L'un des principaux objectifs des discours présidentiels, notamment pendant les années électorales, est de gagner le soutien populaire. Il n’est donc pas surprenant que ces discours soient construits pour résonner auprès des électeurs, en particulier ceux des états clés. Cependant, la manière dont la question raciale est abordée dans ces discours ne se limite pas à des déclarations explicites sur la race. En effet, bien que la rhétorique présidentielle ne modifie pas immédiatement les croyances des individus, elle joue un rôle important dans la définition de l'agenda public et dans la manière dont les problèmes sont discutés au sein de la société.
La rhétorique, en particulier celle utilisée par les présidents, façonne l’opinion publique en définissant non seulement les thèmes de discussion mais aussi la manière dont ils sont abordés. Bien que les médias ne dictent pas de manière directe ce que les gens pensent, ils influencent fortement la perception des sujets jugés importants. À travers des discours soigneusement formulés, les présidents influencent non seulement l'attention du public mais aussi l'approche collective envers les questions politiques, y compris celles relatives à la race, à l'ethnicité et à l'identité nationale.
Depuis la présidence de Johnson, et surtout dans le cadre des élections nationales, la question raciale a souvent été abordée de manière codée, surtout lorsqu'il s'agissait de répondre aux préoccupations des électeurs dits « indécis », c’est-à-dire ceux des états dits « swing ». Ces électeurs, en majorité blancs, sont perçus comme décisifs pour le résultat des élections. À travers des messages politiques impliquant des discussions sur la criminalité, l'immigration ou encore l'éducation, la rhétorique présidentielle s'efforce d'établir un lien entre ces problèmes et des valeurs jugées fondamentales pour l'identité nationale. Souvent, cette rhétorique masque la race sous des termes plus abstraits, tout en instaurant des discours qui résonnent profondément dans les régions du pays où la question de l’identité blanche est primordiale.
Un aspect essentiel de ces stratégies est l’utilisation de la « Whiteness », ou la blancheur, comme un cadre implicite de discours. Cette notion est souvent présente dans les discours politiques, mais rarement explicitée. Elle fait référence à une construction culturelle de la blancheur, qui se retrouve souvent implicitement liée à l'identité nationale. Le silence autour de ce concept ne signifie pas qu’il ne soit pas omniprésent, au contraire, son invisibilité lui permet d’exercer une influence considérable sans être directement remis en question. En termes politiques, la blancheur est souvent assimilée à la nationalité elle-même, renforçant une domination invisible au sein de la société américaine.
Ce phénomène est particulièrement visible dans la manière dont la question de l’immigration et de l'ethnicité est abordée. Les discours politiques de ces dernières décennies ont mis en avant la distinction entre « l’Américain blanc » et les autres groupes ethniques ou raciaux, en particulier les immigrés. L’utilisation de ces catégories ethniques a pour but d’établir des frontières culturelles et raciales, mais en les présentant comme des différences non explicites, ces discours parviennent à dissimuler l’élément racial tout en maintenant une division nette entre le « soi » national et l'« autre ». La rhétorique, ainsi utilisée, façonne la manière dont les groupes sont perçus et leur place dans l’identité américaine.
Il est essentiel de comprendre que la rhétorique présidentielle, en abordant ces sujets de manière indirecte et codée, ne fait pas que refléter les tensions sociales existantes, elle les amplifie parfois. Par cette technique, la rhétorique présidentielle tente de maintenir un équilibre politique fragile, en soutenant des politiques parfois contradictoires, mais en s’assurant que les discours restent cohérents avec les attentes des électeurs. Ce processus ne se limite pas à un simple outil de manipulation électorale ; il joue également un rôle central dans la définition de ce qui est considéré comme « normal » ou « acceptable » au sein de la société américaine.
Pour saisir pleinement l’impact de cette rhétorique, il est nécessaire de considérer les relations complexes entre la race, l'ethnicité et l’identité nationale. Ces concepts ne peuvent être dissociés les uns des autres. La façon dont la blancheur est invoquée dans les discours politiques ne peut être pleinement comprise sans une analyse approfondie de son rapport à l’ethnicité et à l’immigration. L'influence de ces discours se retrouve dans la manière dont les groupes ethniques sont perçus, et dans la manière dont ces perceptions façonnent la politique américaine contemporaine. Les discours des présidents, en ce sens, ne se contentent pas de définir les priorités politiques, mais ils jouent également un rôle fondamental dans la construction de l’identité nationale et dans la perpétuation des hiérarchies raciales invisibles mais omniprésentes dans la société américaine.
La stratégie ethnique de Nixon et son influence sur les Américains d'origine italienne dans les années 1970
En 1972, lorsque Richard Nixon s'adressait aux Américains d'origine italienne, il faisait face à un groupe dont le statut ethnique, encore distinct au sein de la société américaine, avait pourtant évolué au fil des décennies. Si les Italo-Américains étaient déjà largement intégrés dans la majorité blanche, leur identité ethnique, construite à partir d’une histoire d’immigration complexe, les plaçait toujours dans un statut ambigu, entre la minorité et la majorité. Nixon comprenait bien cette dynamique et en fit usage dans ses discours, s’adressant à ces électeurs en renforçant leur appartenance à l'Amérique blanche tout en reconnaissant leurs spécificités culturelles.
Le 17 septembre 1972, à l'occasion d'un festival italien à Mitchellville, Maryland, Nixon prononça ce qu’Haldeman qualifia de "discours pro-italien". Il s’agissait là d’une pièce maîtresse de la stratégie ethnique de Nixon. Le président américain établit un lien entre les Italo-Américains et des valeurs qu'il jugeait fondamentales, telles que "un fort sens du patriotisme", "un profond sens religieux", et "une loyauté envers leur église et leur communauté". Il les décrivit comme des personnes profondément attachées à la famille, à leurs enfants, et respectueuses des aînés, mettant en avant leur éthique du travail et leur croyance dans le mérite. Ce discours célébrait aussi les contributions culturelles des immigrants, que Nixon associa à des valeurs de diversité et de force. Il cita Herbert Hoover, qui affirmait que les immigrants "aident à construire l'Amérique" en apportant leur culture, leur musique, et leur religion.
Mais si ce discours semblait valoriser l’apport des Italo-Américains à la société, il ne faisait en réalité que renforcer l'association entre eux et une vision de l'Amérique idéalisée où la culture blanche majoritaire était mise en avant. Ce discours n’était pas directement racial, mais il établissait néanmoins une frontière implicite entre les Italo-Américains et d’autres groupes, notamment les bénéficiaires de l’aide sociale, qui étaient souvent perçus comme moins intégrés à la société dominante. Ainsi, en dépit des apparentes louanges adressées aux Italo-Américains, Nixon exerçait une pression subtile qui servait à les distinguer des autres minorités, comme les Afro-Américains, souvent stigmatisés dans ses discours.
Ce phénomène se manifesta particulièrement dans la politique d’action affirmative, un domaine dans lequel Nixon devait naviguer avec prudence. Initialement, le Département du Travail envisageait d’étendre l’action affirmative aux Italo-Américains et autres groupes ethniques blancs. Cependant, la version finale du programme supprima en grande partie les provisions visant les groupes ethniques blancs. Au lieu de cela, Nixon concentra son approche sur la mobilisation des mécontentements des ethnies blanches concernant le "traitement spécial" réservé aux Afro-Américains, une stratégie qui visait à s’attirer les faveurs des électeurs blancs de la classe moyenne tout en minimisant les accusations de favoritisme racial.
Nixon appliqua la même tactique pour discuter des politiques de bien-être social. Lors de son discours du 26 septembre 1972 à la consécration du Musée américain de l’immigration, il réitéra l'idée que les immigrants, qu'ils soient d'origine italienne ou autre, ne venaient pas aux États-Unis pour recevoir une aide, mais pour saisir des opportunités. Ce message renforçait l'image des Italo-Américains comme travailleurs laborieux, en contraste direct avec les bénéficiaires des programmes sociaux, souvent perçus comme dépendants de l'État.
Cette stratégie, bien qu’efficace politiquement, dissimulait aussi un problème de fond : elle effaçait progressivement les différences entre les ethnies blanches et les autres groupes raciaux, brouillant les frontières entre les identités ethniques et raciales. Les Italo-Américains, bien qu'encore considérés comme distincts sur le plan ethnique, étaient progressivement intégrés dans un ensemble plus vaste de "blancs", ce qui contribuait à homogénéiser la notion d'Américain blanc, au détriment des nuances culturelles spécifiques à chaque groupe d'immigrants.
L'utilisation de la diversité ethnique dans les discours de Nixon permettait de répondre à des besoins électoraux tout en évitant les critiques de bigoterie. Dans des contextes où il devait défendre ses choix politiques, notamment concernant les programmes de bus scolaire, Nixon se positionnait comme un homme politique qui valorisait la diversité américaine, tout en se démarquant de ce qu’il qualifiait de "stratégie du Sud". Dans un discours du 12 octobre 1972, il affirmait que sa stratégie n’était "pas une stratégie du Sud", mais "une stratégie américaine", soulignant l’unité des Américains, quelle que soit leur origine ethnique. En associant les Italo-Américains à un modèle de diversité ethnique, Nixon parvenait à rassurer ses électeurs blancs en leur offrant une version "inclusive" de la politique, tout en renforçant le clivage racial entre les blancs et les autres communautés.
Un autre aspect de la politique de Nixon fut sa gestion du concept de "diversité nationale", qu’il popularisa à travers des événements comme la "Journée du patrimoine national". Pour Nixon, cette journée était l'occasion de célébrer l’"interaction de nombreuses personnes venues de nombreux pays", chacune respectant et honorant ses propres racines ethniques tout en contribuant à un projet commun d'Amérique. Cette vision de la diversité restait cependant floue sur le plan politique et évitait de s’attaquer aux questions de justice sociale qui pouvaient affecter les communautés ethniques blanches.
Au final, la stratégie de Nixon visait à réconcilier l’Amérique blanche avec sa propre diversité ethnique, mais au prix d’une assimilation progressive des groupes dits "ethniques" dans un moule unique de la majorité blanche. Paradoxalement, bien que ces groupes aient été honorés pour leurs spécificités culturelles, leurs identités distinctes étaient en grande partie niées dans la mise en place de politiques publiques.
Comment les présidents américains ont-ils abordé la question de l'identité ethnique et raciale depuis 1964 ?
L'analyse de la rhétorique présidentielle autour des questions raciales et ethniques aux États-Unis révèle des choix stratégiques complexes, qui varient selon les années électorales, les contextes politiques et les groupes ethniques visés. À travers cette étude, l'accent est mis sur les termes utilisés par les présidents pour désigner les groupes ethniques spécifiques, ainsi que sur les discours les plus influents et leurs répercussions. Ce travail explore la manière dont la terminologie liée à la race et à l'ethnicité a évolué, en particulier durant les années de réélection des présidents, de 1964 à 2012.
L'un des aspects les plus intéressants de cette analyse réside dans l’utilisation des termes liés à la communauté latino-américaine. Lyndon Johnson, par exemple, se distingue par sa préférence pour l'expression « Mexican American » plutôt que pour des termes plus généraux comme « Latino » ou « Hispano ». Cette distinction est significative, car elle met en lumière l'importance accordée à cette communauté spécifique dans le discours présidentiel de l’époque. En comparant les résultats d'une analyse des discours présidentiels, il apparaît que, si les présidents ont rarement utilisé des expressions comme « Latino » ou « Hispano », l'expression « Mexican American » se retrouve fréquemment dans leurs interventions, notamment en période électorale. Cela contraste avec le faible nombre de mentions de termes comme « Chicano », qui, bien qu'inclus dans le recensement à partir de 1980, n'a pas eu une large résonance dans les discours officiels des présidents.
À l'inverse, l'analyse des groupes ethniques blancs montre un choix stratégique similaire. Des termes comme « Italian American », « Polish American », et « German American » ont été utilisés dans certains discours, bien qu'avec des fréquences variables. Par exemple, le groupe des Italiens-Américains a été inclus dans l'enquête pour étudier la manière dont les présidents ont construit une identité « blanche » au fil du temps, un processus souvent influencé par des stratégies électorales ciblées. L’un des objectifs de cette étude était d’évaluer si la rhétorique de Nixon lors de sa campagne de 1972, qui faisait explicitement appel à la communauté italo-américaine, pouvait être identifiée dans une tendance plus large des discours présidentiels.
L'analyse de l'utilisation des termes liés aux autres groupes ethniques, tels que les Américains d'origine asiatique, présente également des défis méthodologiques. L'absence de mention systématique des Asiatiques-Américains ou des Amérindiens dans les discours présidentiels de l'époque pourrait suggérer que ces groupes n'étaient pas perçus comme des éléments centraux de l’identité américaine ou qu'ils étaient relégués à des discussions moins visibles. Cependant, l'omission de ces groupes dans cette étude spécifique ne doit pas être interprétée comme une dévaluation de leur importance, bien au contraire. L’absence de termes comme « Caucasian » ou « Asian American » dans la rhétorique présidentielle montre plutôt un choix délibéré de se concentrer sur des groupes ethniques plus visibles dans les discours, à savoir les « Dash Americans » ou les communautés latino-américaines. Néanmoins, cette lacune dans l'analyse des présidents et des discours doit être vue comme une opportunité de recherche future. Le discours présidentiel à propos des Asiatiques-Américains et des Amérindiens reste un terrain fertile pour de futures investigations.
Un autre aspect qui mérite une attention particulière est l’évolution de la manière dont les présidents ont abordé les questions religieuses en relation avec l’identité ethnique. À cet égard, les mentions des termes « Muslim » et « Jewish » ont été étudiées pour observer des évolutions dans la rhétorique présidentielle, en particulier après les événements du 11 septembre 2001. George W. Bush, par exemple, a surtout utilisé le terme « Muslim » dans un contexte international, en relation avec la guerre contre le terrorisme, plutôt que pour désigner les musulmans résidant aux États-Unis. Cette distinction montre à quel point la géopolitique peut influencer la rhétorique intérieure des présidents.
Enfin, l'analyse des discours présidentiels au cours de différentes élections a révélé une tendance à utiliser un langage codé en ce qui concerne des questions telles que l'éducation, l'inégalité économique, le bien-être social et la criminalité. Ces domaines ont souvent servi de toile de fond pour des déclarations raciales implicites. Par exemple, la fameuse allocution de Nixon en 1969 sur la « majorité silencieuse » ou les discours de Reagan sur la « reine du bien-être » en 1976 montrent comment des problématiques sociales étaient utilisées pour mobiliser des bases électorales en jouant sur des stéréotypes raciaux.
En définitive, cette étude souligne l'importance de comprendre comment les présidents américains ont structuré et navigué dans les discours sur la race et l'ethnicité pour mieux adresser des enjeux électoraux et sociaux. Bien que des progrès aient été réalisés dans la reconnaissance des minorités, il demeure essentiel de rester attentif aux discours qui continuent de façonner l'identité nationale. Le lien entre la rhétorique raciale et les stratégies électorales n'est pas seulement une question d’idéologie, mais aussi de pouvoir et de mobilisation des électorats, ce qui révèle un aspect central de l’histoire politique des États-Unis.
Comment George W. Bush a-t-il redéfini l'identité latino-américaine et son rôle dans la politique américaine ?
La construction de l'identité latino-américaine aux États-Unis a pris un tournant significatif dans les années 1970, en particulier après l'introduction du terme "Hispanic" dans les recensements officiels de 1980. Ce phénomène a contribué à l'émergence d'une identité collective latino, qui s'opposait à une conception plus traditionnelle de l'identité ethnique basée sur un pays d'origine spécifique. Cette évolution a eu des répercussions profondes sur les stratégies politiques des candidats, notamment celles de George W. Bush lors de sa campagne de réélection en 2004.
L'identité latino-américaine, dans le contexte des États-Unis, est souvent perçue à travers un prisme racial complexe, où les Latinos naviguent entre les catégories ethniques et raciales, dans une relation subtile avec le "binaire blanc-noir" qui structure la société américaine. En effet, bien que beaucoup de Latinos aient conscience des avantages associés à la "blancheur", ils ne sont généralement pas perçus comme blancs par la majorité des Américains. De plus, les Latinos à la peau plus foncée sont confrontés à des discriminations particulières. Cette situation démontre la manière dont l'identité latino est marquée par une variété de facteurs, allant des changements dans la classe sociale des immigrants à la nature multiraciale de l'ethnie latino.
Lors de sa campagne de 2004, George W. Bush a cherché à atteindre les électeurs latinos en s’appuyant sur une rhétorique inclusive qui visait à célébrer leurs contributions à la société américaine. Dans un discours prononcé lors de la réception du Mois du patrimoine hispanique le 5 septembre 2004, Bush a salué "les grandes contributions des Latinos à notre pays" et a décrit la culture latino comme étant fondée sur "la foi en Dieu, l'engagement envers la famille et l'amour de la patrie". Il a souligné l'esprit d'entreprise des Latinos, les présentant comme des individus dotés de "vision, de dynamisme et du désir" de créer de petites entreprises. Cette approche visait à renforcer l'image des "bons" Latinos, c'est-à-dire ceux qui incarnent des valeurs américaines traditionnelles telles que le travail acharné et les valeurs familiales.
Cependant, cette rhétorique cachait une distinction implicite entre les Latinos "bons" et les "mauvais", une dichotomie qui a émergé avec la montée de la politique identitaire dans les discours raciaux et ethniques contemporains. Cette distinction a été utilisée pour promouvoir l'idée que certains groupes de Latinos, notamment ceux qui respectaient les normes de travail et les valeurs traditionnelles américaines, étaient plus proches de l'idéal américain, tandis que d'autres étaient perçus comme étant déconnectés de ces valeurs.
Dans le même temps, Bush a utilisé des messages codés sur la réforme de l'État providence, bien que ce sujet ne fût pas central dans le discours public de 2004. Loin des attaques directes contre la pauvreté ou les politiques de criminalité comme celles de ses prédécesseurs, Bush a évoqué la nécessité de réformes sociales qui renforcent la famille et encouragent le travail. Ce discours, bien que ne faisant pas explicitement référence à la race, reprend des tropes raciaux et sociaux utilisés auparavant pour stigmatiser certains groupes ethniques et favoriser une vision conservatrice de la société américaine. Ces messages codés, profondément intégrés dans la rhétorique politique moderne, n’ont pas perdu leur signification raciale, malgré leur banalisation apparente.
Ce phénomène est un exemple flagrant de la manière dont la droite américaine, en particulier le Parti républicain, a progressivement redéfini le discours politique autour de l’identité nationale et de la race. L’une des réalisations les plus remarquables de la droite conservatrice a été sa capacité à déplacer le discours public de manière à ce que les arguments les plus radicaux deviennent des éléments centraux de la rhétorique politique sur l’identité américaine. Ce glissement de discours a permis de brouiller les frontières entre les stratégies raciales des partis républicains et démocrates, rendant plus difficile de distinguer les approches des uns et des autres sur des sujets aussi cruciaux que la race et l’immigration.
La rhétorique de Bush en matière d’économie, notamment à travers le concept de la "société des opportunités", a également été marquée par des éléments de codification raciale. Lors de son discours à la convention de la Ligue des citoyens latino-américains unis (LULAC) en 2004, Bush a présenté son programme économique comme une réponse aux défis rencontrés par les communautés latino-américaines, tout en utilisant des tropes qui faisaient écho aux valeurs associées à la "blancheur", notamment la réussite par le travail et l'entrepreneuriat. Ce discours, tout en étant censé être inclusif, s’inscrivait dans une tradition politique où les notions de travail et de valeurs familiales étaient profondément liées à des conceptions raciales et sociales spécifiques.
Il est important de noter que ces stratégies ne sont pas uniques à Bush, mais s’inscrivent dans une longue tradition républicaine visant à attirer le vote latino par l’intégration subtile de valeurs et de discours traditionnellement associés aux électeurs blancs de la classe moyenne. Bush a compris que les Latinos étaient perçus comme un groupe suffisamment hétérogène pour justifier une approche différenciée. Les messages de son administration ont donc ciblé ces différences en mettant en avant les valeurs de travail, d’entrepreneuriat et de respect de la loi, tout en cherchant à construire une identité latino-américaine qui s’inscrit dans le cadre d’un discours plus large sur l’identité nationale.
Dans cette dynamique, il est crucial de comprendre que la politique de Bush visait non seulement à attirer les Latinos vers le Parti républicain, mais aussi à légitimer une certaine conception de l'identité américaine qui, tout en étant inclusive, excluait implicitement certains segments de la population. L'usage d’un langage codé et la mise en avant de certaines valeurs au détriment d'autres ont permis de maintenir une vision du monde où l'assimilation des Latinos ne signifiait pas nécessairement une reconnaissance complète de leur diversité, mais plutôt une adaptation à une norme culturelle et économique dominante.
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