Le magnétisme dans les matériaux solides trouve son origine dans la mécanique quantique, particulièrement dans le moment angulaire des électrons, ou spin. La présence d’électrons non appariés dans les atomes ou molécules, généralement dans des orbitales d ou f des métaux de transition, est à la base du comportement magnétique observé. Dans les semi-conducteurs, la somme vectorielle des moments magnétiques de ces électrons non appariés au sein de la maille cristalline génère un moment magnétique résultant, orienté selon une direction cristalline privilégiée, phénomène désigné sous le terme d’anisotropie magnétocristalline.

La nature de l’alignement des spins détermine le type de magnétisme observable. Un semi-conducteur ferromagnétique (FM) se caractérise par un alignement parallèle de tous les spins non appariés, conduisant à un moment magnétique macroscopique. À l’opposé, dans un matériau antiferromagnétique (AFM), les spins sont répartis équitablement en deux directions opposées, annulant ainsi le moment magnétique net. Cette configuration peut être classée en trois types selon la disposition spatiale des spins : G-type, où chaque voisin magnétique possède un spin opposé ; A- et C-type, où les plans cristallins présentent des orientations de spin différentes. Entre ces deux extrêmes se trouve la ferrimagnétisme (FeM), où les spins opposés ne sont pas également répartis, laissant un moment magnétique résiduel.

La plupart des semi-conducteurs magnétisés naturellement sont antiferromagnétiques, comme NiO, Cr2O3, CoO ou MnF2, tandis que des oxydes complexes tels que FeCrO3 ou PbFeO3 exhibent un comportement ferrimagnétique. Des exemples notables de semi-conducteurs ferromagnétiques incluent PbNiO3 et FeSnO3. La recherche sur ces matériaux est cruciale, notamment pour le développement des technologies émergentes comme la spintronique, qui exploite le spin électronique pour créer des dispositifs plus performants, des capteurs magnétiques, ou encore des mémoires à haute densité.

La modélisation computationnelle est un outil incontournable pour comprendre et prédire les propriétés magnétiques de ces matériaux. La théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT) associée au modèle d’Ising permet d’évaluer les constantes d’échange magnétique (J) et les différences d’énergie entre états magnétiques, facilitant ainsi l’identification de l’état fondamental magnétique du matériau. L’application du modèle d’Ising nécessite cependant une symétrie cristalline suffisante, ce qui le limite dans l’analyse des surfaces où la coordination des sites magnétiques est variable. Pour les surfaces, seule l’énergie relative des états magnétiques est estimée, sans calcul précis des constantes d’échange.

La procédure générale en modélisation consiste à optimiser la structure dans un état ferromagnétique, calculer ensuite l’énergie en état antiferromagnétique, et comparer ces résultats à l’aide des équations du modèle d’Ising. Des valeurs positives de J et de la différence d’énergie indiquent un état ferromagnétique stable, tandis que des valeurs négatives signalent une préférence pour l’antiferromagnétisme ou la ferrimagnétisme.

Au-delà de leur intérêt fondamental, les semi-conducteurs magnétiques se distinguent par leurs nombreuses applications. Leur rôle est particulièrement prégnant dans le domaine de la photocatalyse et de l’antimicrobien, où l’interaction avec les espèces réactives de l’oxygène (ROS) produit des effets catalytiques ou destructeurs ciblés. Par exemple, la capacité des semi-conducteurs à générer des ROS permet la dégradation de polluants ou la destruction sélective de micro-organismes, exploitée dans les dispositifs de traitement de l’eau ou d’antibactériens.

Les ROS issus de la photocatalyse ciblent préférentiellement les cellules microbiennes, surmontant les défenses adaptatives que certains micro-organismes développent contre certains types d’oxydants, notamment le superoxyde (·O2−) et le peroxyde d’hydrogène (H2O2). D’autres ROS, comme le singulet d’oxygène (1O2) et les radicaux hydroxyles (·OH), restent efficaces malgré les mécanismes antioxydants bactériens, rendant les matériaux semi-conducteurs prometteurs pour le contrôle microbiologique.

Parmi ces matériaux, les oxydes métalliques à base d’argent, tels que AgMoO4, Ag2CrO4, Ag2WO4 et Ag2O, représentent une famille de composés particulièrement étudiés pour leurs propriétés électriques, optiques, photocatalytiques et antimicrobiennes. Leur morphologie et les propriétés de surface influencent fortement leur efficacité dans les différentes applications, nécessitant une compréhension fine de la structure électronique et magnétique à l’échelle atomique.

Il est essentiel de noter que la complexité des interactions magnétiques dans les semi-conducteurs ne peut être appréhendée pleinement sans prendre en compte l’influence des défauts cristallins, des impuretés, et des contraintes mécaniques qui modifient la symétrie locale et la coordination des ions magnétiques. Ces facteurs peuvent altérer l’anisotropie magnétocristalline et donc la stabilité des états magnétiques, impactant directement les performances dans les dispositifs technologiques. De plus, la dynamique des spins à l’interface entre couches magnétiques et semi-conductrices ouvre un champ d’investigation crucial pour la conception des composants de spintronique, où le contrôle précis de la cohérence et de la relaxation des spins est déterminant.

Comment les propriétés électroniques des nanotubes peuvent-elles être contrôlées ?

Le développement de dispositifs électroniques de plus en plus miniaturisés exige des matériaux capables de répondre à des critères de performance, de stabilité et de flexibilité que les semi-conducteurs traditionnels peinent à satisfaire. Parmi les candidats émergents, les nanotubes de type CNT — qu’ils soient en carbone, en bore, en phosphore noir ou dans des combinaisons hétérogènes — offrent un spectre exceptionnel de comportements électroniques ajustables, grâce à la finesse structurelle de leur géométrie unidimensionnelle. L’ingénierie des propriétés électroniques de ces nanotubes repose sur des manipulations fines : diamètre, chiralité, dopage atomique et construction de hétérojonctions. Ces variables permettent une transition contrôlée entre états métalliques et semi-conducteurs, et l’induction de phénomènes comme la résistance différentielle négative ou le ferromagnétisme.

Les nanotubes de bore (BNTs), dans leurs configurations triangulaires, hexagonales ou hybrides, constituent une plateforme particulièrement malléable. Parmi eux, les α-BNTs, dotés d’une structure mixte triangulaire-hexagonale, possèdent une fonction de travail remarquablement proche des données expérimentales, ce qui les rend pertinents pour l’étude des transitions électroniques. Des calculs basés sur la théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT) couplés aux fonctions de Green en régime non-équilibre (NEGF) démontrent qu’en modifiant la position des atomes de bore au centre des anneaux hexagonaux, on peut induire une transition de comportement métallique vers un comportement semi-conducteur dans des BNTs de type armchair.

Les nanotubes de phosphore noir (BPNTs), dérivés de phosphorène enroulé, présentent une stabilité conditionnée par leur diamètre : seuls ceux excédant 12,5 Å conservent leur intégrité structurelle. Néanmoins, ces BPNTs possèdent un gap direct indépendant de la chiralité, ce qui en fait d'excellents semi-conducteurs. Cependant, des zones d’ombre subsistent concernant l’effet précis du dopage — notamment par des atomes de carbone ou d’oxygène — sur leur configuration électronique. Ce point constitue un verrou critique pour leur intégration dans les dispositifs optoélectroniques.

Le bore arsénié (BAs), avec sa conductivité thermique exceptionnelle à température ambiante (2000 W/m·K), attire l’attention pour sa capacité à dissiper efficacement la chaleur dans les dispositifs modernes. Si les nanotubes de BAs restent encore peu explorés expérimentalement, leur potentiel théorique comme semi-conducteurs est élevé, notamment en tant que composant dans des hétérojonctions. Des simulations montrent qu'en insérant un tube interne de BP dans un nanotube BAs pour former une hétérojonction coaxiale, la rotation du tube intérieur induit une transition électronique métallique-semi-conductrice.

Un autre axe de manipulation consiste en la construction d’hétérojonctions transverses entre des nanotubes CNTs et d'autres structures aux propriétés magnétiques spécifiques. Le cas du Fe₂Si est particulièrement remarquable : à l'état fondamental, ce matériau présente un état demi-métallique ferromagnétique, avec une polarisation de spin de 100 % au niveau de l’énergie de Fermi. Lorsqu’on l’intègre à des CNTs, cette propriété engendre un comportement spintronique potentiel, ouvrant la voie à des dispositifs logiques exploitant la polarisation de spin plutôt que la charge électronique classique.

La méthodologie employée pour étudier ces phénomènes repose sur des simulations DFT de précision, avec des approches spin-polarisées pour les systèmes magnétiques comme les nanotubes de Fe₂Si. L’approximation GGA avec la fonctionnelle PBE assure une modélisation fiable de l’énergie d’échange-corrélation. L'ensemble du système est maintenu à 300 K, avec une maille k de 1×1×100 pour bien capter la conduction électronique le long de l’axe du nanotube.

Ce corps de recherches met en évidence la richesse des possibilités de contrôle des propriétés électroniques d

Comment la Implantation Ionique Modifie les Propriétés Électriques des Matériaux Super-durs : Cas du Diamant et du Borure Cubique de Bore (c-BN)

L'implantation ionique, méthode sophistiquée d'introduction d'impuretés dans des matériaux solides, a un impact significatif sur les propriétés électriques des matériaux super-durs tels que le diamant et le borure cubique de bore (c-BN). Ces matériaux, connus pour leur extrême dureté et leurs propriétés remarquables, présentent un défi unique dans le domaine de l’électronique en raison de leur structure cristalline et de la forte liaison sp3 qui caractérise leur réseau atomique. L'implantation ionique dans ces matériaux permet non seulement de créer des défauts mais aussi de modifier la densité atomique locale, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles applications dans des dispositifs électroniques de haute performance.

L'implantation ionique consiste en l'injection de particules énergétiques dans une cible, ce qui entraîne des collisions inélastiques et élastiques avec les atomes du matériau cible. Ces collisions peuvent créer des défauts dans le cristal, modifier la structure du matériau et influencer la mobilité des porteurs de charge. En particulier, les ions à haute énergie, lorsqu'ils interagissent avec les matériaux super-durs comme le diamant et le c-BN, peuvent générer des pistes de type canal qui modifient la diffusion des atomes dans le cristal. Ces canaux peuvent être exploités pour une implantation d'impuretés de manière localisée, ce qui permet de contrôler la conductivité du matériau de manière plus précise.

Lorsqu’un ion pénètre dans le cristal, il perd de l’énergie par des collisions avec les électrons (arrêt électronique) et avec les noyaux des atomes (arrêt nucléaire). À des énergies très élevées, l'ion atteint une vitesse extrêmement élevée et se comporte essentiellement comme un noyau complètement ionisé. Lorsqu'il interagit avec le matériau, l'ion cède de l'énergie par des collisions électroniques, ce qui permet de créer des défauts dans le réseau cristallin. La dissipation d’énergie pendant l'implantation produit une chaleur localisée et des radiations, qui participent à la création de défauts dans le cristal, modifiant ainsi ses propriétés électriques et mécaniques.

Une des difficultés majeures rencontrées lors de l'implantation ionique dans des matériaux comme le diamant ou le c-BN réside dans la nécessité de prévenir la graphitisation induite par l’ionisation. L'implantation ionique à haute énergie peut entraîner des changements dans la structure locale du matériau, ce qui peut provoquer la formation de zones de graphène ou de structures amorphes, altérant ainsi les propriétés du matériau. L’un des objectifs de la recherche actuelle est donc de développer des méthodes permettant d’éviter ces effets indésirables tout en tirant parti des avantages offerts par l'implantation ionique, tels que la modification de la conductivité ou la création de régions dopées localement.

L'une des caractéristiques intéressantes de l'implantation ionique dans ces matériaux est la possibilité de former des pistes, ou "tracks", qui sont des structures canalisées dans le cristal. Ces structures peuvent modifier la manière dont les atomes se diffusent et ouvrent la voie à des stratégies de dopage très localisé, ce qui est crucial pour la création de dispositifs électroniques plus performants. Par ailleurs, la distribution de ces pistes et des défauts qui en résultent peut être utilisée pour concevoir des structures de dispositifs à l’échelle submicronique, permettant ainsi des avancées significatives dans la miniaturisation des composants électroniques.

Enfin, l’implantation ionique offre de nouvelles possibilités pour la conception de dispositifs électroniques capables de fonctionner dans des conditions extrêmes. Grâce à leurs propriétés exceptionnelles, le diamant et le c-BN sont des matériaux de choix pour des applications dans des environnements soumis à des pressions élevées, des températures extrêmes, et des radiations intenses. L'implantation ionique permet de contrôler avec précision la structure locale du matériau, et ainsi d'optimiser ses performances dans ces conditions.

Il est essentiel de comprendre que l’implantation ionique ne se limite pas à une simple introduction d’impuretés dans le cristal. Les interactions complexes entre les ions énergétiques et les atomes du matériau entraînent une série de modifications physiques et chimiques qui peuvent avoir des conséquences sur les performances électriques, thermiques et mécaniques des matériaux. L’utilisation de techniques avancées, telles que la spectroscopie Raman, permet de suivre ces transformations et d’évaluer l'impact des défauts créés par l’implantation. Ces analyses fournissent des informations précieuses pour le développement de matériaux à haute performance et l’amélioration des dispositifs électroniques.