La région transfrontalière de LASANTI, englobant le sud de la Californie et la Basse-Californie mexicaine, est emblématique de la fracture sociale croissante entre promesse économique et réalité sociale. Malgré la création de millions d’emplois, ces opportunités ne traduisent pas une mobilité réelle pour une large part de la population, en particulier les enfants issus de l’immigration. Le Sud de la Californie est l’une des régions les plus inégalitaires des États-Unis. Le pays lui-même se classe troisième, derrière le Mexique et le Chili, parmi les trente pays de l’OCDE, en matière d’inégalité de revenus.
En Californie, la majorité des enfants sont issus de familles immigrées. La moitié des enfants de l’État ont au moins un parent né à l’étranger, dont un quart sont sans-papiers. Cette situation les expose à une précarité extrême, d’autant plus que la politique fédérale interdit aux immigrés légaux l’accès à de nombreux services sociaux pendant les cinq premières années de résidence. Même les enfants nés sur le sol américain, donc citoyens, sont privés de soins de santé et de nutrition essentiels, leurs parents redoutant toute interaction avec les institutions. L’instabilité est donc institutionnalisée, renforçant les barrières à la réussite scolaire et professionnelle.
Au Mexique, la situation est encore plus critique. Le taux de pauvreté dépasse les 50 %, selon des chercheurs de l’Université ibéro-américaine. Le salaire minimum — qui était jusqu’à récemment d’environ cinq dollars par jour — maintient les travailleurs en dessous du seuil de pauvreté. Bien que le gouvernement de López Obrador ait imposé une hausse de 16 %, ainsi qu’un doublement du minimum salarial à la frontière nord, ces mesures ne suffisent pas à combler les inégalités structurelles, notamment en éducation. Le niveau d'instruction demeure désespérément faible : en 2016, seulement 17 % des Mexicains entre 25 et 64 ans possédaient un diplôme universitaire.
Le tableau de la Basse-Californie illustre la profondeur de la crise éducative. Bien que le taux de diplomation du secondaire ait augmenté de manière significative en une décennie (de 39,5 % à 58,9 %), l’accès à l’enseignement supérieur reste fortement limité. En 2017, douze mille élèves n’ont pas pu intégrer un lycée public, faute de place. Le système éducatif est devenu un labyrinthe opaque, où les familles peu scolarisées ne disposent ni de l’information ni du capital social nécessaires pour accompagner leurs enfants.
Les bourses proposées pour intégrer des écoles privées sont souvent dirigées vers des établissements de fortune, aux horaires réduits et à la qualité pédagogique douteuse. Le résultat est sans appel : un jeune sur cinq âgé de 18 à 24 ans au Mexique ne travaille pas et ne suit aucun parcours éducatif — le double de la moyenne OCDE.
Même pour les rares qui accèdent à l’université, les débouchés sont restreints. Le taux d’obtention de diplômes avancés est dominé par les sciences sociales et l’éducation, tandis que les secteurs porteurs tels que les STEM ou le management sont largement délaissés. Le système produit donc une main-d’œuvre surqualifiée pour des secteurs saturés, et sous-qualifiée pour ceux où la demande est forte.
Les données économiques confirment l'inefficacité relative du système éducatif à générer une véritable mobilité. Les revenus des diplômés du secondaire stagnent, tandis que ceux des universitaires sont en déclin relatif par rapport à leur formation. L’écart entre les personnes peu éduquées et les diplômés du supérieur s’est réduit — non pas parce que les premiers gagnent mieux leur vie, mais parce que les seconds sont de moins en moins récompensés. Cela reflète un dysfonctionnement profond du marché du travail et une inadéquation entre formation et emploi.
Il ne suffit donc pas d’inciter les jeunes à poursuivre leurs études. Encore faut-il qu’ils aient un accès réel à des formations de qualité, en nombre suffisant, et qu’ils puissent entrevoir des perspectives concrètes d’amélioration de leur condition. L’infrastructure éducative, en particulier au niveau secondaire et supérieur, est encore loin de répondre à ces exigences.
L’ensemble de ces éléments compose un système verrouillé, dans lequel l’origine sociale, le statut migratoire et l’ancrage territorial déterminent quasi mécaniquement les trajectoires individuelles. La mobilité sociale, dans ce contexte, devient une exception — et non une norme.
Pour comprendre la persistance de cette immuabilité sociale, il est crucial d’ajouter que les politiques éducatives,
Comment la communication entre les États-Unis et le Mexique a façonné la politique migratoire et commerciale sous Trump
Les relations entre les États-Unis et le Mexique ont été profondément influencées par la rhétorique de Donald Trump, particulièrement en ce qui concerne la politique migratoire et commerciale. Dès le début de sa campagne présidentielle, Trump a abordé ces questions avec un ton direct et agressif, utilisant les réseaux sociaux comme principal moyen de communication. L’un des éléments les plus marquants de cette dynamique fut la promesse de construire un mur à la frontière entre les deux pays, un projet qu’il a revendiqué comme étant indispensable pour lutter contre l'immigration illégale et le trafic de drogues en provenance du Mexique.
Dans un premier temps, le président mexicain Enrique Peña Nieto a tenté de répondre aux attaques de Trump de manière diplomatique. Après que ce dernier ait insisté sur le fait que le Mexique financerait le mur, Peña Nieto a annulé une réunion prévue avec lui, soulignant que "le Mexique ne paiera jamais pour ce mur". Cette décision marquait un tournant dans la communication bilatérale : là où Trump privilégiait les déclarations publiques et les tweets provocateurs, le gouvernement mexicain optait pour des réponses plus institutionnelles et solennelles, souvent relayées par le ministre des Affaires étrangères.
Cependant, Trump n’a cessé de renforcer son message, insistant sur l’idée d’une relation commerciale déséquilibrée entre les deux pays. Selon lui, le Mexique profitait largement de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), accumulant un excédent commercial colossal au détriment des États-Unis. Il n'a cessé de répéter que le Mexique devait prendre ses responsabilités, non seulement pour limiter l'immigration illégale, mais aussi pour régler ce qu’il percevait comme un injuste déséquilibre commercial. L’impasse entre les deux présidents culmina lorsque Trump menaça de retirer son pays de l’ALENA si le Mexique ne respectait pas ses conditions.
Mais l'approche de Trump en matière de migration s’est avérée être un sujet récurrent tout au long de son mandat. Il a qualifié le Mexique de "porte d'entrée" pour les caravanes de migrants provenant d'Amérique centrale, souvent dans des termes assez virulents. Ce faisant, il a mis une pression énorme sur le gouvernement mexicain, l'accusant de ne pas faire assez pour stopper les flux migratoires vers les États-Unis. En réponse, le président Peña Nieto et ses successeurs ont réaffirmé la dignité nationale du Mexique, insistant sur le fait que les lois et la souveraineté mexicaines ne permettaient pas de céder aux demandes américaines sans une réciprocité véritable dans les négociations. Le président mexicain a également tenté de réorienter les discussions vers des solutions multilatérales et de coopération régionale, cherchant à gérer la question migratoire avec une approche fondée sur le respect mutuel et l’équité.
Il est intéressant de noter que, même dans les moments de tension extrême, la communication entre les deux pays n'a jamais été complètement rompue. À chaque déclaration incendiaire de Trump, le Mexique a continué de souligner sa volonté de coopérer, même si cette coopération se faisait sur des termes qui respectaient l’intégrité nationale du pays. Peña Nieto, et plus tard Andrés Manuel López Obrador, ont cherché à naviguer entre une position de fermeté et un désir de maintenir le dialogue ouvert, malgré la pression des États-Unis.
Une autre dimension importante de cette relation est l’évolution des perceptions publiques au Mexique. Les attaques répétées de Trump ont renforcé un sentiment nationaliste au Mexique, un sentiment qui s'est amplifié avec la montée en puissance des caravanes de migrants. L'accent mis par Trump sur l'immigration illégale et les menaces de fermetures de frontières ont exacerbé les tensions internes au Mexique, en particulier chez les secteurs les plus vulnérables à la politique américaine, mais ont aussi poussé une partie de la population mexicaine à se solidariser davantage, par réaction, avec les migrants.
Dans ce contexte, l’importance d’une approche diplomatique plus mesurée et plus constructive s’est imposée. Le gouvernement mexicain, tout en maintenant sa position sur la non-finance du mur, a cherché à gérer les effets secondaires des politiques américaines, notamment en matière de migration. Le dialogue entre les deux nations, même s’il a été parsemé de nombreux obstacles, a permis de développer des accords bilatéraux qui ont cherché à contenir certains des problèmes mis en avant par Trump, tout en préservant la souveraineté du Mexique.
Pour comprendre les enjeux de cette période, il est essentiel de ne pas seulement se concentrer sur la question du mur ou des caravanes de migrants. L’aspect central de cette dynamique réside dans l’intensification du nationalisme mexicain, la pression sur les structures politiques internes du Mexique, et la manière dont ces forces ont interagi avec les politiques commerciales et migratoires des États-Unis. Ce qui peut sembler au premier abord comme un conflit de personnalités ou de diplomaties se révèle être une lutte pour l'équilibre des pouvoirs dans une relation asymétrique. Le défi pour le Mexique, au-delà de la défense de sa dignité nationale, a consisté à naviguer dans un environnement mondial marqué par des tensions croissantes entre souveraineté nationale et pression internationale.
Comment les dynamiques migratoires mexicaines influencent-elles les systèmes éducatifs et économiques aux États-Unis et au Mexique ?
Les mouvements migratoires entre le Mexique et les États-Unis constituent un phénomène complexe, profondément enraciné dans des réalités économiques, sociales et politiques qui affectent les deux pays de manière interdépendante. Les flux migratoires, qu’ils soient légaux ou non, influencent non seulement les marchés du travail, mais aussi les systèmes éducatifs, notamment dans les zones frontalières et au sein des communautés migrantes.
Les données issues de diverses études montrent que la qualité et l’équité du système éducatif mexicain restent un défi majeur. Malgré des efforts stratégiques pour améliorer les compétences et l’accès à l’éducation (Guthrie et al., 2018), des milliers de jeunes se retrouvent sans place dans les établissements publics, comme le souligne la situation à Baja California où des dizaines de milliers d’élèves ne peuvent intégrer ni l’université ni le lycée public (Reyes, 2017a et 2017b). Ce déficit crée une pression supplémentaire sur les familles et limite les perspectives d’ascension sociale des jeunes issus de milieux modestes.
Parallèlement, les enfants d’immigrés mexicains aux États-Unis font face à des défis spécifiques liés à leur statut migratoire et à celui de leurs parents. Le phénomène des « DACA recipients » (bénéficiaires du programme de protection des jeunes immigrés) illustre bien les gains économiques et éducatifs possibles, bien qu’instables, pour cette population (Wong et al., 2017). Cependant, la déportation et les politiques migratoires restrictives accentuent la précarité des familles et perturbent la scolarisation des enfants, y compris ceux qui ont la citoyenneté américaine mais vivent au Mexique du fait de la déportation de leurs parents (Jacobo et Jensen, 2018).
L’économie du travail, quant à elle, subit l’impact des travailleurs immigrés, souvent non autorisés, qui occupent des postes dans des secteurs à faible rémunération. La dynamique des salaires, la législation du travail et l’application des lois migratoires influencent directement la présence et les conditions des travailleurs mexicains aux États-Unis (Borjas, 2017 ; Hanson et McIntosh, 2009). L’étude du « place premium », c’est-à-dire la différence de salaire pour des travailleurs identiques de part et d’autre de la frontière, met en lumière l’attraction économique des États-Unis, qui continue d’alimenter les migrations malgré les risques et les contraintes légales (Clemens et al., 2008).
Il est essentiel de comprendre que ces phénomènes migratoires ne sont pas isolés : ils s’inscrivent dans un cadre global où les politiques économiques, sociales et migratoires s’entrelacent. Par exemple, les décisions relatives au salaire minimum au Mexique, ainsi que les priorités stratégiques définies par l’OCDE et d’autres organismes, ont des répercussions directes sur la capacité des populations locales à trouver un emploi décent et à échapper à la migration forcée par la pauvreté (Harrup, 2018 ; Guthrie et al., 2018).
Les disparités régionales, notamment dans des zones comme la frontière sud de la Californie, montrent également une intensification des inégalités raciales et économiques, aggravées par les politiques migratoires répressives qui génèrent une incertitude permanente pour les populations migrantes (Mordechay, 2014). Cette situation souligne la nécessité d’aborder la question migratoire non seulement sous l’angle sécuritaire mais aussi sous celui de la justice sociale et de la cohésion territoriale.
Au-delà des chiffres et des politiques, il importe de saisir l’impact humain profond de ces dynamiques. La mobilité, volontaire ou contrainte, façonne les identités, modifie les structures familiales et influence les trajectoires éducatives et professionnelles des migrants et de leurs descendants. Une compréhension fine de ces interactions permet d’envisager des solutions plus équitables et efficaces, qui ne reposent pas uniquement sur des mesures coercitives, mais aussi sur l’investissement dans l’éducation, la formation et l’inclusion sociale.
Les lecteurs doivent garder à l’esprit que ces processus migratoires sont influencés par des facteurs internationaux et globaux : la mondialisation, les accords commerciaux, les crises économiques et climatiques modifient constamment les flux et les conditions de vie des populations concernées. Il ne suffit donc pas d’analyser ces phénomènes de façon isolée, mais de les replacer dans un cadre plus large qui intègre la complexité des relations entre le Mexique et les États-Unis ainsi que les enjeux mondiaux contemporains.
Comment introduire un intervenant de manière efficace et réfléchie ?
Quel impact l'élévation des cultures et la domestication des animaux ont-elles eu sur les sociétés de la période Jorwe ?
Comment optimiser la planification des tâches dans un environnement multi-processeurs ?
Comment expliquer le soutien massif des évangéliques à Trump en Iowa en 2016 ?

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский