La maladie de Müller-Weiss (MWD), caractérisée par une dysplasie progressive de l’os naviculaire, reste un défi diagnostique et thérapeutique en raison de son évolution insidieuse et de ses présentations cliniques variables. Elle se manifeste par une translation latérale de la tête du talus, se superposant au calcanéum, et induisant un varus sous-talien paradoxal. Ce mécanisme biomécanique commun, bien que dérivé d’étiologies diverses, doit être au centre de toute stratégie thérapeutique.

L’ostéotomie calcanéenne en supervalgus s’est imposée comme le traitement chirurgical de référence pour la MWD, quel que soit le degré d’atteinte radioclinique. L’objectif principal de cette procédure est de réaligner l’axe du talus en provoquant un déplacement médial de sa tête, ce qui améliore la couverture talo-naviculaire et réduit le varus pathologique. Cette correction tridimensionnelle, obtenue par la réalignement du calcanéum, permet de restaurer un appui plantaire plus physiologique tout en soulageant les contraintes sur la région naviculaire dégénérative.

Les résultats cliniques et radiologiques obtenus à un an post-opératoire montrent une nette amélioration de la visibilité articulaire talo-naviculaire ainsi qu’une réduction significative de la douleur et de la dysfonction. Toutefois, il est admis que certains patients évolueront vers une arthrodèse de sauvetage à moyen ou long terme, particulièrement en présence d’arthrose avancée ou de persistance des symptômes malgré l’ostéotomie.

D'autres approches chirurgicales ont été proposées dans la littérature, notamment l’allongement de la colonne latérale par ostéotomie de type Evans, dans l’objectif déclaré de préserver les articulations. Cependant, cette stratégie repose sur une méprise pathomécanique grave : confondre le pied plat valgus classique avec le varus paradoxal de la MWD. En allongeant la colonne latérale, on accroît en réalité la translation latérale de la tête du talus et le varus sous-talien, aggravant ainsi les désordres cliniques inhérents à la MWD. Ce paradigme erroné a été rapidement remis en question, soulignant l’importance d’un diagnostic différentiel précis entre ces deux entités cliniques.

Certaines études ont rapporté des améliorations après décompression du naviculaire avec biopsie ou forage, mais les preuves restent limitées et ces procédures ne ciblent pas directement la mécanique fautive centrale de la maladie.

Les radiographies en charge demeurent l’outil diagnostique le plus économique et révélateur, permettant de mettre en évidence les signes caractéristiques du déplacement talien et du varus associé. Le traitement conservateur peut parfois suffire dans les formes peu évoluées ou douloureuses, notamment par l’usage de semelles pronatrices avec coin valgus postérieur et soutien longitudinal médial, visant à corriger l’effet varisant sur l’articulation sous-talienne.

Il est essentiel de comprendre que la réussite du traitement, qu’il soit

Traitement des lésions ostéochondrales du talus : Approches conservatrices et chirurgicales

Les lésions ostéochondrales du talus, qu'il s'agisse d'ostéochondrite disséquante ou de lésions traumatiques, peuvent répondre favorablement au traitement conservateur, notamment en réduisant la douleur et l'œdème, ce qui est observé chez environ 16% des patients. Toutefois, une proportion significative de patients connaît une évolution insatisfaisante, comme le montrent les images de résonance magnétique (IRM) de suivi. Il n'est pas rare d'identifier des altérations cicatricielles chez des patients asymptomatiques qui n'ont pas présenté de symptômes cliniques et qui n'ont pas reçu de traitement pendant l'enfance ou l'adolescence.

Le traitement conservateur a montré des résultats satisfaisants dans les stades précoces de la pathologie. Cependant, des lésions de grade III selon la classification de Berndt-Harty, particulièrement chez les préadolescents, sont un facteur pronostique négatif. Ce type de lésion est souvent plus difficile à traiter efficacement par des moyens conservateurs, et il est recommandé de recourir à un traitement chirurgical lorsque ces traitements échouent, en présence de lésions instables, de déviations de fragments ou de signes de progression de la lésion.

Les indications du traitement chirurgical varient en fonction des caractéristiques de la lésion, de l'âge du patient, et des traitements antérieurs. Dans le cas du squelette immature, l'utilisation de procédures ouvertes, notamment les ostéotomies malléolaires, est limitée, car ces interventions peuvent perturber les phases de croissance. Par conséquent, les techniques arthroscopiques sont particulièrement utiles chez ces patients, offrant des avantages tels que des incisions minimales et une récupération plus rapide.

Les principales options chirurgicales pour traiter les lésions ostéochondrales du talus comprennent la perforation rétrograde, l'excision des fragments détachés, le débridement du fond de la lésion suivi de la réduction et de la fixation des fragments viables, ainsi que des procédures utilisant des « échafaudages » biologiques, parfois associés à des ressources orthobiologiques. La perforation rétrograde, par exemple, est indiquée lorsque l'os sous-chondral, associé à un cartilage articulaire intact, est impliqué. Ce processus consiste à perforer la zone pathologique de l'os sous-chondral à l'aide d'un instrument inséré par une approche trans-talaire, avec l'objectif de stimuler la guérison de la lésion par néovascularisation. Cette technique a été perfectionnée grâce à l'utilisation de la radioscopie et de l'arthroscopie, minimisant ainsi les erreurs de localisation et les risques de dommages aux tissus voisins.

L'utilisation de la stimulation de la moelle osseuse est une méthode simple et efficace, particulièrement pour les lésions superficielles et de petite taille, dont le diamètre est inférieur à 10 mm. Cependant, l'efficacité de cette approche diminue lorsque les lésions sont plus grandes ou lorsque l'os sous-chondral présente des altérations plus importantes, telles que des œdèmes, des kystes ou des zones nécrotiques. Dans de tels cas, il est important de choisir la méthode de traitement en fonction des caractéristiques spécifiques de la lésion. Récemment, l'utilisation de membranes de collagène associées à des techniques de stimulation de la moelle osseuse a montré des résultats prometteurs pour les lésions ostéochondrales plus profondes et plus larges, y compris dans les cas d'ostéochondrite disséquante.

La greffe autologue de chondrocytes (ACI) et la transplantation de cellules de la moelle osseuse (BMDCT) sont également des options intéressantes, bien que la littérature sur ces techniques soit encore limitée. Elles sont considérées comme prometteuses, en particulier dans les cas de lésions graves et de récidives. Le taux de succès du traitement chirurgical de l'ostéochondrite disséquante du talus est estimé à environ 78%, bien qu'un nombre important de patients nécessitent des interventions de révision à long terme.

La difficulté du diagnostic et la gestion des lésions ostéochondrales du talus résident dans le fait que ces lésions doivent être envisagées comme un diagnostic différentiel important des douleurs de la cheville, notamment chez les enfants et les adolescents. Une investigation radiologique détaillée et minutieuse est indispensable pour une évaluation correcte de la pathologie. Le traitement conservateur, lorsqu'il est appliqué tôt, peut offrir des résultats extrêmement favorables, mais lorsque ces approches échouent, le traitement chirurgical constitue une option qui offre une meilleure récupération et un pronostic amélioré.

La prise en charge des lésions ostéochondrales du talus repose donc sur une évaluation soignée de l'état du cartilage et de l'os sous-jacent, en fonction de l'âge du patient et du stade de la pathologie. La personnalisation du traitement est essentielle pour garantir une réhabilitation optimale et éviter les complications à long terme, telles que la progression de la lésion ou l'apparition de douleurs chroniques.