Soit une séquence d'éléments (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} de HH, telle que unL2(Ω)>nunm\|u_n\|_{L^2(\Omega)} > n \|u_n\|_m pour tout nNn \in \mathbb{N}. Par un argument d'homogénéité, nous pouvons supposer que unL2(Ω)=1\|u_n\|_{L^2(\Omega)} = 1. Nous avons alors également unm1\|u_n\|_m \leq 1, ce qui prouve que la séquence (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} est bornée dans H1(Ω)H^1(\Omega). Grâce aux théorèmes de compacité vus dans le chapitre 1 (Section 1.6), la séquence (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} est relativement compacte dans L2(Ω)L^2(\Omega). Nous pouvons supposer, après avoir extrait une sous-séquence, qu'il existe un uL2(Ω)u \in L^2(\Omega) tel que unuu_n \to u dans L2(Ω)L^2(\Omega) lorsque n+n \to +\infty. Puisque unL2(Ω)=1\|u_n\|_{L^2(\Omega)} = 1 pour tout nNn \in \mathbb{N}, nous avons également uL2(Ω)=1\|u\|_{L^2(\Omega)} = 1.

Nous remarquons que les dérivées (par transposition) de unu_n convergent vers celles de uu dans D(Ω)D^*(\Omega). Cependant, étant donné que unm1\|u_n\|_m \leq 1, nous avons un0\nabla u_n \to 0 dans L2(Ω)NL^2(\Omega)^N. La convergence dans L2L^2 implique la convergence dans D(Ω)D^*(\Omega), ce qui nous permet d'affirmer que u=0\nabla u = 0. Cela montre que uu est constant sur Ω\Omega (Problème 1.4). Étant donné que unuu_n \to u dans H1(Ω)H^1(\Omega) et que unHu_n \in H pour tout nNn \in \mathbb{N}, nous avons également uHu \in H et donc Ωu(x)dx=0\int_\Omega u(x) \, dx = 0. Ainsi, u=0u = 0 presque partout, ce qui est une contradiction puisque uL2(Ω)=1\|u\|_{L^2(\Omega)} = 1.

Dans cette situation, nous avons donc une contradiction qui démontre que la séquence (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} ne peut converger vers une fonction non nulle dans L2(Ω)L^2(\Omega).

Concernant la caractérisation de (H1(Ω))(H^1(\Omega))', considérons un v=(v1,,vN)tL2(Ω)Nv = (v_1, \dots, v_N)^t \in L^2(\Omega)^N. Nous définissons vL2(Ω)N=Ωv(x)2dx\|v\|_{L^2(\Omega)^N} = \int_\Omega |v(x)|^2 \, dx, de sorte que L2(Ω)NL^2(\Omega)^N équipé de cette norme est un espace de Hilbert. Pour un uHu \in H, nous posons J(u)=u=(D1u,,DNu)tJ(u) = \nabla u = (D_1 u, \dots, D_N u)^t. L'application JJ est alors une isométrie de HH (équipé de la norme m\|\cdot\|_m) dans un sous-ensemble de L2(Ω)NL^2(\Omega)^N, que l'on note Im(J)\text{Im}(J).

Si vIm(J)v \in \text{Im}(J), alors il existe un uHu \in H tel que v=J(u)v = J(u). On définit S(v)=T,u(H1(Ω)),H1(Ω)S(v) = \langle T, u \rangle_{(H^1(\Omega))', H^1(\Omega)}. Puisque JJ est une isométrie et que la norme H1(Ω)\|\cdot\|_{H^1(\Omega)} est équivalente à la norme m\|\cdot\|_m, l'application SS est une application linéaire continue du sous-espace Im(J)\text{Im}(J) de L2(Ω)NL^2(\Omega)^N vers R\mathbb{R}. Par le théorème de Hahn-Banach, on peut donc étendre SS à un élément S(L2(Ω)N)S \in (L^2(\Omega)^N)', l'espace dual topologique de L2(Ω)NL^2(\Omega)^N. Ensuite, grâce au théorème de représentation de Riesz dans les espaces de Hilbert, il existe un FL2(Ω)NF \in L^2(\Omega)^N tel que :

ΩS(v)=F(x)v(x)dx.\int_\Omega S(v) = F(x) \cdot v(x) \, dx.

Dès lors, pour tout uHu \in H, on obtient :

ΩT,u(H1(Ω)),H1(Ω)=ΩF(x)u(x)dx.\int_\Omega \langle T, u \rangle_{(H^1(\Omega))', H^1(\Omega)} = \int_\Omega F(x) \cdot \nabla u(x) \, dx.

La prochaine étape dans l'analyse consiste à étudier l'existence et l'unicité des solutions. En prenant v=1Ωv = 1_{\Omega} dans l'équation (2.25), on montre que a=0a = 0. Ensuite, en appliquant le théorème de Lax-Milgram (Théorème 2.3) dans l'espace de Hilbert HH équipé de la norme m\|\cdot\|_m avec a(u,v)=A(x)u(x)v(x)dxa(u, v) = A(x)\nabla u(x) \cdot \nabla v(x) \, dx et T(v)=F(x)v(x)dxT(v) = F(x) \cdot \nabla v(x) \, dx, on obtient une solution unique uHu \in H à l'équation (2.25) pour tout vHv \in H.

Cette approche démontre non seulement l'existence, mais aussi l'unicité de la solution dans l'espace HH.

L'analyse précédente, qui repose sur des principes d'isométrie, de compacité, et de théorèmes de dualité, est cruciale pour la compréhension des problèmes elliptiques linéaires. Cependant, il convient de noter que les hypothèses sous-jacentes sur la régularité de AA et FF, ainsi que sur les propriétés géométriques de Ω\Omega, sont essentielles pour garantir la validité des résultats obtenus.

Comment comprendre la convergence faible et les solutions des problèmes elliptiques

La convergence faible dans les espaces fonctionnels joue un rôle crucial dans la résolution des problèmes elliptiques, notamment ceux de type variationnel. Lorsqu'on examine un problème elliptique classique, on peut se retrouver face à une séquence de solutions approchantes (𝑢𝑛)𝑛∈ℕ, où chaque terme 𝑢𝑛 appartient à un sous-espace de Sobolev 𝐻1₀(Ω), l’espace des fonctions ayant des dérivées premières intégrables, avec des conditions de Dirichlet (c'est-à-dire vanishing at the boundary). L’étude de cette séquence nous permet de démontrer des propriétés importantes telles que la convergence faible de la séquence vers une solution 𝑢 dans 𝐻1₀(Ω), et ce, sous certaines conditions de régularité.

En partant de l’équation différentielle dans un domaine Ω, on suppose que les fonctions 𝑢𝑛 satisfont une équation variationnelle du type:

ΩAunvdx=ΩfnvdxvH01(Ω),\int_{\Omega} A \nabla u_n \cdot \nabla v \, dx = \int_{\Omega} f_n v \, dx \quad \forall v \in H_0^1(\Omega),

avec AA une forme bilinéaire coercive et fnf_n une séquence de termes qui converge faiblement. La solution de ce problème, unu_n, évolue avec nn, et il est important de vérifier la convergence faible de unu_n vers une solution uu. Le passage à la limite, lorsque n+n \to +\infty, conduit à un résultat fondamental : la séquence unu_n converge faiblement dans H01(Ω)H_0^1(\Omega) vers uu, ce qui signifie que, bien que les unu_n ne convergent pas nécessairement dans le sens fort, la convergence dans le sens faible garantit la validité de l'approximation de la solution.

Un point clé de cette analyse est la notion de continuité séquentielle dans les espaces L2(Ω)L^2(\Omega)-faible et H01(Ω)H_0^1(\Omega). Le théorème de Rellich fournit les bases nécessaires pour montrer que si unu_n converge faiblement dans H01(Ω)H_0^1(\Omega), alors elle converge fortement dans L2(Ω)L^2(\Omega), un espace de Sobolev plus régulier. Ce résultat est central dans le cadre des problèmes elliptiques, où il est souvent nécessaire d’étudier les solutions à travers des approximations successives qui convergent faiblement.

Cependant, bien que la convergence faible assure l’existence d’une solution dans H01(Ω)H_0^1(\Omega), elle ne garantit pas automatiquement la continuité entre les espaces L2(Ω)L^2(\Omega)-faible et H01(Ω)H_0^1(\Omega). En fait, la continuité entre ces espaces dépend des propriétés spécifiques du problème, notamment la coercivité de la forme bilinéaire et l'adhérence des suites fnf_n. Il est donc crucial de bien comprendre que, même si une solution existe, l'analyse des convergences faibles impose une attention particulière à la nature de cette convergence, en particulier dans le cadre de théorèmes tels que celui de Rellich.

D’un point de vue algorithmique, les résultats de cette analyse permettent de développer des méthodes numériques permettant d’approcher ces solutions par discrétisation, tout en contrôlant les erreurs liées à la convergence faible. Il est donc impératif de veiller à ce que les espaces de fonctions utilisés pour la discrétisation respectent les propriétés fonctionnelles du problème continu, afin d’assurer que la convergence faible dans le problème continu se reflète adéquatement dans la solution numérique.

En outre, il est important de souligner que la convergence faible ne signifie pas nécessairement la convergence des termes dans le sens normatif. Cette distinction est primordiale lors de l’étude de problèmes impliquant des fonctions non régulières ou des conditions de bord complexes. Bien que la convergence faible garantisse l’existence d’une solution, elle peut ne pas fournir des informations suffisantes pour effectuer des analyses détaillées du comportement des solutions dans des espaces plus rigides, comme les espaces L(Ω)L^\infty(\Omega), d'où l'importance des tests supplémentaires, comme ceux d’intégrabilité ou de régularité, pour des problèmes complexes.

La compréhension de ces nuances, notamment en ce qui concerne la convergence dans les différents espaces de Sobolev, et l'application correcte des théorèmes comme celui de Rellich, sont essentielles pour la résolution efficace des équations différentielles partielles et la validation des méthodes numériques utilisées en approximation de ces solutions.