Les centrales électriques à cycle combiné gazifié IGCC (Integrated Gasification Combined Cycle) représentent un modèle avancé de production d'électricité, utilisant le gaz de synthèse (syngas) issu de la gazéification de combustibles fossiles, principalement du charbon. Le processus de production d’électricité repose sur l’utilisation du syngas dans des turbines à gaz et des générateurs à cycle combiné pour produire de l'énergie, qui est ensuite injectée dans le réseau. Toutefois, la gestion de ce processus n'est pas aussi simple qu'elle pourrait le sembler, car elle implique une série de contrôles et d’interactions complexes entre plusieurs systèmes et composants.

Tout d’abord, il est important de comprendre que l'ensemble du processus de production d’électricité dans une centrale IGCC repose sur une interaction fine entre plusieurs contrôleurs principaux : le contrôleur du GTCC (centrale à turbine à gaz et cycle combiné), celui du gazéificateur, et celui de l’unité de séparation de l’air (ASU). Ces systèmes travaillent de manière intégrée, où chaque demande de gaz (syngas, O2 et N2) est calculée en fonction des besoins de la turbine pour ajuster la quantité d’air et de combustible en temps réel. Cette dynamique, bien que parfaitement adaptée aux conditions de fonctionnement nominales, devient plus complexe lorsque des conditions de charge variables ou des transitoires importants surviennent.

Par exemple, dans des situations où la production d’énergie est inférieure à la capacité maximale, comme lors des rampes de charge descendantes ou des arrêts d’urgence, les fluctuations de température et de pression dans le gazéificateur peuvent entraîner des perturbations importantes. Les systèmes de contrôle doivent alors ajuster la production de syngas pour éviter tout dysfonctionnement. Une petite variation dans le rapport oxygène/carbone (O/C) peut causer des modifications importantes dans la température de fonctionnement, ce qui, en cas de déviation excessive, pourrait entraîner des déséquilibres thermiques ou même des incendies.

L’un des défis majeurs dans le fonctionnement des centrales IGCC est lié à la gestion des transitoires rapides, comme lors des arrêts d'urgence des turbines à gaz ou d'autres composants cruciaux. Dans ce cas, la production de syngas peut dépasser la demande, entraînant la nécessité de bruler une partie du gaz excédentaire (flare). Bien que ce phénomène soit techniquement possible, il soulève des préoccupations sur la sécurité et l'efficacité, d'autant plus qu'il entraîne des pertes d’énergie non négligeables et des émissions supplémentaires.

L’expérience tirée des premières centrales IGCC, comme celles de Puertollano en Espagne, a mis en lumière plusieurs problématiques liées à l’intégration de technologies complexes, telles que l'ASU. L’ASU, en particulier, représente un goulot d’étranglement pendant les phases de démarrage ou lors des changements de charge rapides, ce qui peut entraîner des délais importants avant que l'unité ne soit prête à fonctionner. Cela a conduit certains opérateurs à envisager l'intégration de compresseurs d’air pour le démarrage ou même l’utilisation de gazéificateurs soufflés à l’air pour simplifier l’ensemble du processus, bien que cette solution réduise l'efficacité thermique globale.

Il existe également des préoccupations relatives à la flexibilité des centrales IGCC face aux variations de charge. Les gazéificateurs, structures massives et peu adaptées aux transitoires rapides, ne sont pas conçus pour des modifications rapides de charge. Lors d’un démarrage à froid d'un gazéificateur à paroi membrane, par exemple, il peut falloir plusieurs heures avant que la température du réacteur atteigne un niveau stable, ce qui retarde le processus de production d’énergie. De même, les unités de purification et de nettoyage du syngas, comme l'AGR (Acid Gas Removal), deviennent des facteurs limitants dans la capacité de la centrale à réagir à des variations de charge élevées.

L’intégration de solutions comme le stockage d’oxygène liquide ou l’amélioration de l’interface entre les différents contrôleurs peut théoriquement améliorer la rapidité d’adaptation du système. Toutefois, cette approche augmente considérablement les coûts d’installation et de maintenance. Les données disponibles sur la performance des systèmes à grande échelle montrent que la recherche d’une efficacité optimale dans des systèmes aussi complexes est une voie risquée. À long terme, le coût de cette complexité supplémentaire peut annuler les gains d'efficacité théoriques obtenus en phase de conception.

Il est donc crucial pour les concepteurs et opérateurs de comprendre que l’efficience dans une centrale IGCC ne se mesure pas seulement à sa capacité maximale de production, mais aussi à sa stabilité opérationnelle face aux variations imprévues et aux conditions de charge fluctuantes. Une conception visant à minimiser la complexité des systèmes tout en maintenant des marges de sécurité suffisantes est essentielle pour garantir la fiabilité et la disponibilité de l’installation. L’optimisation des processus de démarrage, des rampes de charge et des interventions d’urgence est au cœur des défis pour améliorer la rentabilité de ces centrales tout en réduisant leur impact environnemental.

Quelles solutions existent pour prévenir l’usure des buses des atomiseurs dans les systèmes à combustion ?

L'usure des buses des atomiseurs constitue un défi majeur dans les moteurs à combustion interne, particulièrement dans ceux utilisant des carburants à base de MRC (Mixed Refuse Coal). Les solutions connues pour réduire cette usure incluent l’utilisation de buses en diamant compacté ou en carbure de silicium, qui résistent mieux à l’érosion causée par les particules abrasives présentes dans les mélanges combustibles. De plus, une autre approche consiste à réduire la vitesse des moteurs, ce qui permet d'augmenter le temps de combustion et de réduire la tolérance aux problèmes d'atomisation. Un bon processus d'atomisation est crucial, surtout lorsque l'on utilise des mélanges comme le MRC, qui ont une viscosité comparable à celle de la peinture maison. Cela permet d’assurer une meilleure répartition du carburant et une combustion plus homogène. À cet égard, des moteurs à faible vitesse, associés à des cylindres de grand diamètre et des jeux importants, sont essentiels pour éviter les problèmes de grippage des segments de piston.

Afin de limiter l'usure abrasive, une autre solution couramment utilisée consiste à appliquer des revêtements en carbure par projection plasma. Ces revêtements réduisent considérablement les effets d'érosion sur les surfaces métalliques. De plus, le retard d'allumage, souvent causé par les caractéristiques de combustion lentes des boues MRC, et les problèmes de cliquetis peuvent être corrigés grâce à une injection pilote de carburant diesel. Cette injection permet de garantir un allumage fiable, en particulier lorsqu’il s'agit de faibles charges.

Le cycle de fond des centrales utilisant la technologie DICE-GT CRCC se caractérise par sa simplicité. Il est constitué d’une génératrice de vapeur à récupération de chaleur (HRSG) à pression unique et d'une turbine à vapeur condenseur à boîtier unique, avec des sections haute et basse pression (HP et LP). En fonctionnement avec capture de CO2, la turbine basse pression reste inerte et est séparée du groupe motopropulseur par un embrayage "triple-S" (SSS). La vapeur d'échappement de la turbine haute pression, à 60 psi, est envoyée au réchauffeur de la colonne de stripping.

La collecte des particules est réalisée par un séparateur de troisième étape, typiquement utilisé dans les applications de craquage catalytique fluide (FCC). Cette technique permet de répondre aux exigences de l’expandeur de gaz chauds, utilisé également dans les processus FCC pour des fonctions similaires. Pour réduire les émissions de NOx et de CO, la HRSG intègre un module de catalyseur SCR/CO, ce qui permet de nettoyer efficacement les gaz de combustion avant leur évacuation dans la cheminée.

Les techniques de valorisation du charbon, telles que la réduction du soufre non organique dans les boues MRC, permettent également de limiter les émissions de SOx. Un refroidisseur à contact direct en amont de l'unité de capture permet d’éliminer efficacement les SOx des gaz de la cheminée. La combustion du charbon dans les centrales DICE-GT CRCC se révèle particulièrement efficace et propre, comparable à la technologie des chaudières ultra-supercritiques utilisées dans des centrales thermiques de grande capacité. Cependant, ce type de technologie reste généralement limité à des puissances autour de 100 MWe et ne nécessite pas d'investissements excessifs en recherche et développement.

Un frein majeur à l’adoption de cette technologie dans les pays développés est la disponibilité de sources d'énergie bon marché, telles que le pétrole et le gaz naturel. De plus, la production de MRC à grande échelle et son stockage pour des essais expérimentaux prolongés, comme ceux réalisés dans le cadre du programme Clean Coal Technology du DOE aux États-Unis (visant 6 000 heures de fonctionnement), représente un coût significatif. Cette réalité s'ajoute à l'opposition croissante du public aux combustibles fossiles, particulièrement au charbon, ce qui rend les grands fabricants de moteurs prudents quant au développement des moteurs diesel à charbon.

Malgré ces défis, le charbon continuera de jouer un rôle majeur comme source d'énergie dans d’autres régions du monde pour les décennies à venir. Cette situation pourrait ouvrir des opportunités lucratives pour les centrales électriques basées sur la technologie DICE-GT, surtout si des installations centralisées de production de MRC, semblables aux raffineries de pétrole, sont mises en place. L'éventuelle transition vers des systèmes de production d’énergie plus respectueux de l’environnement pourrait encore être facilitée par la mise en œuvre de nouvelles technologies de capture du carbone et d’optimisation de la combustion.

Dans ce contexte, il est important de souligner que la technologie DICE-GT CRCC représente non seulement un pas en avant pour la production d’énergie propre et efficace, mais aussi une réponse aux défis environnementaux et économiques posés par les combustibles fossiles. Cependant, les progrès futurs dépendront de l'innovation continue et des investissements dans les infrastructures nécessaires à cette transition énergétique.

Quelle est l'optimisation du coût des équipements dans une centrale de stockage d'énergie par air comprimé (CAES) ?

Les systèmes de stockage d'énergie par air comprimé (CAES) sont au cœur des discussions sur l'optimisation des coûts d'infrastructure dans le secteur de l'énergie. Le coût total des équipements dans une centrale CAES est fortement influencé par le rapport entre le temps de compression et d'expansion, ainsi que par la conception des turbines et des chambres de stockage souterraines. Le modèle économique repose principalement sur deux éléments clés : les coûts d'investissement en capital (CAPEX) et le revenu net généré par le système lors de son fonctionnement.

Le coût des équipements turbomachinery, comprenant la turbine d'expansion et le compresseur, varie en fonction du rapport entre le temps de compression et d'expansion. L’équation (6.7a) donne une vue d’ensemble de cette relation : C=kEma+kCmaC = kEma + kCm a. Cela indique que le coût total d’une centrale est fonction de deux facteurs principaux : les coûts relatifs des compresseurs et des turbines d’expansion (kE et kC), et la taille des équipements représentée par le débit massique (m). Il est important de comprendre que l'augmentation du rapport t (qui définit le temps de charge par rapport au temps de décharge) permet une diminution des coûts d'investissement, car le coût du compresseur devient moins significatif par rapport au coût de la turbine. Le graphique de la figure 6.9 illustre cette dynamique, montrant que pour un temps de compression-expansion plus long (t = 4), on peut s'attendre à une réduction de coûts de l’ordre de 10 à 25 % par rapport à un système plus rapide.

Cependant, l'impact sur l’exploitation ne se limite pas à la question des coûts : plus le temps de compression est long, plus le temps de charge des cavernes augmente. Par exemple, pour un ratio t = 4, chaque heure de génération à pleine charge nécessite quatre heures de compression, tandis qu'un t = 1.7 permettrait une charge en moins de deux heures. Il est donc essentiel de trouver un équilibre entre la capacité de stockage, le temps de charge et les coûts d'équipement pour maximiser l'efficacité de la centrale.

L’optimisation de ce rapport dépend également de la source d’énergie utilisée pour la compression. Par exemple, l’utilisation de l’électricité à bas prix durant les heures creuses (notamment la nuit) permet de justifier un ratio t plus élevé, car l’énergie excédentaire provenant de sources renouvelables (comme le solaire ou l'éolien) peut être stockée dans les cavernes pendant la période où la demande est faible. Toutefois, si l’on utilise des sources d’énergie comme le solaire, dont la fenêtre de production est limitée à quelques heures par jour, il peut être nécessaire de réduire le rapport t pour s’adapter à cette contrainte. De même, une source éolienne pourrait exiger un ratio intermédiaire en fonction des conditions de vent prévisibles.

Une fois les facteurs techniques et économiques pris en compte, le coût du système reste un élément central. Un CAES implique trois principaux sous-systèmes : les trains turbomachinery (compresseur et turbine), la caverne de stockage souterraine et l’ensemble des équipements auxiliaires (pompes, échangeurs de chaleur, systèmes de rejet de chaleur, etc.). Le choix de la technologie, la capacité de génération d'énergie (MWh), la consommation de carburant et l'efficacité des récupérateurs jouent un rôle crucial dans la définition du coût global du système. L’équation (6.8) montre comment le revenu net (NI) est fonction de plusieurs paramètres économiques, notamment le tarif de l’électricité durant les heures creuses et la tarification des combustibles. Un facteur clé ici est la capacité à générer des économies en maximisant l’efficacité des générateurs pendant les périodes de forte demande, tout en minimisant les coûts d’exploitation.

Les entreprises doivent non seulement évaluer la viabilité économique d’un projet CAES, mais aussi leur capacité à tirer parti de toutes les opportunités offertes par la technologie, y compris les services auxiliaires qu’elle peut fournir au réseau. Un des défis majeurs rencontrés par les projets CAES dans le passé réside dans la difficulté d'attirer des financements en raison de la perception de revenus incertains. Le rapport entre les prix de l’électricité en période de pointe et en période creuse joue un rôle prépondérant dans la rentabilité des installations. Ainsi, la gestion des prix de l’électricité et du carburant constitue une part importante de l’analyse économique.

Il est également essentiel de souligner que, bien que le coût d'une centrale CAES puisse être 20 % plus élevé qu'une centrale à cycle combiné (GTCC) et 80 % plus cher qu’une turbine à gaz à cycle simple, ce type de centrale offre des avantages uniques. Par exemple, la capacité de prévenir la coupure de l’énergie éolienne durant les périodes de faible demande est un atout majeur pour les réseaux électriques alimentés par des sources d’énergie renouvelables. Cependant, le coût plus élevé d’une centrale CAES doit être mis en balance avec les avantages à long terme qu’elle peut offrir en termes de stabilité du réseau et de réduction des coûts de fonctionnement à long terme.

Un facteur clé pour le succès d'un projet CAES est la capacité à sécuriser les financements et à convaincre les investisseurs de la rentabilité à long terme du projet. Les centrales doivent être capables de générer des revenus non seulement par le biais de l’arbitrage prix de l’énergie, mais aussi en fournissant des services auxiliaires, tels que la régulation de la fréquence ou le soutien à la gestion de la demande. En outre, le développement de technologies fiables et disponibles est primordial, car ces installations doivent être capables de répondre rapidement à des besoins urgents du réseau.

Comment l'oxygène stocké dans des réservoirs sous pression améliore l'efficacité des turbines à gaz à hydrogène

Dans les systèmes de stockage d’énergie par électrolyse, l’oxygène produit est comprimé pour être stocké sous haute pression. Ce processus se déroule en plusieurs étapes, de la génération d'oxygène par l'électrolyseur à son expansion dans une turbine à gaz lors de la phase de décharge. L’oxygène (O2) est tout d’abord compressé dans un compresseur intercoolé pour atteindre la pression de stockage requise. Ce dernier peut être un réservoir souterrain, naturel ou fabriqué, ou un récipient conçu à cet effet. Lorsque l’énergie est demandée, O2 stocké est ensuite détendu à travers une série de turbo-expandeurs, la pression tombant à celle de l’atmosphère.

L’oxygène, avant d’entrer dans la turbine à gaz, est chauffé dans un échangeur thermique pour atteindre une température optimale (souvent autour de 300°C). Ce préchauffage a pour but d’augmenter l’efficacité de la turbine, en particulier en générant une puissance plus élevée. L’échange thermique peut être effectué à l’aide de chaleur excédentaire provenant de l’échappement des turbines à gaz ou d’autres sources. Le rôle de cet échangeur est de garantir que l’oxygène entrant dans le turbo-expandeur ne soit pas trop froid, ce qui pourrait affecter les performances du moteur. En effet, l’oxygène à des températures inférieures à zéro peut être mélangé avec l’air d’entrée du compresseur de la turbine à gaz, abaissant ainsi la température de l’air et augmentant son débit massique. Ce phénomène est particulièrement bénéfique lors des journées chaudes, lorsque la puissance d’une turbine à gaz peut diminuer en raison de températures ambiantes élevées.

Une variante de ce système consiste à injecter directement l'oxygène pressurisé chauffé dans le compresseur de la turbine à gaz, améliorant ainsi le débit massique d’air entrant et la puissance totale générée. Ce processus augmente la production d’énergie de manière significative, avec des résultats indiquant un gain de puissance de l’ordre de 12% par rapport à la méthode classique, qui permet un refroidissement de l’air entrant. Cependant, cette approche nécessite une approbation des fabricants de turbines à gaz, ce qui peut limiter sa mise en œuvre pratique.

Les études sur la faisabilité de ces systèmes ont montré des résultats intéressants, notamment dans le contexte de turbines à gaz alimentées à l’hydrogène. Avec une efficacité estimée à 40%, un stockage d’oxygène à 700 bars et une capacité de stockage d’hydrogène, les performances de ces systèmes de stockage sont encore relativement théoriques, mais elles ouvrent des possibilités prometteuses pour l’optimisation des turbines à gaz modernes. Les calculs de base ont montré que des turbines à gaz de 125 MWe pourraient, par exemple, générer environ 20 MWe supplémentaires lors de la phase de décharge, ce qui permettrait de stocker environ 160 MWh sur un cycle de charge-décharge de 8 heures. Cela représente un investissement significatif, comparable à l’achat de batteries Li-Ion pour le même stockage d’énergie, mais la durabilité et les coûts de maintenance des batteries à long terme soulèvent des questions qui doivent être prises en compte.

Il est aussi essentiel de souligner que la mise en œuvre de tels systèmes de stockage d’énergie ne se limite pas à la technologie, mais implique également des études financières et de faisabilité rigoureuses. L’analyse de rentabilité doit inclure non seulement les coûts d’équipement mais aussi les critères réglementaires, les prévisions de prix de l’énergie, ainsi que les contrats d’achat d’électricité. La viabilité de telles installations nécessite un examen approfondi, non seulement sur le plan technologique, mais aussi du point de vue économique et environnemental.