Les nanoparticules d'oxyde de fer dérivées des eaux acides minérales (AMD) offrent une solution doublement avantageuse, non seulement en atténuant la pollution due aux AMD, mais aussi en proposant une solution durable pour traiter la contamination de l'eau dans divers contextes industriels et environnementaux. Les oxydes de fer regroupent une gamme variée de composés, chacun présentant des propriétés structurales et chimiques uniques qui contribuent à leurs multiples applications, allant des sciences des matériaux à la dépollution environnementale. Les formes les plus courantes des oxydes de fer sont l’hématite (α-Fe2O3), la magnétite (Fe3O4) et la goethite (α-FeOOH), chacune ayant des structures cristallines distinctes et des caractéristiques physico-chimiques particulières.

L'hématite, caractérisée par sa couleur rouge distinctive et sa structure cristalline rhomboédrique, occupe une place importante parmi les oxydes de fer en raison de sa présence fréquente dans les milieux naturels. Au-delà de son attrait esthétique, l'hématite présente une stabilité thermique remarquable, ce qui la rend indispensable dans diverses applications telles que les peintures, les revêtements et la céramique, où son pigment rouge est particulièrement recherché. Cependant, l'utilité de l'hématite ne se limite pas à ses rôles traditionnels. Avec les avancées de la nanotechnologie, de nouvelles applications ont émergé pour les nanoparticules d'hématite, en particulier dans les domaines de l'imagerie biomédicale, de la livraison ciblée de médicaments et de la dépollution environnementale. Ces nanoparticules montrent une biocompatibilité exceptionnelle, les rendant adaptées à diverses applications biomédicales. De plus, leurs propriétés magnétiques intrinsèques leur confèrent un grand intérêt dans les systèmes de délivrance ciblée de médicaments, où des champs magnétiques externes permettent de guider et de localiser les porteurs de médicaments à des sites anatomiques spécifiques. Elles sont également utilisées comme agents de contraste en imagerie par résonance magnétique (IRM), améliorant ainsi la visualisation des tissus biologiques et la précision diagnostique.

Dans le domaine de la dépollution environnementale, les nanoparticules d'hématite offrent une solution polyvalente pour résoudre les problèmes de pollution. Leur surface étendue et leur réactivité les rendent efficaces pour adsorber divers contaminants, notamment les métaux lourds et les polluants organiques, dans les environnements aquatiques. En immobilisant ces contaminants sur leurs surfaces, ces nanoparticules facilitent leur extraction des systèmes d'eau, réduisant ainsi les risques environnementaux et rétablissant la qualité de l'eau. Par ailleurs, la réponse magnétique des nanoparticules d'hématite permet leur séparation aisée des solutions aqueuses, simplifiant ainsi les processus de récupération et de réutilisation dans les applications de traitement des eaux usées.

La magnétite (Fe3O4), caractérisée par sa couleur noire et son réseau cristallin cubique, se distingue dans le domaine des sciences des matériaux en raison de ses attributs magnétiques exceptionnels, qui proviennent de sa configuration à valence mixte. À l’échelle nanométrique, les nanoparticules de magnétite montrent un comportement superparamagnétique, un phénomène crucial pour diverses applications telles que la séparation magnétique, l'hyperthermie thérapeutique et la dépollution environnementale. La nature superparamagnétique des nanoparticules de magnétite facilite leur manipulation et leur séparation dans des milieux aqueux, offrant des avantages considérables dans les processus de traitement des eaux usées et d’élimination des polluants. Cette caractéristique souligne leur pertinence pour résoudre des problèmes environnementaux, notamment l’élimination des métaux lourds et des polluants organiques dans les eaux contaminées. De plus, les propriétés magnétiques uniques des nanoparticules de magnétite permettent leur utilisation dans les systèmes de délivrance ciblée de médicaments, où des mécanismes de libération contrôlée sont nécessaires.

La goethite (α-FeO(OH)), caractérisée par sa teinte jaune-brune et sa structure cristalline orthorhombique, occupe une place importante aussi bien dans les formations géologiques que dans les matrices environnementales. Principalement formée comme minéral secondaire à partir des processus de weathering des minéraux de fer primaires, la goethite présente des propriétés d’adsorption remarquables, dues à sa surface étendue et sa réactivité. Cette caractéristique inhérente fait de la goethite un agent efficace pour la séquestration de contaminants dans des solutions aqueuses. L’utilisation des nanoparticules de goethite dans la dépollution environnementale a suscité un intérêt considérable, notamment pour résoudre les problèmes posés par les métaux lourds, les polluants organiques et les contaminants émergents dans les eaux usées et les sols contaminés. Grâce à des mécanismes tels que la complexation de surface et l'échange d'ions, les nanoparticules de goethite montrent une propension à adsorber une large gamme de polluants, facilitant ainsi leur élimination des milieux aquatiques. De plus, l’adaptabilité des stratégies de dépollution à base de goethite et d'oxydes de fer va au-delà des polluants conventionnels, englobant des contaminants émergents tels que les produits pharmaceutiques et les produits de soin personnel (PPCP). Cette polyvalence souligne l'applicabilité étendue des nanoparticules de goethite dans la lutte contre les défis environnementaux contemporains.

En outre, les oxydes d'aluminium, tels que l'alumine (Al2O3), qui sont fréquemment trouvés dans les précipités d'AMD, possèdent d'excellentes propriétés d'adsorption, en particulier vis-à-vis des métaux lourds et des métalloïdes. Les caractéristiques de surface uniques de l'alumine, telles que sa grande surface spécifique et l'abondance de sites actifs, contribuent à son efficacité pour séquestrer les contaminants des eaux affectées par les AMD. Des études ont montré que les matériaux à base d'alumine peuvent éliminer efficacement les polluants grâce à des mécanismes comme l'échange d'ions et la complexation de surface. Au cours de l'échange d'ions, les ions métalliques présents dans la solution AMD sont échangés contre des ions à la surface des particules d'alumine, entraînant ainsi l'immobilisation des contaminants. La complexation de surface implique la formation de liaisons chimiques entre les espèces polluantes et les groupes fonctionnels présents à la surface de l'alumine, augmentant ainsi l'adsorption. La polyvalence des matériaux à base d'alumine permet également de les appliquer de manière ciblée dans des stratégies de dépollution des AMD, en ajustant des paramètres tels que la taille des particules, la modification de surface et la porosité, afin d'optimiser la capacité d'adsorption et la sélectivité de l'alumine pour cibler des contaminants spécifiques.

Quelles sont les technologies d'adsorption adaptées au traitement des eaux usées et comment fonctionnent-elles ?

L'adsorption est un mécanisme clé dans la gestion des eaux usées, utilisé pour éliminer une large gamme de contaminants. Ce processus repose sur l'adhésion de molécules de soluté à la surface d'un adsorbant, ce qui permet de purifier l'eau ou l'air. Cependant, pour que ce processus soit efficace, il est important de comprendre les facteurs influençant sa cinétique, le choix des matériaux adsorbants et les mécanismes de réaction.

Les cinétiques d'adsorption se réfèrent à la vitesse à laquelle les molécules de soluté sont adsorbées sur un adsorbant. Ce processus est crucial pour évaluer l'efficacité d'un système d'adsorption dans le temps. Il se divise en plusieurs étapes : d'abord, les molécules de soluté se déplacent de la solution vers la surface externe de l'adsorbant ; ensuite, elles diffusent à travers les pores du matériau adsorbant avant de se fixer sur un site spécifique de la surface. Ce processus est influencé par l’interaction chimique entre les molécules adsorbées et l'adsorbant lui-même, ce qui peut déterminer l'efficacité du traitement, notamment pour éliminer les composés organiques toxiques qui présentent des coefficients d'adsorption élevés.

Les différents types d'adsorbants ont des propriétés spécifiques qui les rendent plus ou moins adaptés à certaines applications. Le charbon actif, par exemple, est largement utilisé grâce à sa grande surface spécifique et à son réseau poreux qui permet une adsorption efficace d'un large éventail de contaminants organiques et inorganiques. Ce matériau est créé en chauffant des matériaux carbonés comme le bois ou la noix de coco dans des conditions de faible oxygénation, ce qui produit un adsorbant avec une capacité d'adsorption exceptionnelle. Le charbon actif est particulièrement utile dans la purification de l'eau et de l'air.

Les zéolites, minéraux aluminosilicatés cristallins, possèdent une structure poreuse bien définie, ce qui leur confère des propriétés d'échange ionique et de tamis moléculaire. Ces propriétés les rendent particulièrement efficaces pour les processus d’adoucissement de l'eau, ainsi que pour la séparation de gaz et le contrôle des odeurs. Les zéolites sont également utilisées dans des applications plus complexes, comme le raffinage pétrochimique et la purification de l'environnement.

La silice gel est un autre adsorbant important, particulièrement dans des applications où la gestion de l'humidité est cruciale, comme dans l'industrie pharmaceutique et l'électronique. Ce matériau est fabriqué par la gélification de silicate de sodium, suivi de la déshydratation pour obtenir une structure poreuse. Son efficacité réside dans sa capacité à adsorber l'humidité et les composés organiques volatils, rendant ce matériau utile dans des environnements nécessitant une gestion rigoureuse de l'humidité.

Les cadres organométalliques (MOFs) représentent une classe émergente de matériaux adsorbants qui combinent des ions métalliques et des ligands organiques pour former des réseaux poreux à surfaces spécifiquement ajustables. Ces matériaux présentent une surface spécifique extrêmement élevée et sont utilisés dans des applications de stockage de gaz, de catalyse et de séparation des gaz. Leur grande flexibilité dans la taille des pores et leur capacité à être personnalisés pour différentes applications leur confèrent des avantages uniques.

Les adsorbants à base de fer, préparés en imprégnant des substrats poreux comme le charbon actif ou la silice avec des oxydes ou hydroxydes de fer, sont également très prometteurs. Ils ont démontré une efficacité particulière pour éliminer des contaminants tels que l'arsenic, le fluor, et les métaux lourds de l'eau. L'affinité élevée des oxydes de fer pour ces espèces permet leur élimination efficace par des mécanismes de chémisorption et de complexation de surface.

De même, les adsorbants à base d'aluminium, tels que l'alumine (Al2O3), sont utilisés pour leur capacité à adsorber une large gamme de substances. Préparés généralement par précipitation ou imprégnation d'espèces aluminium sur des matériaux de support poreux, ces adsorbants trouvent leur application dans le traitement de l'eau, la purification des gaz et la catalyse.

Il est essentiel de noter que, bien que ces matériaux soient tous efficaces pour l'adsorption de divers contaminants, leur choix dépend du type spécifique de polluant à éliminer et des caractéristiques de l'environnement à traiter. Par exemple, l’arsenic et les métaux lourds peuvent être efficacement éliminés à l’aide de matériaux à base de fer, tandis que les composés organiques sont mieux traités avec du charbon actif.

L’efficience du processus d’adsorption dépend également du temps de contact entre le soluté et l'adsorbant, de la température et du pH du milieu, ainsi que de la concentration initiale des contaminants. Chaque type d'adsorbant réagit différemment selon ces paramètres, et comprendre comment ajuster ces conditions est crucial pour optimiser le processus de traitement des eaux usées.

Comment les systèmes de zones humides hybrides optimisés peuvent contribuer au traitement des eaux acides et alcalines tout en soutenant les objectifs de durabilité mondiaux

Les systèmes de zones humides naturels, bien que largement sous-estimés, jouent un rôle crucial dans le traitement des eaux acides (AMD) et alcalines, des problématiques majeures liées aux eaux industrielles et minières. Un cadre de durabilité a été proposé pour optimiser ces systèmes naturels, leur permettant non seulement de traiter les eaux polluées, mais aussi de contribuer activement aux objectifs mondiaux de durabilité. Ce cadre tient compte de plusieurs dimensions de la durabilité, comme la performance, l'intégration aux Objectifs de Développement Durable (ODD), et la possibilité d'une évaluation holistique de ces systèmes.

L’optimisation des zones humides, par l’intégration de systèmes hybrides, permet une réponse efficace aux défis environnementaux posés par les eaux industrielles. La combinaison de technologies naturelles et humaines permet de surmonter les limitations des systèmes traditionnels tout en répondant à des critères rigoureux, comme la réduction des concentrations métalliques dans l’eau, le maintien d’une biodiversité riche et l'amélioration de la qualité des sols environnants. Ce processus, non seulement axé sur l’assainissement, mais également sur la régénération écologique, offre une réponse durable aux crises environnementales locales et mondiales.

Un aspect clé du cadre proposé repose sur un index détaillé qui accompagne le développement de systèmes hybrides pour le traitement des eaux. Ce dernier se base sur un large éventail d’indicateurs, allant de la gestion de l'eau, à la résilience climatique, en passant par la production alimentaire durable et la gestion de la biodiversité. Ce système d’évaluation permet une surveillance continue, en assurant la conformité aux normes environnementales et en mesurant des critères tels que le pH de l'eau, les concentrations d’oxygène dissous, la concentration en nutriments, la gestion de la végétation et les pratiques agricoles durables dans les zones environnantes. Il est également conçu pour évaluer l'impact sur la qualité des sols et des écosystèmes locaux, renforçant ainsi les synergies entre la gestion des ressources en eau et la restauration des habitats.

Au-delà des critères écologiques, l'approche hybride met également l'accent sur des aspects économiques et sociaux. L'index suggère une série d'interventions visant à améliorer l'efficacité énergétique des systèmes, à favoriser l'emploi local grâce à des programmes de formation sur la gestion des écosystèmes de zones humides, et à promouvoir des pratiques de consommation durable dans les communautés locales. Le cadre encourage l’utilisation des énergies renouvelables pour les infrastructures de traitement de l’eau, contribuant ainsi à une plus grande durabilité de l’ensemble du processus.

Une dimension fondamentale de cette approche est sa capacité à engager les communautés locales. L’intégration des savoirs traditionnels et des pratiques communautaires dans la gestion des zones humides renforce l’adhésion des populations locales et assure la pérennité des projets. En impliquant directement les communautés dans le processus de gestion, ce modèle facilite une gestion durable et inclusive des écosystèmes. Ce processus de co-création améliore également l'acceptabilité sociale des projets, en établissant un lien direct entre les besoins des habitants et les objectifs environnementaux.

La surveillance continue et l’évaluation des données environnementales et sociales sont essentielles à la réussite de cette approche. En combinant des données sur la qualité de l’eau, la productivité agricole, la biodiversité et les pratiques de gestion des terres, ce cadre permet non seulement de suivre l'évolution des paramètres environnementaux, mais aussi de vérifier l’impact des interventions dans le temps. Des outils comme la cartographie de l’utilisation des sols et l’analyse des tendances climatiques sont utilisés pour assurer une gestion adaptative, capable de répondre aux défis émergents.

Il est également essentiel de comprendre que le succès de ces systèmes hybrides ne repose pas uniquement sur l’aspect technique du traitement des eaux. L'implication des parties prenantes, l'engagement des acteurs locaux et la coopération interdisciplinaire entre scientifiques, praticiens et décideurs sont des éléments cruciaux pour assurer l'efficacité et la pérennité des solutions proposées. L’échange constant d'informations et la collaboration entre différents secteurs permettent d'affiner les stratégies de gestion et d’optimisation des systèmes de zones humides.

En résumé, ce cadre global propose une solution innovante et durable pour traiter les eaux acides et alcalines issues de l’industrie et des mines. Non seulement il répond aux défis écologiques, mais il soutient également une approche intégrée en matière de développement économique, de justice sociale et de préservation des écosystèmes. L’adoption de telles solutions pourrait marquer une étape importante dans la transition vers une gestion plus responsable et durable des ressources naturelles à l’échelle mondiale.

Comment la filtration et l'adsorption peuvent-elles remédier aux contaminants émergents dans les eaux ?

Les campagnes politiques et gouvernementales visant à limiter les effluents, telles que les systèmes Green et Blue Drop, ainsi que les normes SANS 241, n'ont pas permis de résoudre pleinement le problème des contaminants émergents (CE) déversés dans les réservoirs. Malgré ces mesures, les effluents rejetés nécessitent des méthodes plus pratiques pour la remédiation des CE. Cela implique des processus de traitement, de réduction et d’élimination de ces contaminants avant qu'ils ne soient libérés dans l'eau destinée à la consommation humaine. En réponse à ces défis de contamination de l'eau, de nombreux processus de traitement conventionnels ont été établis, tels que la floculation, la sédimentation, la filtration, la coagulation et la chloration. Bien que ces processus aient prouvé leur efficacité pour l'atténuation des contaminants inorganiques dans l'eau, les CE échappent à ces techniques et finissent dans les effluents traités et, par conséquent, dans l'eau potable.

L'adsorption émerge comme une alternative aux mécanismes conventionnels, en raison de son faible coût et de son efficacité pour réduire et éliminer les nombreux CE, en fonction principalement du type d'adsorbant sélectionné. Le charbon actif (CA) est fréquemment choisi comme adsorbant idéal, en raison de sa structure poreuse bien développée et de sa grande surface, qui lui confère une capacité d'adsorption efficace. L’adsorption sur charbon actif a été rapportée comme un processus unique pour éliminer diverses catégories de CE de l'eau. Cette méthode a suscité un intérêt croissant en raison de son potentiel à résoudre une partie des problèmes liés à la contamination aquatique par des substances chimiques difficiles à éliminer par les procédés traditionnels.

Les CE sont un groupe vaste de composés chimiques ou de microorganismes, d'origine naturelle ou synthétique, tels que les retardateurs de flammes, les produits pharmaceutiques contenant des anti-inflammatoires non stéroïdiens, les parfums, les antibiotiques, les agents antifongiques et antimicrobiens, les pesticides, les additifs alimentaires, les hormones, les édulcorants artificiels, les filtres ultraviolets (UV) et d'autres produits industriels, ayant des impacts nuisibles sur la santé humaine et l'environnement. Les investigations menées au cours des dernières décennies ont montré leur présence ubiquitaire dans l'environnement. Parmi ces contaminants, on retrouve des produits chimiques perturbateurs endocriniens (CPE), des pesticides, des produits cosmétiques et des médicaments, qui suscitent une attention particulière en raison de leur toxicité potentielle.

Les principales sources de ces composés dans l'environnement aquatique sont les sites agricoles, les décharges, les unités de soins de santé, les voies domestiques et industrielles. Les stations de traitement des eaux actuelles ne parviennent pas toujours à éliminer complètement les métabolites microbiens et les CE, ce qui entraîne leur introduction dans l'environnement aquatique. L'absence d'informations complètes sur la toxicité humaine et écologique des CE est l'une des principales préoccupations.

Les CE se déclinent en plusieurs catégories, selon leur origine, leurs effets dans l'écosystème, leur composition chimique, leur mode d'action et leurs interactions. Bien qu'ils soient utiles dans leur forme de production, leurs métabolites et formes d'origine peuvent causer des dommages considérables à l'environnement et à la santé humaine. Les produits cosmétiques (PCP) en font partie, notamment ceux utilisés comme agents actifs dans les savons, les écrans solaires, les dentifrices, les lotions et autres produits de consommation. Parmi les PCP courants, on retrouve des muscs polycycliques et nitro, des filtres UV tels que le camphre méthylbenzylidène, des antioxydants, des répulsifs pour insectes et des conservateurs tels que les parabènes, qui sont utilisés pour altérer l'apparence, le goût, l'odeur et la texture des produits. Les PCP sont souvent appliqués sur la peau ou le corps humain, mais leur présence dans l'environnement reste préoccupante, car leur concentration peut être élevée et leur impact écologique complexe.

Les produits pharmaceutiques, qu'ils soient naturels ou synthétiques, sont également une source importante de CE. Ils sont utilisés pour la prévention, le traitement ou le diagnostic des maladies chez les humains et les animaux, et contribuent à la longévité ainsi qu'à l'efficacité de l'alimentation et à la croissance des animaux. Ces composés sont présents sous diverses formules moléculaires, structures chimiques et comportements, et leur application varie selon l'organisme récepteur : humain, animal ou végétal. Des classes de médicaments spécifiques, telles que les antidépresseurs, les antibiotiques, les antiépileptiques, les analgésiques narcotiques, les antirétroviraux, les anti-inflammatoires et les analgésiques, sont particulièrement préoccupantes en raison de leur persistance dans l'environnement. Les effets à long terme de ces substances sur l'écosystème et la santé humaine sont encore largement inconnus.

La prise en charge des CE dans l'environnement aquatique ne peut pas se limiter aux méthodes de traitement traditionnelles. L'adsorption, notamment à l'aide de charbon actif, constitue une solution prometteuse. Elle permet non seulement de réduire les concentrations de contaminants spécifiques, mais aussi de prévenir leur accumulation et leur propagation dans les réseaux d'eau potable. Il est essentiel de continuer à développer et à affiner ces technologies, en fonction des caractéristiques chimiques des CE ciblés, afin de minimiser leur impact écologique et sanitaire.

En complément des stratégies de traitement, une approche intégrée comprenant la prévention à la source et une meilleure gestion des déchets industriels et domestiques est également indispensable pour lutter efficacement contre la contamination des eaux. Une prise de conscience accrue, tant au niveau des autorités publiques que des consommateurs, est cruciale pour réduire l'empreinte écologique des produits chimiques présents dans notre environnement.

Comment la cristallisation par congélation transforme les eaux usées de la centrale thermique : Une approche énergétique et économique

Le traitement des eaux usées provenant des centrales thermiques, en particulier celles générées par le procédé de réduction des gaz de combustion (FGD), représente un défi majeur en termes de gestion des ressources en eau et de réduction des déchets salins. La cristallisation par congélation, une technologie émergente, s'avère une méthode efficace pour séparer l'eau pure des impuretés dissoutes dans des solutions salines complexes.

Lorsque l'on applique cette technique aux eaux usées des centrales thermiques, le principe est simple : en abaissant la température de la saumure au-dessous de son point de congélation, on permet à l'eau de se solidifier sous forme de cristaux de glace, laissant derrière elle les impuretés dissoutes, principalement sous forme de sels. La formation des cristaux commence à des températures aussi basses que -1°C, ce qui permet de réduire considérablement la concentration des solides dissous, mesurés ici par la concentration en matières dissoutes totales (TDS).

Les résultats obtenus lors des essais ont montré qu'un échantillon d'eau usée initialement contenant 4 820 mg/L de TDS a vu cette valeur réduite à 1 003 mg/L après un cycle de sept heures de traitement, tandis que la saumure, quant à elle, atteignait des valeurs de TDS allant jusqu’à 6 392 mg/L. Ce processus a permis de produire 49,46 kg de glace sur une période de 9 heures, illustrant non seulement l'efficacité de la séparation mais aussi la quantité substantielle d'eau purifiée. De plus, la cristallisation par congélation a permis d'atteindre une élimination des sels dans l'eau, en particulier des sulfates, ce qui réduit la charge saline dans l'effluent traité.

Un autre aspect important est l'énergie consommée durant le processus. L'énergie requise pour refroidir l'eau jusqu'à -1°C est relativement faible en comparaison avec celle nécessaire pour évaporer l'eau, rendant cette technologie plus économique dans certains contextes. Le coefficient de performance (COP), qui mesure l'efficacité énergétique, a montré une valeur moyenne de 0,86 pour le refroidissement initial et de 0,31 pour la formation de glace. Cette valeur est particulièrement significative pour les grands systèmes, où des pertes thermiques moins importantes peuvent améliorer l'efficacité énergétique globale.

Cependant, cette méthode n’est pas sans coût. En termes économiques, les dépenses liées à la cristallisation par congélation sont essentiellement associées à la consommation d'électricité pour le refroidissement. Dans un scénario étudié, le coût de l'électricité pour le processus s'élevait à environ 821 772 R par mois, et le coût total de traitement était estimé à 958 388 R par mois. Ce coût se répartit principalement entre la consommation d’énergie et la gestion des sels produits, comme le Na2SO4·10H2O, qui constitue un sous-produit solide du processus.

L'un des principaux avantages de la cristallisation par congélation par rapport aux méthodes traditionnelles, telles que la filtration ou l'échange d'ions, est qu’elle ne nécessite pas de pré-traitement chimique des effluents, ce qui simplifie le processus et réduit les besoins en produits chimiques. En outre, contrairement à d'autres technologies, elle permet un rejet minimal de sels dissous, avec un taux de rejet de sels d'environ 90 %, tout en atteignant une récupération d'eau de 86,4 %.

Au fur et à mesure de la concentration de la saumure, d'autres sels peuvent cristalliser, comme le Na2SO4·10H2O, ce qui permet de récupérer des composés utiles tout en réduisant la charge polluante des eaux usées. Ces cristaux de sels, en particulier ceux du sulfate de sodium, peuvent avoir des applications industrielles dans la production de divers produits chimiques ou être gérés comme déchets solides selon les besoins.

Enfin, il est crucial de comprendre que la cristallisation par congélation ne résout pas entièrement tous les défis associés au traitement des eaux usées FGD. Bien que cette méthode soit efficace pour éliminer une grande partie des sels dissous et produire de l'eau relativement pure, elle nécessite une gestion rigoureuse de l'énergie et des coûts associés. De plus, le traitement final de la saumure, en particulier la gestion des cristaux de sel résiduels, représente un défi supplémentaire en termes de valorisation ou d'élimination appropriée des sous-produits.