La gestion de la pandémie de COVID-19 aux États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, a été marquée par une stratégie de communication qui privilégiait l'effet sur l'opinion publique plutôt que la vérité factuelle. Comme l'ont souligné Scott et Lyman (1968), l'objectif était de convaincre les soutiens de l'administration à travers des justifications « tweetables » qui résonnaient avec leur vision du monde, créant ainsi une réalité alternative où l’urgence sanitaire semblait être sous contrôle, malgré les preuves évidentes du contraire. Le manque de prise en compte des dynamiques de communication numérique et des conséquences potentielles de cette désinformation a révélé un phénomène plus large : la manipulation de l'information à des fins politiques dans un contexte de crise sanitaire mondiale.
Dès le début de la crise, le président Trump a dépeint le virus COVID-19 comme une menace insignifiante, le comparant à une simple grippe. Ce minimisation des risques a retardé une réponse gouvernementale adéquate, alors même que la pandémie prenait de l'ampleur à l’échelle mondiale. En janvier 2020, alors que les premiers cas apparaissaient sur le sol américain, Trump affirmait que tout était « sous contrôle ». Une telle déclaration n'a pas seulement ignoré les avertissements des experts de santé publique, mais a également contribué à renforcer une vision erronée de la réalité, que le public, notamment ses partisans, acceptait comme vérité.
Au lieu de prendre des mesures de précaution, telles que la promotion de l'hygiène de base et l'évitement des foules, la Maison Blanche a choisi d’ignorer les mises en garde des autorités sanitaires, considérant que des actions trop radicales perturberaient l’économie et compromettraient ses chances de réélection. Ce retard dans la mise en œuvre de mesures de santé publique a eu des conséquences dramatiques, car il a permis au virus de se propager plus rapidement et d’infecter un nombre croissant de citoyens. La politique de « la peur » qu'il avait utilisée pour stigmatiser certaines minorités et immigrant(e)s s'est ainsi transformée en un jeu paradoxal, où la menace sanitaire était soit minimisée, soit directement politisée, au lieu de recevoir l'attention nécessaire.
Les médias numériques, en particulier les réseaux sociaux, ont joué un rôle central dans la diffusion de cette réalité alternative. Les déclarations de Trump étaient souvent amplifiées sur ces plateformes, où l'information, qu’elle soit exacte ou non, circulait rapidement parmi ses partisans. Les « mèmes », les messages simplifiés et émotionnellement chargés ont été utilisés comme outils de mobilisation politique, détournant l'attention du public de la gravité de la crise et consolidant l’image d’un président « en contrôle ». Cela a non seulement renforcé son image auprès de ses soutiens, mais a aussi contribué à propager une vision déformée des événements, en créant un espace où les faits étaient subordonnés aux objectifs politiques.
La dynamique de ce processus a été particulièrement évidente lorsque Trump a continué d’affirmer que le virus était une menace mineure, même lorsque les premiers signes d’une crise sanitaire majeure étaient manifestes. Au lieu d'adopter une position claire et cohérente en matière de santé publique, son discours est devenu un mélange d'optimisme exagéré et de retards dans la gestion de la pandémie, ce qui a provoqué une crise de confiance parmi les citoyens, notamment dans les secteurs les plus vulnérables de la société.
Ce déni prolongé des réalités scientifiques, combiné à une communication inefficace et politisée, a eu des conséquences désastreuses, qui se sont traduites par des taux de mortalité élevés, un système de santé dépassé et un effondrement des infrastructures de soins. Les travailleurs de la santé, eux aussi, se sont retrouvés en première ligne sans les protections nécessaires, exprimant leurs inquiétudes face à l'inaction et à l’absence de soutien. Leur frustration était palpable : « Nous ne nous sentons pas protégés », disait l'une des infirmières, tandis qu'une autre soulignait la désorganisation criante du système hospitalier.
L'un des aspects les plus marquants de cette gestion médiocre réside dans le manque de tests, de mesures de protection et de matériel médical nécessaire pour endiguer la propagation du virus. Alors que d’autres pays industrialisés mettaient en place des systèmes de dépistage massif, les États-Unis ont tardé à réagir et à se préparer. Le retard dans la gestion des tests de dépistage, par exemple, a été particulièrement flagrant, puisque les États-Unis ont testé moins de personnes que d’autres nations à la même époque.
En somme, la gestion de la pandémie par l'administration Trump démontre un phénomène plus large de communication politique dans un monde numérique. La capacité de certains dirigeants à manipuler les informations et à diffuser des messages simplifiés a permis de créer une perception qui, bien que favorable à leurs intérêts politiques à court terme, a eu des conséquences fatales pour des milliers de citoyens. Au-delà de l’impact immédiat, cette crise révèle également les dangers d'une politique de communication qui ignore délibérément les faits et les réalités scientifiques, mettant en lumière le pouvoir déformant des médias numériques et des discours politiques sur l’opinion publique.
La gestion de la pandémie sous Trump : Entre communication et négligence sanitaire
La pandémie de COVID-19 a révélé non seulement les fragilités des systèmes sanitaires mondiaux, mais aussi les tensions politiques et sociales exacerbées par des décisions controversées. Le président Trump, dès les premiers signes de la crise, a choisi de minimiser la gravité de la situation, préférant se concentrer sur l’impact politique et médiatique de ses déclarations plutôt que sur des réponses concrètes basées sur l’expertise scientifique.
En mars 2020, alors que la pandémie commençait à se propager rapidement à travers le monde, Trump a d'abord comparé le COVID-19 à la grippe saisonnière, insistant sur le fait que la mortalité due au coronavirus serait bien moins importante. Une affirmation qui, en réalité, ne correspondait pas aux données épidémiologiques alors en évolution. Le président, sous l'impulsion d'un besoin constant de maintenir une image publique forte, a rapidement évoqué la possibilité de "rouvrir" le pays pour Pâques, une proposition largement rejetée par les experts de la santé publique. Néanmoins, cette déclaration, non fondée scientifiquement, attira l'attention des médias et de ses partisans, ce qui constituait à ses yeux un succès de communication.
L’important dans cette phase de la crise n’était pas tant la véracité des faits que l’impact médiatique de ses prises de position. Peu importe que des voix dissonantes, y compris des médecins et des journalistes, soulignent les incohérences de sa stratégie, Trump s'attachait avant tout à renforcer sa position politique et à faire douter son public des autorités sanitaires. Ce n’était pas un détail anodin que les déclarations de Trump soient souvent suivies de messages de dénégation, ni que ses tweet-posts vengeurs aient cherché à détourner la critique, parfois avec une virulence inédite, comme lorsqu’il s’en est pris aux gouverneurs des États en pleine crise.
À partir de la fin mars 2020, alors que les décès augmentaient, le discours présidentiel commença à évoluer. Trump a reconnu la gravité de la situation en mentionnant que le pays pourrait faire face à un bilan de 100 000 morts, tout en continuant à se confronter aux gouverneurs sur les moyens de lutter contre la pandémie. Il a même minimisé l’importance des mesures sanitaires préconisées par les autorités, suggérant qu’il était possible de revenir à la normale sans l’intervention d’un vaccin, ni même de tests massifs. L’opposition entre les différents niveaux de gouvernement est devenue plus manifeste, avec des États, tels que la Californie ou New York, appelant à davantage de soutien fédéral, notamment en matière de matériel médical et de tests, que Trump tardait à fournir.
L'un des moments clés de cette gestion chaotique fut le refus initial du président d’invoquer la loi sur la production de défense (DPA), pourtant essentielle pour mobiliser l'industrie afin de produire rapidement des équipements médicaux vitaux. Ce n'est qu'après une pression intense que Trump a fini par ordonner la fabrication de respirateurs et de tampons de test, mais pas avant que des milliers de morts supplémentaires n’aient été enregistrés. Les décisions prises à retardement, parfois en réponse à des critiques publiques ou à des enquêtes, soulignent le manque de préparation et de réactivité de l’administration.
Pendant ce temps, des groupes conservateurs, soutenus par des figures politiques de droite, ont organisé des manifestations contre les mesures de confinement, exigeant la réouverture des entreprises et des commerces. Ces manifestations, souvent soutenues par Trump via ses messages sur Twitter, illustrent la polarisation croissante de la crise sanitaire. Bien que de nombreux gouverneurs aient suivi les directives de santé publique, plusieurs États, notamment dans le sud des États-Unis, ont rouvert prématurément, aggravant ainsi la situation sanitaire.
À mesure que les chiffres des infections et des décès augmentaient, l'attitude du président demeurait ambiguë. Alors même que des experts épidémiologiques, comme ceux de l'université Columbia, suggéraient que des mesures de distanciation sociale plus strictes, mises en place plus tôt, auraient permis de sauver des milliers de vies, Trump rejetait ces conclusions en les qualifiant de "partisanes". Ce rejet systématique de l'expertise scientifique s'inscrit dans une dynamique plus large de communication politique où l'image du président prime sur les décisions fondées sur des données objectives.
Ce manque de coordination et de leadership est renforcé par une gestion des ressources qui relève parfois de la gestion de crise politique plus que sanitaire. L’utilisation des réseaux sociaux, notamment Twitter, devient alors un outil de gouvernance en soi, où chaque déclaration ou attaque publique a pour but de maintenir une base électorale fidèle, plutôt que de résoudre les problèmes de fond. Les tensions entre le gouvernement fédéral et les autorités locales ont alimenté un climat de confusion, d'incertitude, et de méfiance.
Ce contexte particulier a profondément influencé la perception de la gestion de la crise par Trump. Non seulement il n'a pas pris les mesures nécessaires pour protéger efficacement la population, mais il a également contribué à semer la division au sein de la société américaine. En mettant l’accent sur des questions secondaires et sur sa popularité personnelle, l’administration Trump a laissé de côté les impératifs de santé publique.
Il est essentiel de considérer que, au-delà des critiques immédiates, la pandémie de COVID-19 a révélé les failles structurelles dans la préparation du pays face à une crise sanitaire mondiale. Le déclin de la confiance dans les institutions publiques, l’effritement du leadership fédéral et l’absence d’une stratégie coordonnée ont exacerbé la souffrance et la confusion des citoyens. Dans ce contexte, le rôle des médias, des scientifiques et des responsables politiques est devenu déterminant pour juger de l’efficacité de la réponse à la crise.
Comment la logique des médias façonne le pouvoir social et politique : de l'ère de l'impression à l'ère numérique
Le savoir peut être défini comme une capacité d'agir, mais il peut aussi devenir un moyen de contrôle social s'il est utilisé pour structurer ou restructurer les formations sociales. Le changement de logique dans l’utilisation des médias transforme la vie quotidienne et les institutions sociales alors que les supports médiatiques deviennent personnels, instantanés et visuels. Joseph Stiglitz, économiste lauréat du prix Nobel, soutient que le savoir devrait être un bien public, un bien commun fondamental dans la vie quotidienne. Tout comme l'eau propre, l'air pur, une santé publique décente, et la liberté de circuler dans ses propres frontières, le savoir devrait être accessible avec des contraintes minimales. Malgré les multiples façons dont le savoir a été contrôlé et restreint au fil des siècles, c'est la montée des médias – du support imprimé à la diffusion – qui offre le contexte critique de la crise d'information actuelle, qui est le fondement du savoir.
Historiquement, ceux qui contrôlaient la capacité de définir les situations et d'imposer ces définitions contrôlaient essentiellement la base de l'ordre social. Pendant la majeure partie de l’histoire humaine, cela s’est fait par la violence et la force brute. Cependant, avec les avancées technologiques, le changement social a progressivement favorisé l’utilisation de la technologie de l’information à travers les nouveaux médias, comme l’imprimerie, puis l’électronique, qui sous-tendent la vie économique, sociale et politique contemporaine. L’imprimerie, en particulier, a permis d’étendre la portée de l'information tout en la limitant dans sa diffusion initiale. En Europe et dans ses colonies, par exemple, la presse a servi tant à la propagation de la propagande religieuse et politique qu’à l’extension de l'alphabétisation. Apprendre à lire et à reconnaître les médias est devenu un acte de pouvoir, un moyen de surmonter en partie les limitations spatiales et temporelles.
Aux États-Unis, les premiers journaux, comme la "penny press", ont offert de la propagande politique à un coût, tout en permettant à leurs propriétaires de réaliser des profits et d’acquérir un pouvoir social disproportionné en définissant les situations. Ce contrôle de l'information a été étendu au marketing et à la vente de produits, avec l'essor de la publicité. Au fil du temps, les propriétaires des presses ont compris qu'ils pouvaient non seulement contrôler l'information mais aussi influencer la consommation des produits. Ce système de "services de notation", où les messages publicitaires se mêlaient à la propagande politique, a fini par dominer la programmation radio et télévisée, en particulier après le Communication Act de 1934, qui stipulait que 15% du contenu radiodiffusé devait être consacré à des informations d’intérêt public.
Les sociétés médiatiques contemporaines se sont construites dans le contexte culturel d'une société industrielle régie par la philosophie du laissez-faire et par un esprit entrepreneurial fort, en particulier dans le cadre de l’éthique protestante. Il y avait des produits à vendre, de l'argent à gagner, des technologies de communication émergentes, et une société pluraliste à contrôler. La relation entre la politique, le développement des médias, la publicité et la consommation est apparue clairement dans les années 1920. Les médias de masse ont été vus par l’industrie publicitaire en pleine émergence comme un moyen d'ancrer le consumérisme à travers la promotion du patriotisme, la diffusion de la "vérité" des produits, et la gestion du changement social.
Les publicitaires, comme l’a expliqué Stuart Ewen, ont utilisé les médias comme des "canons" dans une offensive commerciale, présentant les médias comme des outils capables d’influencer le comportement des masses bien plus que les cultures traditionnelles. À travers les médias, une image collective s’est formée, dans laquelle les gens se sont vus résoudre leurs problèmes de vie grâce à la consommation de produits. La gestion de l'image et du comportement par des techniques de marketing sophistiquées, y compris la publicité dans la presse immigrée, est devenue un levier puissant pour manipuler l’opinion publique et assurer la domination des points de vue commerciaux et nationaux.
L'institutionnalisation de la publicité et de la consommation dans la conscience américaine a été démontrée à plusieurs reprises, notamment après les attentats du 11 septembre, où l'on a incité les Américains à "consommer le terrorisme" en montrant leur patriotisme par la consommation, en voyageant et en achetant des produits pour "faire rouler l'Amérique". C'est dans ce contexte que l’on voit émerger Donald Trump, qui, en s'alliant avec Fox News, a encouragé ses partisans à rejeter les sources d'information traditionnelles. Il a répété à maintes reprises que tout rapport d'actualité en dehors de Fox News était une "fake news", et a ainsi contribué à la propagation d'une désinformation massive pendant la pandémie, en rejetant les avis des experts en santé publique et en encourageant la désinformation sur les vaccins et les mesures sanitaires.
En menant une telle campagne de déstabilisation de la vérité, Trump a montré comment un discours médiatique orienté pouvait générer des narratifs faussement construits et influencer les masses. Ce processus a été amplifié par les médias sociaux, où les idées erronées trouvent un terrain fertile pour se propager, souvent relayées par des sites web conspirateurs et des plateformes de communication alternatif, comme QAnon. Le lien entre les élites médiatiques et leurs audiences devient un terrain d’expérimentation pour la diffusion de ces idées fausses, qui prennent ensuite de l'ampleur dans les médias traditionnels, comme le prouve l’interconnexion croissante des médias sociaux et des médias de masse.
Dans un tel contexte, la gouvernance "gonzo" émerge, alimentée par la méfiance envers les sources d’information traditionnelles et l'idée qu'une "vérité alternative" peut entraîner des changements fondamentaux dans la société, comme les restrictions électorales ou le déni des vérités scientifiques sur les pandémies.
Le contrôle des informations et des narratives médiatiques a, à travers l'histoire, permis de façonner le pouvoir social et politique, tout en favorisant la commercialisation des consciences à travers des stratégies de consommation. Les médias, devenus des instruments d’influence, modèlent de manière subtile mais déterminante les comportements sociaux et politiques à l’échelle mondiale.
Comment la politique de la peur a-t-elle façonné la communication moderne et l'opinion publique aux États-Unis ?
Le phénomène de la politique de la peur est aujourd'hui un moteur essentiel de la dynamique médiatique et politique contemporaine, en particulier aux États-Unis. Ce concept, qui repose sur l'amplification des craintes collectives, a été particulièrement bien maîtrisé par des figures politiques comme Donald Trump, qui a su exploiter les angoisses de ses partisans pour asseoir son pouvoir. L'un des aspects les plus marquants de cette stratégie réside dans l'utilisation des médias, qui ont joué un rôle majeur dans la propagation de la peur à travers des récits dramatisés, souvent faussement exagérés, et un traitement sensationnaliste des événements.
L'usage de la peur dans les campagnes électorales n'est pas nouveau, mais il a atteint une nouvelle dimension avec la montée en puissance de Trump. Les médias, notamment la télévision, ont toujours été guidés par des formats de communication privilégiant l'émotion, le conflit et le spectaculaire, au détriment de l'exactitude des faits. L'exemple le plus frappant est l'énorme couverture médiatique qu'a reçue Trump durant sa campagne présidentielle, qui a permis de façonner une perception collective de la menace imminente. Le soutien à cette stratégie repose sur l'idée qu'une information dramatique, même fausse ou exagérée, capte l'attention et provoque une réponse émotionnelle.
Une des déclarations les plus controversées de Trump a été celle où il affirmait avoir vu des milliers de personnes, à Jersey City, se réjouir après les attaques du 11 septembre. Bien que cette affirmation ait été prouvée fausse, elle a joué un rôle clé dans l’alimentation de la peur, notamment en associant terrorisme et immigration musulmane. Cette narration a trouvé un écho chez ses partisans, qui ont vu dans cette mise en cause une justification de leurs propres craintes face à l'immigration et au terrorisme. D'ailleurs, des études ont montré que les partisans de Trump étaient plus anxieux que la moyenne des Américains concernant la menace terroriste et la criminalité. De plus, une grande majorité d'entre eux considérait que le mode de vie américain était sous attaque, une idée directement alimentée par les médias.
L'impact des médias sur la politique est donc considérable. Selon plusieurs analystes, la manière dont l’information est présentée peut radicalement influencer la perception des citoyens et transformer des préoccupations passagères en paniques collectives. Les médias ne se contentent pas de rapporter des faits : ils les interprètent, les amplifient et, parfois, les déforment. Cette logique médiatique, comme l’ont observé de nombreux chercheurs, détermine les critères de ce qui est considéré comme digne d’intérêt public, orientant ainsi les opinions et les comportements politiques. Trump l’a bien compris et a fait de la politique de la peur un élément central de son discours, en amplifiant les menaces et en désignant des boucs émissaires : les immigrés, les musulmans, les opposants politiques.
Un autre aspect crucial de cette dynamique réside dans l'utilisation des plateformes numériques. Les réseaux sociaux, les blogs politiques et les sites alternatifs ont transformé la manière dont l’information circule, donnant une voix à des discours marginaux souvent empreints de théories du complot. Les partisans de Trump, et une partie de la population américaine, se sont tournés vers ces espaces pour renforcer leur vision du monde, souvent caractérisée par un profond scepticisme envers les institutions et une méfiance généralisée envers les gouvernements. Des sites comme celui d’Alex Jones, promoteur de théories conspirationnistes, ont prospéré, en alimentant la peur et l'hostilité à l'égard des autorités.
L’attaque de San Bernardino, où deux terroristes musulmans ont tué 14 personnes, a exacerbé ces tensions. Trump en a tiré parti pour propager des idées radicales, telles que l’interdiction totale de l’entrée des musulmans aux États-Unis. Cette position a non seulement renforcé sa base de soutien, mais elle a également exacerbé les peurs liées à l'islam et au terrorisme. De nombreux Américains, déjà fragilisés par des décennies de couverture médiatique alarmiste, ont vu dans les appels de Trump une forme de solution à leurs angoisses.
Cependant, au-delà des événements tragiques, c’est l'usage incessant des médias qui a contribué à cette situation de crise permanente. Les années de couverture sensationnaliste des crimes, des attentats et des conflits internationaux ont permis l’émergence d’une culture de la peur, nourrie par des représentations souvent déformées de la réalité. Le rôle des médias n’est pas uniquement de rendre compte des événements : il est aussi de créer une perception, parfois distordue, de la réalité qui façonne les opinions et influence les décisions politiques.
Dans ce contexte, il devient crucial de comprendre que la peur, alimentée par les médias, joue un rôle essentiel dans la formation de l'opinion publique. Elle peut transformer des préoccupations réelles, mais exagérées, en moteurs de l’action politique, avec des conséquences souvent dévastatrices pour le tissu social. En outre, la médiatisation incessante des peurs ne se limite pas aux grandes tragédies comme celles de San Bernardino ou du 11 septembre : elle s'étend à des événements du quotidien, où la menace est omniprésente, alimentant ainsi une spirale de peur et de méfiance.
Les conséquences de cette dynamique sont profondes. Elles ne se limitent pas à la simple influence politique, mais affectent la société dans son ensemble. Les divisions, les angoisses collectives, et l'érosion de la confiance envers les institutions sont des phénomènes dont les racines se trouvent dans cette gestion de la peur par les médias. La compréhension de ces mécanismes est essentielle pour quiconque souhaite comprendre la nature de la politique contemporaine, et les stratégies qui la façonnent.

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