Lorsque des événements imprévus ou potentiellement dangereux menacent de perturber nos vies quotidiennes, nous nous tournons souvent vers nos dirigeants à la recherche de réconfort et de conseils. Ces événements, qu'ils soient d'ordre politique, économique ou social, sont souvent perçus comme des crises nécessitant une réponse publique de la part de ceux qui détiennent le pouvoir ou l'autorité. Ainsi, les discours prononcés en période de crise exigent une compréhension approfondie de la situation, une analyse réfléchie des perceptions du public, et une assurance claire que la menace sera adressée de la manière la plus efficace possible.
Les situations de crise sont souvent étiquetées comme telles après qu'elles aient été abordées par les médias et les dirigeants. Les événements graves attirent généralement l'attention du public après leur couverture par les médias, et ce sont souvent les discours des leaders qui marquent le début de l’analyse publique. Dans d'autres cas, les dirigeants prennent la parole avant que les médias ne s’emparent d’une situation. Dans tous les cas, un discours prononcé en réponse à une crise confère une dimension particulière à l'événement et permet aux leaders de reprendre le contrôle de la situation par la parole, tout autant que par des actions officielles. Les chercheurs en communication soulignent que les crises sont "principalement rhétoriques", ce qui signifie que l'existence même d'un discours de crise est ce qui distingue une situation de crise des autres événements moins graves.
Les leaders qui prononcent des discours en période de crise doivent généralement accomplir plusieurs objectifs essentiels, chacun de ces objectifs étant lié à leur crédibilité en tant que leaders compétents. En effet, l'efficacité de votre discours dépendra de votre capacité à convaincre votre public que vous êtes une personne digne de confiance et capable de le guider. Autrement dit, c'est votre ethos, votre crédibilité en tant que leader, qui vous permettra de remplir les objectifs suivants, généralement dans un ordre chronologique précis.
Il est impératif de comprendre les paramètres de la situation de crise. Vous devez connaître toutes les dimensions de l'événement, sans nécessairement tout révéler à votre public. L’équilibre est essentiel : trop de détails pourraient embrouiller les auditeurs, tandis qu’une présentation insuffisante pourrait vous donner l’air mal informé ou volontairement dissimulateur. Une fois que vous avez une bonne compréhension des faits, vous serez en mesure de faire des choix éclairés sur ce que vous incluez dans votre discours et ce que vous omettez.
Le moment de l’intervention est aussi crucial. Si parler trop tôt ne pose généralement pas de problème, il arrive souvent que les leaders attendent trop longtemps avant d’adresser une situation urgente. Les rumeurs et demi-vérités circulent rapidement, et une réponse tardive peut permettre aux mauvaises informations de se diffuser davantage. Le discours de crise peut exiger de réajuster vos priorités et même d’organiser des séances de travail de nuit pour répondre de manière adéquate.
Une part importante de la réussite de votre discours en temps de crise réside dans la démonstration de votre compréhension de la situation. Le public cherche des dirigeants qui saisissent la gravité de l’événement et qui sont en possession des informations pertinentes. Vous devez non seulement transmettre ces connaissances, mais aussi réconforter votre auditoire en lui assurant que la situation sera maîtrisée.
Un bon orateur de crise ne se contente pas d'expliquer les faits et de montrer une compréhension des circonstances difficiles ; il doit aussi affirmer sa capacité à prendre en main la situation. Cela constitue le premier "pas d'action" dans la rhétorique de crise : le leader informe son public de son intention de prendre des mesures qui atténueront, amélioreront ou résoudront la crise. Il doit démontrer qu'il a une vision claire et des moyens pour surmonter les difficultés.
L’annonce d’un plan ou d’une action concrète représente le deuxième "pas d'action". Le leader doit exposer les mesures précises qu’il compte mettre en place, ou faire mettre en place, pour résoudre la crise. Ce plan doit être formulé de manière à correspondre à la perception du public de la crise et des options disponibles pour la résoudre. Il est également important d'expliquer en quoi ce plan répond aux contraintes de la situation, tout en prenant en compte les éventuelles opinions divergentes.
Vers la fin de votre discours, il est nécessaire de solliciter l’appui du public pour soutenir le plan d’action proposé. Il faut non seulement demander au public de vous aider dans la résolution du problème, mais aussi de l'encourager à adopter des comportements spécifiques pour y parvenir. En engageant activement votre auditoire, vous favoriserez la conviction qu’une solution est envisageable. Les appels à l’unité, à la force collective et à la solidarité, comme l’a exprimé le philosophe William James en 1906, peuvent être particulièrement efficaces : "Les grandes urgences et crises nous montrent à quel point nos ressources vitales sont plus grandes que ce que nous avions supposé."
Certaines crises appellent des appels à l'éthique, incitant le public à soutenir une politique particulière sur la base de principes moraux. Un orateur peut ainsi associer le soutien à sa politique à des valeurs éthiques telles que l’honnêteté et la responsabilité. Cette approche n’est pas toujours applicable, mais elle peut s’avérer utile selon la situation. L’appui à une politique de crise sur la base d’une éthique bien définie peut être un moyen de renforcer la crédibilité du discours, particulièrement si l’on parvient à convaincre que ceux qui ont une bonne moralité suivront la voie proposée.
Enfin, il est important de souligner que la crédibilité d’un leader ne repose pas seulement sur ses actions passées, mais aussi sur la manière dont il se présente à travers ses discours. Aristote, dans son ouvrage "Rhétorique", mettait en avant l’importance de l’ethos, le caractère personnel du locuteur, comme facteur essentiel de persuasion. Ce caractère, selon lui, est composé de trois éléments : le bon sens, le bon caractère moral, et la bienveillance. La rhétorique moderne a confirmé l’importance de l’ethos, non seulement comme une qualité personnelle mais aussi comme un construit discursif. Un leader qui parle en période de crise doit incarner ces valeurs à travers ses paroles afin de persuader et de guider son auditoire.
Comment condenser un discours sans en diminuer la portée ?
La synthèse d’un discours, en particulier lorsqu’il émane d’une figure d’autorité telle qu’un général, nécessite une maîtrise subtile de la communication : réduire la longueur sans amoindrir la substance est un exercice délicat. Il ne s’agit pas simplement de raccourcir le texte par suppression de mots, mais de repenser la structure et la densité du message, en éliminant les redondances et en privilégiant les formulations précises et percutantes. Chaque phrase doit conserver sa charge informative tout en étant rendue plus concise, ce qui exige une compréhension approfondie du contenu et de son objectif. Par exemple, transformer une longue explication en une métaphore claire ou en une affirmation directe peut renforcer l’impact tout en économisant du temps de parole.
Lorsqu’on envisage la création de visuels pour un briefing, comme celui sur la chute d’un satellite, la sélection et le nombre d’éléments graphiques doivent répondre à plusieurs critères. Un visuel pertinent synthétise l’information clé et facilite la compréhension sans surcharger l’auditoire. Plutôt que d’accumuler de nombreuses images ou graphiques, il est préférable de concevoir quelques illustrations puissantes et ciblées qui guident l’attention vers les points essentiels. Par exemple, une infographie simple peut exposer clairement la trajectoire du satellite, ses risques et les mesures envisagées. Il est fondamental que ces visuels soient lisibles, épurés et esthétiquement cohérents pour ne pas distraire ni perdre l’auditoire.
L’étude empirique de Gamble et Kelliher sur l’efficacité des briefings en entreprise révèle l’importance d’une communication formée et structurée. Malgré la reconnaissance de la valeur des briefings, leur impact reste limité sans un entraînement adéquat des intervenants. Cela souligne que transmettre une information ne suffit pas : il faut aussi influencer positivement les comportements. La communication efficace repose donc sur la préparation, la clarté et l’adaptation du message à l’audience. Cela rejoint la critique souvent adressée aux présentations PowerPoint, accusées de diluer ou de corrompre la qualité cognitive du discours, comme le souligne Edward Tufte.
Dans le domaine académique, les conférences sont un moyen privilégié pour transmettre des savoirs souvent inédits, mais elles demandent rigueur et engagement. Un expert, bien que détenteur d’une grande connaissance, ne garantit pas la réussite de sa communication. Comme le note Molly Worthen, une conférence ne doit pas se réduire à une simple récitation d’informations encyclopédiques. Le conférencier doit soigner l’introduction, structurer son propos avec clarté et dynamisme, et conclure avec force pour maintenir l’attention et favoriser la mémorisation. L’habitude et la répétition peuvent cependant entraîner un discours routinier, dénué de connexion authentique avec l’auditoire, ce qui nuit gravement à l’efficacité.
La séparation fréquente entre l’enseignement et la compétence en prise de parole en public est une lacune majeure. Enseigner ne s’improvise pas, et la capacité à capter un auditoire s’apprend. La reconnaissance de cette exigence est fondamentale pour revaloriser la qualité des conférences dans le milieu académique, mais aussi dans les domaines publics et commerciaux, où les conférences peuvent jouer un rôle éducatif, culturel ou même motivant. Historiquement, les conférences commerciales, telles que celles issues du mouvement Lyceum ou Chautauqua, ont popularisé la notion de discours payant, à la fois informatif et divertissant, ouvrant la voie à une industrie florissante du conférencier professionnel.
Il est essentiel de comprendre que le recours aux visuels, à la concision et à l’art oratoire n’est pas un simple luxe esthétique, mais une condition sine qua non de la transmission efficace du message. Un bon discours, appuyé par des éléments visuels judicieux, s’adresse à la raison mais aussi à l’émotion, favorisant ainsi l’engagement et l’adhésion. La maîtrise de ces outils et techniques permet d’éviter les écueils classiques : ennui, confusion, dispersion ou superficialité.
La qualité d’une communication ne se mesure pas à la quantité d’informations fournies, mais à la pertinence, la clarté et la capacité à susciter une réponse, qu’elle soit cognitive ou comportementale. Ainsi, le lecteur doit saisir que tout discours, aussi complexe soit-il, peut et doit être accessible sans perdre sa profondeur. Le défi consiste à conjuguer rigueur intellectuelle et élégance d’expression pour toucher durablement son auditoire.

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