La géométrie algébrique est une discipline mathématique vaste et profondément ancrée dans l’histoire des mathématiques modernes. Elle a traversé plusieurs étapes clés depuis les travaux de Hilbert à la fin du XIXe siècle, en passant par l'introduction des faisceaux et de la cohomologie par Serre dans les années 1950, jusqu'à la théorie des schémas de Grothendieck dans les années 1960. Ces avancées ont permis de structurer et de formaliser l’étude des variétés algébriques de manière toujours plus précise et abstraite. Cependant, cette complexité théorique n’a pas empêché l’utilisation de méthodes computationnelles, telles que les bases de Gröbner, qui ont été intégrées dans l’étude des systèmes d’équations algébriques et de la géométrie affine.

Le but de cet ouvrage est de présenter les bases fondamentales de la géométrie algébrique, en mettant particulièrement l’accent sur les approches computationnelles. Il se concentre sur les résultats fondamentaux obtenus avant l'introduction des faisceaux par Serre, en cherchant à rendre ces concepts accessibles, notamment par le biais de méthodes algébriques et de calcul, telles que les bases de Gröbner. Ces bases sont un outil essentiel pour l’étude des idéaux, de leurs intersections et de leurs décompositions. L'un des résultats clés que l’on cherche à démontrer est le fameux théorème de Hilbert, qui permet de relier l’idéalisme algébrique à la géométrie des variétés algébriques.

L’ouvrage commence par l’énoncé et la démonstration du Nullstellensatz de Hilbert, qui lie les idéaux de polynômes et les points de solutions d’un système d’équations algébriques. Ce résultat, d’une importance capitale, s’appuie sur les bases de Gröbner pour déterminer l'existence ou non de solutions dans un espace affine, mais également pour déterminer la dimension de l’espace des solutions lorsque ce dernier est infini. De manière intuitive, cela permet de comprendre comment un ensemble d’équations algébriques peut être vu comme une variété géométrique et comment cette variété peut être étudiée à l’aide des algèbres associées à ces systèmes d’équations.

L’introduction des bases de Gröbner permet ensuite d’aborder des problèmes de plus en plus complexes, comme la détermination de la dimension d’un espace algébrique affine, ou encore la décomposition d’un idéal en composants irréductibles. Ces outils computationnels sont d’une grande utilité pour les étudiants en informatique et en géométrie algébrique, car ils permettent de résoudre des problèmes pratiques tout en restant fidèles à l'esprit géométrique de la discipline. En particulier, l'utilisation des bases de Gröbner simplifie les calculs dans des contextes algébriques très complexes et permet de déterminer les propriétés géométriques des variétés à partir des relations algébriques qu’elles satisfont.

Le texte ne se limite cependant pas aux seuls aspects computationnels de la géométrie algébrique. Par exemple, le théorème de Bézout, qui lie la géométrie des courbes algébriques à la multiplicité de leurs intersections, est exploré dans un cadre général. Ce théorème, qui stipule que le nombre d'intersections de deux courbes algébriques dans un espace projectif est donné par le produit de leurs degrés, est un résultat fondamental de la géométrie algébrique classique, mais il trouve également une interprétation moderne dans le cadre des calculs effectués par les bases de Gröbner.

Les résultats classiques de la géométrie algébrique, comme le théorème de Riemann-Roch et ses applications aux variétés projectives, sont également abordés. Cependant, il est important de noter que la démonstration du théorème de Riemann-Roch présentée dans cet ouvrage ne fournit qu'une version incomplète de la preuve, celle-ci faisant appel à des concepts avancés de faisceaux cohérents et de cohomologie, des notions qui seront étudiées plus en détail dans des ouvrages ultérieurs.

Enfin, l’ouvrage propose une réflexion sur l’évolution de la géométrie algébrique à travers les âges. L'importance du passage des méthodes classiques aux méthodes computationnelles est soulignée, illustrant comment les nouvelles générations de mathématiciens abordent les problèmes géométriques sous un angle plus algorithmique et expérimental. Cette évolution marque un tournant majeur dans la manière dont la géométrie algébrique est enseignée et pratiquée aujourd’hui, et elle montre l’importance de la modélisation informatique des variétés algébriques dans le contexte des recherches actuelles.

Il est également crucial de comprendre que la géométrie algébrique n’est pas seulement une branche purement théorique de la mathématique, mais qu'elle joue un rôle de plus en plus central dans de nombreux domaines appliqués, y compris la cryptographie, l’optimisation et la vision par ordinateur. L’utilisation de bases de Gröbner et d’autres outils algébriques computationnels permet de résoudre des problèmes réels, notamment dans l’analyse des systèmes dynamiques, des codes correcteurs d’erreurs, et dans d’autres domaines technologiques avancés.

Quelle est la résolution des singularités des courbes planes ?

La résolution des singularités d'une courbe plane est un processus fondamental en géométrie algébrique. Il s'agit de la transformation d'une courbe singulière en une courbe lisse par l'intermédiaire de transformations birationnelles successives. L’une des méthodes les plus utilisées pour accomplir cette tâche est celle des transformations quadratiques, ou "blow-ups", qui permettent de résoudre les singularités tout en conservant la structure géométrique de la courbe initiale.

L'idée de base de cette méthode est de "soulever" la courbe sur un espace projectif supérieur, éliminant ainsi les singularités au passage. Lors de la première étape, on effectue un "blow-up" des points fondamentaux de la courbe, ces derniers étant les points où la courbe présente des singularités. Cette étape génère de nouvelles courbes exceptionnelles qui correspondent aux transformations de ces points singuliers. Par la suite, on peut itérer le processus, en répétant les blow-ups sur les nouveaux points singuliers qui apparaissent, jusqu'à ce que la courbe devienne lisse.

Le processus peut être décrit à travers une suite de transformations quadratiques, et l'une des propositions clés dans ce contexte est que chaque courbe plane irréductible peut être résolue en une suite de telles transformations, donnant une courbe plane qui ne présente plus que des singularités ordinaires.

Un exemple intéressant d'application de cette méthode est celui d'une courbe plane de degré dd ayant des singularités à trois points fondamentaux p0,p1,p2p_0, p_1, p_2. Si aucune des lignes fondamentales n'est tangente à la courbe en ces points, la strict transformée de la courbe après la transformation quadratique aura un degré de 2dr0r1r22d - r_0 - r_1 - r_2, où r0,r1,r2r_0, r_1, r_2 sont les multiplicités de la courbe aux points fondamentaux. Cette transformée aura trois nouveaux points singuliers, dont les multiplicité seront ajustées en fonction des valeurs r0,r1,r2r_0, r_1, r_2. Ce processus est crucial pour comprendre comment les singularités se résolvent et comment la courbe initiale se transforme au fil des étapes de la résolution.

La transformation quadratique est donc un outil puissant, mais elle nécessite une bonne maîtrise des concepts algébriques, comme les idéaux définissant les courbes et les relations entre les différents éléments géométriques. Par exemple, le déterminant de certaines matrices associées aux courbes, comme les mineurs 2×22 \times 2, joue un rôle central dans la définition de l’idéal qui définit la courbe dans son espace projetif.

Il est également essentiel de comprendre que la résolution des singularités n'est pas simplement un outil algébrique abstrait, mais qu'elle a des applications concrètes en géométrie algébrique, telles que la classification des courbes et la compréhension de leur comportement local près des singularités. La résolution permet ainsi de transformer une courbe complexe et difficile à analyser en une courbe lisse plus facile à étudier et à comprendre.

En outre, au-delà de la simple résolution des singularités, il existe une question plus large : celle de l'existence d'une "résolution complète" pour toute courbe plane. Le théorème de résolution de Cremona affirme que toute courbe plane irréductible peut, par une série de transformations quadratiques successives, être transformée en une courbe plane lisse. Ce résultat repose sur des résultats profonds en géométrie algébrique et fait appel à des théorèmes comme le théorème de Bertini, qui permet de choisir des points fondamentaux adéquats pour effectuer les transformations nécessaires.

Il est important de noter que, même dans le cas de courbes planes réduites et irréductibles, une série d'interactions entre les transformations doit être gérée avec soin pour s'assurer que toutes les singularités sont résolues correctement. Par exemple, dans les situations où la courbe est réduite à une union de plusieurs composantes, il peut être nécessaire de traiter chaque composant de manière séparée, en effectuant des blow-ups sur chacun d’eux jusqu'à ce que les strictes transformées de chaque composant soient lisses. Les intersections entre ces composants peuvent également poser des défis supplémentaires, bien que le processus de séparation des courbes lisses à l’aide d’itérations de blow-ups résolve en grande partie ce problème.

En conclusion, la résolution des singularités en géométrie algébrique, particulièrement via les transformations quadratiques, est un outil fondamental qui permet de simplifier l’étude des courbes planes. Il offre une méthode systématique pour résoudre les singularités tout en respectant la structure géométrique des objets étudiés. Mais au-delà de cette méthode, il est crucial de comprendre les relations complexes entre les différents types de singularités, les variétés projectives, et les idéaux qui les définissent, car c’est sur ces bases que repose la théorie moderne de la géométrie des courbes planes.

Les systèmes linéaires de courbes planes et les variétés Grassmanniennes

Un système linéaire de courbes planes est un concept fondamental en géométrie algébrique, lié à la structure de l'espace projectif et aux propriétés des variétés définies par des équations polynomiales. Un tel système peut être vu comme une famille de courbes, qui, au moyen de conditions géométriques spécifiques, décrit des sous-espaces de dimension finie dans un espace projectif. Pour définir un tel système, on considère un espace projectif P(L)P(L(n,d))P(L) \subset P(L(n, d)), où LL est un sous-espace linéaire de L(n,d)L(n, d). En fonction de la dimension du système, on parle de "pinceau" lorsque P(L)P(L) est un espace projectif de dimension 1, et de "réseau" ou "toile" pour des systèmes de dimension 2 ou 3.

Un exemple classique d'un pinceau de coniques contient exactement trois coniques réductibles, lorsque comptées avec multiplicité. Cette caractéristique émerge du fait que, sous des conditions générales, un espace projectif de dimension 2, tel que P2P5P^2 \subset P^5, ne peut pas intersecter la surface de Véronèse V2,2P5V_2,2 \subset P^5 sans rencontrer de lignes doubles, c'est-à-dire des courbes dégénérées.

Une partie importante de la théorie des systèmes linéaires de courbes planes concerne les points de base d'un système. Un point pp dans P2P^2 est appelé un "point de base" d'un système P(L)P(L) si chaque courbe de P(L)P(L) passe par ce point. Si plusieurs points sont assignés, on parle de courbes de degré dd avec des points de base assignés, et le système de ces courbes est défini par une condition de multiplicité à chaque point.

Pour un ensemble donné de ss points distincts p1,,psp_1, \dots, p_s dans P2P^2 et des entiers positifs associés r1,,rsr_1, \dots, r_s, un système linéaire L(d;r1p1,,rsps)L(d; r_1p_1, \dots, r_sp_s) contient toutes les courbes dans L(d)L(d) ayant une multiplicité minimale rir_i à chaque point pip_i. Ce système peut être caractérisé par des inégalités dimensionnelles, qui dépendent du degré des courbes et du nombre de points assignés.

Dans le cadre général, la dimension de l'espace de ces systèmes linéaires de courbes peut être déterminée par des calculs combinatoires et géométriques qui prennent en compte les multiplicités des points et les positions particulières des points dans P2P^2. Par exemple, si les points p1,,p4p_1, \dots, p_4 sont alignés sur une droite, la dimension du système linéaire L(2;p1,,p4)L(2; p_1, \dots, p_4) est exactement 2, ce qui correspond à un pinceau de coniques. Dans d'autres configurations, la dimension de l'espace de ces systèmes peut varier en fonction des relations géométriques entre les points.

Un autre aspect crucial de l'étude des systèmes linéaires de courbes planes est l'analyse de leur codimension, c'est-à-dire la dimension de l'espace complémentaire dans l'espace ambiant. Par exemple, si un ensemble de points dans P2P^2 possède une configuration particulière, comme une colinéarité, cela affecte la dimension du système linéaire et peut donner lieu à des résultats inattendus.

Les systèmes linéaires peuvent aussi être utilisés pour décrire des familles de variétés plus complexes dans des espaces projectifs de dimensions plus élevées. Un exemple classique de cette approche est le cas des variétés Grassmanniennes. Ces variétés sont des espaces paramétriques qui décrivent des familles de sous-espaces vectoriels dans des espaces de dimension plus élevée.

La Grassmannienne G(d,n)G(d, n) est l'ensemble des sous-espaces vectoriels de dimension dd dans KnK^n. Cette variété peut être construite à partir de matrices de rang dd, et les propriétés de cette variété sont essentielles pour comprendre les familles de variétés définies par des équations linéaires.

En particulier, la Grassmannienne peut être plongée dans un espace projectif à l'aide de coordonnées appelées coordonnées de Plücker. Ces coordonnées sont obtenues à partir des mineurs d'ordre dd des matrices représentant les sous-espaces de dimension dd. Cette plongée est cruciale pour étudier la géométrie des variétés Grassmanniennes, qui sont des objets géométriques fondamentaux en géométrie algébrique.

En termes de géométrie algébrique, la Grassmannienne est une variété projective lisse de dimension d(nd)d(n - d), et les diverses cartes affines associées à cette variété permettent une étude détaillée de ses propriétés. Ce type de variété est central dans l'étude des espaces de modules de variétés de codimension plus grande, et ses applications s'étendent à la théorie des systèmes linéaires et à la géométrie des variétés de dimension supérieure.

Les systèmes linéaires de courbes planes, comme les pinceaux et les réseaux, ainsi que les variétés Grassmanniennes, représentent des constructions géométriques essentielles dans le cadre de l'étude des familles de variétés algébriques. Leur compréhension permet d'élargir le champ des applications de la géométrie projective et d'approfondir l'analyse des structures algébriques complexes qui apparaissent dans diverses branches des mathématiques.

Les groupes de cohomologie des faisceaux cohérents : un aperçu

Dans le cadre de la géométrie algébrique, les faisceaux cohérents jouent un rôle essentiel dans l’étude de la topologie et des propriétés globales des variétés. L’un des outils les plus puissants pour explorer ces propriétés est la cohomologie des faisceaux, qui permet de relier la structure locale d’un faisceau à ses aspects globaux.

Prenons, par exemple, un faisceau cohérent FF sur une variété algébrique XX. Le groupe Γ0(F)\Gamma_{\geq 0}(F), constitué des sections globales de FF, peut être interprété comme un module gradué sur l'anneau des polynômes homogènes de XX. Ce lien entre faisceaux et modules gradués est fondamental pour comprendre la structure des faisceaux sur des variétés projectives comme PnP^n.

Dans ce contexte, un théorème clé montre que pour chaque faisceau cohérent FF, il existe un module gradué MM de type fini tel que M~=F\tilde{M} = F, où M~\tilde{M} désigne le faisceau associé au module gradué MM. Cette correspondance entre faisceaux et modules gradués finit par se traduire en une méthode de calcul des groupes de cohomologie de FF, comme le démontre l’application du théorème de Vanishing de Serre et le théorème de syzygies de Hilbert.

En effet, la structure exacte de la cohomologie pour des faisceaux sur PnP^n est profondément liée à ces concepts. Par exemple, les groupes de cohomologie Hi(Pn,F)H^i(P^n, F) pour i>ni > n sont tous nuls, ce qui est une conséquence directe du théorème de vanishing de Serre. Cette vanishing s'étend aux cohomologies des faisceaux décalés F(d)F(d), qui deviennent nulles pour dd suffisamment grand.

Les résultats fondamentaux sur la cohomologie des faisceaux cohérents sont énoncés à travers des suites exactes longues de cohomologie. Par exemple, une séquence exacte courte de faisceaux 0EFG00 \to E \to F \to G \to 0 génère une suite exacte longue de groupes de cohomologie, reliant les cohomologies de EE, FF et GG. Ce type de structure est crucial pour effectuer des calculs sur des faisceaux sur des espaces projectifs comme PnP^n.

En outre, le calcul explicite des groupes de cohomologie repose sur des théorèmes comme celui de Čech cohomology, qui permet de calculer la cohomologie à l’aide de complexes de Čech. Dans le cadre de variétés affines, il est prouvé que la cohomologie de Čech donne les mêmes résultats que la cohomologie de l’espace sous-jacent, ce qui simplifie considérablement les calculs pour des faisceaux cohérents sur de telles variétés.

Un autre résultat fondamental est l’étude des faisceaux O(d)O(d) sur PnP^n, dont les groupes de cohomologie sont bien compris grâce à la théorie des modules de type fini. Par exemple, si d0d \geq 0, alors H0(Pn,O(d))H^0(P^n, O(d)) est non nul et de dimension finie, tandis que pour d<0d < 0, ces groupes sont nuls. Ce type de calcul est crucial pour comprendre les propriétés géométriques des variétés projectives.

De plus, le théorème de Max Noether, souvent appelé théorème AF+BG, est directement lié à la cohomologie des faisceaux sur P2P^2, avec des applications à la théorie des formes homogènes et à la décomposition des idéaux associés. Le théorème affirme qu’un polynôme homogène HH dans K[x0,x1,x2]K[x_0, x_1, x_2] peut être exprimé comme une combinaison linéaire de deux autres polynômes FF et GG sous certaines conditions locales. Cela repose sur la structure exacte des faisceaux et de leur cohomologie.

Enfin, les résultats du théorème de finitude de Serre montrent que, pour un faisceau cohérent FF sur PnP^n, les groupes de cohomologie Hi(Pn,F)H^i(P^n, F) sont des espaces vectoriels de dimension finie et que ces groupes deviennent nuls pour i>ni > n. Cela conduit à une compréhension plus fine des propriétés des faisceaux cohérents sur des variétés projectives, notamment en termes de la structure des sections globales et de leurs relations avec les modules associés.

L’importance de ces résultats dépasse le cadre purement technique de la géométrie algébrique. Ils fournissent un cadre rigoureux pour l’étude de la structure des variétés projectives et permettent d’étudier des questions profondes sur la géométrie des espaces projectifs, les sections de faisceaux, et les conditions d’existence de solutions aux systèmes d'équations algébriques.

Il est essentiel de comprendre que la cohomologie des faisceaux ne se limite pas à une simple technique de calcul, mais elle s’intègre dans un cadre plus large de théorèmes de vanishing et de résolutions libres, qui permettent de déduire des propriétés globales des variétés à partir de leur structure locale. Ce lien entre géométrie locale et globale est au cœur de la géométrie algébrique moderne.

Comment interpréter le polynôme de Hilbert et les caractéristiques d'Euler des faisceaux cohérents

Soit ι:XPnι : X \to P^n l'inclusion. Alors ι(F)ι^*(F) est un faisceau de OPn\mathcal{O}_{P^n}-modules cohérent, car OX=ιOX\mathcal{O}_X = ι^*\mathcal{O}_X est cohérent. Les groupes de cohomologie Hi(X,F(d))=Hi(Pn,ιF(d))H^i(X,F(d)) = H^i(P^n, ι^*F(d)) ne changent pas, car le complexe de Čech reste inchangé : ιF(Ui0ip)=F(ι1(Ui0ip))ι^*F(U_{i_0\ldots i_p}) = F(ι^{ -1}(U_{i_0\ldots i_p})). Ainsi, la première affirmation découle des théorèmes A.2.3 et A.2.6. Pour la disparition, on note que lorsque d=dim Xd = \text{dim } X, il est possible de trouver des coordonnées homogènes telles que les cartes standard U0,,UdU_0, \ldots, U_d couvrent XX, c'est-à-dire que XU0UdX \subset U_0 \cup \ldots \cup U_d. Ainsi, pour U={U0X,,UdX}U = \{U_0 \cap X, \ldots, U_d \cap X\}, on a Cp(U,F)=0C^p(U,F) = 0 pour p>dp > d et Hp(X,F)=Hˇp(U,F)=0H^p(X,F) = \check{H}^p(U,F) = 0 pour p>dp > d, ce qui suit du théorème de Leray A.2.3.

En particulier, la caractéristique d'Euler, définie par χ(X,F)=(1)ihi(X,F)\chi(X,F) = (-1)^i h_i(X,F)hi(X,F)=dim Hi(X,F)h_i(X,F) = \text{dim } H^i(X,F), est bien définie. Soit MM un module gradué finitement généré sur S=K[x0,,xn]S = K[x_0, \ldots, x_n]. La caractéristique d'Euler du faisceau F=M~F = \tilde{M} donne une interprétation du polynôme de Hilbert pM(t)p_M(t) pour toutes les valeurs de tt.

Le polynôme pM(t)=χ(Pn,F(t))p_M(t) = \chi(P^n,F(t)) pour tous tZt \in \mathbb{Z} découle de la proposition A.2.9. Cela est vrai pour M=SM = S, car i=1nχ(Pn,O(t))=(t+i)\prod_{i=1}^n \chi(P^n, \mathcal{O}(t)) = (t+i), ce qui est un résultat issu du théorème A.2.4. Si t<nt < -n, alors tous les facteurs sont négatifs, et on obtient le signe (1)n(-1)^n, correspondant à la contribution de hn(Pn,O(t))=n1h_n(P^n, \mathcal{O}(t)) = -n-1.

En prenant une résolution libre graduée du module MM, et en utilisant la faisceautisation et l'additivité de la caractéristique d'Euler dans les suites exactes courtes, on montre que la caractéristique d'Euler de PnP^n pour F(t)F(t) est un polynôme en tt, qui coïncide avec le polynôme de Hilbert de MM.

Dans le cas d'une suite exacte courte de faisceaux cohérents sur une variété projective XX, à savoir 0EFG00 \to E \to F \to G \to 0, on peut prouver que χ(X,E)+χ(X,G)=χ(X,F)\chi(X,E) + \chi(X,G) = \chi(X,F), ce qui est un corollaire direct de la théorie de la cohomologie de faisceaux cohérents.

Dans le contexte des variétés lisses, la notion de diviseur primitif PXP \subset X se généralise. Un diviseur primitif PP est une sous-variété de codimension 1, et son anneau local OX,P\mathcal{O}_{X,P} est le localisé de l'anneau de fonctions K[U]K[U] dans l'idéal premier I(PU)I(P \cap U). Si PP rencontre la partie lisse de XX, alors OX,P\mathcal{O}_{X,P} est un anneau de valuation discrète. Cela signifie qu'on peut définir une valuation vP(f)v_P(f) pour un élément non nul fOX,qf \in \mathcal{O}_{X,q}, et cette valuation peut être étendue à un élément de K(X)K(X)^* en Z\mathbb{Z}, où l'anneau de valuation est OX,P\mathcal{O}_{X,P}.

L'adjonction des espaces de Riemann-Roch pour les diviseurs de Weil sur une variété XX permet de définir des faisceaux inversibles associés à ces diviseurs. Si XX est lisse, le faisceau OX(D)\mathcal{O}_X(D) associé à un diviseur de Weil DD est inversible, ce qui signifie qu'il est isomorphe au faisceau OX\mathcal{O}_X sur des sous-variétés de codimension 1.

En outre, la théorie des différentielles de Kähler ΩX1\Omega^1_X et leur dual ωX\omega_X offre un cadre fondamental pour analyser la géométrie des variétés lisses. Le faisceau des différentielles de Kähler est libre localement de rang nn lorsque XX est lisse et de dimension nn, et le faisceau dualisant ωX\omega_X peut être exprimé comme le produit extérieur topologique de ΩX1\Omega^1_X. Dans le cas particulier de PnP^n, on a ωPnOPn(n1)\omega_{P^n} \cong \mathcal{O}_{P^n}(-n-1), ce qui découle directement des calculs de cohomologie des différentielles.

En résumé, la caractéristique d'Euler et les propriétés des faisceaux cohérents sont des outils puissants dans la géométrie algébrique, et permettent de relier la topologie de la variété à la structure algébrique des faisceaux définis sur celle-ci. Les concepts de cohomologie, de résolutions libres et de séquences exactes courtes jouent un rôle essentiel dans l'analyse des propriétés globales des faisceaux sur les variétés projectives.