Lors de son entretien, Jeff Kaufmann (2019) a abordé la question du « populisme », cette tendance à s'opposer fermement à l'establishment, particulièrement présente parmi l'électorat de l'Iowa, et plus spécifiquement dans les zones rurales. Kaufmann fait remarquer qu'on a pu observer cette dynamique dès la saison des primaires, à la fois entre Bernie Sanders et Hillary Clinton, mais aussi entre Donald Trump et « les gens de Bush ». Puis, lors de l'élection générale, un nombre significatif d'électeurs ont manifesté leur intention de soutenir un candidat populiste, quoi qu'il en soit (D’Alessandro, 2018). L’analyse des données issues des interviews et des sondages montre que cet élan populiste était bel et bien présent. Selon Jeff Boeyink (2018), l’élection de 2016 a constitué une « réprobation nette des pratiques habituelles à Washington ». Lorsqu'un électeur républicain de l'Iowa du Nord-Est a décrit cette élection, il a évoqué une élection où « l’électorat déçu, frustré par le processus, est revenu dans le jeu en trouvant un champion de leur cause en Donald Trump », suggérant que des électeurs, insatisfaits du « train-train politique habituel », étaient prêts à participer à nouveau, ou peut-être pour la première fois, car ils avaient trouvé un « agent de changement ».
David Kochel (2018) a également souligné la manière dont Trump a utilisé son statut de candidat « outsider » pour séduire non seulement les électeurs républicains mais aussi les électeurs sans affiliation politique. Beaucoup de ces électeurs ont adhéré à son message d’opposition à Washington et à la politique traditionnelle. Ils croyaient que Trump, en tant qu’homme d’affaires milliardaire, pourrait enfin résoudre les problèmes qui échappaient à l’establishment politique, convaincus qu’il « casserait la tête » à Washington et « renverserait l’ordre établi ». Cette image d'un homme en dehors du système a trouvé un écho auprès de nombreux électeurs.
L’analyse des données des élections de 2016 dans l'Iowa met en lumière une différence marquée d'enthousiasme entre les soutiens de Donald Trump et ceux de Hillary Clinton, une différence qui peut, en partie, être attribuée à l’antipathie envers Clinton, remontant à la campagne de 2008. Les données révèlent également de profondes divergences quant à la manière dont les deux campagnes étaient perçues. La campagne de Clinton était perçue comme étant très traditionnelle, axée sur la construction d’un réseau d’opérateurs politiques expérimentés, et soutenue par une approche analytique. En revanche, l’organisation de Trump était perçue comme non traditionnelle et minimaliste, reposant principalement sur une approche de terrain, soutenue par ses partisans, qui étaient prêts à consacrer leur temps pour faire du porte-à-porte ou pour convaincre leurs proches de le soutenir.
Un autre élément clé de cette analyse réside dans la perception que Clinton n’était pas suffisamment visible dans les zones rurales de l'Iowa, ce qui a conduit à ce que ces régions soient largement acquises à Trump. Ce phénomène est d'autant plus important qu'il souligne la division entre les zones urbaines et rurales, division qui a façonné de manière décisive les résultats de l’élection. En effet, la campagne de Trump a trouvé un terrain fertile dans ces régions où l’écart entre les valeurs et priorités urbaines et rurales était particulièrement marqué.
L'un des facteurs essentiels qui a influencé les choix de vote en Iowa en 2016 était le populisme, particulièrement chez les électeurs sans affiliation partisane et ceux qui, après avoir soutenu Barack Obama en 2008 ou 2012, ont changé d’opinion pour se rallier à Trump. Ce phénomène a révélé un besoin de changement profond dans la manière dont la politique était menée à Washington. Les électeurs, désenchantés par un système qu’ils jugeaient inefficace, ont vu en Trump un candidat capable de secouer les institutions en place.
Un autre aspect important réside dans le rôle que le sexisme et le racisme ont pu jouer dans cette élection. Certains observateurs s'interrogent sur la mesure dans laquelle l'hostilité envers Hillary Clinton pourrait être attribuée à des préjugés sexistes. De même, la rhétorique de Trump sur l’immigration et ses propos sur les Mexicains ou les musulmans ont amené certains à se demander si le soutien à Trump n’était pas également alimenté par des attitudes racistes. Bien que ces questions aient été soulevées, les preuves de leur influence restent mitigées. En effet, les mentions du sexisme et du racisme dans les réponses des sondés étaient peu fréquentes. La plupart des répondants qui ont jugé que ces facteurs avaient joué un rôle étaient des électeurs démocrates. Il est intéressant de noter que, bien que le sexisme et le racisme aient été évoqués par certains, leur influence dans les décisions de vote n'a pas été jugée déterminante par une majorité des participants.
Il est essentiel de comprendre que, même si le populisme a été un facteur clé, il n’a pas agi seul dans la décision de nombreux électeurs de soutenir Trump. D’autres éléments, tels que la perception de l’incapacité de l’establishment à répondre à leurs préoccupations, ont également contribué à la montée de cette dynamique populiste. En fin de compte, l'élection de 2016 en Iowa met en lumière une transition vers une forme de politique moins traditionnelle, plus virulente et plus axée sur l'image d’un outsider prêt à « chambouler » le système, des dynamiques qui continuent de façonner la politique américaine contemporaine.
Pourquoi la performance de Trump en Iowa en 2016 dépendait-elle du profil démographique et éducatif des comtés ?
L’analyse des résultats électoraux en Iowa lors de l’élection présidentielle de 2016 révèle des dynamiques complexes concernant le comportement des électeurs au niveau des comtés. La performance de Donald Trump par rapport à Mitt Romney en 2012 semble moins liée à un simple renforcement du soutien républicain traditionnel ou des évangéliques, qu’à une recomposition sociopolitique centrée sur les comtés ruraux et les populations blanches de classe ouvrière. Ces comtés, souvent situés en périphérie des zones métropolitaines ou dans des régions rurales plus isolées, ont montré une surperformance significative de Trump.
Les données indiquent que dans les comtés avec une population supérieure à 20 000 habitants, la surperformance de Trump, mesurée par rapport à Romney, était en moyenne de 11,7 % dans ceux adjacents à une métropole, et de 14,4 % dans les comtés non adjacents. Ce phénomène se retrouve également chez les comtés les plus ruraux, ce qui suggère que l’éloignement des centres urbains n’est pas un facteur négligeable dans la compréhension du vote.
Plus encore, la variable éducative émerge comme un déterminant crucial : la proportion de résidents blancs diplômés de l’enseignement supérieur influence négativement la surperformance de Trump. Statistiquement, une diminution d’un écart-type dans la part des blancs diplômés est associée à une augmentation moyenne de 3,5 % dans la surperformance de Trump. Ce lien révèle que la coalition gagnante de Trump reposait en grande partie sur les électeurs blancs, de classe ouvrière, moins éduqués, contrastant avec un électorat plus instruit, moins favorable à son avance par rapport à Romney.
Le phénomène des "comtés pivots", ceux qui sont passés du vote Obama en 2012 au vote Trump en 2016, illustre cette dynamique. Sur 32 comtés pivots en Iowa, la majorité se situait dans l’est rural de l’État. L’analyse logistique de la probabilité qu’un comté bascule vers Trump démontre que cette probabilité diminue avec l’augmentation de la part de républicains ou d’évangéliques dans la population, car ces comtés étaient déjà acquis à Romney. Par ailleurs, le statut rural ou urbain n’apparaît pas comme un facteur statistiquement significatif dans ce basculement, contrairement à la variable du niveau d’éducation, qui est la plus robuste et significative. Moins un comté compte de blancs diplômés, plus il a de chances de basculer.
Ainsi, il ne s’agit pas uniquement d’une opposition ville-campagne, mais plutôt d’une division socio-économique et culturelle portée par le niveau d’éducation. La montée en puissance de Trump en Iowa peut donc s’interpréter comme la consolidation d’un bloc électoral blanc, rural, et faiblement diplômé, qui s’est détourné des démocrates, créant une fracture nouvelle dans l’électorat.
Il est essentiel de saisir que cette recomposition électorale ne s’explique pas seulement par la géographie ou la religion, mais par la manière dont les transformations socio-économiques locales affectent la perception des candidats et leur capacité à mobiliser certains segments de population. L’importance de l’éducation dans cette dynamique souligne un changement profond dans les alliances politiques, où le capital culturel devient un marqueur plus déterminant que les affiliations partisanes traditionnelles. Cette lecture permet de comprendre pourquoi certains territoires ont basculé, au-delà des simples clivages habituels, révélant les tensions structurelles qui traversent la société américaine contemporaine.
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