump d'apporter une aide significative aux États gouvernés par des démocrates, tout en suggérant que leurs problèmes étaient dus à un manque de talent politique ? Ce comportement, particulièrement vicieux et raciste, s'inscrit dans une forme de politique partisane qui utilise la pandémie pour accentuer des inégalités raciales déjà bien enracinées. Giovanni Russonello, journaliste au New York Times, le souligne : « Le coronavirus… a progressé plus rapidement dans les zones urbaines à forte densité de population, et il a particulièrement frappé les personnes de couleur, dont beaucoup étaient déjà exposées à des risques accrus à cause de conditions préexistantes et du manque relatif de soins de santé de qualité ». Or, ces populations votent souvent démocrate.
Face à un nombre de décès qui ne cessait de croître, de 125 900 décès en juin 2020 à plus de 215 000 en octobre de la même année, l'administration Trump a continué de faire pression pour une réouverture précipitée de l’économie. Cette décision, qui semblait défier toute logique sanitaire, s’explique par une volonté d’améliorer la situation économique avant tout. Le Dr Anthony Fauci, expert en maladies infectieuses de renom, avait pourtant averti en juin 2020 que si les États-Unis ne réussissaient pas à endiguer la vague de contaminations, le nombre de nouvelles infections pourrait doubler, mettant en danger l’ensemble du pays. Le manque de leadership était donc évident, mais ce manque n'était pas simplement lié à une mauvaise gestion de la crise. Il s’agissait d’une irresponsabilité morale sans précédent, qui se manifestait dans un choix clair : sacrifier des vies pour une économie déjà en difficulté.
Cette situation a été particulièrement tragique pour les populations noires, les personnes âgées, les travailleurs de première ligne et ceux employés dans les usines de transformation de viande, dont la situation de santé s’est rapidement détériorée sous l'effet des infections massives au COVID-19. Ajamu Baraka, dans un article pour The Black Agenda Report, a souligné que ces politiques représentaient non seulement un mépris cruel et inhumain pour la santé et la vie des travailleurs, mais qu’elles relevaient de crimes internationaux. Si des voix comme celle de Paul Krugman ont qualifié ces actions d’irresponsables, on pourrait même les qualifier de crimes de guerre, tant les effets sur la population étaient catastrophiques.
Le problème ne se limitait pas à une simple gestion politique de la crise, mais aussi à une utilisation cynique du langage pour minimiser la gravité des événements. Dans cette époque de crise, la relation entre le langage et la politique s’est intensifiée, Trump utilisant des métaphores militaires pour légitimer son inaction. En qualifiant la population américaine de « guerriers » dans la bataille contre le COVID-19, l'administration a transformé un problème de santé publique en un enjeu de patriotisme, détournant ainsi l'attention des erreurs fatales du gouvernement. Le fait de présenter la pandémie comme un champ de bataille où chacun devait se sacrifier pour sauver l'économie a eu pour effet d’absoudre Trump de ses responsabilités, tout en normalisant l’idée que certains sacrifices humains étaient acceptables dans une situation de crise économique.
Dans cette rhétorique, la vie humaine, et particulièrement celle des plus vulnérables, était devenue une variable sacrificielle. L'idée de sacrifier "Grand-mère" ou d’autres membres vulnérables de la société pour préserver une économie qui exclut les plus démunis est devenue une justification centrale de la politique de l'administration Trump. Cette idéologie de guerre sociale a pris la forme d’un faux choix : sauver l’économie ou protéger les vies humaines. Cependant, ce faux dilemme a masqué une réalité tragique : certaines vies étaient jugées moins précieuses que d'autres. L'idée que les personnes âgées, les pauvres et les minorités raciales pouvaient être sacrifiées pour « l’économie » n’était pas seulement une question de politique économique, mais une question de hiérarchie raciale.
Les données parlent d’elles-mêmes. En juillet 2020, un Noir américain sur 1 450 était mort du COVID-19, un taux plus de deux fois plus élevé que celui des Blancs. En raison des inégalités profondes du système de santé américain, les Afro-Américains sont confrontés à des conditions de vie qui les exposent à un risque accru de complications et de décès. Leur espérance de vie est inférieure de trois ans à celle des Blancs, et ils sont trois fois plus susceptibles de mourir pendant la grossesse. Lorsque ces personnes cherchent des soins, elles reçoivent moins d'attention, et souvent de qualité inférieure.
La rhétorique guerrière de Trump a donc non seulement tenté de dissimuler une gestion catastrophique de la pandémie, mais elle a aussi servi à diluer la responsabilité du gouvernement fédéral en la répartissant sur la population. La stratégie consistait à amener les gens à croire qu’ils étaient tous responsables de la situation, tout en dévalorisant la vie des plus vulnérables. L’idée que certains sacrifices étaient nécessaires pour la stabilité économique a ainsi fait son chemin, ancrant dans l’imaginaire collectif l’idée que les vies humaines, surtout celles des populations racisées et marginalisées, ne valaient pas autant que celles des autres.
Cette normalisation de l'idée que certaines vies ne comptent pas autant que d'autres a ouvert la voie à une réinterprétation perverse de la solidarité et de la responsabilité sociale. Au lieu de se concentrer sur le bien-être collectif, l’administration Trump a cherché à justifier une politique sociale qui favorisait la survie d’un modèle économique fondé sur l’inégalité plutôt que sur l'équité et la justice sociale.
Il est crucial de comprendre que, derrière les discours de réouverture économique et de normalisation de la pandémie, il ne s'agissait pas simplement d'une mauvaise gestion, mais d'une volonté délibérée de maintenir des structures de pouvoir qui excluent et marginalisent les plus vulnérables. Les répercussions de ces choix politiques sont d’autant plus graves qu’elles réaffirment une vision du monde où la vie de certains individus, souvent en raison de leur race ou de leur classe sociale, est systématiquement valorisée moins que celle d'autres.
La Pédagogie Pandémique et la Crise Mondiale : Vers une Société Socialiste Démocratique
Les notions de pédagogie critique et de pédagogie pandémique constituent le cœur de cette réflexion, articulant un ensemble de concepts essentiels à la compréhension de l'agentivité, des connaissances, des désirs et des valeurs dans le contexte mondial actuel. Elles jouent un rôle crucial pour saisir la nature de la crise globale qui se déploie sous nos yeux et pour repenser la politique dans l’intérêt de la construction de mouvements de résistance de masse. En particulier, ces concepts sont vitaux pour comprendre les enjeux du capitalisme mondial en transformation, qui se réactualise sous une forme plus périlleuse : celle du fascisme. Ce phénomène n’est pas simplement une lutte économique et politique, mais aussi une lutte éducative de premier ordre, nécessitant une remise en question critique des questions d’agentivité, de pouvoir, de politique et de justice.
Le monde est plongé dans une crise multiforme : médicale, raciale, économique et éducative. Une pandémie, loin d’être un simple incident, a révélé au grand jour l’incapacité du capitalisme dirigé par le profit à gérer une crise sanitaire mondiale d’une ampleur cataclysmique. Aux États-Unis, cette situation est exacerbée par une néolibéralisation qui a progressivement détruit les systèmes publics de santé, a dévalorisé le travail humain et a permis aux inégalités raciales et économiques de se renforcer. Ce n’est pas un simple incident isolé : c’est le fruit de décennies de politiques néolibérales, fondées sur la financiarisation, la dérégulation et l’austérité.
L’émergence du fascisme, dans cette époque de pandémie et de crise économique, marque un tournant dans l’histoire. Ce fascisme, dont les racines sont historiques, se manifeste sous de nouvelles formes, adaptées aux particularités politiques et culturelles de chaque pays. Aux États-Unis, il prend la forme d’un processus qui s’infiltre dans les structures de gouvernance, dans les discours publics, et dans les institutions éducatives. Ce phénomène est aujourd’hui omniprésent dans les discours et les pratiques pédagogiques dominants, et il est important de comprendre que ce n’est pas une aberration, mais bien le produit d’une longue évolution de la pensée capitaliste et de ses effets pervers.
La pandémie pandémique, en tant que pédagogie de masse, n’est pas simplement une crise sanitaire, mais aussi une crise des valeurs et des significations. Elle normalise l’ignorance comme principe politique, effaçant les lignes morales et dévalorisant les systèmes de pensée critiques. Ce type de pédagogie, qui se diffuse à travers les médias sociaux et les plateformes culturelles, constitue un véritable danger pour la démocratie. Il favorise la pensée simpliste, l'acceptation de la cruauté et de l’injustice, et justifie des politiques autoritaires en érodant progressivement la conscience historique et politique collective.
Un autre aspect fondamental de cette période de crise est la montée d’une résistance collective. Les luttes pour la justice raciale, pour la protection des droits humains et pour une redistribution plus équitable des ressources se font de plus en plus visibles. La crise actuelle, bien que sombre, n’est pas uniquement synonyme de désespoir, mais représente également un espace de réinvention. À travers cette résistance, se profile la possibilité d’une politique radicale, fondée sur des principes d’inclusion, de solidarité, et d’une vision plus juste du futur. Le monde ne doit pas accepter que cette crise devienne une catastrophe irréversible, où tout espoir serait perdu.
Dans ce contexte, il est essentiel de repenser le rôle de l’éducation. L’éducation critique, loin de se limiter à la transmission de savoirs techniques, doit se réapproprier les questions de pouvoir et de justice. Elle doit participer activement à la transformation sociale en suscitant la réflexion sur l’agentivité humaine, les désirs et les valeurs qui fondent nos sociétés. Le système éducatif doit devenir un outil de résistance face à l’idéologie dominante, une voie permettant de remettre en question les principes du néolibéralisme, du racisme structurel et de l’autoritarisme croissant.
Il est indispensable de reconnaître que la crise actuelle n’est pas simplement un accident de parcours, mais bien une conséquence directe des politiques économiques mondiales et des idéologies qui ont gouverné les dernières décennies. La pandémie a non seulement révélé l'incapacité du capitalisme à assurer le bien-être de l'humanité, mais elle a aussi intensifié les inégalités et exacerbé les tensions sociales. C’est dans ce contexte que se pose la question de l'avenir : celui d’une société démocratique socialiste, fondée sur des principes de justice, d’équité et de solidarité.
Le chemin vers une telle société n’est pas simple, et il nécessite une remise en question profonde des structures existantes. Il s’agit de dépasser les formes actuelles de gouvernance et d’éduquer les masses à la nécessité de résister face à l'injustice, à l’exploitation et à la violence institutionnalisée. La lutte pour une politique plus juste, pour un avenir équitable, est plus que jamais d'actualité, et c'est à travers cette lutte que l'espoir peut renaître.
Comment la politique de Trump a érodé les bases de la démocratie et de l'éducation
L'ère Trump a été marquée par un phénomène inédit : une gestion du pouvoir qui ne se contentait pas de manipuler l'information, mais qui en faisait un outil de domination et de transformation culturelle. Sous son règne, la politique est devenue une arme d'éducation de masse, ou plutôt de déformation, dans laquelle la vérité était constamment altérée, et la réalité, réinventée pour servir des objectifs idéologiques et politiques. Le taux de mensonges proférés par Trump est devenu astronomique, avec 20 000 mensonges enregistrés depuis son élection, un chiffre tellement élevé que, si l'on devait les lire un par un, cela prendrait plus de cinq ans. La vérité, dans ce contexte, n'était plus un pilier de la politique, mais une arme utilisée pour dissimuler des faits gênants et semer la confusion dans le débat public.
Trump a lancé une guerre idéologique sur plusieurs fronts, où le mensonge n'était pas seulement un moyen de manipuler les masses, mais aussi un moyen d'imposer un discours militarisé et un état d'urgence permanent. En traitant l'urgence climatique de "canular chinois", il a non seulement rejeté une vérité scientifique indéniable, mais a également sapé les bases même de la démocratie en incitant à la méfiance envers toute forme d'autorité légitime, qu'elle soit scientifique, judiciaire ou médiatique. La normalisation du mensonge a bouleversé la relation entre les faits et le pouvoir, où l'expression d'opinions alternatives a été systématiquement décrédibilisée par l'étiquette de "fake news", un procédé déjà utilisé par les régimes fascistes du passé.
L'une des conséquences les plus marquantes de cette politique de mensonges est la militarisation de la culture et des médias. En transformant des événements publics en spectacles militarisés, Trump a eu un impact majeur sur la manière dont les Américains comprenaient leur place dans la société et dans le monde. Ce processus ne se limitait pas aux politiques internes du pays, mais s'étendait à l'ensemble de la culture médiatique, où la dissidence était vue comme un acte de trahison et où l'opposition était systématiquement attaquée et réduite au silence. Cette culture de la répression, alimentée par un populisme virulent, a favorisé l'émergence d'un nationalisme blanc exacerbé, où la diversité et l'inclusion ont été dénigrées et criminalisées.
Les discours sur la sécurité nationale et la guerre ont été omniprésents, légitimant des politiques répressives et une violence systématique contre les groupes minoritaires. Ce processus a fait écho aux pratiques fascistes du passé, où la "pureté" d'une nation était défendue par des politiques de nettoyage ethnique et une déshumanisation systématique de l'autre. Trump, dans sa rhétorique et ses actions, n'a pas seulement exacerbé les divisions raciales aux États-Unis, mais a également mis en lumière les tendances autoritaires qui existaient bien avant son arrivée au pouvoir. La militarisation du discours, loin d'être un accident, s'inscrivait dans un projet politique plus large visant à déstabiliser les fondements de la démocratie.
L'un des aspects les plus insidieux de cette époque fut l'impact de ce discours sur l'éducation. En construisant un récit dans lequel l'ignorance devenait une vertu et la compétence intellectuelle une menace, Trump a participé à l'érosion de l'esprit critique et des valeurs démocratiques. Dans un environnement où l'éducation était dévalorisée et où la pensée indépendante était perçue comme une forme de subversion, les citoyens se sont retrouvés pris dans un piège où la seule forme de résistance semblait être le rejet total de la réalité. La pandémie, qui a exacerbé ces tensions, a été utilisée pour promouvoir des récits politiques et économiques qui ont entretenu le climat de peur et de division, tout en poussant les citoyens à accepter des politiques de plus en plus autoritaires.
Il est important de comprendre que ce phénomène ne se limitait pas à Trump, mais s'inscrivait dans une crise mondiale des démocraties, exacerbée par la pandémie et le renouveau du capitalisme néolibéral. Ce capitalisme, qui a permis l'émergence de régimes autoritaires à travers le monde, est le véritable virus qui dévore les sociétés modernes. En négligeant les leçons de l'histoire, en réduisant l'éducation à une simple consommation de savoir sans critique, nous risquons de rendre notre société vulnérable à de nouveaux dérives fascistes. Le combat pour une démocratie vivante passe par une réévaluation des valeurs de justice sociale, de solidarité et de citoyenneté. Il ne s'agit pas seulement de juger les erreurs d'un leader autoritaire, mais de comprendre comment ces erreurs sont les symptômes d'une crise beaucoup plus large qui traverse les sociétés contemporaines.
Le phénomène Trump est avant tout le reflet d'une crise de la démocratie, une crise qui s'étend bien au-delà des frontières des États-Unis. Les tendances autoritaires et fascistes, qui se nourrissent de la peur et de l'ignorance, sont désormais omniprésentes, et il devient impératif d'agir pour protéger les valeurs démocratiques. Pour cela, il est essentiel de repenser l'éducation, de redonner à chaque individu la capacité de réfléchir de manière critique aux structures de pouvoir qui régissent sa vie. La véritable lutte pour la liberté et l'égalité commence par la reconquête de la vérité et de la justice dans le discours public.
Comment le fascisme néolibéral redéfinit-il la politique et l'histoire dans un monde globalisé ?
Les signes de l'émergence du fascisme néolibéral étaient déjà visibles au début des années 1980. Ce phénomène ne réplique pas les formes historiques du fascisme, mais ne constitue pas non plus quelque chose de complètement différent. Le fascisme néolibéral combine les conséquences cruelles de l'inégalité économique avec les impératifs du transnationalisme et de la suprématie blanche. Il adopte également un agenda anti-moderniste, hostile à la libéralité, anti-intellectuel, ultra-nationaliste, et intègre des éléments de pureté raciale dans sa définition de qui fait partie d'une communauté authentique. Ce régime fonctionne souvent comme un culte, avec un leader fort vénéré comme une figure incontestée. En outre, il se révèle être un moteur puissant de violence systémique et de cruauté, comme l'illustrent les situations des États-Unis, de l'Inde et de la Hongrie.
Le fascisme néolibéral se pose en ennemi des formes révisionnistes de l'histoire, car il méprise toute ressource susceptible de rendre les détenteurs du pouvoir responsables et de traduire les événements passés en un témoin moral dans le présent. Il rejette l’histoire telle qu’elle peut être interprétée de manière critique, préférant une forme d’amnésie historique où les leçons du passé sont perdues dans l’oubli. Toute résistance à cette forme de fascisme doit reposer sur de nouvelles narrations, une nouvelle compréhension de la politique, du pouvoir et de la résistance. Cela exige de remettre en lumière la mémoire historique en tant qu’espace d’interrogation critique face à l’inquiétant et à l’indicible.
Pour lutter efficacement contre le fascisme néolibéral, il est essentiel de s'engager avec une culture de violence réelle, viscérale et symbolique. La politique ici devient à la fois une nécessité éthique et une ambition imaginative, car elle suppose une résistance active contre les violences étatiques et la terreur institutionnelle. Il est indispensable de relier l’émergence des mouvements de droite au capitalisme néolibéral et à leurs registres d’identité, de mémoire et d’action, si ce n’est à la démocratie elle-même. À mesure que le capital se libère de toute contrainte, la mémoire historique et les institutions qui la soutiennent se fanent, emportant avec elles les idéaux démocratiques d’égalité, de souveraineté populaire et de liberté face aux besoins sociaux fondamentaux. Aux États-Unis, l’essor des mouvements de droite est en partie alimenté par une révolte contre les élites politiques, les fausses promesses de la démocratie libérale et les "blocages" engendrés par la gouvernance néolibérale.
Dans ce vide politique et éthique, les mouvements de droite se manifestent comme une forme de politique où tout geste tendant à donner une véritable voix et pouvoir aux populations est remplacé par la parole des démagogues, qui prétendent parler en leur nom. Le populisme de droite, né comme une révolte contre une société néolibérale "gagnant-tout", a rapidement été récupéré par des figures comme Donald Trump, qui l’ont utilisé pour répondre à un mélange d’anxiété économique, d’incertitude existentielle et de peur des immigrants, réfugiés et demandeurs d’asile. Au lieu d’apprendre d’un passé marqué par des guerres génocidaires menées au nom de la différence, les tyrans fascistes émergents ont instauré une forme de "dés-apprentissage", où la mémoire morale est plongée dans un coma, tandis que des récits sans fin de haine sont véhiculés, visant à stigmatiser les immigrés, les populations noires et brunes, les réfugiés, les manifestants pacifiques et les enfants sans papiers.
Quelque chose de sinistre se passe dans les soi-disant démocraties libérales du monde entier. Les institutions démocratiques telles que les médias indépendants, les écoles, le système juridique, l’État providence et l’éducation supérieure sont sous assaut. Les médias publics sont sous-financés, les écoles sont privatisées ou modélisées d'après des prisons, les fonds pour les prestations sociales disparaissent tandis que les budgets militaires explosent, et le système juridique devient de plus en plus un moteur de discrimination raciale et l'institution par défaut pour criminaliser une gamme de comportements. Les échos d’un passé fasciste résonnent à nouveau, ravivant les discours de bigoterie, d'exclusion et d'ultranationalisme. Les partis d’extrême droite insufflent une nouvelle énergie à une idéologie fasciste à travers un populisme apocalyptique, qui construit la nation à travers une série d’exclusions racistes et nationalistes, tout en se nourrissant du chaos généré par les dynamiques du néolibéralisme.
Dans de telles circonstances, les promesses de la démocratie libérale s’amenuisent, tandis que les réactionnaires d’aujourd’hui s’efforcent de subvertir la langue, les valeurs, le courage civique, l’histoire et la conscience critique. Par exemple, le président brésilien Jair Bolsonaro a promis de débarrasser le système éducatif de son pays de toute référence au travail de l’éducateur radical Paulo Freire. Aux États-Unis, Donald Trump a intensifié ses attaques contre l’éducation publique et supérieure en réduisant les budgets et en nommant Betsy DeVos, une milliardaire ennemie jurée de l’éducation publique et défenseure du choix scolaire et des écoles charter, au poste de secrétaire d'État à l'Éducation. Parallèlement, dans de nombreuses régions du monde, l’éducation devient un outil de domination, les politiciens réactionnaires et les fondamentalistes du marché emprisonnant les intellectuels, fermant les écoles, réduisant les programmes progressistes, attaquant les syndicats enseignants et imposant des pédagogies de répression qui anéantissent les capacités imaginatives et créatives des étudiants, tout en transformant les écoles publiques en un tapis roulant qui propulse les élèves marginalisés par la classe et la couleur vers une vie de pauvreté ou, pire encore, vers le système judiciaire pénal et l'incarcération.
Dans ce moment historique actuel, deux mondes s’entrechoquent. Le premier est celui de la mondialisation néolibérale, qui traverse une crise parce qu’elle ne peut plus tenir ses promesses ni contenir sa propre brutalité. Par conséquent, une révolte mondiale contre le capitalisme global émerge, qui alimente principalement les formes de populisme de droite et une guerre systémique contre la démocratie elle-même. Le pouvoir est désormais obsédé par l’accumulation de profits et de capital et, dans une mesure croissante, il est accro à une politique de tri social et de purification raciale. Le second monde est celui des véritables révoltes démocratiques et des luttes fluctuantes, dans lesquelles des millions de personnes à travers le monde protestent contre la violence policière et l'injustice raciale systémique. Cette rébellion de masse réécrit et révise un nouveau scénario pour le socialisme démocratique, un scénario qui peut à la fois défier le monde néolibéral du capital financier tout en repensant le sens de la politique, si ce n'est de la démocratie elle-même.
Néanmoins, ce qui est incontestable, c’est que partout dans le monde, l’élan de démocratisation mondiale qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale a cédé la place, à nouveau, aux tyrannies. Si alarmants que soient les signes, le public ne peut ignorer comment une politique fasciste a pris racine aux États-Unis. Cette menace s’est exacerbée dans la conscience publique à un moment où la discipline académique et la rigueur intellectuelle ont perdu de leur faveur auprès de l'opinion publique américaine. L’une des conséquences en a été le remplacement de la conscience historique par une forme d’amnésie sociale et historique. La conséquence la plus évidente de cette tendance est le fait que l’histoire n’est plus une matière obligatoire dans la plupart des établissements d’enseignement supérieur, et qu’elle a, comme domaine d’étude, quasiment disparu. Par exemple, moins de 2 % des étudiants hommes et moins de 1 % des femmes choisissent de se spécialiser en histoire, contre plus de 6 % et presque 5 % respectivement dans les années 1960. Certaines universités menacent même de supprimer leurs départements d'histoire. Ironiquement, cela se produit à un moment où les formes de connaissance publique et de culture civique ont chuté de manière exponentielle.
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