L'édifice du pouvoir, dans tout régime autoritaire, repose sur une organisation rigoureuse, un réseau de commandement bien structuré et une communication de masse habilement orchestrée. Dans le cas de Mussolini, la structure militaire fasciste, qui allait du général de brigade au simple centurion, jouait un rôle central dans l'imposition de l'ordre, soutenu par une hiérarchie militaire stricte et une discipline rigoureuse. L'uniforme, symbole même de l'ordre, affichait fièrement des éléments distinctifs comme l'aigle romain ou l'étoile à cinq branches, marquant ainsi l'appartenance au régime. Cette organisation, renforcée par un système de recrutement où les grades inférieurs étaient élus par des membres de rang inférieur, permettait une connexion directe avec la base, une forme de légitimité apparente.

Au sommet de cette hiérarchie, les Inspecteurs généraux, nommés par le Parti fasciste, avaient pour rôle de contrôler l'application de l'idéologie du Duce. Mais au-delà de la force brute, Mussolini réussissait surtout à étendre son pouvoir grâce à un usage habile de la propagande et des nouveaux moyens de communication de masse. Le régime fasciste comprenait dès lors l’importance d'un contrôle des pensées et des émotions des masses, une compréhension claire que les symboles, les images et les mots peuvent devenir des instruments plus puissants que la simple répression. C’est ainsi qu’à la suite du meurtre de Giacomo Matteotti en 1924, Mussolini, confronté à une vague d’indignation populaire, lança la création de la Radio Nationale Publique. Ce geste marquait l’entrée du fascisme dans l’ère moderne de la communication.

Le 6 octobre 1924, l'Unione Radiofonica Italiana débutait ses émissions. Ce lancement ne se contentait pas de diffuser de simples programmes, il incarnait l'aspiration du régime à dominer les esprits, à contrôler la culture populaire. La radio allait devenir un médium central pour influer sur l’opinion publique, véhiculer la grandeur de l’Italie fasciste et offrir un aperçu de l’avenir glorieux promis par Mussolini. Elle servait de véhicule à une vision nationale et culturelle unifiée, utilisant des voix intellectuelles et des talents artistiques pour occulter la violence sous-jacente et présenter une image de modernité et de progrès.

De la même manière, des décennies plus tard, Donald Trump, en dépit d'une différence de contexte et de moyens, utilisa une forme de propagande bien différente, mais tout aussi efficace. Le slogan « Make America Great Again » (Rendre à l'Amérique sa grandeur), sans aucune prétention de matérialisation concrète, a pourtant résonné profondément auprès d'une large part de la population américaine. Ce phénomène illustre l’importance de la narration et de l’émotion dans la politique contemporaine. En effet, au-delà des faits et des statistiques, ce sont les récits, les symboles et les promesses de changement qui captent l'imagination des électeurs. Trump comprit très tôt qu’il ne s’agissait pas seulement de convaincre, mais d’émouvoir, de susciter des passions, de créer un contre-discours qui allait à l’encontre des élites politiques traditionnelles.

Le rôle des médias, et notamment des réseaux sociaux, a permis à Trump de se positionner comme un outsider à l'anti-establishment. Il fit des déclarations audacieuses et provocatrices, souvent scandaleuses, créant des réactions instantanées et des débats publics. Ses messages, qu’ils soient concernant la politique intérieure, l’économie, ou même la race, ont souvent choqué, mais cette stratégie de la provocation générait de l’attention et alimentait une dynamique de rupture. La communication politique dans ce cadre ne consistait plus simplement à diffuser un programme, mais à polariser, à diviser et à provoquer des émotions qui venaient ensuite conforter son image auprès de ses partisans.

Le rôle de la violence verbale dans la politique contemporaine n'est pas à négliger. Trump a compris qu’il pouvait, par des propos violents et des attaques personnelles, non seulement capter l'attention mais aussi enflammer les passions. L’intensification de la rhétorique violente, notamment à travers ses tweets, a eu des répercussions bien plus larges que des simples moments de scandale médiatique. L’utilisation d’une "violence verbale" qui dépasse les limites du discours traditionnel en politique a créé un climat propice à des réactions extrêmes. Les conséquences de cette stratégie sont profondes, bien qu’il soit difficile de mesurer précisément son impact à long terme sur la démocratie. La multiplication des actes violents et des crimes motivés par la haine, tout comme l'érosion de la confiance dans les institutions démocratiques, soulignent l’importance de comprendre les effets de cette forme de communication politique.

Ce phénomène de « violence symbolique » par la parole n’est pas nouveau. Il existe des parallèles historiques clairs entre la façon dont certains régimes autoritaires manipulent les masses et les moyens modernes de communication utilisés par Trump. Comme le soulignent des chercheurs en politique et en histoire, la normalisation de la violence, à travers le discours politique, transforme des idées et des comportements qui étaient auparavant inacceptables en actions acceptées et légitimes.

Les parallèles avec les régimes autoritaires du passé, comme celui de Mussolini ou des fascistes européens, sont frappants. Mais au-delà de ces comparaisons historiques, il faut bien comprendre que, dans le monde contemporain, la propagande n’est plus uniquement l’apanage des régimes totalitaires classiques. Elle se trouve également au cœur de la politique démocratique, où des leaders comme Trump utilisent les technologies modernes pour façonner l’opinion publique et manipuler les émotions de masse.

L'Impact de la Politique de Mussolini sur la Chine et les Relations Internationals

Le virus qui a éclaté à travers le monde, entraînant de nombreuses personnes en quarantaine, nous rappelle non seulement les vulnérabilités sanitaires, mais aussi les tensions géopolitiques qui surgissent dans des moments de crise. Si l’on se concentre sur l’ampleur de la crise, il est intéressant de noter que les réactions des puissances mondiales reflètent des dynamiques de pouvoir anciennes, mais toujours pertinentes. En effet, la manière dont certains dirigeants, comme Donald Trump, ont qualifié la pandémie, d’abord de "virus chinois", puis de "kung-flu", en dit long sur les perceptions et les stéréotypes qui nourrissent les relations internationales, et plus spécifiquement sur la manière dont certains pays abordent leurs rapports avec la Chine.

Historiquement, l'Italie fasciste sous Mussolini n’a pas été avare de ses relations avec la Chine. L'Italie avait établi des relations économiques avec ce pays dès 1866, et bien que ces relations aient été surtout symboliques pendant longtemps, elles prenaient un tour plus sérieux à la fin des années 1930. Le gouvernement de Mussolini, cherchant à s'affirmer sur la scène internationale, vit en Chine un partenaire stratégique potentiel, mais aussi un laboratoire pour ses idéologies fascistes. Dès 1936, une série de collaborations furent établies entre les deux nations : des experts italiens, qu'ils soient financiers, juristes, ou techniciens, furent envoyés en Chine pour y enseigner des programmes sociaux et économiques inspirés du fascisme.

L'Italie envoya aussi ses meilleurs ingénieurs dans le domaine de l’aviation et de la construction navale. Le but était de moderniser certains secteurs chinois et de les préparer à des défis géopolitiques croissants. Les écoles chinoises, notamment à Pékin et Shanghai, accueillirent des professeurs italiens qui enseignaient les principes des systèmes juridiques européens, mais l'échange ne se limita pas à la sphère intellectuelle. Des accords commerciaux furent signés, permettant aux entreprises italiennes, comme les fabricants d’avions SIAI-Marchetti, d'installer des usines en Chine pour produire des avions pour le compte du gouvernement chinois.

Cependant, ces relations n’allaient pas durer. En 1937, Mussolini se tourna brusquement vers un autre partenaire : le Japon. En effet, la montée en puissance de l’Empire japonais et la guerre sino-japonaise provoquèrent un revirement stratégique majeur. L'Italie, dans un contexte où les alliances se redéfinissaient, se rallia au Japon, ennemi juré de la Chine. Les relations sino-italiennes prirent ainsi fin, et l'engagement de l’Italie en Chine se transforma en un retrait stratégique en faveur d’un axe plus directement lié à l'expansion japonaise.

Au-delà des simples accords militaires ou économiques, cette dynamique révèle un aspect fondamental des relations internationales : l’évolution rapide des alliances, dictée par des intérêts géopolitiques changeants. La politique de Mussolini visait à affirmer la puissance de l'Italie, tout en construisant des ponts avec des nations perçues comme stratégiquement importantes. L'influence fasciste en Chine, bien que limitée, a laissé une marque sur la manière dont l’Italie a tenté de modeler d’autres pays à son image. L’intérêt de l’Italie pour la Chine, de même que le revirement rapide de son alignement, souligne aussi l’instabilité des relations internationales au gré des enjeux militaires et idéologiques.

L’observation des rapports entre les nations, en particulier dans le contexte de l’Italie fasciste et de la Chine, met en lumière un point fondamental pour comprendre la politique étrangère moderne : les alliances sont souvent fluides et pragmatiques. Ce phénomène peut se retrouver dans les relations contemporaines, où des intérêts économiques et géopolitiques déterminent les choix d’alignement, parfois contre toute logique historique ou culturelle.

Un autre aspect important à saisir est que ces changements dans les relations internationales ne se produisent pas dans un vide. Ils sont le reflet de dynamiques internes, notamment idéologiques, qui influencent les choix de politique étrangère. L'exemple de l'Italie fasciste, avec son évolution des relations avec la Chine vers un rapprochement avec le Japon, démontre comment une nation peut alterner entre différentes positions selon ses besoins géopolitiques immédiats. Cette flexibilité stratégique, bien qu'elle ait été perçue à l’époque comme un signe de force, peut aujourd'hui être vue comme un manque de constance et un risque à long terme dans les relations internationales.

Il est essentiel de comprendre que, bien que les contextes aient changé, les mécanismes de prise de décision en politique étrangère restent influencés par des logiques similaires. Les relations internationales sont toujours façonnées par des stratégies pragmatiques et par la recherche de partenariats qui servent les intérêts immédiats, souvent au détriment de relations à long terme stables. En ce sens, l’étude des alliances de Mussolini avec la Chine et le Japon offre une leçon précieuse pour appréhender les défis géopolitiques d’aujourd’hui.