Le rotationnel, ou curl d’un champ vectoriel, joue un rôle fondamental tant en géométrie différentielle qu’en physique, notamment dans la mécanique des fluides et l’électromagnétisme. Pour un champ vectoriel vv défini sur une variété MM, l’intégrale de la composante tangente de vv le long d’une courbe fermée orientée r=dBr = dB — appelée circulation — est reliée de manière profonde au rotationnel de vv via le théorème de Stokes. Ce théorème établit que l’intégrale de la circulation de vv sur le bord d’une surface BB est égale à l’intégrale du rotationnel de vv sur cette surface, ce qui traduit la propriété fondamentale de curlv\text{curl}\, v d’être une mesure locale de la rotation du champ.

Plus précisément, pour un point pMp \in M, la densité de circulation du champ vv autour de pp par rapport à l’axe défini par la direction de v(p)v(p) se calcule comme la limite de la circulation par unité de surface autour de pp. Cette densité est précisément la composante du rotationnel dans la direction de v(p)v(p). Cela permet d’interpréter curlv(p)\text{curl}\, v(p) comme un vecteur de vorticité, indiquant la tendance locale du champ à produire une rotation. Lorsque curlv=0\text{curl}\, v = 0, le champ est dit sans rotation, ou irrotationnel, ce qui caractérise souvent des champs potentiels dans la physique.

Le passage à des métriques pseudo-riemanniennes introduit une généralisation naturelle du théorème de la divergence et des opérateurs différentiels associés, comme la codifférentielle. Le produit scalaire induit par la métrique permet de définir une forme bilinéaire symétrique sur les espaces de formes différentielles, ouvrant la voie à des relations d’adjoint entre les opérateurs dd (dérivée extérieure) et δ\delta (codifférentielle). Cette dualité sous-tend la structure hodgeienne des variétés, essentielle pour l’analyse globale et la topologie différentielle.

L’application du théorème de Stokes à cette structure conduit à une formule intégrale généralisée, analogue à la formule de Green, qui établit une relation d’intégration par parties sur les formes différentielles et met en lumière la nature de ces opérateurs comme adjoints l’un de l’autre. Ces relations sont le point de départ pour étudier les propriétés topologiques des variétés, notamment via les théorèmes de Hodge, qui associent les solutions des équations différentielles aux classes de cohomologie.

Il est essentiel de comprendre que ces concepts, bien que formulés en langage abstrait de géométrie différentielle, possèdent des interprétations physiques directes. Par exemple, la circulation dans un fluide correspond au transport de masse ou de quantité de mouvement autour d’une courbe, tandis que la vorticité mesure localement la rotation du fluide. Ces idées s’étendent naturellement à des champs électromagnétiques où la divergence et le rotationnel interviennent dans les équations de Maxwell, établissant un pont entre analyse, géométrie et physique.

Au-delà de la compréhension formelle des opérateurs et des intégrales, la topologie joue un rôle clé. Certaines formes différentielles peuvent être fermées sans être exactes, ce qui reflète la présence de trous ou d’obstacles topologiques dans la variété. Par exemple, sur la sphère S2S^2, toute forme fermée est exacte, mais dans des espaces avec une topologie plus complexe, ce n’est pas le cas. Cette distinction a des conséquences majeures dans la classification des champs et dans l’étude des invariants topologiques.

Par ailleurs, les démonstrations classiques, telles que celle du théorème d’Archimède, trouvent leur formulation élégante dans ce cadre, reliant des concepts physiques — comme la poussée exercée par un fluide — à des intégrales géométriques. La formulation intégrale des équations de Maxwell dans l’espace euclidien R3\mathbb{R}^3 à partir de la divergence et du rotationnel illustre la puissance unificatrice de la géométrie différentielle dans la modélisation physique.

Enfin, les relations entre opérateurs différentiels, formes et métriques ne se limitent pas à la géométrie locale mais s’étendent à l’analyse globale sur les variétés, offrant des outils puissants pour explorer les structures sous-jacentes, qu’elles soient purement mathématiques ou issues de la modélisation physique.

Il est important de saisir que la notion de rotationnel ne se réduit pas à une simple dérivation locale mais est intrinsèquement liée à la structure globale de la variété et à son orientation, ainsi qu’à la métrique choisie. De plus, la compréhension des intégrales de formes différentielles et des opérateurs comme la dérivée extérieure, la codifférentielle et le star opérateur est cruciale pour appréhender pleinement le lien entre géométrie, analyse et physique. La topologie sous-jacente, la nature de la métrique, et les propriétés d’orientabilité jouent un rôle déterminant dans la validité des résultats et leur interprétation. Ces notions constituent la base indispensable pour toute étude avancée en géométrie différentielle et en physique mathématique.

Comment la régularité des champs vectoriels et des formes différentielles influence la structure d'une variété

Soit MM une variété orientée et gg une métrique définie sur MM. La question de la régularité des champs vectoriels et des formes différentielles sur cette variété est cruciale pour comprendre comment ces objets interagissent avec la géométrie sous-jacente. À partir de cette base, l'étude des champs vectoriels, des formes différentielles, ainsi que de leurs relations avec les volumes et les divergences dans des contextes spécifiques, comme les coordonnées euclidiennes, sphériques ou Minkowski, prend toute son importance.

Considérons d'abord une variété MM orientée, et une métrique gg lisse sur MM. Supposons maintenant que kNk \in \mathbb{N} et que MM est une variété de classe Ck+1C^{k+1}. En l'occurrence, les champs vectoriels, les formes différentielles et les fonctions sur MM sont supposés être de classe CkC^{k}, ce qui permet d’étendre les résultats habituels de régularité dans le cadre d'une analyse plus générale. En particulier, les propriétés qui sont valables pour des champs vectoriels réguliers de classe CC^\infty sont également valables pour des champs vectoriels de classe CkC^k, avec des ajustements qui prennent en compte la régularité moindre des objets.

Un exemple essentiel de cette régularité apparaît dans les coordonnées euclidiennes, où l'on peut facilement passer d'un champ vectoriel donné en termes de coordonnées x1,x2,,xmx_1, x_2, \dots, x_m à une forme différentielle. En effet, dans le cas euclidien, les coordonnées xjx_j permettent d'écrire le champ vectoriel v=j=1mvjxjv = \sum_{j=1}^m v_j \frac{\partial}{\partial x_j} comme une combinaison linéaire de formes différentielles vjdxjv_j dx_j. Cette correspondance directe entre le champ vectoriel et la forme différentielle est un cas particulier où la simplicité géométrique de la structure permet une représentation élégante et utile, qui ne nécessite pas de notations supplémentaires.

En ce qui concerne les coordonnées sphériques, la situation devient plus complexe mais aussi plus représentative des diverses transformations géométriques que l'on rencontre dans des contextes physiques, comme la relativité ou la mécanique céleste. Dans ce cadre, l’utilisation de coordonnées sphériques permet de redéfinir les champs vectoriels et les formes différentielles de manière adaptée aux symétries de la situation. La transition entre ces systèmes de coordonnées illustre comment la régularité des champs vectoriels et des formes peut changer sous des transformations non triviales tout en conservant certaines propriétés essentielles, comme la divergence et le flux.

Un aspect fondamental qui émerge dans cette discussion est celui de la divergence d'un champ vectoriel. Lorsqu'on travaille avec une variété orientée, la divergence joue un rôle central dans l'étude de la conservation des flux et des volumes. L'opérateur de divergence, appliqué à un champ vectoriel vV(M)v \in V(M), peut être relié à des éléments de la cohomologie de la variété, et sa définition à travers la métrique gg devient essentielle pour établir des relations profondes entre la géométrie locale et les propriétés globales de MM.

Prenons l'exemple de la métrique Minkowskienne dans l'espace-temps. Si XX est un ouvert de R14,3\mathbb{R}^{14,3} et fC1(X,R)f \in C^1(X, \mathbb{R}), la divergence de ff dans ce cadre particulier est déterminée par la métrique Minkowskienne, ce qui montre comment la structure géométrique influencera directement le comportement du champ. Ainsi, la métrique détermine comment les coordonnées temporelles et spatiales interagissent, et ce n'est que dans ce cadre qu'il est possible de formuler des relations précises entre la géométrie locale et les lois de la physique.

Les développements précédents s'intègrent dans un cadre plus général où les champs vectoriels et les formes différentielles sont liés par des isomorphismes entre des espaces modulaires, comme ceux définis par les équations (6.7) et (6.8). Ces isomorphismes sont essentiels pour comprendre comment les formes différentielles de degré mm et m1m-1 sont connectées aux champs vectoriels dans un espace orienté. Cela permet de modéliser de manière systématique la façon dont les objets géométriques se transforment sous des changements de base ou sous des transformations locales, tout en respectant les structures de l'espace sous-jacent.

Ainsi, pour tout champ vectoriel ou forme différentielle étudiée sur une variété MM, la compréhension des relations entre les coordonnées locales et les objets géométriques nécessite non seulement une bonne maîtrise des transformations de coordonnées mais aussi une réflexion sur la régularité et les propriétés des objets eux-mêmes dans le contexte de la métrique. Cela permet d'ouvrir la voie à une analyse fine des phénomènes physiques ou géométriques dans des cadres variés, qu'il s'agisse de la relativité, des phénomènes hydrodynamiques, ou des théories de jauge en physique théorique.