Soit Ω un ouvert borné de ℝ^N, avec N ≥ 1, et u appartenant à l'espace de Sobolev 𝐻₀¹(Ω). Pour u dans 𝐻¹(Ω), le Laplacien Δu se définit comme la somme des dérivées secondes partielles, formellement Δu = ∑_{i=1}^N D_i²u, où D_i²u désigne la dérivée seconde au sens des distributions, par transposition, par rapport à la variable x_i. Cette définition permet d'étendre la notion classique du Laplacien à des fonctions moins régulières, intégrant ainsi un cadre fonctionnel plus large et adapté à l'étude des équations aux dérivées partielles.

L'identité fondamentale reliant le Laplacien à la dérivée faible est la suivante : pour tout testeur φ dans D(Ω), on a

∫_Ω u(x) Δφ(x) dx = − ∫_Ω ∇u(x) · ∇φ(x) dx.

Cette égalité illustre que l'opérateur Δu agit naturellement comme un élément du dual topologique 𝐻^{ -1}(Ω) de 𝐻₀¹(Ω), renforçant ainsi l'interprétation du Laplacien dans un cadre faible. En particulier, elle garantit que Δu ∈ 𝐻^{ -1}(Ω), avec une norme contrôlée par la norme du gradient de u dans L²(Ω).

L'analyse des singularités ponctuelles en dimension deux éclaire cette théorie. Considérons G(x) = ln|x| définie sur ℝ² \ {0}. Cette fonction est infiniment différentiable hors de l'origine et vérifie ΔG = 0 dans le sens classique sur ℝ² \ {0}. Cependant, dans l'espace des distributions, ΔG n'est pas nulle sur ℝ² ; la singularité en 0 engendre une concentration de la masse de Laplace, traduisant une source ponctuelle. Ainsi, l'extension faible du Laplacien révèle la présence de singularités que la définition classique ne capture pas.

Cette nuance est encore plus flagrante lorsque l'on observe que l'annulation du Laplacien faible sur un ouvert Ω privé d'un point singulier 0 n'implique pas nécessairement l'annulation sur tout Ω, sauf si la singularité est "supprimable". Cela conduit à la notion de singularité amovible, où un élément u de 𝐻¹(Ω) vérifiant Δu = 0 dans D*(Ω \ {0}) satisfait également Δu = 0 dans D*(Ω) lorsque la singularité en 0 ne modifie pas la nature faible du Laplacien.

Par ailleurs, l'étude des champs vectoriels v : ℝ² → ℝ², dont la divergence et le rotationnel s'annulent au sens des distributions, illustre que ces conditions ne suffisent pas à garantir la square intégrabilité de v, c’est-à-dire que v ∈ (L²(Ω))² n'est pas assuré. Cela souligne la subtilité du comportement fonctionnel dans les espaces de Sobolev et leurs duaux, notamment dans la gestion des contraintes divergence-curl faibles.

Les propriétés fonctionnelles des espaces de Sobolev s'entrelacent avec des résultats fondamentaux d'analyse fonctionnelle, tels que le théorème de Hahn–Banach, qui permet de caractériser la dualité et l'isométrie entre espaces de Banach et leurs doubles duaux. Par exemple, dans un espace de Banach réel E, chaque élément x ≠ 0 admet un fonctionnel T ∈ E' tel que T(x) = ∥x∥E et ∥T∥{E'} = 1, exprimant ainsi la norme comme un maximum sur la boule unité du dual. Cette dualité s'étend à la réflexion sur la densité, la séparation, et la complétude des sous-espaces vectoriels fermés, ainsi qu'à la réflexivité des espaces, conditions indispensables pour la représentation des fonctionnels et la continuité des opérateurs.

En particulier, la densité des espaces ℓ^p dans ℓ^q (pour 1 ≤ p ≤ q < ∞) illustre la finesse des inclusions fonctionnelles, tandis que la non-séparabilité de L^∞ souligne les limites des approximations dans les espaces de fonctions bornées. Ces propriétés sont cruciales pour appréhender les convergences faibles et fortes, ainsi que les limites de suites de fonctions dans les applications analytiques et numériques.

Enfin, l'étude de la continuité des compositions fonctionnelles entre espaces L^p et L^q, sous conditions de croissance contrôlée, offre un cadre rigoureux à l'analyse des nonlinearités. La définition rigoureuse de l'image d'une fonction par une transformation non linéaire dans un espace L^q, indépendamment du représentant choisi, garantit la cohérence des opérations et la robustesse des méthodes fonctionnelles appliquées à la résolution des équations différentielles.

Il importe de comprendre que ces résultats fonctionnels ne sont pas de simples outils techniques, mais constituent le socle indispensable pour appréhender la régularité, les singularités, et la stabilité des solutions dans les problèmes aux dérivées partielles. La compréhension fine des espaces de Sobolev, de leurs duaux, et des opérateurs faibles comme le Laplacien ouvre la voie à une analyse plus profonde des phénomènes physiques modélisés, notamment en mécanique, électromagnétisme, et diffusion, où la notion de solution faible prend tout son sens.

De plus, la distinction entre convergence forte et faible, la réflexivité des espaces, et la densité des sous-espaces dans ces cadres fonctionnels sont des concepts clés qui influencent directement la méthode d'approximation, la formulation variationnelle des problèmes, ainsi que la définition de solutions au sens faible. Ces subtilités doivent être intégrées pour éviter des erreurs conceptuelles dans l'interprétation des résultats analytiques et numériques.

Comment définir l'intégration dans les espaces de Banach et l'intégrabilité des fonctions vectorielles

Une fonction ff d'un ensemble XX dans R\mathbb{R} est dite mm-mesurable si et seulement s'il existe une fonction mesurable gg telle que f=gf = g presque partout. Cette condition est essentielle pour l'intégration dans le cadre de l'analyse fonctionnelle, où l'on s'intéresse à des fonctions prenant des valeurs dans des espaces vectoriels, comme les espaces de Banach.

Soit EE un espace de Banach séparable et ff une fonction de XX dans EE. La fonction ff est dite mesurable si et seulement s'il existe une fonction mesurable gg telle que f=gf = g presque partout. Une propriété intéressante est que ff peut être vue comme une limite ponctuelle de fonctions en escalier. Cette propriété, qui fait écho aux résultats classiques sur R\mathbb{R}, peut être généralisée à des espaces vectoriels, mais la preuve devient un peu plus complexe. Les détails de ces démonstrations peuvent être trouvés dans les travaux de référence, tels que les chapitres de [26, chapitre 3] et [19, chapitre 1].

Dans ce contexte, considérons maintenant l'intégration d'une fonction ff mesurable d'un espace XX vers un espace de Banach EE, où (X,T,m)(X, \mathcal{T}, m) est un espace mesurable σ\sigma-fini. L'intégration de telles fonctions n'est pas triviale et nécessite l'utilisation de techniques spécifiques à la théorie des mesures et à l'intégration vectorielle.

Soit ff une fonction mm-mesurable allant de XX vers EE. On note que la fonction xf(x)Ex \mapsto \|f(x)\|_E est ( m_

Comment caractériser une famille orthonormale dans l’espace 𝐻⁻¹(Ω) et construire une solution approchée pour un problème parabolique ?

La construction et l’analyse des familles orthonormales dans des espaces fonctionnels complexes tels que 𝐻⁻¹(Ω) nécessitent une compréhension approfondie des relations entre espaces duals, opérateurs et produits scalaires. L’espace 𝐻¹₀(Ω), espace de Sobolev des fonctions nulles sur le bord de Ω, est naturellement embarqué dans son dual 𝐻⁻¹(Ω) via l’identification de 𝐿²(Ω) avec son dual. Cette identification permet de définir un produit scalaire dans 𝐻⁻¹(Ω) à partir du produit scalaire dans 𝐻¹₀(Ω).

Considérons une famille orthonormale {𝑒ₙ} dans 𝐻¹₀(Ω) associée à des valeurs propres {𝜆ₙ} strictement positives. Par construction, cette famille vérifie (𝑒ₙ | 𝑒ₘ){𝐻¹₀} = 𝛿ₙ,ₘ, où 𝛿 est le symbole de Kronecker. En examinant la structure du produit scalaire dans 𝐻⁻¹(Ω), on montre que la famille {𝜆ₙ^{1/2} 𝑒ₙ} forme une famille orthonormale dans 𝐻⁻¹(Ω), et même une base hilbertienne. Cette propriété découle de la relation bilinéaire liant l’opérateur bijectif 𝑇 : 𝐻¹₀(Ω) → 𝐻⁻¹(Ω), défini par ⟨𝑇𝑢, 𝜑⟩{𝐻⁻¹, 𝐻¹₀} = (𝑢|𝜑)_{𝐻¹₀} = ∫_Ω ∇𝑢 · ∇𝜑 dx, et de l’identification des 𝐿²-espaces et leurs duaux. Ainsi, l’opérateur 𝑇 agit comme un pont isométrique entre 𝐻¹₀(Ω) et 𝐻⁻¹(Ω), transférant la structure orthonormale.

La deuxième étape de la démonstration consiste à construire une solution approchée d’un problème parabolique linéaire dans 𝐻¹₀(Ω) en projetant sur les sous-espaces finis Eₙ engendrés par les premiers vecteurs propres {𝑒₁, …, 𝑒ₙ}. L’approximation s’écrit sous la forme 𝑢ₙ(t) = ∑{i=1}^n α_i(t) 𝑒_i, où les coefficients α_i(t) sont des fonctions continues à valeurs réelles. En substituant dans l’équation et en testant par des fonctions de base, on obtient un système d’équations différentielles ordinaires à coefficients matriciels, où la matrice M{i,j} = ∫_Ω A ∇𝑒_i · ∇𝑒_j dx encode les propriétés du problème elliptique associé.

La résolution formelle de ce système est obtenue par la méthode de variation des constantes, donnant α(t) = e^{ -M t} α(0) + ∫_0^t e^{ -M(t-s)} F(s) ds, où F(t) est le vecteur des projections de la source f(t) sur la base. Ce procédé garantit la continuité temporelle des solutions approchées dans l’espace 𝐻¹₀(Ω).

La dérivée temporelle des approximations, définie par transposition, est elle-même contrôlée dans 𝐿²(]0, T[, 𝐻⁻¹(Ω)), ce qui assure la régularité nécessaire à la convergence vers la solution réelle. En particulier, l’égalité fonctionnelle ⟨∂_t 𝑢ₙ(t), 𝜑⟩ + ∫_Ω A ∇𝑢ₙ(t) · ∇𝜑 dx = ⟨f(t), 𝜑⟩, valable pour tout test 𝜑 dans Eₙ, est centrale pour établir les estimations d’énergie.

Les inégalités d’énergie associées, obtenues en prenant 𝑣 = 𝑢ₙ dans la formulation faible, permettent de démontrer une borne uniforme sur la norme 𝐻¹₀(Ω) de 𝑢ₙ dans 𝐿² temporel, en fonction des données initiales et de la source f. Ces bornes assurent la stabilité de la méthode et posent les fondations pour un passage à la limite rigoureux, garantissant l’existence de solutions faibles du problème parabolique.

Il est crucial de saisir que l’espace 𝐻⁻¹(Ω), souvent perçu comme plus abstrait que 𝐻¹₀(Ω), joue ici un rôle indispensable en fournissant un cadre adéquat pour manipuler des dérivées faibles et des fonctions généralisées. La construction de bases orthonormales dans cet espace et la liaison entre les espaces via l’opérateur 𝑇 fournissent des outils puissants pour l’analyse fonctionnelle des équations aux dérivées partielles.

En complément, le lecteur doit garder en mémoire que la rigueur dans l’identification des espaces duals et l’appropriation des produits scalaires adaptés sont fondamentales pour éviter les pièges liés aux différences entre normes fortes et faibles. La compréhension de ces subtilités conditionne la maîtrise de l’analyse fonctionnelle appliquée aux problèmes parabolique, notamment en termes d’existence, d’unicité et de stabilité des solutions.