La pandémie a révélé une dynamique pédagogique propre au néolibéralisme, un ensemble de pratiques éducatives et sociales qui servent à maintenir un ordre dominant où les intérêts du marché priment sur les valeurs collectives. Cette pédagogie de la pandémie façonne des modes d’action et des formes d’identification qui rendent les individus plus enclins à soutenir et participer à un système concentrant le pouvoir entre les mains d’une élite financière. En ce sens, elle contribue à propager des messages moraux d'intolérance, affaiblit l'idée de responsabilité sociale et mine la sphère publique en tant que lieu d’espoir.
En s’appuyant sur des catégories racialement différenciées et la purification des cultures nationales, la pédagogie de la pandémie nourrit une vision du monde fondée sur la privatisation, la consommation de biens et une centralité du marché. Elle valorise un pouvoir qui profite avant tout aux logiques commerciales et financières, créant ainsi des formes d’action individualistes qui ne prennent en compte que les échanges privés et commerciaux. Cette pédagogie produit des récits, des formes d’identification et des valeurs qui résonnent d’un nationalisme exacerbant, dans lequel l’espace militaire et les métriques coercitives de la guerre redéfinissent les relations sociales, avec la violence toujours prête à surgir.
La pédagogie de la pandémie se place ainsi en opposition à la pédagogie critique, car elle se voue à reproduire une culture civique appauvrie tout en renonçant aux relations sociales et politiques démocratiques. C’est une pédagogie qui cherche à dépolitiser les individus, remplaçant les formes solidaires de la démocratie par un ordre social investi dans l’ultranationalisme, l’individualisme débridé, l’hyper-masculinité et une culture de la guerre. Dans ce contexte, tous les problèmes sont désormais vus comme une question de destinée individuelle, selon le principe néolibéral selon lequel l’unique manière de résoudre les problèmes sociaux passe par la responsabilité personnelle, et non par une remise en question des causes systémiques ou la responsabilisation des pouvoirs en place.
L’un des aspects les plus insidieux de cette approche est l’effacement de la politique et du pouvoir, notamment en définissant la pandémie de Covid-19 comme un "intrus" qui n'a aucune relation avec les politiques néolibérales. En procédant ainsi, on efface les enjeux collectifs de la santé publique et de l’intérêt commun, reléguant ces préoccupations au rang de pensées secondaires. Cette lecture, fondée sur une fausse notion de "l'ordre naturel", génère une indifférence ou un cynisme paralysant, là où l’action collective et la solidarité sont réduites à néant, laissant place à un monde aliéné, isolé et privatisé.
Dans un tel contexte, des figures politiques comme Donald Trump ont incarné ce monde néolibéral, un monde façonné par une politique fascisante qui, en s’appuyant sur la peur et la haine, exacerbait la séparation entre les individus. C’est cette vision du monde, soutenue par une idéologie néolibérale qui défend l'individualisme, la compétitivité et l’amoralité, qui a étouffé toute pensée critique et a affaibli le jugement éclairé nécessaire à une démocratie véritable. La crise du néolibéralisme s’est traduite par une réduction de la politique à un outil au service des puissances économiques, où le politique se trouve de plus en plus dominé par une élite ultra-riches.
Un autre aspect de cette pédagogie est la manière dont elle masque l’idéologie néolibérale derrière un voile de "bon sens", validée et légitimée par les canaux d’information, les médias sociaux, les cours universitaires et autres sources d’autorité. Le néolibéralisme se présente ainsi comme le seul système économique et politique viable, rendant impossible l’imagination d’une alternative cohérente. Dans cette optique, la politique démocratique, fondée sur la solidarité collective et l'égalité, devient une menace pour le marché, et la démocratie est systématiquement marginalisée au profit d'un ordre social dominé par le marché.
Les citoyens, réduits à des consommateurs, sont ainsi privés de leur capacité à réfléchir, débattre et engager le monde de manière critique. L’éducation, quant à elle, se transforme en simple formation, dénuée de valeurs humanistes et citoyennes, et devient une simple préparation à des carrières privées. Par ailleurs, cette rationalité technocratique qui domine l’enseignement aujourd’hui, en particulier avec la montée de l’enseignement en ligne, ne fait que renforcer cette dérive, réduisant les individus à des instruments dans un système global de soumission au marché.
Dans ce cadre, la pensée critique devient un obstacle, et la démocratie, loin de nourrir des citoyens instruits et engagés, se voit remplacée par un langage d’intérêt personnel, de privatisation et d’anti-intellectualisme. L’exemple américain est frappant à cet égard, où, sous l’influence du néolibéralisme, des leaders politiques comme Trump ont inondé le public de mensonges, de théories du complot et de racisme, tout en s’appuyant sur une pédagogie de la pandémie faite de manipulations idéologiques.
L’impact du néolibéralisme sur la société américaine, notamment en ce qui concerne les inégalités raciales et sociales, est évident. Les révoltes populaires contre la violence raciale et l’appel à "démanteler la police" témoignent d’une crise de légitimité du système, un système qui, après des décennies de politiques néolibérales, a creusé de profondes fractures sociales. La crise actuelle est le reflet d’un moment historique où la solidarité sociale est attaquée, l'individualisme exacerbé et les relations humaines régies par la logique du marché.
Comment la pandémie a exposé les inégalités raciales et sociales aux États-Unis
La pandémie de Covid-19 a révélé non seulement l'incapacité des autorités à répondre efficacement à la crise sanitaire, mais aussi des fractures profondes dans la société américaine. Ce n’est pas seulement une crise sanitaire que le pays a vécue, mais une crise politique, économique et raciale qui a mis en lumière des injustices systémiques bien ancrées dans le tissu social. Comme le souligne Tim Dickinson dans Rolling Stone, l'incapacité de la Maison Blanche à suivre la propagation du virus a paralysé la réponse du gouvernement et a conduit à l'une des pires catastrophes que les États-Unis aient traversées en près d'un siècle. Si la pandémie a touché tout le monde, elle n'a pas eu les mêmes effets pour tous.
Derrière la vague de Covid-19, un autre virus beaucoup plus ancien se révélait avec une clarté saisissante : celui de l'inégalité raciale. Les Afro-Américains ont payé un prix particulièrement élevé, avec un taux de mortalité trois fois plus élevé que celui des Blancs. Cette situation n’est pas simplement le fruit du hasard mais le résultat de décennies de politiques publiques et sociales qui ont marginalisé les populations racisées, leur refusant l'accès à des soins de santé de qualité. Dans un contexte où les travailleurs essentiels, souvent issus de minorités ethniques, risquaient non seulement leur vie en travaillant pendant la pandémie, mais étaient aussi confrontés à de bas salaires et à un manque de couverture médicale, l'injustice sociale était évidente. Pendant ce temps, le gouvernement a alloué des milliards de dollars à des "fonds de secours" destinés aux plus grandes entreprises, renforçant ainsi les inégalités économiques.
La crise sanitaire a exacerbé les tensions raciales et économiques, offrant un terrain fertile pour les manifestations contre la violence policière. Le racisme systémique a ainsi été remis au centre des préoccupations nationales, dans un contexte où l'inégalité en matière de santé publique s'est également aggravée. Martin Luther King Jr. avait déjà souligné que l'injustice en matière de soins de santé était l'une des formes d'inégalité les plus choquantes et inhumaines. Or, l'expérience de la pandémie a prouvé que cet écart dans l'accès aux soins de santé est loin d'être résolu. En effet, parmi les 3,1 millions d'Américains n'ayant toujours pas accès à l'assurance maladie dans les États où l'expansion de Medicaid n'a pas eu lieu, plus de la moitié sont des personnes de couleur, et 30 % sont des Afro-Américains. Cette exclusion n'est pas le fruit du hasard mais résulte d'une histoire de ségrégation raciale délibérée, qui a longtemps empêché les Afro-Américains d'accéder à des soins appropriés.
Cette pandémie a aussi mis en lumière l'échec du capitalisme néolibéral, qui n'a pas su fournir un accès universel aux soins de santé, ni garantir des emplois de qualité, ni offrir des congés de maladie rémunérés à ceux qui en avaient besoin. Les failles de ce système économique sont devenues particulièrement apparentes dans les zones urbaines pauvres, où les infrastructures se dégradent, les écoles sont mal financées, et les transports publics tombent en ruine. Dans ces zones d'abandon social, la violence lente du néolibéralisme, qui a pour conséquence de laisser des millions d’Américains dans une situation de précarité extrême, devient une réalité quotidienne.
Les inégalités économiques et sociales exacerbées par la pandémie ont révélé les racines d'une hiérarchie sociale profondément ancrée dans la structure même du capitalisme américain. Le système capitaliste a toujours concentré la richesse et le pouvoir entre les mains de quelques-uns, tout en reléguant une grande partie de la population à la périphérie. La pandémie a accentué cette situation, en rendant plus visibles les effets dévastateurs d'un système qui préfère préserver les intérêts des plus riches au détriment des plus vulnérables. Les émeutes et manifestations qui ont défiguré les rues américaines l’été dernier ne sont que la manifestation de ces fractures. Elles ont mis en évidence la colère grandissante des populations marginalisées, qui, après avoir enduré des siècles de discriminations, se sont retrouvées encore plus exposées au virus, et dont les souffrances ont été ignorées.
Enfin, l’émergence de manifestations contre les mesures de confinement, comme celles observées chez certains partisans de Trump, a révélé la profondeur de l'individualisme extrême et de la fragilité morale qui marquent une partie de la société américaine. En refusant de reconnaître l'importance des mesures sanitaires, une partie de la population, armée et défendant un retour à la "normalité", a révélé une vision cynique et dangereuse du monde. Les symboles nazie et les slogans appelant à sacrifier les plus vulnérables étaient un reflet cru de cette mentalité déshumanisante.
En conclusion, la pandémie de Covid-19 a non seulement révélé les failles du système de santé américain, mais aussi exposé une société profondément divisée, où les inégalités raciales et économiques se chevauchent et se renforcent mutuellement. Cette crise a démontré de manière frappante la nécessité d’un changement radical, d’une reconfiguration de notre approche de la justice sociale, de la santé et des droits économiques. Le monde post-Covid ne doit pas seulement être une reconstruction de l’ancien, mais une occasion de repenser les fondements mêmes de la société.
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