Sous l’empire de Commode, les intrigues de la cour, les jeux de pouvoir et la manipulation des hommes les plus proches de l’empereur ont conduit à des renversements spectaculaires de fortunes. Il est fascinant de constater qu’à travers ces événements, l'empereur lui-même s'est montré non seulement détaché de la gestion de son empire, mais aussi inconsciemment complice des ambitions dévorantes de ses serviteurs. En particulier, l’ascension et la chute de deux personnages, Perennis et Cleander, illustrent parfaitement cette dynamique de pouvoir mal maîtrisée, où la débauche et la manipulation deviennent les véritables moteurs de l’administration impériale.
Perennis, un homme d'influence qui a grimpé dans les échelons grâce à sa position de préfet, a réussi à amasser une telle puissance qu’il a même projeté de faire de son propre fils l'empereur, ce qui a provoqué la colère des soldats. Ceux-ci, se sentant menacés, se sont rendus à Rome pour demander des comptes à Commode. Lorsque celui-ci leur a demandé la raison de leur visite, ils lui ont répondu sans détour : « Perennis complote contre vous et envisage de faire de son fils l’empereur ». Cette déclaration franche a abouti à une exécution publique et brutale des coupables. Toutefois, cette purge n’a pas conduit Commode à tirer les leçons nécessaires. Au lieu de chercher à comprendre le rôle de Perennis dans l'affaiblissement de son propre pouvoir, il a permis à Cleander, son successeur, d’accroître son influence de manière encore plus inquiétante.
Cleander, à la tête des affranchis impériaux, n’a pas tardé à transformer la cour en un lieu de corruption et de débauche. Ce personnage n’a pas seulement abusé de son pouvoir pour vendre des charges publiques, il a également bouleversé les fondements mêmes de la société romaine en permettant à d'anciens esclaves de devenir sénateurs, ce qui était impensable dans une société aussi rigide que celle de Rome. Le sénat, symbolisant la fierté et le pouvoir des anciennes familles aristocratiques, s’est retrouvé dévalorisé sous la conduite de Cleander, qui n’hésitait pas à défier les principes fondamentaux de la République. La mesure la plus scandaleuse fut l’incapacité de Cleander à respecter les structures sociales et légales en offrant des postes à ceux qui n’étaient pas issus de la noblesse romaine, mais surtout en engageant des actions qui ébranlaient l’autorité de l’empereur.
L’ambition de Cleander ne s'est pas arrêtée là. Cherchant à se léguer un nom immortel, il lança une campagne de constructions publiques, notamment une salle de gymnastique et des thermes, où son nom était apposé, marquant ainsi son passage dans l’histoire de manière ostentatoire. Mais son projet le plus audacieux fut de s’emparer de l'approvisionnement en grains de Rome, espérant gagner l'adhésion du peuple par la distribution de nourriture en période de pénurie. Toutefois, cet acte de « charité » prit un tour dramatique lorsque la famine frappa, et au lieu de le remercier, la population se tourna contre lui, le tenant responsable de la crise.
Les échos de l’ascension de Perennis et Cleander trouvent un parallèle dans la chute des deux hommes, marquée par la révolte des soldats et la colère populaire. Lorsqu’un groupe de soldats s’en prit violemment à Cleander, un mouvement populaire se forma rapidement, exigeant la fin de son règne. Cette pression combinée à la mobilisation de la foule força Commode à réagir, non par vigilance ou discernement, mais par pure panique. L’exécution de Cleander et de ses partisans fut rapide, mettant un terme à une autre page de débauche impériale.
L’histoire de Perennis et Cleander nous éclaire sur plusieurs aspects du gouvernement de Commode. Si ce dernier laissait ses serviteurs gérer les affaires de l'État, il n'était pas seulement un monarque déconnecté de la réalité, mais aussi un homme distrait, obsédé par ses plaisirs personnels. Son amour des jeux, des banquets et des distractions sensuelles le maintenait loin des responsabilités qui incombaient à un empereur. C’est ainsi que Perennis, en exploitant cette faiblesse, réussit à manipuler l’empereur pour asseoir son propre pouvoir. En effet, ce dernier était si absorbé par ses divertissements qu’il laissait des hommes comme Perennis et Cleander se tailler des empires personnels à son insu.
Ce manque de discernement de la part de Commode soulève la question fondamentale de la nature du pouvoir impérial. L’empereur, en se retirant de la gestion effective de l’Empire pour se consacrer à ses passions, a permis à ses serviteurs d’exercer une influence quasi absolue, menaçant la stabilité même du régime impérial. La leçon tirée de cet épisode de l'histoire romaine est que la faiblesse d'un dirigeant, qu’elle soit politique, morale ou psychologique, peut mener à la décadence de l'État tout entier. Le pouvoir, lorsqu’il est mal exercé ou délégué sans vigilance, se transforme en une dynamique où l’ambition personnelle et l’opportunisme deviennent des forces incontrôlables.
Les événements entourant la chute de Perennis et Cleander révèlent non seulement la vulnérabilité d'un empire régi par un empereur déconnecté, mais aussi la manière dont la manipulation des hommes proches du pouvoir peut mener à la chute de régimes autrefois puissants. Ces histoires soulignent la nécessité d’une gouvernance équilibrée, où l’autorité ne peut être entièrement déléguée sans risque d’abus.
Comment la Rome de Caligula a-t-elle vu renaître l'espoir après la mort de Tibère ?
Après la mort de Tibère en 37 après J.-C., Rome se trouva dans une atmosphère étrange et complexe. Bien que Tibère fût un administrateur capable, ayant laissé les frontières de l'Empire solides et les caisses de l'État pleines, il n'avait pas su conquérir le cœur des Romains. Son règne, marqué par des procès pour trahison incessants, créait un climat de terreur parmi les sénateurs, accusés de conspirer contre l'empereur. La paranoïa de Tibère devint une machine dévorante qui anéantissait ses proches, y compris la famille d'Agrippine, la petite-fille d'Auguste, dont les membres furent accusés à tort de trahison et moururent dans d'atroces conditions. Ces événements rendirent les Romains plus que jamais méfiants envers leur empereur, et, lorsque Tibère mourut, leur absence de deuil fut presque totale. Au contraire, des chants joyeux célébrèrent son départ, et certains prirent même à prier pour qu'il n'ait aucune place parmi les morts.
Tibère, avec son tempérament sombre, ses décisions cruelles et sa relation conflictuelle avec la population, laissa un vide qui ne tarda pas à être comblé par un jeune homme plein de promesses : Caligula. Caligula, dont le nom évoque des souvenirs de tendresse – il était le "petit bottin" des légionnaires de son père, Germanicus –, semblait d'abord représenter l'espoir d'une Rome nouvelle, débarrassée des épreuves du passé. À sa prise de pouvoir, il fut accueilli avec un enthousiasme sans réserve par la foule, qui espérait la renaissance d'une époque plus joyeuse.
Au début de son règne, Caligula répondait à l'attente populaire. Il s'empressa de rendre hommage à sa famille dévastée, en particulier à sa mère et à ses frères, victimes de la machination de Sejanus. Le retour des cendres de sa famille et l'organisation de sacrifices et de jeux en leur honneur marquèrent un début symbolique de son règne, qui semblait prometteur. Il accorda à ses proches des honneurs comparables à ceux d'Auguste lui-même, et se vanta de vouloir apporter la stabilité et la prospérité à Rome, des valeurs qu'il associait à sa lignée.
Cependant, l’histoire de Caligula nous montre rapidement qu’il n’était pas simplement le prince idéal que les Romains espéraient. Derrière ses gestes d’apparente bienveillance, des comportements de plus en plus erratiques et cruels se mirent à émerger. Son ascension au pouvoir, pleine de gloire et d’affection populaire, allait vite se transformer en un règne de terreur. Le jeune empereur, devenu célèbre pour ses excentricités, se tourna vers des actes de plus en plus tyranniques, usant de la peur et de la dévastation pour consolider son pouvoir. Son comportement choqua non seulement les Romains, mais aussi les gouvernants du monde antique, qui virent dans ses actions un déclin moral et politique. À mesure que le temps passait, la figure de Caligula ne correspondait plus à l'image d'un prince vertueux, mais plutôt à celle d'un tyran démesuré.
Il est important de comprendre que le règne de Caligula ne se réduisit pas à une simple succession de malheurs. Ses premières actions étaient effectivement porteuses d'espoir, mais les événements qui suivirent son accession au pouvoir révèlent les dangers de la concentration excessive de pouvoir et de l’isolement d'un souverain. Le contraste entre les attentes initiales des Romains et la réalité de son règne montre à quel point les symboles du pouvoir peuvent être trompeurs. Au-delà des images de grandeur et de réformes, le leadership d'un empereur devait aussi reposer sur la capacité à maintenir des relations équilibrées avec le Sénat, la population et ses conseillers. Caligula, en n'écoutant ni ses sénateurs ni son peuple, entraîna la Rome impériale dans une spirale de violence et d'isolement.
Le règne de Caligula soulève aussi la question de la façon dont l’histoire peut être influencée par les perceptions populaires. Tandis que certains de ses premiers actes pourraient être perçus comme des tentatives de réparer les injustices du passé, la réalité politique et morale de son pouvoir ne tarda pas à se révéler sous un jour beaucoup plus sombre. Il est essentiel de reconnaître que le pouvoir absolu, même lorsqu'il est acquis sur des bases populaires solides, peut mener à une dégradation des idéaux qu’il était censé représenter.
Enfin, la montée en puissance de Caligula révèle les tensions inhérentes à l'équilibre entre les attentes d'un peuple et la nature même du pouvoir impérial. Les Romains, en accédant à leur nouvel empereur avec des espoirs élevés, montrent à quel point ils recherchaient une figure de rédemption après la fin du règne de Tibère. Mais Caligula, malgré sa jeunesse et son ascendance prestigieuse, ne parvint pas à répondre à cette aspiration, laissant ainsi un héritage marqué par l’échec et la tyrannie.
Comment la mémoire d’un homme d’exception façonne-t-elle l’identité d’une nation ?
Comment les matériaux semi-conducteurs 2D révolutionnent-ils les systèmes solaires rechargeables ?
Comment les efforts de plaidoyer peuvent transformer les politiques éducatives : Le cas de l'intervention en matière de littératie et de rétention scolaire
Comment reconnaître la dépendance chez soi-même et chez les autres : Choisir le bon moment pour l'aide et les options de traitement

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский