La pandémie mondiale a révélé les failles profondes des sociétés néolibérales, notamment à travers le discours de guerre adopté par les élites politiques dans des pays comme les États-Unis et le Brésil. Ces gouvernements ont utilisé le concept de guerre non pas pour véritablement lutter contre la crise, mais pour apaiser l'anxiété publique ou, dans de nombreux cas, pour la détourner. En associant la pandémie à un "conflit", les autorités ont cherché à justifier des mesures répressives et à minimiser l'impact des inégalités sociales et raciales exacerbées par la crise sanitaire. La guerre, dans ce contexte, devient un outil politique, une méthode de dissimulation des violences d'État et de la montée du fascisme néolibéral, où certaines populations, en fonction de leur classe sociale, de leur race, de leur âge, ou de leur religion, sont considérées comme jetables.
Sous ce prisme, la politique se transforme en une extension de la guerre, une pédagogie de la soumission et de l'ignorance, où la pensée critique est déviée, la dissidence réprimée, la surveillance banalisée, et l'ignorance érigée en vertu. Le philosophe Amartya Sen a raison de souligner que "surmonter une pandémie ressemble à mener une guerre, mais le véritable besoin est loin de cela". La gestion de la crise sanitaire ne devrait pas être vue comme une guerre à gagner, mais plutôt comme un défi collectif de solidarité et de rétablissement des structures de soin et de soutien social. Toutefois, la manière dont certains gouvernements, notamment sous l'administration de Donald Trump, ont manipulé cette situation démontre comment une crise peut être utilisée pour renforcer un pouvoir autoritaire.
L'exemple de Trump illustre cette dynamique de militarisation de la politique. En réponse aux rébellions populaires et aux mouvements de contestation, il a déployé des troupes fédérales non identifiées dans les rues des États-Unis, ciblant les manifestants avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Ce recours à la violence d'État, justifié par la "loi et l'ordre", visait à maintenir l'ordre social tout en légitimant des politiques de répression. En parallèle, l'administration Trump a échoué à répondre efficacement à la crise sanitaire, en concentrant le pouvoir entre les mains des grandes entreprises et en détournant des fonds publics destinés aux petites entreprises pour soutenir les intérêts des plus puissants.
Ce processus de militarisation et de répression ne se limite pas à une simple réaction face à des révoltes sociales. Il représente aussi une tentative de consolider un pouvoir basé sur la domination d'un groupe, qu'il soit national, racial ou économique, en imposant une vision autoritaire de la gouvernance. Cette stratégie repose sur la réduction des espaces de liberté et d'expression, un phénomène amplifié par la pandémie. Alors que la majorité des jeunes et des adultes étaient confinés à leurs maisons, de plus en plus de personnes se sont retrouvées plongées dans l'univers en ligne, un terrain propice à la propagation de théories du complot et à la radicalisation. Des groupes extrémistes, qu'ils soient suprématistes blancs ou terroristes, ont utilisé cette situation pour diffuser des messages haineux et inciter à la violence, alimentant encore plus la polarisation sociale.
L'ironie tragique de cette époque réside dans le fait que, au moment où les inégalités sociales étaient mises en lumière par la pandémie, les structures de pouvoir en place ont non seulement échoué à répondre de manière adéquate à la crise sanitaire, mais elles ont aussi profité de la situation pour renforcer un système économique déjà profondément injuste. L'échec du néolibéralisme s'est révélé dans sa gestion de la crise, qui a démontré les limites du marché comme solution aux défis sociaux et sanitaires. L'absence de préparation des États-Unis et d'autres nations à cette pandémie n'a fait qu'exposer les failles d'un système qui, sous couvert de la liberté individuelle et du marché libre, a mené à des inégalités sociales croissantes et à un affaiblissement des institutions publiques.
Cela nous amène à repenser l'idée même de gouvernance. La pandémie a exposé la fragilité des mythes néolibéraux : la prétendue responsabilité individuelle face à des problèmes systémiques, la fausse idée que l'État est l'ennemi du peuple, et la croyance selon laquelle une économie fondée uniquement sur la maximisation des profits puisse résoudre des crises sociales. Au contraire, cette période a démontré qu'un système économique qui valorise avant tout les intérêts des élites ne peut répondre aux besoins fondamentaux des populations. Ce système a conduit à des pénuries critiques de matériel médical, à une gestion inefficace des ressources et à une exacerbation de la violence sociale.
Il est également essentiel de noter que la crise de la Covid-19 a révélé une crise plus large du capitalisme mondialisé. Les inégalités sociales, loin d'être un accident ou une conséquence marginale, font partie intégrante du fonctionnement de ce système économique. L'accumulation des richesses entre les mains d'une élite, couplée à une concentration de pouvoir politique, a permis à ces derniers de manipuler la crise à leur avantage. Les stratégies de "survie" des plus riches, à travers des politiques fiscales régressives et des mesures d'austérité, ont exacerbé les inégalités sociales, poussant des millions de personnes dans la pauvreté tout en préservant les profits des grandes entreprises.
La pandémie a aussi forcé une remise en question des idéologies dominantes, notamment celle du capitalisme néolibéral qui, au-delà de ses promesses d'efficacité, n'a fait qu'aggraver les fractures sociales et politiques. Ce système n'a pas seulement échoué à répondre à la crise sanitaire ; il a également révélé sa propre incapacité à garantir une répartition équitable des ressources et à protéger les plus vulnérables. Loin d’être un simple échec économique, cette crise est le symptôme d’un système profondément injuste qui, dans ses dernières étapes, cherche à maintenir l’ordre par la répression et la manipulation idéologique.
La crise du néolibéralisme : Quand la politique de l’exclusion mène à un abîme fasciste
Le néolibéralisme, dans sa forme la plus extrême, a non seulement ignoré les souffrances sociales et économiques qu'il engendrait, mais il a aussi créé un groupe politique insulaire et arrogant qui se voyait comme une élite éclairée agissant "au nom d'un public ignorant". Ce phénomène a conduit à ce que Wolfgang Merkel décrit comme une "rébellion des exclus", une série de soulèvements politiques qui ont mis en lumière la crise de légitimité du néolibéralisme, exacerbée par des événements comme le Brexit, l’élection de Donald Trump, l’ascension du Front National en France, et l'émergence de puissants mouvements populistes de droite à travers le monde, en particulier au Brésil, en Hongrie et en Inde.
Le néolibéralisme a fonctionné comme un régime de gestion affective, où chacun est prisonnier de ses émotions, de ses ressentis et de son propre espace de privatisation. L’un des effets a été que les revendications politiques légitimes ne pouvaient plus être portées que par des individus ou des familles, et non par des groupes sociaux. Le pouvoir a été ainsi déplacé du domaine social vers les mains de démagogues politiques et de grandes entreprises, qui l’ont utilisé pour leur propre enrichissement. Ce processus a produit une autorité musclée, servant à "sécuriser l’ordre, les frontières et à détourner la colère croissante d’une classe moyenne et ouvrière en déclin", deux classes de plus en plus enclines à attribuer leurs malheurs à des boucs émissaires : immigrés, minorités, et autres "prédateurs extérieurs", qu’il s’agisse de terroristes ou de réfugiés.
Les valeurs libérales et individualistes ont perdu leur légitimité, car elles ont refusé de remettre en question les structures sous-jacentes du capitalisme et son ethos de gagnant-prend-tout. L'économie néolibérale, agissant souvent comme un darwinisme social impitoyable, a supprimé toute responsabilité sociale, au profit d’une culture de la cruauté et du ressentiment, qui rejetait tout principe de compassion ou de souci éthique pour ceux jugés "autres" en raison de leur classe sociale, de leur race, de leur ethnie, de leur orientation sexuelle ou de leur religion. Ce modèle a donné naissance à une culture marquée par des hypocrisies gigantesques, une violence omniprésente, des concentrations massives de richesses et une surveillance excessive, tout en menant à la destruction des écosystèmes au nom du profit.
Dans ce contexte néolibéral, ceux qui sont au chômage, pauvres, ou considérés comme inutiles à une économie de marché insatiable, sont devenus des "inutiles", des êtres anti-humains, méconnus, et souvent réduits à des symboles de la peur et de la pathologie sociale. Cela inclut les immigrés clandestins aux États-Unis, les réfugiés en Europe, ainsi que ceux jugés indésirables par la société de marché, qui se voient privés des droits les plus élémentaires et soumis aux violences de l’État. Le néolibéralisme transforme ainsi la politique en une machine de mort sociale et politique, produisant des espaces où les individus indésirables sont enfermés, séparés de leurs enfants et soumis à des violations massives de leurs droits humains. Ces "zones de la mort", comme les qualifie Étienne Balibar, désignent des espaces sociaux où la violence systématique et l'exclusion sont devenues la norme.
Cette politique d'exclusion a créé un monde où des populations entières sont effacées des préoccupations éthiques, renvoyées à des zones d'abandon social, où l'exploitation raciale et sociale est désormais associée à une forme de purification. L’alliance entre le capitalisme financier et une culture de guerre mène à un effondrement moral et politique, où l’État-providence est remplacé par un nationalisme économique et un État carcéral en pleine expansion. Cette militarisation de la vie quotidienne se manifeste par une multiplication des institutions fonctionnant sur le modèle carcéral, un armement accru des forces de police, une criminalisation des comportements sociaux, une surveillance étatique omniprésente et une guerre constante contre les jeunes, les immigrés, les musulmans et d’autres groupes qualifiés d'ennemis de l’État.
Sous la présidence de Donald Trump, par exemple, la rhétorique de la guerre et de la violence est devenue un outil majeur dans la formation des politiques et dans l’attaque de toute forme de critique, qu’elle soit interne ou externe à l’administration. Cette rhétorique a aussi alimenté un populisme de droite, qui soutenait des traditions culturelles réactionnaires, militarisait les frontières et légitimait la bigoterie et le nationalisme extrême. Ce populisme visait à transformer des étrangers en boucs émissaires des problèmes sociaux, et a été particulièrement marqué par des discours racistes, sexistes et xénophobes.
Le populisme de droite, en s’appuyant sur des politiques de division et une pédagogie de la haine, a trouvé un terrain fertile dans un contexte où les liens communautaires s’étaient affaiblis, où la solidarité et l’expression politique collective s’étaient effondrées. Ce phénomène a renforcé les idéologies tribalistes, fondées sur une exclusion massive, et a offert un mythe d’unité basé sur des valeurs ultranationalistes au détriment des principes démocratiques, de l’équité et de la justice sociale.
Ce processus de privatisation des liens sociaux sous le néolibéralisme a conduit à un isolement croissant des individus, à une atomisation de la société, et à un effritement des relations sociales qui sont pourtant essentielles pour le sens et la cohésion d'une société juste. Les individus se retrouvent de plus en plus séparés, isolés, incapables de négocier ensemble une vision commune du bien-être social. Cette fragmentation est une conséquence directe du néolibéralisme, qui a remplacé les espaces de solidarité et de dialogue par des sphères où l’individu est réduit à un simple consommateur et producteur de biens.
L'ascension de la violence politique et ses conséquences sur la société
La violence, loin d’être un phénomène marginal, s’érige aujourd’hui en principe organisateur de la société, étendant son réseau de cruauté extrême à travers divers mécanismes politiques. Imaginant la politique comme une machine de guerre, de plus en plus de groupes sont traités comme des excédents, inscrits dans un ordre de pouvoir où ils deviennent des éléments jetables, des ennemis, réduits à des conditions de précarité extrême. Cette forme particulièrement perverse de violence d'État déstabilise et contraint l'agency des individus, les plongeant dans des zones d'abandon, comme en témoigne l'essor des prisons pour immigrants et l’expansion des complexes carcéraux aux États-Unis, en Hongrie et au Brésil. Ces phénomènes ne sont pas seulement des indicateurs de répression mais aussi des instruments d’érosion de l’autonomie et de la dignité humaine.
Face à l’effondrement de la promesse néolibérale de mobilité sociale et de progrès économique, un populisme autoritaire de droite a émergé. Le néolibéralisme, faute de vision pour l’avenir, a engendré une quête de récits qui, au lieu de remettre en cause la domination des élites, ont tourné la colère populaire contre elles de manière réactionnaire. Ce qui aurait pu se transformer en une révolte progressiste contre des politiques sociales répressives a été détourné en une vague d'énergies raciales, économiques et politiques violentes, mobilisant un politique fasciste. Un peu partout dans le monde, des soulèvements ont fait surface, marquant l'émergence de nouvelles formations politiques antidémocratiques rejetant l’idée qu’il n’existait pas d’alternative à l'hégémonie néolibérale. Ce fut le cas non seulement avec l’élection de Donald Trump aux États-Unis et de Boris Johnson au Royaume-Uni, mais aussi avec l’élection de Jair Bolsonaro au Brésil et le soutien grandissant pour des mouvements populistes comme le Front National en France et le parti Alternative für Deutschland en Allemagne.
Ce qui a commencé comme une révolte contre les élites privilégiées s’est progressivement mué en un mouvement porté par des ressentiments profonds et militamment anti-utopiques. À mesure que les idéaux démocratiques de l'égalité sociale et économique se sont effrités, la résistance populaire a pris une tournure sombre, renforçant plutôt que remettant en question les forces d’exploitation, de discrimination et de répression. Aux États-Unis, les deux grands partis politiques ont été plus que prêts à confier l’économie aux banquiers et aux gestionnaires de fonds spéculatifs, produisant des politiques radicales qui ont restructuré industriellement et socialement la société, causant souffrance et colère parmi les classes populaires et les groupes marginalisés.
Les dirigeants populistes de droite à travers le monde ont compris que les économies nationales étaient entre les mains d'investisseurs étrangers, d'une élite financière mobile et du capital transnational. Dans un acte politique magistral de diversion, ces leaders ont attaqué tous les vestiges du capitalisme libéral tout en refusant de nommer les iniquités néolibérales en matière de richesse et de pouvoir comme une menace fondamentale pour leurs sociétés. Plutôt que de défendre une accélération des idéaux démocratiques de souveraineté populaire et d’égalité économique, des leaders comme Trump, Bolsonaro et Orbán ont défini la démocratie comme l'ennemi de l'ordre et du progrès économique. Parallèlement, ils ont détourné la colère populaire vers l’abîme du chauvinisme culturel, de la haine anti-immigrants, du mépris des musulmans, et ont lancé une attaque ciblée contre l’environnement, les soins de santé, l’éducation et les institutions publiques. Ces dirigeants autoritaires ont ainsi capturé les émotions politiques des populations abandonnées, masquant les contradictions profondes du capitalisme néolibéral.
Lors de la pandémie de COVID-19, qui a tué plus de 151 000 Américains et infecté plus de 4 millions de personnes d'ici juillet 2020, Trump a engagé une guerre culturelle contre la désobéissance civile, critiquant NASCAR pour avoir interdit le drapeau confédéré lors des événements et propriétés, et attaquant le seul pilote noir de NASCAR, Bubba Wallace, pour avoir soi-disant signalé un crime haineux. Ces interventions n’étaient en réalité que des gestes destinés à nourrir la base suprémaciste blanche de Trump. Ce mépris pour le nombre de décès, qui ne semblait guère l’inquiéter, illustre le fait qu’il voyait la pandémie comme une opportunité pour renforcer ses efforts de réélection. Dans ce contexte, émerge une politique fasciste qui tire parti de la misère, des peurs et des angoisses générées par le néolibéralisme, sans en nommer les causes sous-jacentes qui légitiment ses politiques et ses coûts sociaux.
Les mouvements populistes de droite, tout en émettant des critiques sur certains aspects du néolibéralisme comme la mondialisation, embrassent largement les éléments idéologiques et économiques qui concentrent le pouvoir et la richesse entre les mains d’une élite politique, corporative et financière, consolidant ainsi une forme extrême de capitalisme. Bien que ces populistes condamnent la mondialisation, ils le font en blâmant ceux qui sont considérés comme étant en dehors des frontières inclusives d’une patrie blanche, tout en ignorant que les mêmes forces qui les victimisent sont responsables de leur condition. En même temps, ces leaders mobilisent des passions qui dénient une compréhension critique, tout en créant des désirs et des affects qui produisent des formes d’identification nationalistes, nativistes et hyper-masculines.
Dans ce cadre, l’éducation devient un outil oppressif, instrumentalisé dans la lutte pour le pouvoir, l’identité et l’agency. Toutes les pédagogies sont contextualisées, et dans ce moment historique, une pédagogie pandémique a émergé, essentielle à la production d'un fascisme néolibéral qui combine la sauvagerie du marché avec une forme manifeste de nettoyage racial. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas simplement un combat entre des idées autoritaires et des idéaux démocratiques, mais une bataille féroce de la part des démagogues pour détruire les institutions et conditions qui rendent possible la pensée critique et les récits opposés au pouvoir.
Ainsi, il est fondamental de comprendre que ces mouvements populistes, en prétendant représenter "le peuple", jouent sur une homogénéisation de la société qui ignore les profondes différences politiques et sociales au sein des populations. Cette représentation de "le peuple" comme une entité homogène étouffe les voix multiples de résistance et de changement, au profit d’une vision simpliste et uniforme des luttes sociales.
Comment l'ignorance devient-elle un outil politique et éducatif dangereux ?
L’ignorance, autrefois perçue comme une absence de savoir, s’est métamorphosée en une arme redoutable dans les mains de ceux qui détiennent le pouvoir. Elle n’est plus simplement un manque de connaissances, mais une stratégie délibérée, un refus d’admettre la vérité, une méfiance envers les critiques et une tentative de dissimuler des problématiques sociales et économiques essentielles. Ce phénomène fait de l'ignorance un principe organisateur au sein d’une pédagogie pandémique, où la frontière entre la réalité et la fiction, la vérité et le mensonge, devient floue. Dans ce contexte, l’idéologie se construit autour de la manipulation de faits historiques, souvent réécrits pour conforter une vision déformée du monde.
L'exemple frappant de l'administration Trump illustre parfaitement ce phénomène. Le refus de reconnaître le changement climatique, l'ignorance des menaces qui pèsent sur l'humanité, la fermeture du gouvernement pour des raisons idéologiques et la réécriture de l'histoire montrent comment l'ignorance alliée au pouvoir peut devenir un ennemi féroce de la justice. Trump, dont l'ignorance historique devenait presque légendaire, incarne ce modèle de gouvernance qui nie la complexité des problèmes sociaux, réduisant les souffrances humaines à des phénomènes isolés, dénués de contexte historique et social. Il en résultait une politique de privatisation des problèmes, transformant des luttes collectives en luttes individuelles sans lien avec des forces systémiques plus vastes.
Cette forme d’ignorance, non seulement dangereuse, mais aussi stratégique, efface la mémoire historique en manipulant l’enseignement et la diffusion des savoirs. L’Histoire devient un terrain de bataille où les faits sont continuellement réécrits pour justifier les décisions politiques actuelles. L'ignorance devient alors un outil dans la main des autoritaires, légitimant des pratiques telles que la séparation des enfants de leurs parents à la frontière sud des États-Unis. Ce n’est pas simplement une politique de cruauté, mais une expression consciente et inconsciente d’une impulsion primordiale de bouc émissaire, de haine raciale et de contrôle social.
L’éducation, en tant qu’instrument de résistance à cette forme d’ignorance, doit être placée au cœur de la politique. Une éducation libératrice, consciente de son rôle dans la formation de citoyens critiques et engagés, est essentielle pour contrecarrer la montée des idéologies fascistes, des récits mythiques de l’histoire et des mouvements nationalistes blancs. Dans un monde où les droits humains sont de plus en plus attaqués et où la démocratie est sous assaut, il est crucial de redéfinir la pédagogie, de la rendre plus inclusive, plus consciente des injustices sociales et historiques. Une telle pédagogie, qui intègre l’histoire dans son discours, permet non seulement de comprendre les contextes sociaux mais aussi de résister à l’amnésie historique qui caractérise certains régimes politiques.
Les médias sociaux, en particulier, ont une place prépondérante dans cette lutte. Ces plateformes, loin d’être simplement un moyen de communication, sont devenues des outils puissants de diffusion d’idéologies de haine, de théories du complot et de discours suprémacistes. L’éducation populaire, qui s’étend bien au-delà des murs des salles de classe, devient ici un vecteur de résistance. Il s’agit de comprendre que chaque message, chaque image véhiculée dans l’espace public, peut nourrir ou contrecarrer cette culture de la haine qui se propage à travers des réseaux de plus en plus interconnectés.
Il devient donc impératif de cultiver des formes de culture et de pédagogie humanisantes. Cela passe par la création de récits et de pratiques pédagogiques inspirantes qui renforcent la capacité à entendre l’autre, à soutenir des pensées complexes et à résoudre les problèmes sociaux. Les récits d’espoir, ceux qui montrent que les travailleurs et les opprimés ont le pouvoir de transformer le monde, sont essentiels pour rétablir l’équilibre et inverser la tendance de l’isolement et de la division qui caractérise la politique contemporaine.
Ainsi, dans un monde de plus en plus polarisé, où les institutions démocratiques vacillent, il est crucial de s’engager activement pour préserver l’intégrité de l’éducation et de la mémoire collective. Le fascisme, dans ses formes modernes, se nourrit de l’ignorance, de la peur et de la haine, et il est essentiel de lutter contre cette dynamique en renforçant la pensée critique et l’engagement citoyen à travers l’éducation. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons protéger les valeurs démocratiques et répondre aux défis posés par la montée de régimes autoritaires et des discours de division.
Comment la crise démocratique mondiale révèle les liens entre inégalité, néolibéralisme et colonialisme
L’impeachment aux États-Unis a illustré une forme d'illégalité qui ne peut être dissociée des institutions néolibérales perpétuant un passé colonial. Ces institutions, tout en propageant la violence impérialiste et l'extraction, continuent de fonctionner comme une forteresse excluant et une prison enfermant les dépossédés et opprimés. Ce processus a révélé comment le pouvoir s’opère à travers une politique du déni, créant ainsi les conditions nécessaires aux relations de pouvoir néolibérales. En effet, ces relations sont utiles pour "le transfert de richesse aux privilégiés", justifiant ainsi l'hégémonie du capitalisme.
Ce phénomène n’est pas uniquement un effet de l’actualité politique, il est profondément ancré dans toutes les infrastructures américaines, de l’éducation à l’industrie bancaire et immobilière. Les rébellions de masse, en confrontant le pouvoir et la domination, ont mis en lumière la violence policière envers les Noirs et l’injustice systémique. Ce qu’elles ont aussi révélé, c’est que le racisme systémique et le système de dépossession et d’exclusion du capitalisme doivent être combattus et renversés. Le changement, pour être radical et efficace, doit être systémique, impliquant une redistribution radicale du pouvoir politique et économique.
Martin Luther King Jr., dans sa vision du changement, soulignait que la lutte contre l'injustice raciale et économique nécessitait une révolution des valeurs. Selon lui, une telle révolution passe par l'éducation, qui est centrale pour créer un mouvement de résistance collective, orienté vers un changement révolutionnaire plutôt qu’une simple réforme libérale. Les politiques de King étaient intersectionnelles, comprenant le racisme, le matérialisme extrême et le militarisme comme trois "géants" interdépendants, formant un édifice de violence. Ce qu’il proposait, c’était de "transformer les discordes" en un projet commun de lutte contre les oppressions multiples, qui ne peuvent être éradiquées que collectivement.
Les rébellions massives contre la violence raciale ont ainsi montré que la solidarité entre les individus ne peut être présumée, elle doit être gagnée dans le cadre d’une lutte plus large contre les murs idéologiques et matériels de la répression. Une communauté véritable et une sphère publique robuste ne peuvent être construites sur des bases de peur commune, d'isolement et d’oppression. Les gouvernements autoritaires œuvrent constamment pour contenir toute forme de politique démocratique et toute tentative de transformation sociale à grande échelle.
Il est évident qu’aujourd’hui, le pouvoir ne réside pas seulement dans la compréhension des mécanismes en place et dans la capacité à les perturber, mais aussi dans la vision d’un futur qui ne soit pas une simple reproduction du présent. Cette vision exige le courage de lutter collectivement pour réaliser un projet démocratique radical et socialiste. Le temps est venu, non pour la patience, mais pour la lutte et la résistance de masse—une insurrection révolutionnaire—contre les horreurs du racisme, du militarisme, des inégalités sociales extrêmes, de la brutalité policière et d’une société qui place le profit au-dessus des besoins humains.
L'inégalité, exacerbée par le capitalisme néolibéral, est une forme de violence lente qui déchire le tissu social et la politique publique. L’impact de la pandémie sur les couches les plus vulnérables de la population mondiale, que ce soit les travailleurs, les personnes handicapées, les sans-abri, les enfants, les personnes de couleur ou les travailleurs de première ligne, a amplifié cette violence. Le système néolibéral ne se contente pas de créer de l'inégalité ; il la structure de manière systématique, en rejetant les droits fondamentaux et en consacrant l’idée que la richesse et le pouvoir doivent rester concentrés dans les mains d’une élite financière. Cette concentration des richesses a des conséquences dramatiques, notamment une absence d’investissements dans les biens publics essentiels, comme l’éducation, les systèmes de santé et les hôpitaux.
Il est essentiel de comprendre que cette inégalité mondiale n'est pas une fatalité, mais le résultat d’un système économique et politique qui se nourrit de la misère des masses pour justifier sa propre existence. La pandémie de COVID-19 n’a fait qu'exposer davantage la déconnexion entre la prospérité économique d’une poignée d'individus et le dénuement auquel sont confrontées les populations les plus vulnérables. La réduction de l’État-providence, notamment dans les domaines de la santé publique et de l'éducation, fait partie d’une stratégie plus large visant à maintenir un contrôle élitiste sur les ressources et à empêcher toute forme de redistribution juste.
Les gouvernements autoritaires, en particulier sous le régime néolibéral, s’efforcent de dépolitiser les populations, de briser les liens de solidarité et de renforcer des divisions sociales artificielles. Ce modèle ne peut être détruit que par un mouvement radical, qui ne se contente pas de réformes superficielles mais qui revendique un changement de paradigme fondamental dans la manière dont la société et l’économie sont organisées. L’enjeu n’est pas simplement de répondre aux crises qui secouent nos sociétés, mais de bâtir un futur fondé sur la justice sociale, l’équité et la solidarité.
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