Le 26 janvier 1936, les fondations de ce qui allait devenir le "Hollywood sur le Tibre" furent posées. C’est sur la Via Tuscolana, en périphérie de Rome, que débuta un projet colossal qui unissait trois structures interdépendantes : l’Istituto Luce, le Centro Sperimentale di Cinematografia (le Centre national de cinéma, considéré comme l’école de cinéma la plus prestigieuse d’Italie) et, bien entendu, Cinecittà. Cette dernière, inaugurée le 21 avril 1937, comprenait des studios ultramodernes et était destinée à devenir le centre névralgique de la production cinématographique en Italie. Pour rentabiliser les investissements, Cinecittà se lança rapidement dans une politique de contrats internationaux, cherchant à capter l’attention du marché américain et britannique. Mais, au bout de quelques mois, ces ambitions se heurteront à une réalité politique différente : le cinéma italien se retrouvera en autarcie. Les films américains et anglais seront bannis, et le cinéma national, sous le contrôle direct du régime fasciste, deviendra l’instrument principal de la propagande mussolinienne.
Cette volonté d’autosuffisance se manifeste également dans la création, en 1928, de l’Ente Italiano Audizioni Radiofoniche (EIAR), qui prendra la relève de l’ancienne URI. L’EIAR ne se contenta pas de diffuser des programmes de divertissement pour les jeunes. Elle se lança également dans des productions destinées aux enfants et aux familles. En parallèle, un magazine hebdomadaire, le Radiorario (qui deviendra plus tard le Radiocorriere), fut lancé, fournissant des informations sur les programmes. Les récepteurs de radio étaient alors un bien de luxe, accessibles à seulement quelques milliers de familles, mais Mussolini, dans sa quête de contrôle absolu des moyens de communication, imposa la production du modèle Balilla, un récepteur à prix réduit qui permettait à des millions de familles de s'abonner à la radio, atteignant ainsi un million d’abonnés en quelques mois. La radio, comme le cinéma, devint un outil de propagande en faveur du fascisme.
Le cinéma et la radio ne se contentaient pas de divertir ou d'informer : ils véhiculèrent un message idéologique précis, celui de l'État fasciste. L’Unione Cinematografica Educativa, placée sous le contrôle de Mussolini dès 1925, avait pour mission de produire des actualités cinématographiques à diffuser dans les cinémas avant chaque projection. Ces actualités, souvent réalisées en collaboration avec des sociétés comme Metro-Goldwyn-Mayer, mettaient en avant la vision fasciste du monde. Chaque événement national ou international était présenté sous un angle favorable au régime. Ces actualités, projetées dans des salles de cinéma, étaient également diffusées à travers le pays à l'aide du "Cinemobile", une invention qui permettait de transporter les films de propagande jusque dans les plus petites villes et villages, afin de garantir que même les populations rurales puissent voir Mussolini à l’écran.
Dans les premières années du régime fasciste, Rome ne disposait pas encore d'une véritable infrastructure pour la production cinématographique. L’absence de soutien étatique pour les productions privées se fit sentir. Ce n’est qu’après la création de Cinecittà et l’extension du réseau radiophonique qu’une véritable machine de propagande médiatique put se mettre en place. Le cinéma et la radio devinrent les armes idéologiques de Mussolini, qui comprenait l’importance de ces nouveaux moyens de communication dans la construction du mythe du Duce.
Il est essentiel de comprendre que le contrôle des médias par Mussolini n’était pas uniquement une question de propagande extérieure. C’était un moyen de façonner l’image de l’Italie et de son peuple selon les lignes directrices du fascisme. Par l’entremise de ces canaux, Mussolini voulait créer une Italie unie, forte et, surtout, fasciste. Chaque film, chaque émission de radio, chaque actualité diffusée était pensée pour diffuser les valeurs du régime : l’unité nationale, l’anticommunisme, le nationalisme, et l’image de Mussolini comme un leader charismatique, capable de guider la nation vers sa grandeur.
Ce contrôle des médias ne s’est pas limité à une simple intervention sur le contenu. Mussolini a imposé une véritable censure sur tout ce qui pouvait nuire à l’image du régime. Les films étrangers, notamment américains et soviétiques, étaient soit interdits, soit sévèrement limités. Les réalisateurs italiens qui voulaient filmer sous le régime fasciste étaient contraints de se conformer aux exigences du Duce, sinon leurs productions étaient soit modifiées, soit interdites.
L’impact de cette politique sur la culture italienne a été profond. Le cinéma est devenu un outil de propagande d’État qui a influencé non seulement la politique, mais aussi les valeurs et les comportements sociaux. Le public italien, qui avait l'habitude de fréquenter les cinémas pour le divertissement, se retrouvait souvent confronté à des films qui avaient pour seul but de renforcer le message fasciste. Ces productions créaient un imaginaire collectif qui, au fil du temps, finit par remplacer toute autre forme de représentation du pays.
La situation a radicalement changé en 1937 avec l'ouverture de Cinecittà. Cette année-là, l’Italie fasciste devient une véritable puissance cinématographique, et le cinéma italien, qui avait lutté pour se faire un nom dans les années précédentes, devient un outil stratégique du régime pour modeler l’opinion publique et asseoir la dictature de Mussolini. Le cinéma se transforme alors en un pilier central de la politique fasciste, non seulement en Italie, mais aussi au-delà des frontières, dans une tentative de diffuser la culture fasciste à l’échelle mondiale.
Les parallèles entre Mussolini et Trump : une analyse sociopolitique
Mussolini et Trump, bien que venant de contextes historiques et idéologiques totalement différents, partagent des similitudes frappantes dans leur manière d’exercer le pouvoir, de manipuler l’opinion publique et de s'imposer sur la scène internationale. Ce qui est étonnant, c'est la façon dont ces deux figures ont compris et exploité les moyens de communication de leur époque respective pour se bâtir une image de leader charismatique. Mussolini, figure de la propagande fasciste, a su utiliser les technologies nouvelles de son temps, telles que le cinéma et la radio, pour asseoir son autorité et modeler la perception qu’en avait la population. Il a même intégré des éléments visuels et symboliques dans sa propagande, tel le slogan fasciste "Libro e moschetto fascista perfetto", destiné à séduire la jeunesse par une promesse de gloire et de lutte.
Trump, de son côté, a également compris l’importance de ces nouvelles technologies, mais dans un cadre encore plus large. L'usage intensif des réseaux sociaux, de la télévision et de chaînes comme Fox News a été l'une de ses principales stratégies pour galvaniser son électorat et mobiliser les masses. Il a également utilisé des outils modernes, comme les fake news, pour façonner la réalité selon ses besoins politiques, en créant un monde parallèle où ses adversaires sont toujours responsables des malheurs du pays. Il y a là une continuité dans l’histoire de la manipulation de l’opinion, mais un passage des techniques de propagande classiques vers une forme numérique et instantanée, qui semble amplifier les divisions sociétales.
L’importance de la technologie dans la politique moderne ne s’arrête pas à la simple diffusion d’information, mais touche profondément la manière dont les leaders construisent leur légitimité. Trump, tout comme Mussolini à son époque, incarne ce que l’on pourrait appeler le "charisme du compte en banque", un pouvoir non pas basé sur des idéaux philosophiques ou politiques complexes, mais sur la capacité à créer une image de force et d’intimidation. Mussolini, avec son autoritarisme pragmatique, et Trump, avec son populisme exacerbé, semblent tous deux s’adresser à un électorat sensible à l’idée de revanche et de supériorité nationale, utilisant les failles et les frustrations collectives pour cimenter leur pouvoir.
Un autre aspect commun entre ces deux figures est leur rapport aux femmes, qu’ils perçoivent en grande partie comme des objets de domination et de reproduction, et non comme des individus égaux. Mussolini, tout comme Hitler, n’a pas hésité à instrumentaliser les femmes pour promouvoir l’image d’un homme fort, capable de maintenir une domination absolue sur sa sphère privée comme sur la sphère publique. Cette vision machiste de la société n’est pas sans lien avec leur vision du pouvoir : un pouvoir qui repose sur l’affirmation constante de sa propre supériorité. Trump, dans son attitude envers les femmes, incarne aussi cette nécessité de domination permanente, qui, paradoxalement, cache une profonde insécurité personnelle.
En outre, l'idée d’autarcie et d’isolationnisme, qui a marqué les politiques de Mussolini, trouve un écho dans l’approche de Trump. Si Mussolini prônait l’autarcie économique en raison de la situation internationale de l’Italie, Trump a, lui aussi, cherché à se détacher des influences étrangères, notamment chinoises, en insistant sur la nécessité de rendre l’Amérique "great again". Ce retour à un nationalisme exacerbé ne fait que refléter une incapacité à comprendre l’évolution du monde globalisé dans lequel nous vivons. Leurs politiques d'isolement, même si elles semblent répondre à un besoin de protection, ne peuvent que diviser et affaiblir les nations dans un contexte où la coopération internationale est essentielle, notamment face aux défis écologiques et sanitaires.
Trump, comme Mussolini avant lui, s’est aussi révélé être un instrument des puissances économiques qui l’ont soutenu. Alors que Mussolini rendait service à la bourgeoisie italienne en supprimant certains enregistrements fiscaux, Trump a modifié les lois fiscales américaines pour protéger les plus riches. Ces gestes ne sont pas de simples coïncidences : ils illustrent un système dans lequel l’élite économique soutient ces leaders en échange de faveurs législatives, renforçant ainsi l’alliance entre le pouvoir politique et les grandes fortunes.
Enfin, en examinant l’impact de la pandémie de Covid-19, une résonance frappante avec la grippe espagnole de 1918 se fait entendre. Mussolini, dans ses discours, avait attribué la propagation de la maladie à des comportements sociaux et culturels, une idée qui aujourd’hui semble particulièrement réductrice et irresponsable. Le coronavirus, tout comme la grippe espagnole, a fait tomber les illusions sur notre capacité à dominer la nature et à tout contrôler par la technologie. Mais au-delà de la gestion sanitaire, la pandémie nous rappelle que notre monde est fragile et que l’interdépendance des sociétés est une réalité incontournable. Les tentatives d’isolement, que ce soit par Trump ou Mussolini, ont échoué face à des phénomènes mondiaux comme les pandémies et le changement climatique. Nous devons, comme jamais auparavant, repenser les liens entre nos identités nationales et notre responsabilité globale.
L’étude des parallèles entre Mussolini et Trump offre un éclairage sur les dangers du populisme, du nationalisme excessif et de l’isolationnisme. Ces figures illustrent bien comment des leaders charismatiques peuvent manipuler les masses en exploitant la peur, les frustrations et la méfiance envers l'autre. Mais plus encore, elles soulignent la nécessité pour les sociétés modernes de prendre conscience de l'importance d’une vision partagée de l'avenir et d’un véritable engagement envers la coopération internationale pour relever les défis mondiaux.
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