L'équation de la dynamique du spin dans un anneau quantique Rashba peut être écrite sous la forme suivante : ∂ₛ⟨σ⟩ = −h_eff × ⟨σ⟩, où h_eff représente un champ local dépendant de la courbure locale et de la longueur effective spin-orbite. Ce champ est orienté dans le plan normal-binormal et il dépend des propriétés géométriques du système. Il s'agit d'un facteur crucial qui influence la direction du spin, laquelle évolue selon la sphère de Frenet-Serret-Bloch [36]. L'effet global de cette dynamique est que, sous l'impact d'une courbure non nulle, le spin de l'électron acquiert une composante finie hors du plan binormal, ce qui signifie qu’il y a un déplacement complexe de son orientation au sein de cet espace.

Dans le cas d’un anneau quantique circulaire où la courbure est constante, c'est-à-dire κ(s) = −1/R, la direction locale du spin peut être exprimée par tan θ = 2m⋆αR/ = QR, ce qui est en accord avec les résultats précédemment présentés. L’intérêt majeur réside dans l’apparition d’une composante non triviale du spin dans la direction tangente, surtout si la courbure n’est pas uniforme. Même si la dérivée ∂ₛ du vecteur de spin est nulle lorsque le spin est aligné avec le champ effectif spin-orbite, les variations de la courbure locale engendrent un couple non nul, ce qui génère une composante du spin parallèle à la direction de propagation de l’électron. Ce phénomène peut être interprété comme un effet de couple géométrique dû à la forme de l'anneau quantique.

Prenons l’exemple d’un anneau quantique de forme elliptique. Dans ce cas, la courbure n’est pas uniforme et peut être renforcée ou supprimée en fonction de la position par rapport aux pôles des axes majeur et mineur de l’ellipse. Ce type d'anneau représente un cas paradigmatique d’une courbure positive, mais non uniforme, ce qui peut fortement influencer la dynamique du spin à travers des régions où la courbure est plus accentuée ou plus faible. Il existe ainsi deux régimes distincts pour la texture du spin dans les anneaux quantiques Rashba : un régime de forte interaction spin-orbite, ou de courbure quasi-constante, où le spin est aligné près du champ effectif, et un régime où l’interaction spin-orbite est plus faible ou la courbure devient non uniforme, ce qui permet au spin de se détacher de l'alignement avec le champ et de s'orienter dans une nouvelle direction.

Dans le cas de faibles interactions spin-orbite, la texture du spin dans l'anneau quantique elliptique est presque complètement alignée avec la direction binormale. À mesure que l'interaction spin-orbite devient plus forte, la texture du spin devient de plus en plus complexe, évoluant dans un espace tridimensionnel. Cela est illustré par les images des textures de spin dans l'anneau quantique elliptique, où l'on observe des motifs spinoriels qui dépendent du rapport entre les axes mineur et majeur de l'ellipse, ainsi que de l’intensité de l’interaction spin-orbite. Lorsque l’interaction devient très forte, le spin s’aligne quasiment de manière adiabatique avec la direction normale, créant une structure plus simple.

Ces différentes textures de spin, bien que complexes, ont un impact direct sur les propriétés de transport spin dans ces systèmes. Par exemple, le transport des électrons dans un anneau quantique peut être fortement influencé par les changements géométriques et les phases quantiques associées au parcours cyclique d’un électron autour de l’anneau. Le lien entre ces textures de spin et les phases quantiques devient apparent lorsqu’on examine l’évolution de la fonction d'onde spinorielle |Ψ(s)⟩ le long du chemin dans l’anneau. L’accumulation d’une phase géométrique Aharonov-Anandan (AA) et d’une phase dynamique permet d’étudier la modulation de la conductance en fonction de la structure de spin.

L’accumulation des phases géométrique et dynamique peut être décrite en termes de valeurs d'attente du spin local, ce qui permet de relier la courbure géométrique de l’anneau à la variation des propriétés de transport. Ce lien est mathématiquement exprimé par l'équation suivante pour la conductance :

G=e2h(1+cos(gAA+d))G = \frac{e^2}{h} \left( 1 + \cos(g_{AA} + d) \right)
où g_{AA} est la phase géométrique accumulée, et d est la phase dynamique. La courbure locale et la variation de la texture du spin à travers l’anneau quantique affectent directement la forme de la conductance mesurée, ce qui est manifeste dans des structures de spin complexes qui se forment à partir des déformations géométriques de l’anneau.

Il est crucial de noter que l’évolution des phases géométrique et dynamique dans ces anneaux quantiques n'est pas simplement une caractéristique théorique ; elle a un impact tangible sur la conductance et d'autres propriétés électroniques du système. Plus la courbure de l’anneau est complexe et variable, plus les textures de spin deviennent multidimensionnelles, et par conséquent, plus les effets de transport deviennent intéressants et non triviaux. Les fluctuations géométriques créent des canaux d'interférence qui modifient la trajectoire des électrons, et donc leur comportement dans des dispositifs quantiques où les interactions spin-orbite jouent un rôle majeur.

Comment les champs électromagnétiques influencent-ils les oscillations du moment dipolaire et les transitions optiques dans les anneaux quantiques ?

Dans un anneau quantique (AQ), l’électron dans l’état fondamental se localise d’un côté de l’anneau, tandis que dans l’état excité il se trouve à l’opposé, ce qui induit un moment dipolaire de même amplitude mais de signe opposé. L’application d’un flux magnétique Φ modifie la distribution de densité électronique dans l’AQ, provoquant des oscillations du moment dipolaire avec une période égale au quantum de flux Φ₀. En présence d’un champ électrique faible appliqué dans le plan de l’anneau, ces oscillations sont bien visibles lorsque la température est suffisamment basse, car les états excités peuvent être thermiquement occupés. En effet, lorsque la température augmente, la contribution de l’état excité, dont le moment dipolaire est opposé à celui de l’état fondamental, tend à compenser partiellement les oscillations globales du moment dipolaire.

L’oscillation du moment dipolaire est donc un phénomène intrinsèquement lié à l’occupation thermique des états quantiques et à la compétition entre champ magnétique et champ électrique faible. Lorsque le champ électrique devient trop fort, il localise fermement l’électron d’un seul côté de l’anneau, éliminant ainsi la dépendance de la densité électronique au flux magnétique et supprimant les oscillations du moment dipolaire. Ce phénomène est lié au mélange des états d’impulsion angulaire et à la perte de la dégénérescence des états électroniques. Il est également observé que les oscillations énergétiques des états quantiques les plus bas s’annulent dans ce régime de champ électrique intense.

Pour observer expérimentalement ces oscillations de moment dipolaire magnétosensibles, les paramètres suivants sont essentiels : un rayon d’anneau d’environ 20 nm, un champ magnétique autour de 3 Tesla pour atteindre un quantum de flux, un champ électrique modéré d’environ 10⁴ V/m, et une température inférieure à environ 2 K pour éviter la dissipation thermique des oscillations. Ces conditions, bien que contraignantes, sont réalisables en laboratoire. La détection peut être réalisée par des mesures de capacité, et la compréhension de ces oscillations est cruciale pour le développement de dispositifs quantiques tels que des magnétomètres basés sur des anneaux quantiques.

Par ailleurs, l’effet du champ électrique sur les transitions optiques inter-niveaux dans l’anneau quantique est remarquable. Pour une radiation polarisée linéairement dans le plan de l’anneau, la probabilité de transition dépend de l’angle entre le champ électrique appliqué et la polarisation du rayonnement. Hors des points de dégénérescence liés au flux magnétique, la dépendance angulaire disparaît et les transitions ne présentent pas de polarisation linéaire. Cependant, lorsque le flux magnétique atteint un multiple demi-entier de Φ₀, le taux de transition pour une lumière polarisée parallèlement au champ électrique s’annule tandis que celui perpendiculairement à ce champ est maximal. Ce comportement induit une anisotropie optique très marquée, caractéristique des systèmes soumis à l’effet Aharonov-Bohm sous champ électrique faible.

Ces effets sont particulièrement sensibles aux changements de flux magnétique, car les états excités de l’électron sont très proches en énergie et leur mélange est fortement modifié par le champ électrique. Cette proximité énergétique provoque des pics très nets dans la variation des propriétés optiques, ce qui pourrait être exploité pour concevoir des dispositifs optoélectroniques à base d’anneaux quantiques capables de détecter des variations minimes de champ magnétique.

Il est important de noter que la maîtrise de la température est tout aussi cruciale pour ces phénomènes optiques, car la présence d’occupation thermique des états excités modifie considérablement la réponse optique. Par ailleurs, l’étude des transitions avec polarisation circulaire pourrait enrichir la compréhension des interactions lumière-matière dans ces nanostructures.

Ces phénomènes illustrent à la fois la richesse et la complexité des effets quantiques dans les nanostructures soumises à des champs électromagnétiques. La compréhension approfondie des interactions entre les états quantiques, les champs appliqués et la température ouvre la voie à la manipulation fine des propriétés électroniques et optiques des systèmes quantiques, avec des implications potentielles dans le domaine des capteurs quantiques, de la spintronique et des technologies photoniques avancées.