Le calcul du transfert de chaleur dans des conditions de givrage en vol présente de nombreux défis en raison de la complexité des phénomènes physiques qui y sont impliqués. L'un des aspects cruciaux dans la simulation numérique des échanges thermiques autour d'un cylindre givré réside dans la modélisation du transfert de chaleur turbulent, qui est souvent sujet à des écarts entre les résultats théoriques et expérimentaux. Des travaux comme ceux de Silva et al. (2011) ont permis de développer de nouveaux modèles pour mieux représenter ces phénomènes, tout en tenant compte des spécificités des surfaces rugueuses telles que celles rencontrées lors du givrage des ailes d'avion.

L'un des principaux résultats obtenus est que les modèles numériques actuels ont tendance à surévaluer le coefficient de transfert de chaleur turbulent dans une grande variété de cas expérimentaux. Une des raisons pour lesquelles ces modèles sont sensibles aux températures de surface et aux propriétés du flux est que la couche limite est influencée par ces paramètres, et leur compréhension correcte est essentielle pour la prévision exacte du transfert thermique.

Un autre aspect important dans la modélisation des surfaces rugueuses est la hauteur de rugosité équivalente du sable (sandgrain roughness height), qui joue un rôle crucial dans la prédiction du comportement thermique d'une surface givrée. Cependant, il a été observé que cette seule hauteur de rugosité ne peut pas rendre compte de toutes les caractéristiques d'une surface totalement rugueuse, telles que la forme des éléments de rugosité et leur distribution. Ainsi, des ajustements aux coefficients de l'expression du nombre de Stanton de rugosité ont été effectués afin d'améliorer la précision des simulations. Les résultats obtenus avec cette approche ajustée montrent une meilleure concordance avec les données expérimentales, et il est désormais reconnu que pour une modélisation correcte du transfert thermique autour d'un cylindre givré, les modèles doivent prendre en compte non seulement la transition laminaire-turbulent mais aussi la façon dont la rugosité affecte cette transition.

Les recherches de Rafael et al. (2015) ont introduit une nouvelle méthode pour le calcul du moment cinétique de la couche limite en utilisant des modèles pour les régimes laminaire et turbulent. L'objectif principal de leur travail était d'améliorer la représentation du gradient de pression, qui joue un rôle crucial dans le transfert thermique. Leur approche repose sur l'utilisation de l'analogie de Kármán pour le régime laminaire et du modèle thermique rugueux de Kays et Crawford (1993) pour convertir le coefficient de friction Cf en nombre de Stanton St en régime turbulent. Ces nouvelles approches ont permis de mieux simuler la position de séparation et la longueur de transition causée par la bulle de séparation, ce qui représente une avancée significative pour la modélisation des surfaces givrés.

Dans le cadre des simulations de transfert thermique pour les surfaces rugueuses, il est primordial d'adapter les fonctions de paroi utilisées dans les modèles CFD pour mieux représenter les conditions réelles d'une surface givrée. L'intégration d'une fonction de paroi de momentum standard dans le code OF1.6-ext a montré des résultats prometteurs, bien que certaines limitations subsistent, notamment en raison de la température de la surface du cylindre non connue lors des expériences. Toutefois, cette approche offre une nouvelle perspective pour améliorer la simulation des phénomènes thermiques en vol, notamment en ce qui concerne l'impact du givrage sur les performances des aéronefs.

Un autre élément clé pour obtenir des simulations précises est le modèle de transition, qui est particulièrement complexe dans le cas de surfaces rugueuses. Les travaux de Stefanini et al. (2007) ont utilisé un concept d'intermittence du flux pour simuler cette transition entre les régimes laminaire et turbulent, ce qui a permis d'améliorer la modélisation de la géométrie de la glace. En effet, la géométrie de la glace obtenue par la simulation a montré de meilleures correspondances avec les formes expérimentales lorsque cette approche d'intermittence a été utilisée, contrairement au modèle de transition brusque qui tendait à produire des formes de glace irréalistes. Les résultats ont également montré que les variations dans la position du début de la transition peuvent influencer de manière significative la forme et l'angle des cornes de glace, ce qui affecte directement la distribution de la chaleur transférée.

Pour conclure, bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans la modélisation du transfert de chaleur pour les surfaces givrés en vol, il reste des défis à relever. La précision des modèles numériques dépend en grande partie de la capacité à reproduire fidèlement les conditions de surface et de transition, ainsi que de l'intégration de données expérimentales pour ajuster les paramètres de modélisation. De plus, il est important de continuer à affiner les méthodes de calcul de la rugosité de surface et de prendre en compte des facteurs tels que la courbure des profils, les zones de recirculation et les gradients de pression afin d'améliorer encore la précision des simulations.

Comment l'incertitude influence l'accumulation de glace en vol et la simulation des phénomènes d'adhésion du givre et du verglas ?

L'accumulation de glace en vol résulte de l'impact immédiat des gouttelettes d'eau sur les surfaces des aéronefs, entraînant la formation de givre ou de verglas. En particulier, la formation de glace de type givre est relativement bien comprise et se caractérise par une réponse directe à la congélation rapide des gouttelettes qui se déposent. Toutefois, l'épaisseur de la glace accumulée présente une sensibilité accrue aux incertitudes liées à la charge en eau liquide des nuages (LWC), ce qui est un facteur clé dans la précision des modèles de simulation d'accumulation de glace.

Contrairement au givre, l'accumulation de verglas suit des règles distinctes et, par conséquent, ses résultats diffèrent légèrement. Cette forme de glace est particulièrement influencée par la température ambiante, notamment au niveau du point de stagnation sur l'aile. Dans ce cas, bien que la LWC et la taille moyenne des gouttelettes (MVD) restent des paramètres cruciaux, l'angle d'attaque (AOA) a une contribution négligeable dans l'analyse des incertitudes. La complexité des mécanismes physiques en jeu dans l'accumulation de glace en vol peut ainsi être mieux comprise à travers une analyse de sensibilité, qui permet de quantifier l'impact des différentes sources d'incertitude.

L’objectif principal de l’analyse de différents cas d’essai dans le contexte de l’accumulation de glace en vol est double. D'une part, ces tests peuvent servir de référence pour évaluer la précision des outils de simulation, un domaine qui nécessite une validation constante à mesure que de nouveaux tests sont ajoutés à la base de données. D'autre part, la propagation des incertitudes et l'analyse de sensibilité permettent de mieux appréhender la physique de l’accumulation de glace en vol, ce qui améliore la compréhension des mécanismes complexes qui conduisent à la formation de glace. Ces études sont particulièrement importantes pour le développement de systèmes anti-icing et de-icing embarqués, car elles indiquent la nécessité de tenir compte des conditions de fonctionnement variées, notamment en ce qui concerne les types de givre et de verglas.

Les analyses de sensibilité jouent un rôle essentiel dans l'amélioration de la conception des outils de simulation. Par exemple, lorsqu'un paramètre présente une incertitude négligeable, il peut être approximé comme déterministe, ce qui permet des économies substantielles en ressources de calcul. En revanche, si la discordance entre les prévisions du modèle et les observations expérimentales ne peut être expliquée par des incertitudes expérimentales ou des paramètres du modèle mal définis, cela peut suggérer une inadéquation du modèle conceptuel utilisé pour simuler l’accumulation de glace en vol. Ainsi, la comparaison entre les données expérimentales et les simulations, accompagnée d’une analyse de sensibilité, oriente le modélisateur vers des améliorations du modèle afin de mieux reproduire le phénomène d’accumulation de glace.

Les résultats de ces tests de simulation montrent clairement la nécessité de prendre en compte différentes conditions de vol. Les tests doivent inclure une variété de scénarios représentant tant le givre que le verglas, car ces deux types d’accumulation de glace se forment dans des conditions atmosphériques distinctes et peuvent avoir des impacts différents sur la performance aérodynamique et la sécurité des aéronefs.

Lors de la conception des systèmes de déglacement et de dégivrage, il est impératif de comprendre que chaque type de glace présente des caractéristiques uniques, et que ces caractéristiques peuvent évoluer en fonction de nombreux paramètres, tels que la vitesse de l'air, la température ambiante et les caractéristiques de la gouttelette. En outre, les systèmes de prévention de la formation de glace doivent être capables de répondre à une large gamme de conditions atmosphériques, ce qui impose un haut degré de flexibilité dans leur conception.