Les composites à base de fibres de carbone sont de plus en plus utilisés dans des secteurs industriels tels que l’aéronautique, l’automobile et la construction en raison de leur légèreté, de leur résistance mécanique et de leur durabilité. Cependant, leur recyclabilité reste un défi majeur, particulièrement en raison de la matrice polymère qui les lie. Les matrices thermodurcissables, fréquemment utilisées dans les composites à fibres de carbone, compliquent le processus de recyclage, car elles ne fondent pas lorsqu'elles sont chauffées, rendant les méthodes mécaniques de recyclage moins efficaces. À l’inverse, les matrices thermoplastiques, bien que plus faciles à recycler, sont moins courantes car elles présentent des propriétés mécaniques inférieures à celles des thermodurcissables.

Le recyclage mécanique, qui consiste à broyer les matériaux composites en petites particules ou fibres, est l’une des méthodes les plus simples pour recycler ces matériaux. Cependant, cette technique a l'inconvénient de réduire les propriétés mécaniques des fibres récupérées, limitant ainsi leur réutilisation à des matériaux de faible performance. Une étude sur le recyclage mécanique des polymères renforcés de fibres de carbone (CFRP) a montré que bien que les composites recyclés aient une résistance à la traction inférieure à celle des composites neufs, ils conservent des propriétés mécaniques suffisantes pour des applications comme les intérieurs automobiles ou les matériaux de construction. Cela démontre que même si le recyclage mécanique n’est pas parfait, il peut offrir une solution viable pour certaines utilisations moins exigeantes.

En revanche, le recyclage chimique, également connu sous le nom de solvolyse, permet de décomposer la matrice polymère à l’aide de solvants ou de produits chimiques tout en préservant les fibres de carbone. Cette méthode présente l’avantage de fonctionner à des températures plus basses par rapport à la pyrolyse, ce qui réduit le risque de dégradation des fibres. La solvolyse est particulièrement adaptée pour le recyclage des composites thermodurcissables, dont la structure réticulée permanente empêche la fusion ou la reconfiguration à chaud. Des recherches récentes sur le recyclage chimique se sont concentrées sur l'amélioration de l'efficacité des solvants et la réduction de l'impact environnemental, par exemple, en utilisant des fluides supercritiques comme l'eau supercritique ou le dioxyde de carbone, qui peuvent dissoudre la matrice polymère tout en récupérant les fibres de carbone. Une autre approche prometteuse consiste à utiliser des liquides ioniques, capables de cibler sélectivement la matrice polymère sans endommager les fibres.

Le processus de solvolyse se divise généralement en trois étapes. La première consiste à appliquer un solvant sur le matériau composite, ce qui permet de décomposer la résine polymère par des réactions chimiques. Parmi les solvants couramment utilisés, on retrouve des fluides supercritiques, des solvants organiques comme l'acétone, l'éthanol ou le méthanol, ainsi que des solvants réactifs tels que les acides ou les bases. Ensuite, la matrice polymère dissoute libère les fibres de carbone, qui peuvent être séparées et traitées pour être réutilisées. Parfois, la solution polymère-solvant peut également être traitée pour récupérer et réutiliser la résine, selon le type de résine utilisé. Enfin, les fibres récupérées peuvent être lavées pour éliminer tout résidu, puis subissent des traitements supplémentaires, comme la mise en taille, pour restaurer certaines de leurs propriétés mécaniques perdues.

L’un des avantages majeurs du recyclage chimique réside dans sa capacité à préserver l'intégrité structurale des fibres de carbone, conservant ainsi leur résistance à la traction et leur rigidité. Cela fait du recyclage chimique une méthode supérieure au recyclage mécanique en termes de qualité des fibres récupérées. De plus, ce procédé permet non seulement de récupérer les fibres, mais aussi de récupérer des produits chimiques précieux issus de la décomposition de la matrice, en fonction du solvant et du type de résine utilisés. Par exemple, certains solvants peuvent être choisis pour une dissolution sélective, permettant ainsi la récupération des fibres et des monomères issus de la matrice polymère pour leur réutilisation.

Il est également important de noter que bien que les composites polymères, qu'ils soient thermoplastiques ou thermodurcissables, présentent des avantages en termes de propriétés mécaniques et de légèreté, leur gestion en fin de vie reste problématique. L'augmentation de leur utilisation dans diverses industries a engendré une pression croissante pour trouver des solutions de recyclage efficaces. Les composites polymères sont composés d'une matrice polymère associée à des renforts tels que des fibres de verre ou de carbone, créant un matériau dont les propriétés surpassent celles de ses composants individuels. Leur recyclabilité, ou plutôt leur non-recyclabilité, représente un défi de taille pour la durabilité des secteurs qui en dépendent.

Dans ce contexte, il devient essentiel de développer des technologies de recyclage avancées, non seulement pour réduire l'impact environnemental de ces matériaux, mais aussi pour conserver les ressources précieuses qu'ils représentent. Par exemple, les composites polymères utilisés dans la capture du CO2 combinent souvent des polymères thermoplastiques comme le polyéthylèneimine, qui peuvent être modifiés chimiquement pour améliorer l'affinité avec le CO2, avec des renforts fonctionnels tels que des matériaux à base de carbone ou des polymères poreux. La sélection de la matrice polymère et des renforts fonctionnels joue un rôle crucial dans l'efficacité et la durabilité des matériaux dans ces applications.

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Quelle est l'efficacité des traitements par irradiation pour améliorer l'adsorption du CO2?

Les irradiations UVC entraînent une modification subtile mais significative de la structure et de la cristallinité des matériaux à base de MOF (Metal-Organic Frameworks). Ces modifications permettent de conserver la structure globale tout en rendant le cadre plus ouvert, avec des sites d'interaction supplémentaires qui augmentent l'adsorption du CO2. Cette capacité améliorée d'adsorption découle d'une plus grande complexité structurelle, qui crée des espaces de réaction supplémentaires. En outre, des études menées sur différentes techniques de graftage, telles que l'irradiation par faisceau électronique ou par rayons gamma, montrent que la performance de ces méthodes varie selon plusieurs paramètres.

L'efficacité du graftage est principalement évaluée par le pourcentage de monomères liés à la structure polymère. Le pourcentage de degré de graftage (DG) sert de mesure clé pour déterminer cette efficacité. Divers facteurs influencent le DG pendant la polymérisation, notamment la température, la dose d'irradiation, la distance de l'irradiation, la durée du traitement, ainsi que la concentration en monomères. Des chercheurs comme Ochoa-Segundo et ses collègues ont constaté que l'efficacité de graftage la plus élevée (83,06 %) était obtenue avec l'éthylacétate comme solvant, en raison de sa capacité à produire des sites actifs fonctionnels pendant le processus de polymérisation. En revanche, d'autres solvants, comme l'éthanol ou l'acétone, n'ont pas montré une telle efficacité. Le contrôle de la température et du temps de réaction est essentiel, car une température plus élevée accélère la cinétique de la réaction et favorise la formation de liens croisés.

Des études complémentaires sur l'irradiation par rayons gamma et faisceau électronique ont montré que la radiation gamma, bien que plus répandue, ne surpasse pas nécessairement les autres techniques en termes de rendement d'adsorption, mais reste préférée dans de nombreuses applications en raison de son efficacité. Cependant, le faisceau électronique a été particulièrement apprécié ces dernières décennies car il ne génère pas de déchets radioactifs. Il a également été démontré que les techniques d'irradiation UV et plasma, bien qu'intéressantes, ne produisent pas toujours des effets aussi robustes que les méthodes plus établies. L'un des points clés dans l'évaluation de l'efficacité de ces processus est le degré de liaison formée, qui est fortement influencé par des paramètres comme la température, le temps, la distance et la concentration des monomères.

Les recherches montrent également que pour obtenir une performance optimale dans le graftage, il est crucial de comprendre comment l'irradiation influence non seulement la structure des matériaux mais aussi leur capacité à interagir avec les molécules cibles, comme le CO2. Ce phénomène est particulièrement visible dans des études où des monomères spécifiques comme le méthacrylate de glycidyle (GMA) ont été utilisés pour modifier les surfaces des nanofibres de PAN, créant ainsi une interface plus réactive. Le processus de graftage suivi de l'aminométhylation montre comment la surface d'un adsorbant peut être considérablement améliorée pour optimiser l'adsorption de gaz.

Il est également pertinent de noter que des techniques d'analyse structurelle, telles que la microscopie électronique à balayage (SEM) et la spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (FTIR), jouent un rôle crucial dans la validation de ces modifications. Les résultats expérimentaux ont montré que l'irradiation par UV modifie la structure du matériau, comme en témoignent les changements dans les images SEM et les spectres FTIR, confirmant l'incorporation des groupes fonctionnels et leur impact sur la capacité d'adsorption.

Les méthodes d'irradiation peuvent avoir un effet profond sur les propriétés des adsorbants, mais la recherche doit aussi prendre en compte les conditions environnementales dans lesquelles ces matériaux seront utilisés. En effet, des paramètres comme le flux d'air, la concentration en CO2 et les conditions de température peuvent influencer significativement l'efficacité d'adsorption, ce qui nécessite des ajustements précis pour chaque application spécifique. Pour que ces matériaux deviennent viables dans des contextes industriels, il faut non seulement optimiser leur performance sous diverses conditions de laboratoire mais aussi évaluer leur stabilité à long terme, leur durabilité, et leur coût d'implémentation.

Comment l'husk de riz et les déchets de bois peuvent-ils être utilisés pour l'adsorption du CO2 ?

Les matériaux naturels tels que l'husk de riz et les déchets de bois sont aujourd'hui explorés comme solutions potentielles pour l'adsorption du dioxyde de carbone (CO2), un des gaz à effet de serre les plus problématiques dans la lutte contre le changement climatique. L'husk de riz, un sous-produit agricole issu du décorticage du riz, présente une structure poreuse favorable à l'adsorption des molécules de CO2. Son contenu élevé en carbone et ses caractéristiques physico-chimiques en font un candidat idéal pour des applications de capture et de stockage du CO2.

L'husk de riz possède des silicates et de la cellulose en grande quantité, ce qui lui confère une surface spécifique (SA) importante, optimisant ainsi la diffusion du CO2 dans ses pores. Ce dernier bénéficie également de la présence de métaux alcalins et alcalino-terreux tels que le potassium et le magnésium, qui réagissent avec le CO2 pour former des carbonates et des bicarbonates, augmentant ainsi la capacité d'adsorption. Des techniques de modification de surface, comme l'imprégnation avec des composés à base d'amine ou l'activation alcaline, ont été utilisées pour améliorer cette capacité d'adsorption en multipliant le nombre de sites actifs disponibles pour l'adsorption du CO2.

Une recherche a révélé que la modification de l'husk de riz avec des agents tels que le KOH (hydroxyde de potassium) permettait d'augmenter l'efficacité de l'adsorption du CO2. Lorsque l'husk de riz est activée par le KOH, une structure poreuse se forme, favorisant l'insertion des molécules de CO2 dans les pores. L'étude a démontré que l'activation chimique avec KOH était particulièrement efficace pour augmenter la basicité de la surface du charbon actif, ce qui améliore sa capacité à capter le CO2.

En parallèle, d'autres matériaux, comme les déchets de bois (notamment le pin, le hickory et le peuplier hybride), ont également été étudiés pour leur potentiel d'adsorption du CO2. Ces matériaux, sous forme de copeaux ou de sciure, sont soumis à des processus de pyrolyse ou d'activation pour en faire des carbones poreux. Par exemple, la pyrolyse lente du bois de hickory, réalisée à 600°C pendant 3 heures, permet de produire un charbon actif avec des propriétés adsorbantes intéressantes. De même, la sciure de caoutchouc, après un traitement thermique approprié, peut se transformer en un matériau efficace pour l'adsorption du CO2.

Les méthodes de préparation de ces matériaux comprennent non seulement la pyrolyse, mais aussi des traitements comme l'activation chimique avec des agents comme le KOH ou l'impregnation de composés à base de K2CO3. Ces traitements permettent de créer des structures poreuses spécifiques qui facilitent l'adsorption du CO2. De plus, l'utilisation de ces matériaux dans des systèmes composites, par exemple, en les combinant avec des polymères ou d'autres matériaux carbonés, peut améliorer encore leurs performances d'adsorption.

Les études récentes ont permis d'établir des paramètres optimaux pour maximiser la capture du CO2, comme une température de 30 à 40°C et une humidité relative entre 80 et 90%. Ces conditions favorisent la formation de bicarbonate de potassium (KHCO3), un composant clé dans le processus d'adsorption. De plus, il a été montré qu'environ 94% du CO2 capturé pouvait être libéré efficacement à une température de 180°C, permettant à l'adsorbant d'être réutilisé plusieurs fois tout en maintenant une capacité de capture substantielle.

L'un des points essentiels à retenir est que l'husk de riz et les déchets de bois ne sont pas seulement des ressources abondantes et économiques, mais aussi des matériaux renouvelables qui offrent une solution durable à la problématique de la capture du CO2. En optimisant les processus de préparation et d'activation, ces matériaux peuvent jouer un rôle clé dans les technologies de capture du carbone à grande échelle.