La transformation numérique des soins de santé a ouvert de nouvelles voies pour améliorer l'efficacité de la prise en charge des patients dans des situations critiques, comme la réanimation en traumatologie. Dans ces environnements à haute pression, la capacité à prendre des décisions éclairées rapidement est essentielle, et c’est là que la technologie, notamment à travers les systèmes d’information et d’aide à la décision clinique, joue un rôle clé.

Les systèmes mobiles tels que l’application T6 Health Systems illustrent bien cette révolution. Conçue spécifiquement pour des dispositifs comme l’iPad, cette application permet de synchroniser en temps réel la collecte des données cliniques avec les workflows de réanimation en traumatologie. Ce système fournit une interface visuelle qui présente des informations essentielles à l'équipe de manière instantanée, réduisant ainsi la charge cognitive et améliorant la collaboration. L'utilisation de la science de la cognition visuelle, qui permet d'organiser inconsciemment les composants d'une image en un système cohérent, optimise la perception et la compréhension rapide des situations complexes. Les données sont traitées à une vitesse telle que l'organisation et la gestion des informations deviennent presque automatiques, réduisant ainsi les risques d'erreurs humaines et de confusion dans des contextes où chaque seconde compte.

Cette gestion efficace de l'information se traduit par une meilleure prise de décision collective. L’équipe médicale peut se concentrer sur l’essentiel, tout en partageant un modèle mental commun, ce qui permet de mieux coordonner les actions pendant la réanimation. L'application T6, en particulier, se distingue en offrant des options de personnalisation et en se connectant à des lignes directrices cliniques locales, des listes de contrôle et des scores de risque, tous activés par l'entrée de données spécifiques sur le patient. Par exemple, si un traumatisme contondant majeur est identifié, l'application génère automatiquement un chemin clinique pour une possible blessure de la colonne cervicale, suggérant ainsi les actions à entreprendre, comme la commande d’imagerie.

Les systèmes d'aide à la décision clinique (CDS), en intégrant des alertes en temps réel et des lignes directrices fondées sur des preuves, permettent de personnaliser les interventions en fonction des données cliniques disponibles. L’utilisation de l’intelligence artificielle et du machine learning (IA/ML) a d'ailleurs montré son efficacité dans la prédiction des interventions critiques et de l’évolution du patient, comme le montre le modèle Epic Deterioration Index (EDI). Ce modèle, par exemple, est capable de prédire la mortalité et l’admission non planifiée en unité de soins intensifs avec une précision remarquable. Le potentiel de l'IA dans ces contextes est immense, non seulement pour prédire les résultats mais aussi pour ajuster en continu les plans de traitement en fonction des nouvelles données.

Un autre aspect clé de cette digitalisation est la possibilité d'améliorer la qualité des soins à travers la cartographie des processus. Cette technique permet de visualiser les étapes du soin en temps réel, d’identifier les goulets d’étranglement, les inefficacités et les variations dans le parcours de soins. Par exemple, la mise en place d'un parcours de soin pour les fractures de la hanche a montré qu’il est possible d’améliorer le flux des patients et de réduire les complications grâce à l’optimisation des processus. La cartographie des processus devient ainsi un outil stratégique pour l’amélioration continue de la qualité des soins, et est également un pilier essentiel des initiatives de santé basée sur la valeur (VBHC), qui visent à offrir des soins de santé non seulement efficaces, mais également axés sur la valeur perçue par les patients.

Au-delà de la réanimation en traumatologie, l’intégration de ces technologies dans l'ensemble du parcours des soins pourrait transformer radicalement la médecine d’urgence. La collecte et l’analyse instantanée des données de haute résolution permettent une évaluation plus complète de l'état du patient, réduisant les délais de prise de décision et augmentant la réactivité des équipes médicales. L'intégration de l'IA/ML dans un cadre numérique complet offre des perspectives inédites, telles que l’affinement constant des prédictions de risques, en tenant compte des variations au fil du temps et de la dynamique de chaque situation clinique.

Il est essentiel de comprendre que l'introduction de ces outils numériques dans les environnements de soins critiques ne se limite pas à une simple augmentation de la rapidité d'accès à l'information. Elle implique une réorganisation de la manière dont l'information est traitée et partagée, avec un impact direct sur la cohérence des actions de l’équipe et sur la qualité des décisions prises en situation de stress. L’un des principaux défis réside dans la formation continue des équipes à ces outils, afin d’assurer une utilisation optimale et un bénéfice maximal de ces technologies. De plus, bien que la technologie puisse réduire certains risques liés à l'erreur humaine, elle ne doit en aucun cas remplacer le jugement clinique, mais plutôt l’enrichir.

L’adoption de ces innovations offre également la possibilité d’une personnalisation accrue des traitements et d’une meilleure gestion des parcours patients, grâce à l’analyse des données en temps réel. Par conséquent, l’avenir des soins traumatologiques pourrait reposer sur une synergie entre la technologie et l’humain, où les équipes médicales s'appuient sur des systèmes numériques pour prendre des décisions éclairées tout en conservant une approche profondément humaine de la médecine.

La chirurgie mini-invasive est-elle viable dans l’espace ?

L'environnement spatial modifie radicalement les principes fondamentaux de la chirurgie. Le poids de la paroi abdominale, en l’absence de gravité, ne permet plus la formation naturelle d’une cavité chirurgicale, rendant nécessaire l’usage de dispositifs de levage spécifiques ou de canopées chirurgicales. Pourtant, cette même absence de gravité entraîne une modification morphologique favorable : la cavité abdominale prend une forme plus arrondie, augmentant le diamètre antéro-postérieur, ce qui améliore paradoxalement le champ visuel et facilite certaines interventions abdominales minimalement invasives.

Les bénéfices potentiels de la chirurgie mini-invasive (MIS) en microgravité sont nombreux : réduction du risque de contamination biologique de l’habitacle, meilleure régulation thermique, possibilité de collecte sanguine pour autotransfusion, et limitation de l’exposition des viscères. Des dispositifs modernes tels que les agrafeuses avancées, scalpels lasers, colles de fibrine ou mousses hémostatiques améliorent la maîtrise des hémorragies dans ces conditions extrêmes.

Cependant, ces avancées ne suffisent pas à supprimer les limites. L’environnement spatial bouleverse la dynamique anatomique. En thoracoscopie, l’absence de gravité empêche la rétraction naturelle du médiastin, rendant le champ opératoire difficilement accessible sans insufflation thoracique, intubation sélective ou déflation segmentaire pulmonaire. L’établissement d’un pneumopéritoine sans visualisation directe augmente également le risque de perforation intestinale.

Les contraintes physiologiques propres aux astronautes, telles que la diminution du volume plasmatique, de la masse globulaire et du débit cardiaque, soulèvent des interrogations sur leur tolérance à l’augmentation des pressions intra-abdominales lors d’une MIS. Ce facteur devient critique dans les cas de polytraumatisme, où une approche ouverte pourrait demeurer incontournable malgré ses inconvénients.

L’efficacité d’une telle chirurgie dépend surtout des compétences du praticien. Les chirurgiens doivent être hautement spécialisés, avec une pratique continue, sous peine de perdre rapidement leur savoir-faire. Or, dans le contexte spatial, la déqualification est rapide. Il devient impératif de prévoir des environnements chirurgicaux simulés à bord pour maintenir les compétences. Plusieurs projets ont tenté de réduire les exigences de formation, notamment en simulant la laparoscopie assistée manuellement lors de vols paraboliques ou en testant l’utilisation de mini-laparoscopes sous supervision à distance.

La miniaturisation des instruments laparoscopiques et le développement de l’informatique embarquée rendent possible une autonomie accrue. Des ordinateurs portables remplacent désormais les moniteurs volumineux, la fibre optique fournit une illumination suffisante, et les écrans 3D stéréoscopiques intégrés à des casques de réalité virtuelle offrent une visualisation avancée. Des dispositifs de levage pariétal pourraient éliminer la nécessité d’une insufflation au CO₂ ou N₂, simplifiant davantage les interventions.

La telerobotique et la téléprésence représentent des leviers décisifs. La chirurgie à distance a été testée avec succès entre continents ou dans des environnements extrêmes comme les abysses. L’amélioration de la précision et de la dextérité grâce à la robotique pourrait révolutionner l’assistance médicale dans l’espace. Pourtant, cette technologie dépend d’une communication instantanée : les délais électroniques de 8 à 40 minutes lors d’une mission martienne rendent son utilisation pratiquement inopérante.

Le développement d’outils intelligents poursuit cette logique d’autonomisation. Des capteurs hémodynamiques non invasifs, basés sur les propriétés d’absorption pulsatile de l’hémoglobine, permettent de détecter les vaisseaux avant la coupe ou la suture. Des aiguilles guidées par Doppler ou des dispositifs à ultrasons automatisés sont en cours de test pour faciliter les gestes complexes sans visibilité directe.

L’accès endoluminal à la pathologie, en particulier via la circulation centrale, constitue une percée décisive. Il permet l’administration précise de traitements pharmacologiques, le soutien hémodynamique par vasopresseurs ou inotropes, et même la réanimation extracorporelle rapide grâce à des circuits heparinés. Ces techniques, déjà utilisées en traumatologie terrestre, s’adaptent progressivement aux exigences du vol spatial.

Les premières interventions chirurgicales en apesanteur ont été réalisées sur des animaux durant la mission STS-90. Les résultats ont démontré que, malgré les particularités de l’environnement, les gestes étaient comparables à ceux réalisés sur Terre. La dextérité manuelle, la proprioception et la coordination fine n’ont pas été altérées par l’apesanteur.

Toutefois, la clé reste l’autonomie des équipages. L’imagerie ultrasonore devient un outil incontournable, à la fois diagnostic et interventionnel, à condition que les opérateurs soient formés. Des programmes sont en cours pour former des non-spécialistes à l’aide de tutoriels guidés depuis la Terre, mais les missions de longue durée nécessiteront des échographistes à bord.

La viabilité de la chirurgie en milieu spatial repose donc sur une triple convergence : adaptation technologique, formation avancée et autonomie médicale complète. Le défi n’est pas seulement technique, mais physiologique, logistique et cognitif. Le chirurgien spatial doit être en même temps clinicien, ingénieur, explorateur et pédagogue.

Il faut également tenir compte des effets à long terme du vol spatial sur la cicatrisation, l’immunité, la régénération tissulaire et le métabolisme pharmacologique. La microgravité pourrait altérer les processus inflammatoires ou retarder la consolidation des tissus. La compréhension fine de ces mécanismes est essentielle pour anticiper les complications post-opératoires, adapter les traitements et garantir la récupération complète des patients dans un environnement où chaque erreur peut devenir fatale.

Comment les Méthodes Traditionnelles d'Enseignement des Compétences Techniques en Médecine Peuvent-elles Garantir l'Efficacité de la Formation Pratique?

L'enseignement des compétences techniques en médecine, bien qu'indispensable, ne se limite pas à l'acquisition de gestes pratiques ou à une simple transmission de savoir-faire. Si les méthodes traditionnelles, telles que celles issues du modèle d'apprentissage de Halsted, restent pertinentes, elles ne suffisent plus à garantir une expertise technique complète dans un domaine aussi exigeant que la médecine. Ce phénomène peut être éclairé par la théorie du cycle d'apprentissage de Peyton, qui définit les différentes étapes du développement des compétences techniques chez les apprenants.

Au début de leur parcours, les apprenants se trouvent souvent dans une phase d'incompétence inconsciente, c'est-à-dire qu'ils ne sont même pas conscients de leurs lacunes. À mesure qu'ils prennent connaissance de ces déficits par l'exposition au sujet ou à la procédure, ils atteignent la phase d'incompétence consciente. C'est là que leur prise de conscience de l'écart entre leur niveau de compétence et les attentes se manifeste. Cette prise de conscience est cruciale, car elle ouvre la voie à l'amélioration. Au fur et à mesure qu'ils gagnent en expérience, en répétant les étapes et en recevant des instructions expertes, les apprenants évoluent vers la compétence consciente. À ce stade, bien qu'ils accomplissent les tâches correctement, ils doivent encore être attentifs à chaque détail pour maintenir un haut niveau de performance.

Enfin, une fois qu'ils ont suffisamment pratiqué et intégré la procédure dans leur mémoire musculaire, les apprenants atteignent un niveau de compétence inconsciente. Ils exécutent les tâches avec une telle aisance qu'ils ne réalisent plus nécessairement les subtilités de chaque geste. Cependant, il est important de noter qu'un expert peut, au fil du temps, revenir à un état d'incompétence inconsciente si il ou elle cesse de pratiquer régulièrement ou ne se met pas à jour avec les nouvelles avancées dans le domaine.

Les méthodes d'enseignement efficaces doivent donc tenir compte de ces étapes d'évolution, et il incombe aux formateurs d'être conscients de ces transitions et d'y répondre de manière appropriée. Cela implique notamment de rendre explicites les facteurs qui, pour l'instructeur, sont devenus implicites grâce à leur propre expérience. Un bon formateur doit non seulement enseigner la procédure, mais aussi guider l'apprenant à travers chaque étape de son développement, de l’incompétence consciente à la compétence inconsciente.

L'enseignement des compétences techniques, particulièrement dans le cadre de la médecine d'urgence, doit aussi s'inscrire dans un cadre plus large. Il ne peut pas être dissocié du contexte clinique. Un des aspects fondamentaux de cet enseignement est la théorie de l'apprentissage des adultes, qui repose sur la reconnaissance de l'importance de la pratique, de la pertinence du contenu et de l'engagement actif des apprenants.

Le cycle d'apprentissage des adultes repose sur des principes solides. L'important n'est pas seulement d'acquérir des connaissances théoriques, mais de s'impliquer activement dans le processus d'apprentissage. Les adultes, en particulier, apprennent mieux lorsqu'ils sont directement confrontés à des situations qui ont une pertinence immédiate pour leur pratique professionnelle. Cette connexion entre théorie et pratique permet non seulement d'ancrer les compétences mais aussi de renforcer la motivation intrinsèque des apprenants. De plus, la nécessité de s’engager activement dans le processus d’apprentissage, notamment en posant des questions et en cherchant des retours constructifs, est un facteur clé de succès.

L’une des clés pour optimiser cet apprentissage technique réside dans l'application de la taxonomie de Bloom, qui classe les objectifs d'apprentissage en trois grands domaines : le cognitif, l'affectif et le psychomoteur. Chaque domaine contribue à un aspect spécifique de l'acquisition de compétences. Le domaine cognitif, par exemple, se concentre sur les connaissances nécessaires à l'exécution de la procédure (comme la mémorisation de l'anatomie, la compréhension des pathologies ou l'application de la théorie à la pratique clinique). Les apprenants doivent aussi développer la capacité de comprendre, analyser, appliquer et évaluer ces connaissances dans des contextes réels et complexes.

Le domaine affectif, quant à lui, est centré sur la motivation et l’attachement émotionnel à la compétence acquise. Un enseignant joue ici un rôle clé, non seulement en transmettant des compétences techniques, mais aussi en inspirant l'apprenant à valoriser l'importance de chaque geste effectué. Une partie essentielle de ce domaine réside dans la création d'un environnement d'apprentissage sûr, où les apprenants peuvent poser des questions, faire des erreurs et prendre des risques sans craindre des conséquences négatives. Ce cadre favorable permet de renforcer la confiance des étudiants et de faciliter leur évolution vers une compétence élevée.

La compétence psychomotrice est également fondamentale dans l’acquisition des techniques chirurgicales et autres compétences pratiques. L'exécution correcte d'une procédure, comme l'intubation endotrachéale ou l'insertion d'un cathéter intraveineux, nécessite non seulement la compréhension théorique mais aussi une pratique répétée jusqu'à l'automatisation du geste. Cela implique un entraînement physique, une répétition et un retour constant sur les performances réalisées. La mémoire musculaire et la reconnaissance des patterns deviennent essentielles pour l'exécution sans faute d'une procédure dans des situations réelles.

En définitive, la formation des professionnels de santé dans l'acquisition de compétences techniques ne doit pas se limiter à des exercices isolés. Il est essentiel que ces compétences soient intégrées dans des scénarios cliniques réalistes qui reflètent les défis auxquels les médecins et chirurgiens seront confrontés dans leur pratique quotidienne. De plus, une approche de l'enseignement qui valorise la réflexion continue, la prise de conscience des progrès réalisés et l'importance du feedback est indispensable pour garantir une réelle amélioration des compétences et une réponse efficace aux situations d'urgence.

Comment la pratique de la pleine conscience peut-elle améliorer la santé mentale des professionnels de la santé et leur performance ?

La pleine conscience, ou mindfulness, est souvent perçue comme une pratique ancienne associée à la méditation bouddhiste. Cependant, son utilisation contemporaine va bien au-delà des traditions spirituelles, s'inscrivant désormais comme un outil de gestion du stress et de régulation émotionnelle dans des contextes professionnels et cliniques. Bien que la pleine conscience ait des racines qui remontent à près de 3000 ans, sa popularité a considérablement augmenté ces dernières décennies, en particulier dans le domaine de la santé mentale et du bien-être des professionnels de santé.

La pleine conscience se définit comme un état de présence attentive, où l'individu se concentre sur le moment présent, tout en prenant conscience de ses pensées, émotions et sensations corporelles, mais aussi des stimuli externes. Cette pratique implique d'observer sans jugement, permettant ainsi à l'esprit de se détacher des préoccupations incessantes du quotidien. Elle a été démontrée pour réduire le stress, améliorer l'attention et la mémoire, et atténuer les symptômes d'anxiété et de dépression, des conditions fréquentes chez les professionnels de santé en raison de la pression constante de leur environnement de travail.

Les avantages de la pleine conscience pour les professionnels de la santé sont multiples. Dans un environnement clinique exigeant, où les situations de stress aigu sont fréquentes, la pratique de la pleine conscience peut offrir un répit précieux. En augmentant la capacité à se concentrer sur l'instant présent, elle aide à éviter les réactions impulsives ou les pensées anxieuses qui peuvent interférer avec la prise de décision, un élément crucial dans les soins aux patients. Elle permet également de renforcer la résilience émotionnelle, en donnant aux professionnels des outils pour mieux gérer les moments de stress intense ou les situations d'urgence.

Plusieurs études ont montré que l'intégration de la pleine conscience dans la formation des soignants peut améliorer leur bien-être général et leur performance dans des situations de haute pression. En effet, les techniques de pleine conscience enseignent la gestion des émotions et du stress par la régulation de l'attention, ce qui peut avoir un impact direct sur la qualité des soins prodigués et la sécurité des patients. Les professionnels plus conscients et mieux régulés émotionnellement sont moins susceptibles de commettre des erreurs dues à l'épuisement ou à la surcharge cognitive.

Il est intéressant de noter que la pleine conscience ne se limite pas à des techniques formelles de méditation. Elle peut également être appliquée dans la vie quotidienne, grâce à des pratiques informelles, comme la prise de pauses régulières pour se recentrer, ou en utilisant des rappels de pleine conscience pour apporter un retour constant à l'attention portée à l'instant présent. Ces petits ajustements peuvent suffire à améliorer la gestion du stress tout au long de la journée, tout en favorisant une meilleure santé mentale et un bien-être général.

Cependant, l'impact de la pleine conscience ne se limite pas uniquement à la gestion du stress. Elle joue également un rôle dans le développement des compétences interpersonnelles et de la communication. Les professionnels formés à la pleine conscience peuvent devenir plus à l'écoute de leurs collègues et patients, favorisant ainsi des interactions plus empathiques et une meilleure dynamique d'équipe. Cela est particulièrement essentiel dans des environnements où le travail d'équipe est crucial, comme dans les hôpitaux ou lors d'interventions d'urgence.

Il est également important de souligner que bien que la pleine conscience offre des avantages considérables, sa pratique nécessite une régularité et une persévérance pour être pleinement efficace. Les résultats ne sont pas immédiats et dépendent largement de l'engagement du professionnel dans sa pratique. Il est donc essentiel que les organisations de santé offrent un soutien adéquat, y compris des formations et des ressources pour permettre aux soignants de tirer le meilleur parti de ces techniques.

Au-delà des bienfaits individuels, l'introduction de la pleine conscience dans les pratiques professionnelles pourrait transformer l'approche globale de la gestion du stress dans le secteur de la santé. Des programmes de pleine conscience adaptés aux besoins des soignants peuvent, à terme, contribuer à une réduction des taux d'épuisement professionnel, de burn-out et de turnover des équipes. Cela pourrait aussi améliorer la qualité des soins, en offrant un environnement de travail plus harmonieux et plus soutenant.

La recherche sur ce sujet est encore en pleine expansion, mais il est clair que la pleine conscience offre un potentiel considérable pour améliorer à la fois la santé mentale des professionnels de santé et la qualité des soins qu'ils prodiguent. Il est crucial de continuer à explorer et à intégrer ces pratiques dans les formations professionnelles, afin de permettre aux soignants de mieux gérer les défis émotionnels et cognitifs inhérents à leur métier.

Quel est le rôle des paramédics dans les soins préhospitaliers et comment leur pratique évolue-t-elle ?

Les paramédics jouent un rôle crucial dans la gestion des urgences médicales en dehors des établissements de santé, allant des premiers secours à des soins critiques. Leurs compétences et leurs responsabilités sont organisées en plusieurs niveaux, chacun d'eux ayant des prérogatives spécifiques en fonction de la formation et des protocoles régionaux.

Le paramédic de base, ou Primary Care Paramedic (PCP), intervient principalement pour fournir des soins médicaux de base lors des situations d'urgence. Cela inclut l'administration d'oxygène, l'insertion d'une voie intraveineuse (IV), la surveillance cardiaque, l'utilisation d'un défibrillateur externe semi-automatisé, ainsi que l'administration de médicaments tels que l'aspirine, l'épinéphrine, et la nitroglycérine. Dans le cas de blessés, le PCP est également formé à effectuer des immobilisations, ce qui constitue la première ligne de défense dans la prise en charge des patients en dehors des hôpitaux.

Le paramédic Advanced Care Paramedic (ACP), quant à lui, possède des compétences supplémentaires et est formé pour gérer des situations médicales plus complexes. L'ACP est habilité à administrer une gamme plus étendue de médicaments, effectuer des intubations endotracheales, gérer les voies respiratoires et commencer des soins d'urgence avancés comme la ventilation mécanique. De plus, l'ACP peut superviser et effectuer des actes médicaux de soutien tels que la gestion des lignes artérielles et veineuses et la surveillance des fonctions vitales des patients.

Enfin, l'Advanced Critical Care Paramedic (CCP) représente le sommet de la hiérarchie des paramédics. En tant que spécialiste, le CCP est formé pour gérer des situations d'urgence extrêmement graves, souvent dans des contextes où la vie du patient dépend de l'intervention rapide et complexe. Cela inclut des actes tels que l'intubation trachéale vidéo-guidée, l'insertion de dispositifs supraglottiques, la gestion de la ventilation mécanique pour des patients en état critique, et l'utilisation de médicaments vasoactifs ou anesthésiques. Le CCP est également formé pour effectuer des interventions invasives, telles que des ponctions thoraciques, la gestion des dispositifs d'oxygénation extracorporelle (ECMO), ou l'administration de produits sanguins. Le CCP est donc un acteur clé dans le transport de patients nécessitant des soins intensifs vers des établissements capables de les prendre en charge.

Le cadre juridique et éducatif des paramédics varie considérablement d'un pays à l'autre, voire d'une région à l'autre, ce qui rend essentiel l'adaptation continue des formations et des protocoles. Par exemple, en Canada, les paramédics sont classifiés en trois niveaux distincts (PCP, ACP, et CCP), chacun ayant des exigences de formation spécifiques. Le programme de formation des paramédics de soins critiques (CCP) dure environ un an et nécessite une expérience préalable en tant qu'ACP. Un aspect fondamental de la formation des paramédics réside dans l'acquisition des compétences médicales adaptées aux différentes situations d'urgence, mais aussi dans la capacité à gérer des soins à long terme pendant le transport. Les paramédics sont régulièrement formés pour adapter leur prise en charge en fonction des situations locales, des protocoles de soins et des équipements disponibles.

Le rôle des paramédics va au-delà des simples interventions d’urgence. La capacité à évaluer rapidement l’état du patient, à effectuer des soins appropriés en fonction des protocoles, à suivre l’évolution des conditions médicales et à rapporter des données fiables aux équipes médicales est primordiale. Un paramédic efficace est donc celui qui sait non seulement appliquer des procédures mais aussi analyser la situation en temps réel et prendre des décisions éclairées qui optimiseront les chances de survie et de récupération du patient.

Il convient de noter que dans de nombreux pays, la pratique des paramédics inclut de plus en plus l'utilisation d'outils technologiques avancés. Par exemple, l'interprétation de radiographies ou d’échographies, la gestion des dispositifs de ventilation assistée et le suivi des paramètres hémodynamiques en temps réel ne sont plus l'apanage exclusif des médecins. Les paramédics formés aux soins critiques sont désormais des acteurs essentiels dans l'écosystème de soins de santé d'urgence, en étroite collaboration avec les équipes hospitalières, particulièrement dans les situations de transport interhospitalier.

Les protocoles de soins utilisés par les paramédics, qu'ils soient de niveau primaire, avancé ou critique, sont continuellement révisés afin de répondre aux nouveaux défis médicaux et technologiques. Par conséquent, il est essentiel de garantir une mise à jour régulière des compétences des paramédics, qui doivent être capables d’appliquer ces protocoles avec une grande précision pour assurer la sécurité des patients tout en respectant les réglementations locales.