Dans l’analyse des barres en torsion, les discontinuités – qu’elles soient géométriques ou induites par des charges ponctuelles – constituent une difficulté incontournable dans la formulation des équations. L’exemple d’une barre encastrée à ses deux extrémités, de longueur 3L, soumise à un couple concentré au tiers de sa longueur et présentant une discontinuité abrupte de rigidité au deux-tiers, en fournit une illustration complète. La résolution d’un tel problème nécessite le recours à des fonctions définies par morceaux pour modéliser le couple interne ainsi que la rotation angulaire.

Dans ce cas, le couple interne n’est pas continu : il présente une discontinuité à l’emplacement de l’application du couple ponctuel. De même, la dérivée de la rotation – proportionnelle à la déformation de torsion – subit une discontinuité à l’endroit du changement de rigidité torsionnelle. Le raisonnement exige donc la subdivision de la barre en trois segments distincts, chacun avec ses propres expressions pour le couple interne et la rotation.

La première étape consiste à établir les diagrammes de corps libre pour déterminer les expressions des couples internes dans chaque segment, en conservant le couple de réaction à l'encastrement gauche, TAT_A, comme inconnu. L’équilibre global de la barre impose la relation TA+To+TB=0T_A + T_o + T_B = 0, indiquant que le système est hyperstatique. Ce caractère indéterminé impose l'utilisation de conditions supplémentaires, en l’occurrence les conditions aux limites et de continuité de la rotation.

Dans les trois segments, le couple interne est défini comme suit :

  • T(x)=0,6ToT(x) = 0{,}6T_o pour 0xL0 \le x \le L,

  • T(x)=0,4ToT(x) = -0{,}4T_o pour Lx3LL \le x \le 3L.

La rotation est obtenue par intégration de l’équation différentielle liant le couple interne à la dérivée de la rotation, avec les rigidités de torsion appropriées pour chaque segment (GJoGJ_o puis 2GJo2GJ_o). Quatre constantes apparaissent dans ce processus : trois constantes d’intégration et une inconnue de réaction. On dispose de deux conditions aux limites (rotation nulle aux deux extrémités) et deux conditions de continuité de la rotation aux points de jonction des segments. La dérivée de la rotation, bien qu’elle soit discontinue, n’altère pas la continuité de la rotation elle-même.

Une fois ces conditions imposées, on détermine :

  • TA=35ToT_A = -\frac{3}{5}T_o,

  • TB=25ToT_B = -\frac{2}{5}T_o.

Les expressions de la rotation deviennent :

  • φ(x)=0,6ToGJox\varphi(x) = \frac{0{,}6T_o}{GJ_o}x pour 0xL0 \le x \le L,

  • φ(x)=0,6ToLGJo0,4ToGJo(xL)\varphi(x) = \frac{0{,}6T_o L}{GJ_o} - \frac{0{,}4T_o}{GJ_o}(x - L) pour Lx2LL \le x \le 2L,

  • φ(x)=0,6ToLGJo0,2ToGJo(x2L)\varphi(x) = \frac{0{,}6T_o L}{GJ_o} - \frac{0{,}2T_o}{GJ_o}(x - 2L) pour 2Lx3L2L \le x \le 3L.

On observe que la rotation est continue sur l’ensemble de la barre, mais sa dérivée – la déformation – subit une discontinuité nette à la transition de rigidité. Cela se traduit mécaniquement par une concentration de contrainte et une modification du profil de contrainte tangentielle.

En effet, bien que le couple interne soit constant dans les deux derniers segments, la rigidité double dans le troisième segment réduit la contrainte tangentielle à rayon constant, selon la relation τ=T(x)RJ(x)\tau = \frac{T(x)R}{J(x)}. Cela souligne l’impact direct de la rigidité locale sur la répartition des contraintes, indépendamment de la variation du couple interne.

Le problème suivant examine un cas plus subtil, celui d’une barre non prismatique, dont le rayon de section augmente linéairement de RoR_o à 2Ro2R_o. Ici, le moment polaire d’inertie devient une fonction quartique de la p

Comment déterminer la résultante et son point d’application pour une charge répartie ?

Lorsqu'une force est distribuée le long d'un corps, chaque élément infinitésimal contribue différemment au moment total en fonction de sa position. En effet, les particules situées près d’une extrémité où la coordonnée spatiale ξ est faible génèrent des moments faibles, tandis que celles proches de l’autre extrémité, où ξ est plus grand, engendrent des moments plus importants. Cette variation impose une attention particulière lors de l’évaluation des intégrales représentant la somme des forces et des moments, car les quantités dépendant de ξ doivent rester à l’intérieur des intégrales.

Dans le cas d’une charge uniformément répartie qo, la résultante de la force est simplement le produit de cette intensité par la longueur L du corps, c’est-à-dire Qo = qoL. Cependant, la question cruciale concerne le positionnement de cette résultante. Si, en termes d’équilibre des forces, la localisation importe peu, l’équilibre des moments impose de déterminer précisément où placer cette force unique pour que son effet soit équivalent à celui de la charge répartie.

Le moment total causé par la charge est donné par l’intégrale du produit ξ q(ξ) sur la longueur. En plaçant la résultante à une distance c de l’origine, cette distance doit satisfaire l’égalité entre le moment de la charge répartie et celui de la force ponctuelle : cQ = ∫ ξ q(ξ) dξ. Ainsi, c représente le centre de gravité de la distribution de charge q(ξ), et dépend strictement de la forme fonctionnelle de q(ξ).

Pour des charges non uniformes, telles qu’une charge linéairement décroissante ou une charge variable selon une fonction sinusoïdale, il faut intégrer explicitement ces expressions dans les calculs. Par exemple, pour une charge q(ξ) = qo (1 − ξ/L), la résultante est toujours le total de la charge, mais sa localisation est modifiée, située plus près de la partie où la charge est plus forte. Pour une charge q(ξ) = qo sin(πξ/L), la force résultante et son moment sont obtenus via des intégrales impliquant la fonction sinus, ce qui illustre la nécessité de manipuler explicitement la fonction q(ξ) dans les calculs.

Un cas classique est celui d’un faisceau soumis à une charge trapézoïdale, où la charge varie linéairement entre deux intensités différentes aux extrémités. La résultante s’obtient par l’intégration de cette charge le long du faisceau, et sa position c se calcule en intégrant le produit de la position par la charge, puis en divisant par la résultante. Cette position c peut être située, par exemple, aux 5/9 de la longueur du faisceau à partir d’une extrémité, ce qui est essentiel pour déterminer les réactions aux appuis via l’équilibre des moments.

L’analyse par le calcul des résultantes simplifie considérablement la résolution des problèmes de statique en remplaçant les charges réparties par des forces ponctuelles équivalentes. Toutefois, il est fondamental de comprendre que la validité de cette substitution repose sur une correcte détermination du point d’application de la résultante, sans quoi les moments et les réactions calculées seraient erronés.

Dans un contexte plus géométrique, tel qu’une masse répartie uniformément sur un disque, la résultante de la charge (le poids total) agit au centre géométrique du disque. Le calcul des moments prouve que les moments des charges élémentaires par rapport au centre s’annulent, ce qui justifie le positionnement de la résultante au centre. Ce principe généralise l’idée que pour toute distribution symétrique homogène, la résultante se situe au centre de gravité.

Comprendre ces principes permet d’appréhender avec rigueur les phénomènes physiques impliqués dans la statique des corps soumis à des charges réparties. Il ne s’agit pas seulement de simplifier le problème, mais d’assurer que les équilibres de forces et de moments soient respectés précisément. La distinction entre force résultante et son point d’application est la clé pour éviter des erreurs de calcul, notamment dans des structures complexes ou lorsque la charge présente des variations non triviales.

Il importe également de maîtriser les techniques d’intégration dans des systèmes continus, car la fonction q(ξ) peut prendre des formes très variées, chacune nécessitant une approche spécifique pour l’évaluation des intégrales. La connaissance des propriétés des fonctions de charge, des symétries éventuelles, et des coordonnées adaptées (cartésiennes, polaires) est indispensable pour une modélisation précise.

Enfin, la conceptualisation de la résultante comme le centre de gravité d’une distribution de charges offre une analogie puissante, liant la statique à la géométrie et à l’analyse mathématique, renforçant la compréhension physique par un cadre mathématique rigoureux.

Comment déterminer la déformation d'une barre axiale avec sections circulaires et forces concentrées ?

La barre .ABCD est composée de trois segments : .AB et .CD, ayant une section circulaire de rayon 0.5R0.5R, et le segment .BC, qui possède une section circulaire de rayon RR. Le système est soumis à des charges concentrées aux points A, B, C, et D, dont les magnitudes et directions sont définies par le schéma. Chaque segment a une longueur LL et un module de Young EE. L’objectif est de déterminer le déplacement de l'extrémité D par rapport à l'extrémité A, en exprimant les résultats en termes de PP, LL, EE, et RR. Il est également nécessaire de tracer les courbes de force axiale, de contrainte et de déplacement. On néglige le poids de la barre.

L’étude de la déformation dans ce cas repose sur la compréhension des relations entre la charge appliquée et les déformations générées dans les matériaux. L’équilibre des forces internes et la formulation des équations différentielles sont au cœur de l’analyse. Chaque segment de barre présente un comportement spécifique en fonction de sa géométrie et des conditions de chargement. L’application des lois de la mécanique des milieux continus permet d’obtenir les relations entre la force interne, la contrainte et le déplacement.

Les forces axiales générées dans les segments de la barre sont fonction de la géométrie de ces derniers, notamment de leurs rayons de section, qui influencent la capacité de la barre à se déformer sous charge. Il est donc crucial de prendre en compte la variation de la section transversale pour évaluer correctement les efforts internes et les déplacements. De plus, les propriétés élastiques du matériau, représentées par le module de Young EE, influencent directement l’ampleur des déformations et des déplacements.

Dans un système où les forces concentrées sont appliquées à différents points de la barre, chaque segment sera soumis à un état de contrainte spécifique. La relation entre la contrainte σ\sigma et la déformation ε\varepsilon est linéaire dans la zone élastique, selon la loi de Hooke. La contrainte dépend de la force interne appliquée et de la section transversale de la barre. De plus, la déformation, qui est une fonction de la longueur LL et du module de Young EE, peut être déterminée en intégrant les équations de l’équilibre de la barre sous charge.

La distribution des forces axiales et des contraintes peut être visualisée à travers des graphes, permettant de comprendre comment les forces varient le long de la barre. L’analyse des déplacements axiaux, notamment à l’extrémité D, donne une idée précise de l’impact de la charge appliquée sur la structure.

Dans le cas des barres en matériaux élastiques soumis à des charges concentrées, le calcul des déplacements et des contraintes est essentiel pour garantir la sécurité et la stabilité des structures. Une étude plus poussée de ces systèmes peut également inclure des charges réparties, ce qui complique l’analyse mais fournit une description plus réaliste des comportements sous chargement.

Il est important de noter que dans les analyses mécaniques de structures telles que celle-ci, les effets de la géométrie et des conditions de chargement doivent toujours être pris en compte. La complexité de ces calculs réside dans la nécessité de résoudre des équations différentielles et de traiter les variations de la force axiale et de la contrainte à chaque point de la barre. Pour des systèmes plus complexes, où la section transversale varie de manière non linéaire, l’approfondissement des concepts de déformation homogène et de distribution des charges est indispensable.

Le déplacement de l’extrémité D est une mesure critique de l’élasticité et de la capacité de la structure à supporter des charges. Cependant, ce déplacement ne doit pas être pris isolément. En parallèle, il est crucial de comprendre les relations entre le déplacement, la force interne et la contrainte pour obtenir une image complète du comportement de la barre sous chargement.

Comment la torsion affecte les barres et les sections transversales

Lorsqu'une barre subit une torsion, elle génère une contrainte de cisaillement qui agit sur chaque élément de la section transversale. Ces contraintes de cisaillement sont les forces responsables de l'effort de coupe sur la section donnée, entraînant la formation d’un couple interne résultant. Ce couple, lorsqu’il est appliqué sur la barre, peut être représenté comme une somme de moments engendrés par les différentes forces de cisaillement appliquées sur la section. Cette configuration est analysée en se basant sur l'équilibre des forces et moments.

Un couple est une quantité vectorielle, obtenue par le produit vectoriel entre le bras de levier et la force appliquée. La direction de ce couple, comme l'a montré la démonstration précédente, est indiquée par le vecteur e1\mathbf{e_1}. Il existe deux manières principales de représenter un couple sur un diagramme : par une flèche circulaire qui illustre la direction des forces qui contribuent au couple, ou par une flèche à double tête, plus rigoureuse, qui désigne le vecteur du couple proprement dit. La distinction entre ces deux notations est importante, car, contrairement aux forces, les vecteurs de moments ne peuvent être ajoutés directement aux vecteurs de forces. Cette différence est essentielle dans les diagrammes de corps libres, où les moments doivent être traités séparément des forces.

Dans le contexte des problèmes de torsion, il est fréquent d'analyser la situation en considérant un élément infinitésimal de la barre. Ce processus permet de dériver une équation différentielle qui décrit l'équilibre local des couples internes et externes agissant sur un petit segment de la barre. Pour ce faire, un segment de la barre de longueur Δx\Delta x est isolé comme un corps libre. Les couples appliqués à chaque extrémité de ce segment sont représentés par T(x)T(x) et T(x+Δx)T(x + \Delta x), où xx désigne la position le long de la barre. L'effort de torsion appliqué sur le segment est représenté par t(ξ)Δxt(\xi)\Delta x, où ξ\xi est une valeur intermédiaire entre xx et x+Δxx + \Delta x.

L'équation d'équilibre pour un tel système peut être formulée comme suit :

dTdx+t(x)=0\frac{dT}{dx} + t(x) = 0

Cette équation stipule que le taux de variation du couple interne, ajouté à la contrainte de torsion appliquée, doit être nul. Elle permet ainsi de relier les torques appliqués aux résultants de contraintes internes. L'intégration de cette équation fournit une relation entre le couple interne à tout point xx de la barre et les conditions aux limites de la torsion appliquée à ses extrémités.

Il est essentiel de comprendre que cette équation d'équilibre n'est valable que pour des situations de torsion pure, où les autres effets tels que la flexion sont négligés. Dans des situations plus complexes, comme dans des poutres tridimensionnelles soumises à des moments de flexion sur deux axes, il devient plus pertinent de traiter la torsion comme un vecteur à double tête, représentant plus précisément l’effet de la torsion sur la structure.

Lorsqu’un couple externe uniforme t(x)=t0t(x) = t_0 est appliqué sur une barre, l’intégration de l’équation d’équilibre permet de déterminer le couple interne en fonction de la position le long de la barre. Par exemple, si la barre est fixée à une extrémité et libre à l'autre, on peut trouver une expression pour le couple interne T(x)T(x) en utilisant les conditions aux limites. Cela montre comment la torsion se distribue le long de la barre, avec une variation linéaire du couple, qui atteint sa valeur maximale à l'extrémité fixée.

En revanche, lorsque la barre est soumise à un couple externe variable, ou lorsque des moments de torsion sont appliqués sur différentes sections de la barre, les calculs deviennent plus complexes et nécessitent des méthodes d'intégration plus poussées. En utilisant des diagrammes de corps libres, il est possible de résoudre ces équilibres par des intégrations successives, en prenant soin de bien définir la direction et le sens des couples appliqués.

Il est important de souligner que l’équilibre des couples dans des problèmes de torsion n’est pas seulement une question de forces internes et externes. La distribution des contraintes internes sur la section transversale est également un élément crucial pour déterminer les points de rupture ou de déformation excessive dans le matériau. La compréhension de cette distribution permet de mieux concevoir des structures résistantes aux effets de torsion.

Le concept de la torsion appliquée à des barres de section circulaire, bien que simple en apparence, cache de nombreuses complexités liées aux forces internes, à la distribution des contraintes et aux équilibres locaux de moments. La capacité à manipuler ces équations et à interpréter correctement les diagrammes de corps libres est essentielle pour résoudre des problèmes de torsion dans des structures complexes, notamment dans l’ingénierie des matériaux et la mécanique des structures.