L’instabilité chronique de la cheville, souvent liée à une lésion des ligaments latéraux, peut s’accompagner d’une instabilité rotatoire plus complexe. Bien que certains patients ne ressentent pas de douleur médiale, il est crucial d’évaluer le complexe ligamentaire médial lors de la réparation ou reconstruction des ligaments latéraux, en particulier le ligament deltoïde. En effet, une lésion en « livre ouvert » du ligament deltoïde est souvent révélatrice d’une instabilité rotatoire, qui nécessite une prise en charge globale comprenant la réparation simultanée des ligaments latéraux et médiaux.

La reconnaissance précoce de cette instabilité rotatoire est essentielle pour éviter les complications post-opératoires, telles que la douleur médiale persistante après une intervention sur les ligaments latéraux. Le diagnostic repose sur un examen clinique minutieux et l’imagerie ciblée, parfois complétée par une arthroscopie, qui permet une évaluation fine de l’état des ligaments et des structures intra-articulaires. Les travaux de Vega, Dalmau-Pastor et leurs collaborateurs soulignent l’importance d’une prise en charge chirurgicale adaptée qui ne néglige aucune composante ligamentaire responsable de l’instabilité.

L’impingement antérieur de la cheville est fréquemment associé à une instabilité chronique, avec des phénomènes mécaniques d’écrasement des tissus mous ou de formations osseuses ostéophytaires. Ces lésions peuvent apparaître après des entorses répétées ou mal soignées, entraînant douleurs, blocages et limitation fonctionnelle. La chirurgie arthroscopique s’est imposée comme une technique de choix pour le traitement de ces syndromes d’impingement, permettant une décompression précise et moins invasive. Elle offre des résultats favorables à long terme, notamment une réduction significative de la douleur et une amélioration de la fonction articulaire.

Les études récentes démontrent que l’impingement n’est pas uniquement dû à des excroissances osseuses, mais aussi à des atteintes des tissus mous, telles que la synovite ou des adhérences. Une approche diagnostique exhaustive, intégrant l’imagerie avancée (IRM, arthrographie) et l’exploration arthroscopique, est donc indispensable pour adapter le traitement. La compréhension fine des interactions biomécaniques entre les ligaments latéraux, le ligament deltoïde et les structures osseuses est fondamentale pour éviter les récidives d’instabilité et les complications liées à un impingement non traité.

En complément de la prise en charge chirurgicale, une rééducation spécifique et adaptée est primordiale pour restaurer la proprioception, la stabilité dynamique et la fonction musculaire autour de la cheville. Ce volet thérapeutique contribue largement à améliorer les résultats à long terme et à prévenir les nouvelles entorses.

Il est aussi important de considérer que l’anatomie variable de la mortaise tibio-talienne, ainsi que des variations individuelles dans la morphologie osseuse, peuvent influencer la prédisposition à l’instabilité et à l’impingement. Le clinicien doit donc adopter une démarche personnalisée, tenant compte de ces facteurs anatomiques et biomécaniques, pour optimiser les résultats thérapeutiques.

Enfin, l’instabilité chronique de la cheville est une pathologie multifactorielle qui nécessite une évaluation globale des lésions ligamentaires, osseuses et capsulaires, ainsi qu’une approche thérapeutique combinée. La chirurgie arthroscopique, couplée à une réparation ligamentaire appropriée, reste une méthode efficace pour traiter les complications liées à cette instabilité, en améliorant la qualité de vie des patients.

Quelle classification des blessures de Lisfranc permet d'améliorer le diagnostic et le traitement ?

Les fractures et blessures au niveau du pied, en particulier celles affectant la région de Lisfranc, posent un véritable défi diagnostique, notamment en raison de leur nature complexe et variée. Les blessures de Lisfranc peuvent être liées à des traumatismes à haute ou basse énergie, chacune de ces catégories présentant des particularités diagnostiques et thérapeutiques. La difficulté majeure réside dans les lésions qui passent inaperçues lors des examens classiques, mais qui peuvent, à terme, mener à une perte fonctionnelle importante si elles ne sont pas traitées adéquatement.

La classification des blessures de Lisfranc a été affinée au fil du temps afin de mieux structurer les approches diagnostiques et thérapeutiques. Une des classifications les plus récentes et pertinentes a été proposée par Schepers et Rammelt. Ils distinguent les lésions en trois colonnes principales : médiale, centrale et latérale. Cette approche permet de classer les blessures par niveaux de gravité, allant de simples blessures ligamentaires ou fractures avulsives, à des fractures comminutives affectant plus de 50% de la surface articulaire des joints tarso-métatarsiens.

La classification des lésions par Arrondo et al., qui divise les lésions de Lisfranc en types « cachés » et « évidents », a été adoptée par de nombreux praticiens pour son efficacité dans la gestion de ces fractures. Les lésions cachées, qui ne montrent aucune anomalie radiologique évidente lors des radiographies standards, peuvent être subdivisées en deux sous-types : les lésions stables, où aucune anomalie radiologique n'est détectée sous stress, et les lésions instables, où des anomalies radiologiques apparaissent sous contrainte. Les lésions évidentes, quant à elles, sont visibles sur les radiographies classiques et sont classées selon qu'elles soient simples ou comminutives.

Dans le cadre du diagnostic, il est crucial de comprendre que les radiographies classiques, bien qu’elles soient souvent suffisantes pour détecter des lésions évidentes, ne permettent pas toujours d’identifier des blessures plus subtiles, notamment celles dues à un traumatisme de faible énergie. Les radiographies de charge, que ce soit bilatérales ou monopodales, offrent une information plus précise sur le degré de déplacement et d’instabilité, en particulier en cas de doute diagnostique. Il est essentiel de réaliser ces radiographies comparatives entre les pieds pour détecter une éventuelle différence de plus de 2 mm dans l’alignement des os, ce qui indique une instabilité de la région tarso-métatarsienne.

Les tests de radiographies de stress, comme le test d'abduction manuelle décrit par Coss, sont également un outil diagnostique précieux. Ce test, qui implique la manipulation du pied pour provoquer une instabilité artificielle, permet de visualiser des déplacements supplémentaires et d’affiner le diagnostic, particulièrement lorsqu'une instabilité est suspectée malgré des radiographies classiques normales.

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la tomodensitométrie (TDM) jouent également un rôle clé dans le diagnostic des blessures de Lisfranc, en particulier pour détecter des fractures cachées ou des lésions ligamentaires. L'IRM, par exemple, offre une grande précision pour l’analyse des tissus mous et des ligaments, permettant de détecter des signes de laxité articulaire et d'instabilité qui ne sont pas toujours visibles sur les radiographies ou la TDM. Cependant, bien que la TDM permette de mieux visualiser les fractures et les subluxations articulaires, elle reste un examen statique et ne permet pas de détecter directement les instabilités fonctionnelles, d’où l’importance de l’usage complémentaire d’autres modalités diagnostiques.

Le traitement des blessures de Lisfranc varie en fonction de la gravité de la lésion. Pour les fractures simples ou les blessures ligamentaires non instables, une prise en charge conservatrice, incluant l’immobilisation et la rééducation, peut suffire. Cependant, dans le cas de fractures comminutives ou de lésions instables, une intervention chirurgicale est souvent nécessaire pour rétablir l’alignement et la stabilité de l’articulation. Il est crucial que la prise en charge soit rapide et bien ciblée pour éviter les complications à long terme telles que la douleur chronique, la perte de fonction et le développement d’arthrite post-traumatique.

Les lésions de Lisfranc, bien que relativement rares, peuvent avoir des conséquences sévères si elles sont négligées. Les erreurs de diagnostic peuvent atteindre jusqu’à 50%, ce qui souligne l’importance de méthodes d’imagerie fiables et d’un diagnostic précoce. En outre, le rôle du spécialiste dans l’interprétation des signes cliniques, tels que les hématomes plantaires, et la mise en œuvre de tests diagnostiques complémentaires est fondamental pour éviter les erreurs et optimiser les résultats fonctionnels à long terme.