Les résultats d'enquêtes menées auprès de citoyens américains révèlent des comportements politiques intéressants et parfois inquiétants, en particulier en ce qui concerne la manière dont différents groupes idéologiques réagissent face à des politiciens qu'ils jugent nuisibles. À partir de 2019, il est apparu que, comparativement aux conservateurs, les libéraux étaient plus enclins à refuser de servir un homme politique problématique, à boycotter ses commerces ou à s'engager dans des actions de protestation telles que des sit-in. Ces réponses semblent être une conséquence de l'hostilité envers l'administration Trump, notamment chez les libéraux, qui voyaient les actions de ce dernier comme non seulement injustes, mais aussi profondément néfastes pour la démocratie et le pays.
Cependant, ces résultats contrarient l’idée prévalente selon laquelle les conservateurs, en particulier les partisans de Trump, seraient plus disposés à prendre des mesures décisives ou à s'engager dans des actions autoritaires. Les données suggèrent au contraire que les personnes qui se sentent politiquement marginalisées — comme les libéraux sous l'administration Trump — sont plus susceptibles de se manifester par des actes de protestation.
Il existe des actes, toutefois, qui franchissent la ligne morale et légale, comme la contribution à des campagnes politiques au-delà des limites légales ou l'altération des résultats électoraux, qui sont inacceptables dans une démocratie. Ces comportements, bien que moins fréquents, semblent être plus répandus parmi les partisans de Trump. Par exemple, 19 % de ces derniers ont indiqué qu'ils seraient prêts à dépasser les limites légales de financement de campagne, un chiffre nettement supérieur aux 10 % des libéraux qui ont donné la même réponse. De plus, 16 % des partisans de Trump ont avoué qu'ils pourraient déplacer des bulletins de vote, contre seulement 9 % des libéraux.
Il est intéressant de noter que les partisans de Trump ne sont pas systématiquement plus enclins que les conservateurs non partisans de Trump à mener des actions politiques fermes. L'une des seules exceptions significatives concerne l'assistance dans des actes de dégradation matérielle pendant des émeutes, où les partisans de Trump se distinguent nettement des autres groupes. Cette différence révèle un aspect particulier de l'engagement politique des partisans de Trump : leur disposition à soutenir des actions non seulement illégales, mais aussi d'une violence morale indéniable.
Cette propension à compromettre des principes démocratiques au nom de la sécurité ou de la politique a également été mise en évidence par une enquête qui posait la question de savoir si la sécurité devait primer sur la démocratie en cas de menace. Une majorité significative de partisans de Trump (59 %) a affirmé que la sécurité serait prioritaire, contre seulement 13 % des libéraux. Ce clivage reflète une mentalité "sécuritaire" chez les partisans de Trump, qui semblent prêts à abandonner des valeurs démocratiques si cela peut les protéger d’une menace perçue, notamment économique, criminelle ou étrangère.
L'attitude des partisans de Trump face à la démocratie soulève une question plus large sur leur compréhension des principes démocratiques et leur engagement envers eux. Bien que ces résultats ne permettent pas de conclure que les partisans de Trump sont intrinsèquement moins attachés à la démocratie que les libéraux, ils montrent une forte tendance parmi eux à sacrifier ces principes pour des raisons de sécurité, ce qui place cette catégorie dans une position particulière vis-à-vis de l'ordre démocratique.
Enfin, il est important de noter que l’engagement idéologique et les actions qui en découlent sont également façonnés par le contexte politique. Les partisans de Trump, confrontés à ce qu’ils perçoivent comme une attaque contre leur vision du pays, sont plus susceptibles d’adopter des positions extrêmes et de justifier des actions violentes ou illégales pour défendre leur interprétation de la politique nationale. Cela suggère qu'une grande partie de la dynamique politique actuelle, et notamment les tensions entre les groupes idéologiques, trouve ses racines dans un sentiment d'urgence face à ce qu'ils considèrent comme des menaces existentielles.
La force, la vigilance et le rôle central de la sécurité dans la société contemporaine
L'importance accordée à la force et à la vigilance d'un pays dans un monde de plus en plus interconnecté et vulnérable a fait l'objet de nombreuses recherches, notamment dans le contexte des préférences sécuritaires. Les individus tendent à vouloir que leur pays soit fort et préparé, afin de dissuader les menaces extérieures. Il existe une forte corrélation entre cette préférence pour la sécurité et les orientations idéologiques, en particulier lorsqu'il s'agit de distinguer les partisans de Trump des conservateurs qui ne vénèrent pas Trump. Par exemple, une question posée aux répondants stipule que « si nous ne sommes pas vigilants, nous serons rapidement victimes des criminels, des immigrés et des pays étrangers ». Tandis que 18 % des libéraux adhèrent à cette idée, 88 % des partisans de Trump l'approuvent, ce qui illustre une division nette en termes de perception des menaces extérieures.
Cette opposition dans les perspectives idéologiques repose sur des visions distinctes de la menace : certains estiment que la société doit être vigilante pour prévenir l'intrusion culturelle ou physique d'éléments extérieurs, qu'il s'agisse de criminels, d'immigrants ou de puissances étrangères, tandis que d'autres considèrent que ces menaces sont moins préoccupantes que celles posées par les puissants à l'intérieur même de la société, tels que ceux qui détiennent une richesse et une influence considérables. Les conservateurs, par rapport aux libéraux et aux modérés, sont généralement plus enclins à approuver des mesures sécuritaires pour se prémunir contre ces menaces extérieures. Cependant, une différence significative émerge entre les conservateurs admirateurs de Trump et ceux qui ne le sont pas. Les premiers sont beaucoup plus susceptibles de soutenir des politiques de vigilance accrue et de force nationale.
Les items qui composent cet indice de préférences sécuritaires permettent de mieux comprendre cette distinction. Les partisans de Trump se distinguent par une conviction plus forte que « le pire pour un pays est d'être perçu comme faible » ou que « l'objectif central d'un pays devrait être de devenir suffisamment fort pour dissuader les menaces extérieures ». Cette vision du monde, centrée sur la sécurité et la force, est plus marquée chez les partisans de Trump, qui tendent à associer la force à la protection contre les menaces extérieures, qu'elles soient criminelles, économiques ou militaires. Cette perception rejoint également des préoccupations concernant la sécurité personnelle. Par exemple, la conviction que la faiblesse personnelle est inacceptable semble se traduire par une adhésion accrue à l'idée que le pays ne doit pas être perçu comme faible.
L'analyse des préférences sécuritaires dans une perspective sociétale, par opposition aux préférences purement personnelles, a révélé que ces deux concepts sont fortement liés mais loin d'être identiques. Ainsi, il est possible qu'une personne qui accorde une importance modérée à sa propre sécurité soit néanmoins très préoccupée par la sécurité de la société dans son ensemble. Cette distinction entre sécurité personnelle et sécurité sociétale soulève la question de savoir si les personnes qui recherchent la sécurité personnelle veulent également que la société dans laquelle elles vivent soit également sécurisée contre les menaces extérieures. Les résultats des analyses suggèrent que la corrélation entre les préférences sécuritaires personnelles et sociétales est significative, mais qu'elle reste loin d'être parfaite.
Ce lien entre les préférences personnelles et sociétales révèle également que les préoccupations concernant la sécurité nationale ne se limitent pas aux seuls aspects de défense militaire ou de politique extérieure. L'importance de la force et de la vigilance dans la politique de sécurité nationale touche des questions plus profondes de perception de soi et de valeurs sociales. Ainsi, les partisans de Trump, qui associent fermement la force nationale à la protection contre les menaces externes, accordent également une place centrale à la force personnelle comme condition préalable à la préservation de l'ordre social.
Il est donc crucial de comprendre que cette forte polarisation entre les partisans de Trump et les autres conservateurs ne se limite pas simplement à une différence d'opinions sur la politique de défense. Elle touche des questions fondamentales de valeurs sociales, telles que la manière dont la société doit réagir aux menaces extérieures et intérieures, ainsi que la manière dont la sécurité est perçue à différents niveaux, du personnel au national. Cette analyse met en lumière les tensions qui traversent les sociétés modernes, où la sécurité nationale et personnelle sont souvent perçues comme des facettes indissociables de la même problématique de pouvoir et de contrôle.
Quels comportements personnels distinguent les différents types de vénérateurs de Trump ?
Parmi les admirateurs de Trump, une catégorie se démarque nettement par ses comportements personnels : les vénérateurs de type Tea Party. Ceux-ci affichent une propension plus marquée à adopter des comportements que l’on pourrait qualifier de « répréhensibles » ou marginaux au regard des normes sociales classiques. Ainsi, ils sont significativement plus enclins à fumer, à consommer de l’alcool, à regarder de la pornographie, à jouer à la loterie, à parier de grosses sommes, et à raconter des blagues pouvant être jugées offensantes. Cette propension se manifeste de manière très nette, à tel point qu’environ 42 % d’entre eux avouent regarder de la pornographie, un chiffre nettement supérieur à celui des autres groupes, y compris des libéraux (37 %). De même, 36 % déclarent consommer au moins quatre verres d’alcool par semaine, une proportion plus élevée que celle des autres groupes de vénérateurs.
Cette tendance aux comportements « hédonistes » ou « libertaires » semble refléter une certaine philosophie de vie caractéristique des Tea Partiers, souvent associée à un rejet des contraintes sociales rigides et à une valorisation de la liberté individuelle, même dans ses excès. Cette image contraste avec celle des autres groupes de vénérateurs de Trump, notamment les sécuritariens, qui apparaissent comme beaucoup plus conformistes dans leurs conduites, évitant ces comportements excessifs. Ces derniers privilégient plutôt un mode de vie plus « traditionnel », ce qui s’inscrit dans leur souci de protection et de stabilité pour leur groupe d’appartenance.
Les comportements liés à la possession d’armes à feu, aux voyages à l’étranger, à la chasse ou à la pêche ne différencient guère les groupes, à l’exception des social warriors, moins enclins à voyager. La possession d’armes au sein des familles des vénérateurs de Trump est cependant très répandue, témoignant d’une dimension culturelle commune, même si les Tea Partiers restent les plus nombreux à en avoir.
Au-delà des comportements quotidiens, une autre facette intéressante est la disposition des vénérateurs à s’engager dans des actions politiquement contestataires pour empêcher un politicien qu’ils jugent nuisible. Ici encore, les Tea Partiers se distinguent en affichant une propension plus forte à envisager des actes tels que refuser de servir ce politicien dans un restaurant, propager des rumeurs potentiellement fausses, assister à des manifestations potentiellement violentes, voire à commettre des actes d’infraction mineurs comme enlever un panneau de soutien politique dans un voisinage ou falsifier des bulletins de vote. Ces comportements sont nettement moins fréquents chez les sécuritariens, qui se montrent plus réservés et conformistes même dans le cadre d’une opposition politique.
Ces résultats nuancent l’image souvent monolithique de la base de Trump. Contrairement à l’idée reçue d’un électorat entièrement autoritaire et soumis à une figure d’autorité incontestable, les données montrent que, globalement, les vénérateurs de Trump sont même parfois plus enclins à résister à un contrôle autoritaire que certains autres groupes politiques. La diversité des profils, notamment entre Tea Partiers et sécuritariens, illustre une complexité interne où la liberté individuelle peut coexister avec des aspirations sécuritaires, mais aussi où la radicalité des comportements peut varier fortement.
Il est important de comprendre que cette variété comportementale reflète des logiques psychologiques et culturelles profondes. Les Tea Partiers, en revendiquant un mode de vie plus débridé, expriment non seulement une révolte contre certaines normes perçues comme étouffantes, mais aussi une posture politique qui valorise l’autonomie à tout prix, même au risque d’un certain chaos social. Les sécuritariens, eux, incarnent plutôt une quête d’ordre, de protection, et d’intégrité morale, privilégiant des moyens plus mesurés et contrôlés d’affirmer leur opposition politique.
Ces différences ont des implications majeures pour la compréhension des dynamiques internes de la droite américaine et, plus largement, des mouvements populistes contemporains. Elles montrent aussi que les discours simplistes réduisant les partisans de Trump à une uniformité autoritaire ou rebelle manquent la richesse réelle des attitudes et comportements qui composent cette base.
Pourquoi certains électeurs soutiennent-ils des leaders perçus comme extrêmes ou clivants ?
Comprendre le soutien persistant envers des leaders polarisants comme Donald Trump implique de dépasser les explications superficielles. Ce soutien n’est pas simplement le produit de l’ignorance ou du fanatisme idéologique, mais révèle des dynamiques psychologiques, culturelles et identitaires plus profondes. Le système de défense de l’ego, par exemple, joue un rôle crucial. Lorsqu’un individu se sent menacé dans son statut social, culturel ou économique, il a tendance à se replier sur des systèmes idéologiques qui renforcent son sentiment de sécurité intérieure. Le soutien à un leader perçu comme protecteur de son « in-group » devient alors un acte de préservation psychique.
Les recherches de Kinder et Kam révèlent que les attitudes négatives envers un groupe minoritaire sont souvent corrélées à des attitudes similaires envers d’autres groupes. Il s’agit d’une hostilité généralisée envers les « out-groups », qui permet à l’individu de maintenir une cohérence interne en simplifiant la complexité sociale du monde extérieur. Cette simplification est rassurante. Elle permet de poser des repères fixes dans une époque perçue comme chaotique.
Le cas des fervents partisans de Trump durant sa présidence illustre bien cette dynamique. Il est probable que beaucoup d’entre eux aient ressenti une amélioration de leur estime de soi, précisément parce qu’ils se sentaient représentés par un leader en phase avec leurs angoisses identitaires. Mais pour tester cette hypothèse de manière convaincante, il faudrait recueillir des données sous différentes administrations politiques, afin de mesurer les effets comparatifs sur leur bien-être subjectif.
Des auteurs comme Jardina insistent sur l’idée que les attitudes racialisées des électeurs blancs ne sont pas toujours animées par l’hostilité envers les autres, mais parfois par un désir intense de protéger leur groupe perçu comme vulnérable. Ce réflexe de protection n’est pas purement irrationnel : il s’inscrit dans une vision du monde où la menace est omniprésente, et où l’internationalisation, la migration et la perte des traditions sont vécues comme des attaques existentielles.
On retrouve ici la logique « sécuritarienne », qui façonne profondément les attitudes politiques contemporaines. Ce n’est pas un hasard si certains électeurs se disent davantage préoccupés par la sécurité culturelle et identitaire que par les enjeux économiques. Ils ne soutiennent pas seulement des politiques : ils soutiennent un récit. Celui d’un ordre moral perdu qu’il s’agirait de restaurer.
Accuser tous les partisans d’un tel leader d’être racistes serait une simplification dangereuse. La recherche souligne que la majorité ne se reconnaît pas dans une idéologie raciste explicite,
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