L'intégration de l'énergie solaire dans les systèmes de production d'électricité à partir de turbines à gaz représente une approche innovante visant à améliorer l'efficacité des cycles combinés. L'un des défis majeurs dans la conception de ces systèmes hybrides est la gestion de la température et de la pression dans l'équipement de transfert de chaleur externe et les tuyauteries. Ces éléments doivent être capables de fonctionner à des températures et des pressions élevées tout en minimisant la perte de pression de l'air entre la sortie du compresseur et l'entrée de la turbine, ou du chambre de combustion. Dans ce cadre, la transition du concept à la réalité peut être plus facilement gérée dans des applications telles que les microturbines.

L'une des méthodes d'hybridation qui se distingue est l'utilisation de l'énergie solaire pour préchauffer l'air comprimé entrant dans la turbine à gaz. Cependant, cette approche ne se limite pas à la simple préchauffe : l'énergie solaire peut également être utilisée pour injecter de la vapeur dans la chambre de combustion de la turbine. Cette technique, qui s'inspire de la technologie STIG (Steam Injection Gas Turbine), a été adaptée pour intégrer l'énergie solaire via des systèmes de concentration solaire (CSP), notamment les champs de miroirs paraboliques ou les tours solaires.

Dans le cas d'une tour solaire, si la turbine à gaz est suffisamment petite, elle pourrait être située au sommet de la tour, directement avec le récepteur solaire. Cette configuration permettrait d'éliminer les coûts et les complexités associés à l'acheminement de la vapeur du récepteur vers la turbine au sol. L'apport solaire dans ce type de système est particulièrement efficace lors des journées ensoleillées et chaudes, où la production d'énergie peut être considérablement augmentée. Toutefois, cette augmentation de la puissance de la turbine n'est possible que lorsque le soleil brille, ce qui limite l'efficacité de ce système lors de périodes nuageuses ou en hiver, lorsque l'irradiation solaire est faible ou inexistante.

Pour surmonter cette limitation, l'ajout d'un système de stockage d'énergie thermique (TES, Thermal Energy Storage) pourrait prolonger l'efficacité du système solaire hybride, mais cette solution reste coûteuse et peu rentable à grande échelle. La question du coût reste un obstacle majeur, même si, avec les bons ajustements techniques, une amélioration substantielle de l'efficacité pourrait être réalisée, comme le montrent les résultats de certaines études numériques sur l'hybridation des turbines à gaz avec l'énergie solaire.

Un autre type d'hybridation solaire plus avancée est le STIG hybride, qui combine la génération de vapeur à partir de sources solaires et conventionnelles. Dans ce cas, un générateur de vapeur à récupération de chaleur (HRSG) simple est utilisé pour produire la vapeur nécessaire à l'injection dans la turbine. La vapeur est générée grâce à l'énergie des gaz d'échappement de la turbine, tout en étant assistée par une centrale solaire CSP. Cette approche hybride garantit qu'il y ait toujours de la vapeur disponible pour l'injection dans la chambre de combustion, même lorsque la production d'énergie solaire est insuffisante. Ce système hybride est donc une forme de combinaison entre la production de vapeur conventionnelle et celle issue de l'énergie solaire, permettant une flexibilité accrue dans la gestion de l'énergie.

Une autre proposition plus audacieuse, mais également plus complexe, consiste à intégrer un récepteur solaire directement dans le parcours des gaz d'échappement de la turbine à gaz, avant qu'ils n'entrent dans le HRSG. L'objectif est d'augmenter l'efficacité énergétique du système en introduisant l'énergie solaire à un stade crucial du cycle thermodynamique, ce qui permet de générer de la vapeur et de l'utiliser pour produire davantage d'énergie sans être limité par la capacité d'aspiration de la turbine principale. Ce concept ambitieux repose sur l'idée que, grâce à une conception innovante du récepteur solaire et à l'utilisation d'une turbine à vapeur haute pression supercritique (SC-HPST), l'efficacité d'un système GTCC (Gas Turbine Combined Cycle) pourrait atteindre des niveaux record de 64,5 % en mode de fonctionnement solaire, et même 70 % dans les meilleures configurations.

Cela impliquerait, entre autres, un récepteur solaire capable de capter une chaleur de 1 150-1 200 °F et de la transmettre efficacement à la turbine pour maximiser l'extraction d'énergie. L'introduction de cette technologie permettrait de générer plus d'énergie par unité de chaleur solaire captée et de repousser les limites de l'efficacité des cycles combinés à turbine à gaz. Cependant, l'implémentation de cette technologie rencontre plusieurs défis, notamment la nécessité d'un récepteur solaire de grande taille et l'optimisation du processus pour minimiser les pertes thermiques.

Ces approches novatrices montrent qu’il est possible de modifier et d’adapter les systèmes de turbines à gaz existants pour tirer parti de l’énergie solaire, tout en augmentant leur performance. Mais au-delà des améliorations purement techniques, il est essentiel de considérer également les coûts de mise en œuvre, les choix de conception et les conditions environnementales locales. La question du stockage d'énergie thermique, par exemple, peut offrir une solution pour pallier l'intermittence de l'énergie solaire, mais à un coût relativement élevé.

Il est important de noter que les approches combinant énergie solaire et turbines à gaz ne sont pas limitées à l'amélioration de l'efficacité thermique. Elles soulignent également la nécessité de repenser les cycles thermodynamiques pour maximiser l'utilisation des différentes formes d'énergie disponibles.

Comment le choix des technologies ZLD affecte le coût et la performance des systèmes de traitement de l'eau salée ?

Dans le contexte de la gestion des eaux usées industrielles, l'approche du "Zero Liquid Discharge" (ZLD) est une solution cruciale pour la réduction de la pollution de l'eau et la gestion durable des ressources. Cette technologie vise à éliminer complètement les liquides de rejet, en concentrant les solutés dans un résidu solide. Les configurations de plantes ZLD varient largement selon les paramètres de salinité, de dureté de l'eau et les types de systèmes utilisés, ce qui influence directement leurs coûts et leurs rendements.

L’étude des configurations ZLD, menée dans le cadre d’un projet détaillant les coûts annuels par gallon traité (en $/an/GPD), révèle que les coûts sont influencés par des facteurs tels que la salinité de l'eau d'entrée, mesurée par la concentration en solides dissous totaux (TDS), et la dureté de l'eau (TH), qui reflète la présence de calcium et de magnésium. Dans cette étude, les configurations à base de membranes (comme les systèmes RO, ou osmose inverse) montrent des coûts qui augmentent avec l’augmentation de la salinité. En revanche, les systèmes thermiques, tels que l'évaporation thermique, sont moins sensibles à la dureté totale de l’eau et peuvent parfois être plus rentables dans des cas de forte dureté de l’eau.

L’un des constats majeurs de cette étude est l'absence d'économies d'échelle. En effet, même lorsque les débits traités sont importants (allant de 1 à 20 millions de gallons par jour), des unités multiples doivent être mises en place pour les configurations de plus grande taille. Cela signifie que la taille de la centrale n’entraîne pas une réduction proportionnelle des coûts, ce qui peut rendre les systèmes ZLD plus coûteux que prévu dans les grandes installations.

En ce qui concerne les configurations spécifiques, les systèmes avec cristalliseur (types 1B et 2B) offrent des taux de récupération plus élevés, ce qui les rend plus efficaces en termes de traitement de l'eau. Cependant, cette meilleure performance est obtenue au prix d'un coût énergétique plus élevé, notamment dû à l'inclusion de compresseurs à vapeur dans les cristalliseurs. Ces systèmes, bien que très performants, entraînent des coûts d'exploitation plus élevés, en particulier en termes de consommation d'énergie. En outre, les coûts de capital incluent non seulement la construction de l'usine, mais aussi des coûts substantiels associés à la gestion des déchets solides (landfills pour l’élimination des résidus solides et étangs pour la gestion du saumur).

Une particularité importante de l'étude est la manière dont les coûts unitaires annuels évoluent avec la salinité et la dureté totale de l'eau. Par exemple, les types 1A et 2A, qui ne nécessitent pas de cristalliseur, sont généralement moins chers, mais présentent une récupération moins complète que les systèmes plus complexes. Le système de type 3, qui repose exclusivement sur des membranes et évite l’utilisation d’évaporateurs thermiques, se révèle plus adapté aux eaux moins salines, mais reste moins efficace en termes de récupération des liquides. En cas d’eaux particulièrement salines ou dures, un système combiné comprenant un prétraitement au moyen de traitements chimiques (comme l’adoucissement au calcaire) suivi d'une osmose inverse (RO) puis d’une évaporation thermique est généralement plus rentable.

Cependant, l'aspect qui peut déstabiliser la rentabilité d’un projet ZLD est la fiabilité du système. Plus le nombre de composants d'un système est élevé, plus le risque de défaillance augmente. Dans un système ZLD de type combiné (par exemple, type 2B avec prétraitement chimique et évaporation thermique), une défaillance d’un seul composant, comme une pompe ou une membrane, peut entraîner une panne complète du système, ce qui peut sérieusement perturber la production de l’usine. Cela s'avère être un problème majeur dans les centrales électriques qui dépendent de l’efficacité du système ZLD pour leur fonctionnement continu. Pour pallier ce problème, un stockage de sécurité est recommandé, notamment des réservoirs de rétention pour la saumure et les concentrés, afin de maintenir la production pendant que le système ZLD est en maintenance ou en réparation.

Les types de ZLD les plus performants, comme les systèmes à cristalliseur (types 1B et 2B), nécessitent également un investissement important en infrastructures de traitement des résidus solides. Le coût du capital pour ces installations peut être influencé de manière significative par la présence d'un site de décharge dédié, ce qui augmente le coût global du projet. En revanche, les configurations moins complexes, comme le système de type 3 (membrane seulement), sont adaptées pour des cas de faible salinité et sont donc moins coûteuses en termes d’installation et de maintenance, à condition que le stockage des déchets solides soit pris en charge de manière économique.

Il est essentiel de considérer le rapport coût-efficacité lors de la sélection de la configuration ZLD, en prenant en compte non seulement le coût d'installation, mais aussi la fiabilité et les coûts d'exploitation à long terme. Dans des applications où la fiabilité est cruciale, comme dans les centrales électriques, il devient indispensable d’inclure dans les calculs de coûts un budget pour la maintenance préventive et la gestion des pannes, tout en veillant à ce que le système de stockage soit dimensionné de manière adéquate pour minimiser les impacts des arrêts non planifiés.

L'option CAES : un potentiel inexploité dans le stockage d'énergie à grande échelle

Le stockage d'énergie, notamment via les systèmes de stockage d'air comprimé (CAES), représente un potentiel important pour améliorer la flexibilité et l'efficacité des réseaux électriques, particulièrement en réponse à la croissance des énergies renouvelables comme l'éolien. Toutefois, malgré ses avantages théoriques, le CAES se trouve confronté à des défis économiques et réglementaires qui limitent son adoption à grande échelle.

Dans une analyse des différents scénarios économiques, l'option CAES se classe troisième en termes de valeur actuelle nette (VAN), juste derrière les technologies de turbines à gaz à cycle simple. Bien que le CAES offre des avantages dans un scénario où les prix du carburant sont élevés, il reste toujours inférieur aux options GTCC (turbine à gaz à cycle combiné), à moins qu'il ne soit associé à des bénéfices supplémentaires, tels que des pénalités réduites sur les émissions de CO2, la réduction des contraintes de production éolienne, ou encore des crédits d'énergie renouvelable. Cependant, ces avantages ne peuvent être pleinement réalisés que si l'opérateur du CAES possède également des actifs générateurs, tels que des parcs éoliens, ou des accords bilatéraux avec des partenaires externes. Cette situation crée un environnement complexe et peu propice à l'émergence d'un modèle économique viable, à moins de l'intégrer dans une structure plus large comme celle des grandes entreprises de services publics verticalement intégrées, telles que celles en place avant la dérégulation.

L'un des principaux obstacles à l'intégration du CAES réside dans la difficulté pour les régulateurs de classifier cette technologie dans une catégorie bien définie, comme la distribution, la transmission ou la production. Alors que les anciennes grandes installations de stockage par pompage (PHES) ont pu être financées dans le cadre du modèle des services publics intégrés, la dérégulation du marché a dispersé les composants nécessaires à la gestion d'une telle infrastructure. Les opérateurs indépendants, les entreprises de transmission, et même les gestionnaires de systèmes d'indépendants comme les ISO/RTO (Opérateurs de systèmes indépendants et d'organismes de régulation), doivent faire face à des défis supplémentaires pour intégrer un système CAES dans un réseau de manière cohérente. Même dans ce contexte, une tarification appropriée des services auxiliaires et une planification des ressources efficace sont essentielles pour qu'un opérateur ISO puisse rentabiliser une telle installation.

Il existe cependant un scénario où le CAES pourrait se concrétiser : lorsqu'une entité détient à la fois un grand parc éolien et une installation CAES. Ce modèle permettrait de maximiser l'utilisation du stockage d'air comprimé en couplant les besoins de production d'énergie éolienne avec la capacité de réguler et de distribuer l'énergie à la demande, tout en profitant des avantages économiques associés. Mais même dans ce cas, la complexité des accords contractuels entre les différentes parties rend la situation difficile à gérer.

En ce qui concerne l'aspect technique du CAES, le cycle de compression et d'expansion de l'air joue un rôle crucial dans l'efficacité du système. La pression et la température de l'air dans la chambre de stockage déterminent la capacité de génération d'énergie du système. Cependant, la réalisation d'une pression optimale de stockage dans la chambre de stockage se heurte à des limites pratiques. Plus la pression est élevée, plus le volume nécessaire pour stocker l'air comprimé devient important, ce qui entraîne des coûts d'investissement et d'exploitation considérables. Une solution consiste à utiliser des techniques comme les cavernes salines, qui permettent d'atteindre des pressions de stockage beaucoup plus élevées que celles possibles avec des chambres plus petites. Cependant, même dans des conditions optimales, la gestion de la pression et de la température à l'intérieur de ces cavernes demeure complexe et nécessite des ajustements pour maintenir une efficacité optimale lors des cycles de charge et de décharge.

En outre, les technologies de turbomachinerie, notamment les compresseurs et les expanders, représentent un autre défi. Les installations CAES doivent utiliser des équipements capables de gérer des pressions très élevées, souvent au-delà des capacités des turbines à gaz classiques. Les compresseurs multistades sont nécessaires pour atteindre ces pressions, et cela implique une conception complexe avec des rapports de pression très élevés, comme c'est le cas dans les deux installations CAES actuellement en fonctionnement à l'échelle mondiale (Huntorf et McIntosh). Ces machines, bien que basées sur des composants éprouvés, nécessitent un développement rigoureux des turbines et des chambres de combustion pour fonctionner efficacement à ces pressions extrêmes.

Il est essentiel de noter que, bien que la technologie CAES soit prometteuse, elle est encore loin d'être une solution de stockage d'énergie généralisée. L'absence de mécanismes de valorisation claire des bénéfices associés au CAES pour l'opérateur et la difficulté de sa classification réglementaire en font une option moins attrayante par rapport à d'autres formes de stockage d'énergie ou à des technologies de génération plus simples comme les turbines à gaz à cycle combiné.

Pour qu'une installation CAES devienne une véritable alternative viable, il faudra non seulement surmonter ces défis techniques et économiques, mais aussi repenser les structures réglementaires et les modèles commerciaux actuels. L'intégration du CAES dans des systèmes énergétiques existants nécessite une approche systémique qui tienne compte des besoins spécifiques des différents acteurs du marché. Un avenir possible pour le CAES pourrait résider dans des alliances stratégiques entre producteurs d'énergie renouvelable et opérateurs de stockage, permettant ainsi de maximiser les synergies entre les technologies de stockage d'énergie et les parcs de production d'énergie renouvelable.