Soit fL0(X,P,R)f \in L^0(X, \mathcal{P}, \mathbb{R}). La fonction ff est intégrable de Lebesgue par rapport à P\mathcal{P} si et seulement si elle est P\mathcal{P}-intégrable. Dans ce cas, l'intégrale de Lebesgue de ff sur XX coïncide avec l'intégrale de Bochner-Lebesgue. Autrement dit, pour les fonctions à valeurs réelles, la définition de l'intégrabilité de Lebesgue des fonctions à valeurs dans R\mathbb{R} est cohérente avec la définition donnée dans la section 2.5. Ce résultat découle directement du théorème 3.9 et de la remarque 3.3(e).

Pour une fonction fL0(X,P,R)f \in L^0(X, \mathcal{P}, \mathbb{R}), si ff est intégrable de Lebesgue par rapport à P\mathcal{P}, alors l'ensemble A:={f=}A := \{ |f| = \infty \} est un ensemble nul pour P\mathcal{P}. Cela implique que AA est mesurable par rapport à P\mathcal{P} et que l'intégrale de f|f| sur XX, notée XfdP\int_X |f| \, d\mathcal{P}, est finie. Cette condition est essentielle dans le cadre de l'intégrabilité de Lebesgue. Par la suite, on trouve une séquence de fonctions gjL0(X,P,R+)g_j \in L^0(X, \mathcal{P}, \mathbb{R}^+), convergeant presque partout vers zéro, et pour laquelle la convergence de l'intégrale suit les propriétés de la suite (gj)(g_j).

Une conséquence importante de ce résultat est que pour tout ϵ>0\epsilon > 0, il existe un NNN \in \mathbb{N} tel que pour tous k,j>Nk, j > N, l'inégalité XfkfdP<ϵ\int_X |f_k - f| \, d\mathcal{P} < \epsilon soit satisfaite. Cela implique que la suite (fj)(f_j) forme une suite de Cauchy dans L1(X,P,E)L^1(X, \mathcal{P}, \mathbb{E}), et grâce à la complétude de L1(X,P,E)L^1(X, \mathcal{P}, \mathbb{E}), on peut conclure que la suite converge dans cet espace.

Ce résultat peut être vu comme une application directe du théorème de convergence dominée, qui est essentiel dans la théorie de l'intégration de Lebesgue. Ce théorème permet de prouver qu'une fonction mesurable ff est intégrable si elle est dominée par une fonction intégrable. En effet, si ff est dominée presque partout par une fonction gL1(X,P,R)g \in L^1(X, \mathcal{P}, \mathbb{R}), c'est-à-dire si fg|f| \leq g P\mathcal{P}-presque partout, alors ff appartient à L1(X,P,R)L^1(X, \mathcal{P}, \mathbb{R}). Cette condition est suffisante pour conclure que l'intégrale de ff existe et est finie.

L'exemple mentionné dans la remarque 3.6(a) souligne que l'existence d'une fonction dominante intégrable est cruciale pour l'application du théorème de convergence dominée. En effet, sans cette fonction dominante, la convergence de l'intégrale pourrait ne pas être garantie, ce qui rend ce théorème un outil fondamental pour démontrer l'intégrabilité des fonctions mesurables.

En conclusion, la théorie de l'intégrabilité de Lebesgue et son extension aux fonctions mesurables montrent l'importance de conditions supplémentaires, comme la domination, pour assurer que des suites de fonctions convergent dans les espaces LpL^p. Ces résultats trouvent une application directe dans de nombreux domaines de l'analyse, notamment dans les théorèmes de convergence et d'intégration, où la question de la convergence de suites de fonctions joue un rôle central. Il est crucial pour le lecteur de comprendre que la théorie de l'intégrabilité de Lebesgue repose sur des résultats de convergence qui nécessitent une attention particulière aux ensembles de mesure nulle et à la domination des fonctions.

Comment relier divergence, gradient, rotationnel et leur sens géométrique sur une variété pseudo-riemannienne

Lorsque l’on travaille sur une variété pseudo-riemannienne orientée de dimension trois, la structure différentielle et métrique permet une reformulation élégante des opérateurs fondamentaux du calcul vectoriel classique : gradient, divergence, rotationnel. Ces opérateurs ne sont plus de simples constructions formelles, mais se révèlent comme des manifestations naturelles du langage des formes différentielles et de la géométrie extérieure.

Dans ce contexte, le gradient d’une fonction f est défini comme la duale, via la métrique, de la différentielle df. Localement, si v est un champ de vecteurs s’exprimant par v = ∑ vʲ ∂/∂xʲ dans une carte positive, alors on retrouve (grad f | v)_M = df(v) = ∑ (∂f/∂xʲ) vʲ. Cette relation identifie le produit scalaire entre le gradient de f et v à l’évaluation de la différentielle df sur v. À partir de cette relation et de l’interprétation du volume local par la forme de volume u_M, on obtient l’identité classique pour la divergence d’un champ de vecteurs pondéré : div(fv) u_M = d((fv) ⨼ u_M) = (grad f | v)_M u_M + f div v u_M. L’opérateur divergence agit ainsi comme une dérivation du produit f v, reflétant la règle de Leibniz dans la géométrie différentielle.

Lorsque la dimension est exactement trois, on peut définir l’opérateur rotationnel, ou curl, à partir de l’exigence de commutativité du diagramme reliant champs de vecteurs et formes différentielles. On impose que (curl v) ⨼ u_M = d(ω_v), où ω_v est la 1-forme associée à v via la métrique. Ce n’est donc qu’en dimension trois que cette construction est bien définie, ce qui reflète l’unicité du produit vectoriel tridimensionnel.

Dans un système de coordonnées orthonormées, le rotationnel prend sa forme classique : curl v = (∂₂v₃ - ∂₃v₂) e₁ + (∂₃v₁ - ∂₁v₃) e₂ + (∂₁v₂ - ∂₂v₁) e₃. Cela coïncide avec le développement du déterminant formel faisant intervenir les dérivées partielles et la base canonique de ℝ³, bien que cette écriture formelle masque les subtilités géométriques sous-jacentes. Elle reste néanmoins utile dans le cadre euclidien, en particulier pour les applications en physique et en ingénierie.

Il est remarquable que ces opérateurs satisfassent des relations de compatibilité naturelles issues du fait que d² = 0 : le rotationnel d’un gradient est nul, et la divergence d’un rotationnel est également nulle. Ces propriétés sont immédiatement visibles à travers le diagramme commutatif reliant les espaces de formes différentielles Q⁰(M) → Q¹(M) → Q²(M) → Q³(M), où chaque flèche est l’opérateur extérieur d. La construction géométrique des opérateurs vectoriels se révèle ainsi comme une simple transcription du langage des formes différentielles, rendant leur structure conceptuellement transparente.

Ces résultats permettent également d’établir l’existence de potentiels. Sur un ouvert contractile de ℝ³, si curl v = 0, alors il existe une fonction f telle que v = grad f. Inversement, si div v = 0, alors v est le rotationnel d’un autre champ de vecteurs w. Cela découle du lemme de Poincaré, qui affirme que toute forme différentielle fermée est exacte dans un ouvert contractile. La formulation moderne, exprimée à l’aide du crochet intérieur et de l’opérateur d, montre que les conditions de conservativité ou de solénoïdalité d’un champ vectoriel s’interprètent par la clôture de formes différentielles associées.

L’interprétation physique du rotationnel trouve une expression particulièrement éloquente dans le cas d’un corps rigide en rotation. Si un solide tourne autour d’un axe fixe avec une vitesse angulaire constante, alors la vitesse linéaire v d’un point P est donnée par le produit vectoriel ω × r, où ω est le vecteur vitesse angulaire et r le vecteur position de P. On montre alors que curl v = 2ω. Ainsi, dans ce contexte, le rotationnel mesure la double de la vitesse angulaire, orientée selon l’axe de rotation. Ce lien direct entre la géométrie différentielle et la cinématique du corps rigide fournit une illustration frappante de la signification physique du rotationnel.

Au-delà de ces formulations, il est essentiel de comprendre que les définitions de grad, div et curl, ainsi que leurs propriétés, reposent sur la structure différentielle et métrique de la variété. Par exemple, la définition du rotationnel nécessite non seulement que la variété soit de dimension trois, mais aussi qu’elle soit orientée et munie d’une métrique permettant d’identifier formes et vecteurs. Le rôle central joué par la forme volume u_M, par l’opérateur extérieur d, et par l’operation de contraction ⨼ souligne à quel point ces constructions sont naturelles dans le cadre du formalisme différentiel.

Les généralisations à des variétés non euclidiennes obligent à abandonner l’usage de symboles formels comme le nabla ∇, inapproprié hors du cadre euclidien. Dans le contexte riemannien, ∇ désigne généralement la connexion de Levi-Civita, distincte des opérateurs extérieurs utilisés ici. Il importe donc de distinguer rigoureusement les notations selon le