La corruption, loin de se limiter aux malversations économiques, englobe une dégradation morale, une perversion des valeurs et un déclin systématique des normes. Selon Carl Friedrich (1972 : 127), la corruption se définit comme un comportement qui dévie des normes attendues ou supposées dans un contexte donné, notamment celui de la politique. Cette déviation est étroitement liée à un motif particulier : celui de l'intérêt personnel, où les actions et les décisions sont façonnées par la recherche du pouvoir et du profit, sans égard pour les principes éthiques ou l’équité.
La notion de corruption dépasse ainsi la simple transgression légale. Elle implique la dégradation des fondements mêmes sur lesquels se construisent les sociétés démocratiques et les systèmes de gouvernance. Elle déforme l’équilibre social en permettant à une petite élite de contrôler les ressources et de manipuler les structures politiques à leur avantage. Dans cette dynamique, les travailleurs, les classes populaires et les institutions démocratiques en souffrent, tandis que les dirigeants et les grands capitalistes profitent de leurs privilèges.
L’une des formes les plus frappantes de cette corruption réside dans la concentration du pouvoir et des ressources entre les mains de quelques individus ou entreprises. Par exemple, sous l’administration de Donald Trump, la logique de gouvernance a été marquée par une gestion dictée par des intérêts personnels et privés, où les décisions politiques étaient fréquemment orientées par des considérations économiques spécifiques à ses affaires privées. Cela a exacerbé l’influence des grandes entreprises sur les politiques publiques, notamment en matière de fiscalité, de régulation du marché du travail et de politique commerciale.
Au-delà de la sphère politique, la corruption trouve également son reflet dans la gestion des entreprises. L’histoire de Trump en tant que patron, notamment à travers l'exemple de son casino Taj Mahal, montre comment des investissements excessifs et une gestion maladroite peuvent mener à des échecs retentissants, tout en permettant à l’individu au sommet de continuer à accumuler de la richesse et du pouvoir, sans être réellement tenu responsable de ses erreurs. Cette accumulation inégale des richesses crée une fracture profonde dans la société, qui devient encore plus manifeste dans les crises économiques, comme celle de 2008, ou la pandémie de COVID-19, où les plus riches en profitent au détriment des plus vulnérables.
Dans cette dynamique, les syndicats et les travailleurs organisés deviennent des cibles privilégiées. En dépit de leurs efforts pour défendre les droits des travailleurs, ils se retrouvent souvent marginalisés dans un système où la politique est de plus en plus façonnée par les intérêts des grandes entreprises. L’attaque contre les syndicats est non seulement une attaque contre les droits des travailleurs, mais aussi un symptôme d’une volonté plus large d’éradiquer toute forme de résistance collective face à un pouvoir centralisé. Les stratégies employées par certaines administrations pour réduire l’influence des syndicats, notamment par des réformes législatives ou des politiques d’affaiblissement des protections sociales, révèlent une intention de redéfinir les rapports de force au sein de la société américaine.
Les effets de cette corruption systémique se font sentir bien au-delà des seules institutions politiques et économiques. Ils influencent directement les comportements sociaux et politiques, renforçant la polarisation au sein de la société. Les récents changements dans les attitudes des électeurs, notamment ceux issus des classes ouvrières, montrent comment la manipulation des sentiments populistes et l’attaque contre les structures collectives peuvent détourner les électeurs de leurs propres intérêts. Ce phénomène a été particulièrement visible lors des élections présidentielles américaines, où une partie importante de la population ouvrière a soutenu des candidats promouvant des politiques qui, en fin de compte, ne font qu’aggraver leurs conditions économiques.
Il est également crucial de comprendre que cette polarisation ne se limite pas à une simple division politique. Elle touche à la structure même de la société et à la manière dont les individus perçoivent leurs rapports avec l’État et les institutions. La montée du populisme, encouragée par des figures politiques comme Trump, n’est qu’une manifestation de cette fracture. L’individualisme exacerbé, combiné à une politique qui favorise l’accumulation des richesses par un petit nombre, contribue à creuser un fossé entre ceux qui bénéficient du système et ceux qui en sont exclus.
Ainsi, la corruption ne doit pas être vue seulement comme un mal économique. Elle est un vecteur de transformation sociale, où les principes démocratiques sont progressivement érodés au profit d’un pouvoir concentré entre les mains de ceux qui ont la capacité de modeler les règles du jeu en leur faveur. Comprendre cette dynamique est essentiel pour tout observateur des phénomènes politiques et sociaux contemporains. Il ne s'agit pas seulement de comprendre comment certains individus ou groupes peuvent détourner des ressources pour leur propre profit, mais aussi de saisir l’impact que cela a sur la société dans son ensemble. Les conséquences de cette concentration du pouvoir ne se limitent pas à des inégalités économiques; elles mènent à une révision de l’ordre social, où la voix du peuple devient de plus en plus inaudible face à l’emprise de ceux qui détiennent le pouvoir économique et politique.
Comment le sentiment de droit se manifeste-t-il dans les actions des individus et comment cela influence-t-il leurs comportements sociaux et politiques ?
Les individus ayant un fort sentiment de droit montrent souvent une résistance marquée aux règles qui leur sont imposées, même lorsque ces règles sont présentées de manière moins contraignante ou lorsque des menaces de punition sont utilisées. Une étude menée par Zitek et Jordan illustre ce phénomène : les participants avec un sentiment de droit élevé refusaient systématiquement de suivre les instructions, non pas parce qu'ils étaient désorganisés, mais parce qu'ils percevaient ces instructions comme une imposition injuste. Plutôt que de se conformer, ces individus préfèrent accepter une sanction, prouvant ainsi qu'ils considèrent l'instruction comme une violation de leur liberté, quelque chose de profondément inéquitable.
Cela rejoint les résultats de recherches antérieures qui ont démontré que les personnes dotées d'un fort sentiment de droit ont tendance à se sentir injustement traitées par les autres et la société dans son ensemble. Ces individus sont rarement préoccupés par les conséquences de leurs actions sur autrui ; leur principal souci réside dans la manière dont les règles affectent leurs intérêts personnels. Leurs perceptions sont, à tout moment, influencées par une vision étroite de la justice : les règles sont soit appliquées à eux-mêmes, soit elles doivent être contournées pour leur avantage personnel. De ce fait, leur comportement s’inscrit souvent dans une logique de revendication constante d’un traitement plus favorable, tout en rejetant toute forme d'inégalité perçue.
Cette dynamique peut s’étendre au-delà des simples interactions personnelles et se matérialiser dans des sphères sociales et politiques plus larges. Le sentiment de droit, loin de se limiter à des contextes économiques ou familiaux, peut aussi se manifester au sein de groupes qui bénéficient de privilèges structurels, comme les élites économiques ou les acteurs politiques. En effet, des figures comme Paul Manafort et Michael Cohen, proches collaborateurs de Donald Trump, exemplifient bien ce phénomène. Ces hommes, tout en ayant joui de privilèges sociaux tels que la richesse et l'appartenance à des groupes dominants, ont adopté une posture de victimes, se présentant comme des cibles d'une injustice systémique dans un monde politique qui leur semble inéquitable.
Paul Manafort, par exemple, est un individu dont le parcours politique a été marqué par une série de comportements transgressifs. Avant même de rejoindre la campagne de Trump, Manafort s'était déjà distingué par sa capacité à contourner les règles, notamment dans le cadre de son activité de consultant politique. Sa carrière a été façonnée par une série de stratégies visant à influencer les politiques publiques pour le compte de puissants clients étrangers, tout en s'assurant que ses propres intérêts financiers étaient protégés. Ce type de comportement s'inscrit dans une logique de privilège où les règles sont perçues non pas comme un outil de régulation, mais comme des obstacles à franchir pour préserver un certain statut social et matériel.
Lors de ses procès pour des crimes financiers, Manafort n’a pas seulement violé des règles, il a également défié l’idée même d’une justice équitable. Lors de son procès, son comportement a été perçu comme celui d’un homme qui non seulement ne se repentait pas de ses actions, mais qui considérait son style de vie comme étant au-dessus des lois. Les accusations portées contre lui—fraude fiscale, blanchiment d’argent, et manipulation d’informations sensibles—ont révélé une attitude d’impunité systématique, ancrée dans un sentiment d’appartenance à une élite dont les règles ne s’appliquent pas de la même manière.
Le sentiment d'entitlement peut donc se révéler profondément ancré dans des dynamiques sociales plus larges, où la perception de l'injustice se fonde sur des déséquilibres structurels de pouvoir. Cette attitude peut être particulièrement visible dans les interactions politiques, où les acteurs peuvent facilement revendiquer un traitement spécial tout en rejetant les règles communes. Dans le cas de Manafort, les apparences—comme ses costumes extravagants et son penchant pour des vêtements de luxe—sont des signes extérieurs d’un statut qu’il cherche à protéger, mais ce sont avant tout ses actions et son attitude qui traduisent le mieux son sentiment de droit. Cet état d’esprit, qui minimise ou ignore les injustices qu’il inflige aux autres, révèle une caractéristique clé du sentiment de droit : une déconnexion totale entre les règles sociales et l’individu qui se sent au-dessus de celles-ci.
Ce phénomène de justifications de privilèges et de réclamations d’un traitement équitable à sens unique n’est pas unique à Manafort ou Trump. Il se manifeste dans de nombreuses autres sphères de la vie sociale et politique, créant ainsi une rupture dans la perception du contrat social. Le défi pour les sociétés modernes réside dans la reconnaissance de ces dynamiques et dans la création de mécanismes qui favorisent une égalité de traitement, tout en déconstruisant ces perceptions erronées de l’entitlement qui peuvent mener à des dérives sociales et politiques dangereuses.
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