Dans le contexte économique, la question de l'emploi total et de l'inflation a longtemps préoccupé les économistes, bien que la situation idéale d'une économie à plein emploi reste largement inatteignable. En théorie, un tel état suppose que tous les facteurs de production soient pleinement utilisés, c’est-à-dire que le travail, le capital et les ressources naturelles fonctionnent à leur capacité maximale. Cependant, la réalité économique montre que des éléments comme le chômage structurel, frictionnel ou saisonnier rendent un chômage nul presque impossible à réaliser, même dans les meilleures conditions économiques.

Le concept de taux naturel de chômage reflète cet état de choses : il représente le taux de chômage auquel l'économie peut atteindre une stabilité à long terme, sans fluctuations temporaires dues aux variations des prix ou des salaires. Ce taux n’est cependant pas fixe ; il fluctue selon les conditions économiques globales, mais il demeure généralement au-dessus de zéro, à cause des diverses imperfections du marché du travail.

En parallèle, l’inflation, qui est définie comme l'augmentation générale des prix, découle de plusieurs facteurs. D’abord, il y a l'inflation par demande, qui survient lorsque la demande de biens et services dépasse l’offre disponible, particulièrement lorsque l'économie est proche du plein emploi. Ensuite, l’inflation par coût, qui est alimentée par l’augmentation des coûts de production, notamment les salaires et les matériaux. L’inflation structurelle, quant à elle, se manifeste lorsque les prix et les salaires sont rigides à la baisse mais flexibles à la hausse, souvent en raison de prix administrés, tels que le salaire minimum ou les accords entre syndicats et employeurs.

Une forme spécifique d’inflation appelée "inflation sociale" se produit lorsque les dépenses publiques dans des programmes sociaux (comme les prestations de sécurité sociale ou les subventions de loyer) augmentent sans une hausse concomitante de la productivité. Ces programmes, souvent indexés sur l’inflation pour s’ajuster aux coûts de la vie, peuvent créer une pression inflationniste supplémentaire. À cet égard, l’inflation budgétaire survient lorsque les dépenses publiques augmentent sans un ajustement équivalent des taxes, exacerbant ainsi l’inflation dans une économie déjà proche du plein emploi.

Un phénomène moins courant, mais significatif, est la stagflation, qui se caractérise par une stagnation économique accompagnée d’une inflation élevée. Ce phénomène s'est manifesté de manière marquante dans les années 1970, après le choc pétrolier de l’OPEP, où la hausse des prix de l’énergie a conduit à une combinaison de chômage élevé et d’inflation galopante, défiant la croyance classique selon laquelle il existe un compromis inversé entre ces deux variables. La courbe de Phillips, qui avait longtemps illustré une relation inverse entre le taux de chômage et le taux d’inflation, a été remise en question par la stagflation, obligeant les économistes à revoir leurs modèles économiques.

Le lien traditionnel entre chômage et inflation repose sur l’idée que lorsqu’il y a un faible chômage, la demande de biens et services augmente, entraînant une pression sur les prix. A contrario, lors de périodes de chômage élevé, la demande globale diminue, ce qui entraîne une baisse des prix. Cependant, la stagflation a montré que cette relation n’était pas toujours aussi simple.

L’approche théorique selon laquelle le chômage reviendrait toujours à un taux naturel, indépendamment des fluctuations de l’inflation, a été popularisée par des économistes comme Milton Friedman et Edmund Phelps. Selon cette vision, lorsque le chômage est inférieur au taux naturel, il y a une pression à la hausse sur les salaires, ce qui entraîne une augmentation du chômage, tandis que lorsque le chômage est supérieur au taux naturel, les salaires baissent, ce qui ramène le chômage à son niveau naturel. À long terme, cette dynamique suggère que la courbe de Phillips ne suit pas une relation inversée, mais plutôt une ligne verticale.

Sur le plan pratique, l'inflation affecte directement le pouvoir d'achat des consommateurs. Elle dévalue l’argent au fil du temps, rendant les produits et services plus coûteux sans augmentation correspondante des revenus. Cette dévaluation du pouvoir d’achat, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), affecte particulièrement les consommateurs dont les revenus ne suivent pas le rythme de l’inflation. Cela provoque une réduction du revenu réel et un affaiblissement de la consommation globale.

L’histoire économique a montré que les préoccupations liées au chômage ont souvent pris le pas sur celles concernant l’inflation. Après la Grande Dépression des années 1930, où le taux de chômage a atteint des niveaux catastrophiques, les économistes ont pris conscience que les marchés ne s’autorégulent pas toujours de manière efficace. Ce fut l’apport fondamental de John Maynard Keynes, qui a remis en cause l'idée classique selon laquelle les marchés se corrigent naturellement. Selon lui, les récessions prolongées résultent non d’un simple déséquilibre temporaire, mais d'une incapacité du marché à se redresser en raison d'une insuffisance de la demande effective.

Il est donc essentiel de comprendre que, même dans une économie de marché, certaines formes de chômage et d’inflation sont inévitables. Le plein emploi, en particulier, reste un objectif difficile à atteindre, car il nécessite une parfaite adéquation entre les compétences de la main-d'œuvre et les besoins du marché. De plus, l’inflation, bien qu’elle soit souvent perçue négativement, peut avoir des causes multiples et complexes, allant de l’excès de demande à des coûts de production croissants, en passant par des politiques fiscales et monétaires.

Quels fondements théoriques sous-tendent la budgétisation publique moderne ?

L’évolution de la pensée économique appliquée à la finance publique trace une trajectoire où les préoccupations budgétaires ne peuvent plus être isolées de la théorie du choix social, de la rationalité individuelle ou encore des effets systémiques liés aux externalités. L’œuvre d’Arrow (1959), par exemple, introduit les paradoxes du choix collectif, soulignant les limites d'une agrégation cohérente des préférences individuelles. Ce cadre éclaire les tensions entre efficacité économique et légitimité démocratique dans les processus budgétaires.

Barro (1974) s’interroge sur la véritable nature de la dette publique, suggérant dans sa théorie d’équivalence ricardienne que les obligations émises par l’État ne constituent pas nécessairement une richesse nette pour les ménages. Cette approche invite à considérer la dette non comme un levier perpétuel, mais comme une variable intertemporelle intégrée aux décisions privées d’épargne. Ainsi, les choix budgétaires ne peuvent se comprendre qu’à travers leurs effets anticipés sur les comportements microéconomiques.

Parallèlement, la tradition de Buchanan et Tullock (1962) dans The Calculus of Consent redéfinit la finance publique comme le produit de contrats constitutionnels entre individus rationnels. Ce changement de paradigme – du pouvoir centralisé vers un cadre contractuel – a ouvert la voie à des approches plus analytiques de la gouvernance budgétaire, intégrant les incitations bureaucratiques, comme l’avait anticipé Niskanen dans sa théorie du "budget-maximizing bureau".

La question de l’efficience dans les dépenses publiques est également posée par Aschauer (1989), qui établit une corrélation positive entre investissement public et productivité privée. Cette vision conteste les approches purement comptables de la budgétisation en intégrant une perspective dynamique sur l’allocation des ressources. Elle est renforcée par des études comme celles de Bland et Nunn (1992), qui montrent l’impact différencié de l’investissement en capital sur les budgets de fonctionnement des municipalités.

La modélisation du comportement gouvernemental, notamment à travers les analyses économétriques de séries temporelles (Baghestani et McNown, 1995), marque une autre étape cruciale. L’État devient un acteur économique prévisible, dont les choix peuvent être anticipés, modélisés et évalués. Cela renforce le besoin d’indicateurs de performance, tels que ceux proposés par Castro (2011), pour améliorer la reddition de comptes et l’efficience décisionnelle.

L’économie publique contemporaine ne saurait s’abstraire non plus des approches expérimentales, comme celles de Bohm (1972), qui tentent de mesurer la demande réelle pour les biens publics dans des environnements contrôlés. Cette tentative de quantification de la "préférence publique" complète les analyses théoriques par une base empirique, indispensable dans les sociétés pluralistes et informationnellement asymétriques.

Enfin, la budgétisation publique s’inscrit dans un dialogue permanent entre la logique économique et les contraintes institutionnelles. Les études du Congressional Budget Office (2023) illustrent comment les perspectives économiques à long terme influencent les priorités budgétaires, alors que des travaux comme ceux de Copeland (2011) insistent sur l’importance de la comptabilité adaptée aux spécificités du secteur public.

Il est crucial de reconnaître que derrière chaque instrument budgétaire – qu’il s’agisse de la dépense discrétionnaire, du financement des investissements ou des allocations fiscales – se trouve un enjeu de pouvoir, d’information et de choix social. La théorie économique, loin de se réduire à des abstractions, devient un outil d’analyse des décisions réelles, des compromis politiques, et des tensions entre générations.

Quelle est la relation entre la flexibilité du système fiscal et la génération de revenus pour l'État ?

Le fardeau fiscal peut être réparti de manière inégale entre les individus, ce qui entraîne une perte sèche difficile à éviter lorsque cette charge repose de manière disproportionnée sur certains groupes. Cela peut expliquer en partie pourquoi les gouvernements utilisent plusieurs sources de revenus plutôt qu'une seule, afin de répartir ce fardeau et d’éviter qu'il ne pèse trop lourdement sur un groupe de revenu particulier. En d'autres termes, il est important de distribuer cette responsabilité entre différents groupes de revenus et sources autant que possible pour minimiser les effets néfastes de cette charge excédentaire. Cela peut toutefois augmenter les coûts administratifs de la fiscalité, comme le soulignent Yang et Stitt (1995).

L'un des éléments clés d'un système fiscal efficace est sa capacité à s'adapter aux fluctuations économiques. En effet, toutes les économies, en particulier celles basées sur le marché, traversent périodiquement des périodes de prospérité et de récession, même dans les meilleures conditions. Cela signifie que la base fiscale, à partir de laquelle le gouvernement prélève ses recettes, doit être flexible afin de répondre aux besoins changeants de la société. En règle générale, plus une base fiscale est flexible par rapport au système fiscal, plus le gouvernement sera en mesure de générer les recettes nécessaires à partir de cette base. Bien que tous les impôts soient flexibles à long terme, le degré de flexibilité varie en fonction de la nature de l’impôt, de l’état de l'économie et de la volonté du public à accepter des modifications, en particulier une augmentation des impôts. Toutefois, il existe des moyens pour un gouvernement d'augmenter ses recettes à partir d’une base fiscale existante, tant que cette base est flexible et que des opportunités permettent d’accroître les revenus.

L'expansion de la base fiscale constitue l'une des premières mesures à envisager pour augmenter les recettes sans nécessairement augmenter les taux d'imposition. Un impôt repose sur une base fiscale définie par la loi, et la croissance de cette base dépend souvent de la méthode utilisée par un gouvernement pour générer les recettes nécessaires, sans avoir besoin d'augmenter les taux. Par exemple, si un gouvernement dépend largement de l'impôt foncier, il peut augmenter la base fiscale en autorisant une réévaluation des biens, en ajustant leur valeur marchande, sans avoir besoin d’augmenter les taux. De même, dans le cas de l'impôt sur le revenu, il est possible d'élargir la base fiscale en modifiant certaines dispositions du code fiscal, sans nécessairement augmenter les taux d'imposition, à condition qu’il n’y ait pas de perte significative de bien-être global.

Cependant, pour qu’un gouvernement puisse réellement récolter plus de revenus en réduisant certaines dispositions fiscales, l’économie doit être suffisamment stable et forte pour soutenir ces ajustements. En règle générale, les gouvernements préfèrent récolter leurs revenus à partir d'une base stable et à potentiel de croissance, plutôt que d’une base stagnante ou imprévisible. Malheureusement, les éléments de base de revenus à fort potentiel de croissance sont souvent les moins stables, comme la base de l’impôt sur le revenu, qui varie avec les conditions économiques.

Une autre option consiste à augmenter les taxes, soit en augmentant les taux d'imposition sur une source existante, soit en introduisant une nouvelle source d'imposition. Toutefois, cette méthode n'est pas toujours attrayante, car il existe des obstacles juridiques et politiques qui peuvent empêcher l’augmentation des taxes. De plus, du point de vue pratique, il y a une limite à l’augmentation des recettes qu’un gouvernement peut obtenir en augmentant les taux d'imposition. Selon la courbe de Laffer (2004), qui a influencé la théorie de l'économie de l’offre dans les années 1970 et 1980, les taux d’imposition plus élevés ont tendance à produire des rendements décroissants. Cela signifie que l'augmentation du taux d'imposition génère des recettes supplémentaires jusqu'à un certain point, au-delà duquel les recettes fiscales commencent à diminuer. En effet, si les taux d’imposition sont trop élevés, cela peut réduire les incitations à travailler ou à prendre des risques pour les entreprises, ce qui pourrait entraîner une baisse des recettes fiscales.

Enfin, un gouvernement peut toujours chercher à générer des revenus à partir de sources non taxées, en particulier les revenus non fiscaux, comme les frais d'utilisation, les amendes, les permis, ou encore les revenus intergouvernementaux. Ces sources ne dépendent pas des taxes et peuvent constituer un moyen efficace pour l'État d’augmenter ses recettes sans imposer de charges excessives aux contribuables. De plus, un gouvernement peut avoir recours à des financements créatifs, comme la vente ou la location d’actifs sous-utilisés, tels que des terrains ou des bâtiments, pour augmenter ses revenus. Cependant, il convient de noter que le nombre de sources non exploitées s’est considérablement réduit au fil des ans, car les gouvernements sont en compétition pour ces nouvelles sources de revenus. De plus, le montant réel que l’on peut tirer de ces sources peut ne pas suffire à combler le fossé des recettes fiscales, bien qu'il puisse y avoir des exceptions.

Il est important de noter que, quel que soit le mode de financement choisi, les contribuables ont tendance à préférer les sources non fiscales tant que cela n'implique pas de payer davantage d'impôts. En fin de compte, le défi reste de maintenir un système fiscal qui soutient l'État sans alourdir excessivement la charge des citoyens, tout en garantissant que les revenus collectés permettent à l'État de répondre aux besoins de la société.

Comment évaluer un système fiscal efficace et équitable?

Un des moyens principaux par lesquels un gouvernement collecte ses revenus est à travers l’imposition. Bien que d'autres sources de financement existent, telles que les frais d'utilisation, les amendes ou les transferts intergouvernementaux, les impôts restent la pierre angulaire du financement public. Chaque décision relative à l’augmentation des recettes fiscales a un impact direct non seulement sur le gouvernement, mais aussi sur les citoyens et la société dans son ensemble. Par conséquent, il est crucial de comprendre les principes qui sous-tendent ces décisions fiscales, notamment les caractéristiques qui définissent un système fiscal désirable.

L'efficacité fiscale, en particulier, joue un rôle fondamental dans les décisions d'un gouvernement. L'une des préoccupations majeures des économistes et des décideurs politiques est le fardeau excessif des impôts, c'est-à-dire l'inefficacité qu'un impôt peut générer lorsqu’il altère trop les décisions économiques des individus ou des entreprises. L'excès de fardeau se mesure par la perte de bien-être qui résulte de la distorsion que crée un impôt sur les comportements de consommation et d'investissement. Par exemple, si une taxe incite une entreprise à réduire sa production en raison de l’augmentation des coûts, cela représente une perte d’efficacité, car la société perd les avantages d'une production supplémentaire qui aurait été bénéfique.

Le concept d'équité est également central dans l'évaluation d'un système fiscal. L'équité en matière d'impôts se décline en deux grandes catégories : l'équité horizontale et l'équité verticale. L’équité horizontale stipule que des individus dans des situations similaires devraient être traités de la même manière par le système fiscal. En revanche, l’équité verticale fait référence à l'idée que les individus plus riches devraient contribuer davantage que les moins riches, en proportion de leurs revenus ou de leur capacité à payer. L’une des grandes difficultés réside dans le fait que les décisions fiscales des gouvernements sont souvent influencées par des considérations politiques, ce qui complique la mise en place d’un système entièrement équitable.

Le principe de l'efficacité de Pareto, qui repose sur l'idée que toute redistribution qui améliore la situation d'une personne sans nuire à une autre est souhaitable, est souvent cité dans le cadre des réformes fiscales. Toutefois, dans la pratique, atteindre un tel équilibre peut être difficile, notamment lorsque les intérêts des groupes sociaux sont opposés. Il est rare qu'un système fiscal soit parfaitement optimal, mais un compromis peut être trouvé pour parvenir à un système fiscal « presque optimal » qui offre des bénéfices acceptables tout en limitant les coûts.

Un autre principe important est celui de la flexibilité du système fiscal. La capacité d'adapter les taux et les structures fiscales face aux changements économiques est essentielle pour maintenir la stabilité des finances publiques à long terme. L’instabilité fiscale peut créer des incertitudes qui nuisent à l’investissement et à la croissance économique. Une flexibilité suffisante permet à un gouvernement de répondre aux crises économiques et de s'ajuster aux nouveaux besoins de la société sans perturber complètement l’équilibre fiscal.

En matière de simplicité, un système fiscal devrait être aussi simple que possible. La complexité des systèmes fiscaux modernes peut entraîner des coûts administratifs élevés et une confusion parmi les contribuables. Les incitations à l’évasion fiscale augmentent avec la complexité, et cela peut réduire l'efficacité du système dans son ensemble. La simplification d’un système fiscal peut également améliorer la conformité fiscale et réduire les coûts de mise en œuvre.

Le système fiscal optimal est difficile à définir de manière absolue, car il doit répondre à des critères de justice et d'efficacité dans un contexte socio-économique spécifique. Les économistes et les décideurs s'accordent cependant sur le fait qu'il est possible d’atteindre un système relativement optimal, même si toutes les conditions théoriques ne sont pas pleinement satisfaites. Par exemple, un système de taxation progressive peut ne pas être totalement équitable, mais il peut réduire les inégalités et favoriser une redistribution plus juste des richesses.

Lorsqu’on analyse un système fiscal, il est également crucial de mesurer l’incidence de la taxation, c'est-à-dire la manière dont les coûts des impôts sont répartis entre les différents groupes sociaux. L'utilisation d'outils tels que la courbe de Lorenz et l'indice de Gini permet d'obtenir des indicateurs quantifiables de l'impact des impôts sur la distribution des revenus au sein de la société. Ces mesures permettent d’évaluer dans quelle mesure un système fiscal contribue à la réduction des inégalités économiques. D’autres indices, comme l’indice de Theil, sont également utilisés pour évaluer les inégalités de manière plus nuancée et pour examiner les effets des politiques fiscales sur les sous-groupes de la population.

Il est essentiel de comprendre que l’introduction ou la modification d’un impôt n’est pas une démarche qui peut être entreprise de manière isolée. Le contexte économique, les besoins de financement du gouvernement, ainsi que les préférences et les réactions des contribuables doivent être pris en compte dans l’élaboration d’un système fiscal optimal. Cela implique souvent des compromis entre l’équité, l’efficacité, la simplicité et la flexibilité.

Il est aussi nécessaire de comprendre que la taxation affecte directement les comportements économiques des citoyens et des entreprises. Les taxes influencent la consommation, l'épargne, les investissements et la production. C’est pourquoi il est crucial d’adopter une approche multidimensionnelle, qui évalue non seulement l’équité et l’efficacité, mais aussi les effets comportementaux de chaque réforme fiscale. Le système fiscal idéal doit être capable d’équilibrer ces objectifs tout en maintenant un environnement propice à la croissance économique durable.

Comment limiter la croissance des dépenses gouvernementales : approches et théories

L'une des grandes préoccupations économiques modernes est la question de la croissance des dépenses publiques et de sa gestion. Si certaines stratégies et limites ont été instaurées par des gouvernements locaux, les défis sont bien plus complexes au niveau fédéral. Aux États-Unis, par exemple, des États comme l'Idaho ont mis en place des restrictions strictes sur les dépenses publiques, limitant la croissance des dépenses à 5,33 % du revenu personnel de l'État. Cette politique vise à permettre à la croissance des dépenses de suivre celle du revenu personnel, garantissant ainsi un équilibre entre l'évolution des recettes et des dépenses. D'autres États, comme le Colorado et l'Oregon, ont même créé des lois plus rigides, telles que le Bill of Rights du Colorado et le système de remises fiscales appelé "Kicker" en Oregon, qui limite la croissance des dépenses à un niveau similaire.

Cependant, bien que ces approches aient des résultats variables, une caractéristique commune des États ayant instauré des limites de dépenses est la création de fonds de stabilisation. Ceux-ci servent à parer aux éventuelles turbulences économiques. En revanche, limiter la croissance des dépenses au niveau fédéral se révèle être une tâche bien plus ardue, car le gouvernement fédéral ne dispose pas de la contrainte d'un budget équilibré. Contrairement aux gouvernements locaux et aux États, qui sont souvent obligés de fonctionner avec un budget équilibré, le gouvernement fédéral gère des questions macroéconomiques beaucoup plus complexes, nécessitant un engagement fiscal et budgétaire beaucoup plus vaste et sophistiqué.

Même dans le cas où le gouvernement fédéral réussirait à introduire une exigence constitutionnelle pour un budget équilibré, cela ne résoudrait pas nécessairement les problèmes de croissance des dépenses. Cela affecterait uniquement le budget de fonctionnement, et non le budget d'investissement. Contrairement aux États et aux gouvernements locaux, qui possèdent souvent un budget distinct pour les investissements en capital, le gouvernement fédéral ne dispose pas d'un tel budget, ce qui entraîne une série de défis supplémentaires : comment évaluer et mesurer la durée utile des actifs, comment gérer la dépréciation, ou encore comment financer les projets d'infrastructure de manière acceptable pour le public et les divers groupes d'intérêt.

Le problème des limites de dépenses n'est pas seulement une question de gestion budgétaire, mais aussi un défi théorique majeur. Colin Clark, économiste britannique, a proposé dans les années 1930 une théorie appelée l'Hypothèse de la limite critique. Selon lui, lorsque les dépenses gouvernementales dépassent 25 % du produit intérieur brut (PIB) d'un pays, cela épuise la capacité de la population à supporter davantage de taxes. Cela conduit à une réduction de l'incitation au travail et à une baisse de la productivité. De plus, dépasser ce seuil engendre de l'inflation, car l'augmentation des dépenses gouvernementales prive le secteur privé de ressources essentielles. Bien que cette hypothèse ait été largement ignorée à l'époque, elle a inspiré plusieurs théories économiques contemporaines, dont la célèbre Courbe de Laffer.

Richard Armey, un ancien membre du Congrès américain, a développé la "courbe d'Armey", qui illustre la relation entre la croissance du PIB et la part des dépenses gouvernementales dans le PIB. Cette courbe présente une relation quadratique, suggérant qu'un équilibre optimal existe entre la taille des dépenses publiques et la croissance économique. Si les dépenses augmentent au-delà d'un certain point, l'output économique commence à décliner, car le gouvernement commence à "écraser" le secteur privé en monopolysant des ressources qui pourraient autrement être utilisées plus efficacement. Plusieurs études empiriques ont testé cette courbe, dont une étude qui a estimé que le point optimal se situe autour de 17,45 % du PIB. Ce chiffre se trouve bien en dessous de la part actuelle des dépenses fédérales, ce qui soulève des questions quant à la viabilité de l'expansion continue des dépenses publiques au niveau fédéral.

Toutefois, l'un des principaux défauts de ces modèles théoriques réside dans leur incapacité à prendre en compte les crises économiques, qui peuvent entraîner une augmentation substantielle des dépenses gouvernementales. Ces modèles se concentrent principalement sur les relations entre les dépenses et la croissance en période de stabilité économique, ignorant ainsi l'impact des chocs économiques ou des périodes de récession. Par ailleurs, des économistes comme Musgrave ont suggéré que certaines étapes du développement économique d'un pays peuvent permettre de maintenir une croissance élevée, même en présence de fluctuations économiques, un modèle qui pourrait aussi s'appliquer aux économies avancées.

Les théories sur la gestion des dépenses publiques trouvent aussi des applications dans les gouvernements locaux. Par exemple, en dépit de la complexité du processus, il est possible de déterminer un seuil pour les dépenses publiques locales en pourcentage du produit brut local. Ce seuil devrait prendre en compte des facteurs similaires à ceux qui s'appliquent au niveau fédéral, mais aussi des spécificités locales qui influencent la capacité d'un gouvernement à financer ses activités sans nuire à la croissance économique ou au bien-être social.

Dans l'ensemble, limiter la croissance des dépenses publiques est un défi multidimensionnel qui exige une compréhension approfondie des dynamiques économiques, des mécanismes politiques et des préférences de la société. Au-delà des théories classiques, une gestion efficace des finances publiques nécessite une analyse continue des besoins de financement, ainsi que des stratégies adaptées aux conditions économiques changeantes.