Les études sur la consommation de carburant des véhicules en conditions réelles sont essentielles pour comprendre les variables qui influencent leur efficacité énergétique. Dans le cadre d'une campagne de suivi menée entre novembre 2022 et février 2023 au Chili, des données ont été collectées pour analyser les conditions de conduite des bus dans la région centre-sud du pays. Ces données ont permis d'étudier les effets des styles de conduite, des types de routes et des caractéristiques spécifiques aux zones urbaines et extra-urbaines.

L'analyse a révélé que les conditions de conduite urbaines étaient principalement marquées par des vitesses moyennes faibles, avoisinant les 25 à 30 km/h, et des périodes d'inactivité importantes, souvent supérieures à 40%. Cette caractéristique est typique des trajets urbains, où les arrêts fréquents et les démarrages rapides augmentent la consommation de carburant. En revanche, les trajets extra-urbains, qui se déroulent sur des autoroutes, présentent une consommation de carburant moins élevée, en raison de la constance de la vitesse et de l'absence d'accélérations ou de décélérations brusques.

Un autre aspect déterminant est le style de conduite, qui peut être divisé en deux catégories principales : la conduite douce et la conduite agressive. Les bus qui adoptaient un style de conduite plus doux, avec des accélérations moyennes autour de [−0,4, 0,4] m/s², consommaient moins de carburant que ceux adoptant une conduite plus agressive, où les accélérations moyennes variaient entre [−0,6, 0,6] m/s². Par exemple, le bus 808, qui affichait un style de conduite doux, avait une consommation spécifique de carburant de 0,299 L/km, tandis que le bus 847, avec une conduite plus agressive, consommait 0,316 L/km.

L'analyse des cycles de conduite a permis de mieux comprendre comment les accélérations, décélérations et périodes de ralenti affectent la consommation de carburant. Par exemple, la consommation spécifique de carburant (SFC) des véhicules étudiés a montré une moyenne de 0,397 L/km, légèrement supérieure à celle de véhicules similaires dans la littérature (0,324 L/km, 0,37 L/km, et 0,384 L/km dans des études précédentes). Ces résultats soulignent l'importance des conditions locales – telles que le type de route, l'altitude, et le style de conduite – dans l'efficacité énergétique des véhicules.

Le cycle de conduite typique des bus au Chili, obtenu à l’aide de la méthode des micro-trips basée sur l'énergie (EBMT), montre un pourcentage important de temps de croisière, caractéristique des trajets extra-urbains. Toutefois, même pour ces trajets, des phases d'accélération et de décélération urbaines étaient observées, illustrant le mélange des types de conduite dans des environnements de trafic variés.

L'une des conclusions majeures de cette étude est que les résultats obtenus ne peuvent pas être généralisés sans une description précise des conditions réelles d’utilisation des véhicules. La topographie, les conditions climatiques, et l’infrastructure routière jouent tous un rôle crucial dans la consommation de carburant et doivent être considérés lors de l'analyse de l'efficacité énergétique d'un véhicule dans un environnement donné.

En outre, les résultats obtenus dans cette étude soulignent également l’importance de la conduite douce pour réduire la consommation de carburant. Ce facteur pourrait être un levier important pour les politiques publiques visant à promouvoir une conduite plus éco-responsable, en particulier dans les zones urbaines où les arrêts fréquents sont inévitables. Par exemple, encourager les conducteurs de bus à adopter des pratiques de conduite plus douces pourrait réduire de manière significative les émissions et la consommation de carburant, contribuant ainsi aux objectifs environnementaux des villes et des pays.

Les comparaisons des cycles de conduite et des profils de conduite montrent des différences notables entre les conditions de conduite idéales et réelles. Alors que le cycle de conduite représentatif observé montre une consommation relativement faible de carburant en croisière, les périodes d'accélération et de décélération fréquentes, typiques des trajets urbains, augmentent la consommation.

Ainsi, il est essentiel pour les chercheurs, les ingénieurs, et les planificateurs urbains de prendre en compte ces facteurs complexes lorsqu'ils élaborent des stratégies pour améliorer l'efficacité énergétique des véhicules en milieu urbain. Des solutions comme l'amélioration des infrastructures, la gestion du trafic et la promotion de comportements de conduite responsables peuvent avoir un impact considérable sur la consommation de carburant et la réduction des émissions.

Enfin, il convient de noter que les données collectées doivent être analysées avec soin, en tenant compte des écarts possibles liés aux variations des comportements de conduite. L'amélioration continue des méthodes de collecte et d’analyse des données permettra de fournir des recommandations plus précises et adaptées aux spécificités locales, contribuant ainsi à des politiques de transport plus durables.

Quelle est la typologie du cycle de conduite à Bucaramanga, Colombie ?

La compréhension des cycles de conduite revêt une importance capitale dans l’évaluation de la consommation de carburant, des émissions et de la performance des véhicules, particulièrement dans des environnements urbains en pleine expansion. Cette question est particulièrement pertinente pour Bucaramanga, une ville colombienne dont la croissance rapide du parc automobile représente un défi majeur pour la gestion de la mobilité urbaine et la réduction de l'impact environnemental. À Bucaramanga, entre 2011 et 2018, le nombre de véhicules a augmenté de manière spectaculaire, enregistrant une hausse de 87%, contrastant avec une infrastructure de transport en expansion plus lente. En 2021, la région comptait 760 746 véhicules, soit une augmentation de 28% par rapport à 2015. Cette croissance a mis en évidence la nécessité de développer des cycles de conduite spécifiques pour mieux comprendre le comportement des conducteurs et adapter les politiques publiques en matière de transport et d’environnement.

Dans cette optique, une étude menée en 2021 a permis de collecter des données sur les habitudes de conduite dans l’aire métropolitaine de Bucaramanga, incluant les municipalités de Floridablanca, Girón et Piedecuesta. L’objectif de cette étude était de créer un cycle de conduite typique basé sur des données obtenues via la technologie OBD-II, enregistreuse des comportements de conduite à travers une connexion Bluetooth. Ces données ont été collectées sur une période de cinq mois, impliquant 16 véhicules légers et leurs conducteurs. Contrairement aux études basées sur des trajets spécifiques, cette approche a permis de capturer une large gamme de comportements de conduite dans un environnement réel, sans restriction de parcours ou d’horaires. La méthode Micro Trips Fuel Based (MTFBM) a été utilisée pour analyser ces données et créer un cycle représentatif des conditions locales.

L’étude a révélé que les conducteurs de Bucaramanga, en raison de la forte densité du trafic, ont tendance à adopter des comportements de conduite caractérisés par des vitesses faibles et des accélérations modérées. Cette particularité pourrait être attribuée à l’infrastructure de la ville et aux conditions de circulation, influençant la manière dont les véhicules sont utilisés. De plus, les paramètres caractéristiques utilisés pour modéliser ce cycle de conduite ont montré des différences inférieures à 15%, ce qui démontre la robustesse du cycle établi.

En analysant les données démographiques et les profils des conducteurs, on observe que la majorité des participants étaient des conducteurs adultes, âgés de 27 à 59 ans, avec une répartition relativement équilibrée entre hommes et femmes (38% de femmes). Les expériences de conduite étaient également variées, avec une proportion importante de conducteurs novices (moins de 5 ans d’expérience) et d’autres ayant une expérience plus régulière (6 à 10 ans). Cette diversité d’expériences enrichit la compréhension des dynamiques de conduite dans la région, en soulignant l'importance d'adapter les cycles de conduite aux particularités locales.

Les caractéristiques techniques des véhicules, ainsi que les conditions environnementales (température moyenne de 27°C, densité de l'air de 1,17 kg/m3 et pression atmosphérique de 101,3 kPa), ont également été prises en compte pour établir le cycle. Les résultats de cette étude ont permis d'affiner l'approche de mesure de la consommation de carburant et des émissions, en tenant compte des comportements spécifiques de conduite dans un environnement urbain comme Bucaramanga.

Il est essentiel de comprendre que la création de cycles de conduite locaux n’est pas simplement une question de collecter des données sur la vitesse ou l’accélération. Il s’agit d’une démarche complexe qui nécessite de prendre en compte les influences multiples des comportements humains, des conditions de circulation et des spécificités géographiques. Ces cycles peuvent ensuite être utilisés pour développer des politiques de transport plus efficaces, notamment en matière de réduction des émissions, de consommation énergétique et d’optimisation des infrastructures de mobilité.

Les cycles de conduite sont également fondamentaux pour la conception des systèmes de propulsion des véhicules, en particulier pour les nouvelles générations de véhicules électriques ou hybrides, qui nécessitent des modèles de conduite plus précis pour optimiser leurs performances. Il est donc crucial de ne pas simplement se contenter de cycles de conduite mondiaux ou standardisés, mais de développer des cycles qui reflètent fidèlement la réalité locale et les comportements spécifiques des conducteurs dans un environnement donné.

Comment construire des cycles de conduite représentatifs pour évaluer la consommation d'énergie et les émissions dans les régions urbaines ?

Les cycles de conduite constituent un outil fondamental pour évaluer la consommation énergétique des véhicules électriques ou la consommation de carburant, ainsi que les facteurs d'émissions de polluants des véhicules thermiques dans des contextes régionaux spécifiques. Cependant, pour obtenir des estimations précises et fiables, il est nécessaire que ces cycles de conduite soient représentatifs des conditions de conduite réelles dans une zone donnée, prenant en compte non seulement les caractéristiques des véhicules, mais aussi les habitudes de conduite propres à chaque région.

Le défi majeur réside dans la construction de ces cycles de conduite. En effet, chaque ville, chaque région présente des dynamiques de circulation différentes, et c’est en fonction de ces caractéristiques que les véhicules peuvent varier considérablement en termes de consommation d’énergie et d'émissions. Pour établir des cycles de conduite spécifiques, il est essentiel de comprendre les paramètres caractéristiques de la conduite dans une ville donnée, ainsi que les conditions de la route.

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont observé le comportement de 15 bus opérant dans les zones urbaines de Mexico et de Toluca pendant huit mois. Ces bus ont été suivis par les conducteurs réguliers de l'entreprise, garantissant ainsi que les conditions d’exploitation des véhicules ne soient pas perturbées. En surveillant en temps réel des paramètres tels que la vitesse, la consommation de carburant instantanée, les émissions de gaz d'échappement et d'autres variables de conduite, les chercheurs ont pu établir des cycles de conduite caractéristique avec des paramètres correspondant à 95% des trajets suivis par les bus dans ces deux villes.

Une méthode particulièrement utile pour cette analyse est la méthode des micro-trips énergétiques, qui permet de diviser les trajets en segments très courts afin d’obtenir des informations plus détaillées sur les différents types de conduite. Cette approche permet non seulement de calculer des cycles de conduite plus représentatifs mais aussi de réduire l’impact des anomalies ou des comportements atypiques dans les données de conduite.

Les données recueillies au cours de cette étude ont permis de mesurer de manière précise les émissions de CO, CO2, NO et NO2, en utilisant un système de mesure des émissions portatif (PEMS). L'équipement SEMTECH ECOSTAR utilisé permet de mesurer la consommation de carburant et les émissions en temps réel, avec des résolutions et des gammes adaptées à l’évaluation de ces polluants dans des environnements urbains. De plus, les tests ont été réalisés dans des conditions qui imitent les opérations normales des bus, notamment en ajoutant un poids simulé représentant la charge des passagers, ce qui renforce la pertinence des résultats obtenus.

En résumé, pour créer des cycles de conduite représentatifs d’une région, il est crucial de prendre en compte les particularités locales des trajets, les habitudes de conduite des conducteurs, ainsi que les caractéristiques techniques des véhicules. Une telle approche permet non seulement de mieux comprendre les impacts énergétiques et environnementaux du transport urbain, mais elle est aussi essentielle pour développer des politiques de transport durable adaptées à chaque contexte régional.

Il est aussi primordial de comprendre que les cycles de conduite ne sont pas statiques. Ils doivent être régulièrement réévalués pour intégrer les changements dans les infrastructures, les technologies des véhicules, et les comportements de conduite. Ainsi, un cycle de conduite représentatif aujourd’hui pourrait devenir obsolète demain si ces paramètres évoluent. Les autorités de régulation doivent donc veiller à mettre à jour les cycles de conduite pour qu'ils restent pertinents et efficaces dans la lutte contre la pollution et la transition énergétique.