Les axiomes fondamentaux de la théorie des ensembles, en particulier l'axiome du choix et le principe de l'ordre bien fondé, peuvent paraître au début comme des concepts abstraits ou difficiles à saisir, surtout pour ceux qui n'ont pas une formation approfondie dans ce domaine. En effet, l'axiome du choix peut sembler trivial, tandis que le principe d'ordre bien fondé pourrait paraître incompréhensible ou même erroné. Cependant, ces deux principes sont équivalents à un autre résultat clé en théorie des ensembles, le lemme de Zorn, et ils sont des outils puissants pour traiter les ensembles infinis. Avant de plonger dans leur utilité, il est important de revenir sur des bases plus simples, celles des nombres naturels.

Les nombres naturels peuvent être construits de manière itérative. On définit 0 comme l'ensemble vide ∅. Une fois qu'un nombre naturel n est construit, on peut construire son successeur, noté n+, en posant n+ = n ∪ {n}. Cette opération donne les nombres naturels de manière explicite : 0 = ∅, 1 = {0}, 2 = {0, 1}, 3 = {0, 1, 2}, et ainsi de suite. On définit ω comme l'ensemble des nombres naturels, c'est-à-dire ω = {0, 1, 2, 3, …}. Cependant, la construction ne s'arrête pas à ω. Il est possible de construire un successeur de ω, noté ω+, en posant ω+ = ω ∪ {ω}. Ce processus peut être poursuivi indéfiniment, et les nombres ainsi créés suivent la séquence ω, ω+1, ω+2, ω+3, ..., 2ω, 2ω+1, 2ω+2, ..., ωω, ω^2, ω^3, ... et ainsi de suite. Ce processus de construction permet de créer une famille d'ensembles bien ordonnés, qui contient ω et des ensembles de toute cardinalité.

Les éléments de cette famille sont appelés des nombres ordinaux. Il est essentiel de comprendre que chaque élément de cette famille a un successeur, mais pas nécessairement un prédécesseur, ce qui est le cas pour ω, qui n'a pas de prédécesseur. La famille des nombres ordinaux satisfait le principe de l'ordre bien fondé. Cette famille permet de définir des nombres cardinaux, qui sont utilisés pour exprimer la cardinalité des ensembles. Par exemple, le nombre cardinal de ω est lui-même un nombre cardinal, appelé ℵ₀ (aleph zéro), qui représente la cardinalité de l'ensemble des entiers naturels, un ensemble infini mais dénombrable.

Si l'on prend un ensemble X infini, il est possible de construire une injection de ω dans X en ordonnant bien les éléments de X. On associe à 0 le plus petit élément de X, à 1 le second plus petit élément, et ainsi de suite. Ce processus montre que ω est la plus petite cardinalité infinie, et tout ensemble infini ayant la même cardinalité que ω est dit dénombrable.

La notion de dénombrabilité est cruciale dans la compréhension des ensembles infinis. Un ensemble X est dénombrable si sa cardinalité est équivalente à celle de ω, c'est-à-dire si l'on peut établir une bijection entre les éléments de X et les entiers naturels. Si la cardinalité de X est plus grande que ω, on dit que X est non dénombrable, et cet ensemble dépasse les limites de ce que l'on peut atteindre en appliquant simplement les méthodes de dénombrement.

Les règles de l'arithmétique des cardinaux, qui étendent l'arithmétique des nombres naturels aux ensembles infinis, méritent également d'être soulignées. Si X et Y sont deux ensembles, on définit leur union disjointe comme la fusion de X et Y tout en distinguant les éléments identiques. Ainsi, même si X et Y partagent des éléments, leur union disjointe consiste à traiter les éléments en tant que distincts en les clonant. On peut alors définir les opérations cardinales : |X| + |Y| = |X ∪ Y| et |X| * |Y| = |X × Y|, ce qui permet de manipuler les cardinaux de manière similaire aux opérations sur les nombres finis. En particulier, des résultats importants, comme le fait que ω + ω = ω ou ω * ω = ω, montrent les propriétés particulières des ensembles infinis, où l'addition ou la multiplication de deux ensembles infinis de cardinalité ω ne mène pas à un cardinal plus grand.

Le concept de l'infini en théorie des ensembles n'est donc pas simplement une abstraction ; il a des implications profondes et complexes sur la manière dont nous comprenons les ensembles et leurs relations. La notion de cardinalité, d'ordinalité et de la manière dont les ensembles peuvent être comparés entre eux est essentielle pour aborder les questions plus avancées en théorie des ensembles et en logique mathématique.

En étudiant ces principes, il devient évident que l'axiome du choix et le lemme de Zorn jouent un rôle fondamental dans la gestion des ensembles infinis. Ces principes permettent de traiter les ensembles dont les éléments ne peuvent pas être explicitement listés ou ordonnés de manière simple, en permettant de faire des choix à partir de familles infinies d'ensembles. Ce sont ces choix infinis qui ouvrent la voie à des théories plus complexes, comme celles des espaces vectoriels de dimension infinie, des modules, et d'autres concepts avancés en mathématiques.

Qu'est-ce que le théorème fondamental des homomorphismes de groupes et des applications linéaires ?

Soit η:GH\eta : G \to H un homomorphisme de groupes, et soit KKer(η)K \subseteq \text{Ker}(\eta) un sous-groupe normal de GG. Soit π:GG/K\pi : G \to G/K l'épimorphisme canonique. Alors il existe un unique homomorphisme de groupe η~:G/KH\tilde{\eta} : G/K \to H tel que η=η~π\eta = \tilde{\eta} \circ \pi. Cette propriété, énoncée dans le théorème fondamental des homomorphismes de groupes, montre que l'on peut obtenir un homomorphisme η~\tilde{\eta} sur le quotient G/KG/K, et cela d'une manière unique. Il est important de noter que η~\tilde{\eta} est un monomorphisme si et seulement si K=Ker(η)K = \text{Ker}(\eta).

De façon similaire, le théorème fondamental des homomorphismes pour les modules, applicable à une application linéaire f:MNf : M \to N entre des modules sur un anneau RR, stipule qu'il existe un unique homomorphisme f~:M/KN\tilde{f} : M/K \to N tel que f=f~πf = \tilde{f} \circ \pi, où π:MM/K\pi : M \to M/K est l'épimorphisme canonique. Ce résultat est particulièrement utile pour relier les propriétés d'un module MM aux propriétés du quotient M/KM/K.

Les théorèmes de correspondance qui suivent étendent cette idée aux sous-modules, en établissant une correspondance entre les sous-modules de MM contenant KK et ceux du quotient M/KM/K. Ces correspondances sont essentielles pour comprendre la structure des modules et des espaces vectoriels, car elles offrent des outils puissants pour analyser les relations entre les sous-structures.

Les théorèmes d'isomorphisme pour les modules, notamment les théorèmes 2.2.8, 2.2.9 et 2.2.10, complètent cette discussion en établissant des isomorphismes entre des modules et leurs quotients sous certaines conditions. Ces théorèmes permettent de simplifier de nombreux problèmes algébriques, notamment en ce qui concerne les sous-modules et leurs relations avec les modules de départ. Le premier théorème d'isomorphisme montre que si ff est un épimorphisme, alors MNKer(f)M \cong N \oplus \text{Ker}(f), ce qui est une déclaration clé en algèbre abstraite.

L'interaction entre les notions de noyau et d'image, représentée par les théorèmes d'isomorphisme, donne lieu à des corollaires importants, en particulier dans le contexte des transformations linéaires et de la résolution d'équations linéaires. Par exemple, la dimension de l'intersection de deux sous-espaces, comme démontré dans l'exemple du théorème 2.2.11, peut être déterminée en utilisant les concepts de noyau et d'image dans un cadre plus général.

Enfin, il convient de souligner l'importance des applications linéaires entre les espaces vectoriels. Le théorème de la dimension, formulé dans la proposition 2.2.12, relie directement la dimension de l'image et du noyau d'une transformation linéaire, ce qui est fondamental pour comprendre la structure des solutions d'un système d'équations linéaires. Cela montre que la somme de la dimension de l'image et du noyau donne toujours la dimension de l'espace de départ, un résultat qui est central dans l'étude des transformations linéaires.

Pour approfondir ces concepts, il est crucial que le lecteur prenne conscience de la manière dont les théorèmes des homomorphismes, des quotients et des isomorphismes s'appliquent à des structures plus complexes comme les modules sur des anneaux ou les espaces vectoriels sur des corps. En particulier, la compréhension des relations entre les sous-espaces et les sous-modules, ainsi que les isomorphismes qui en résultent, permet d'avoir une vision plus fine de la structure algébrique des espaces étudiés.

Il est aussi utile de garder en tête que, bien que les résultats et théorèmes mentionnés concernent des cas particuliers, ils peuvent être généralisés et appliqués dans des contextes plus vastes, notamment en géométrie algébrique, en topologie et dans de nombreux autres domaines des mathématiques avancées.

Quelle est la structure des modules finis générés sur un PID ?

Soit DD un anneau principal d'idéaux (PID) et MM un module fini généré sur DD. Le théorème de structure des modules finis générés sur un PID stipule qu'il existe un ensemble de générateurs de MM qui permet de décomposer MM en une somme directe de modules cycliques, chacun ayant un anneau d'annulateur de rang décroissant. Ce résultat est crucial pour comprendre la structure des modules finis sur un PID et pour établir des bases et des générateurs qui facilitent l'analyse.

Soit MM un module fini généré par mm éléments sur un PID DD. Par le théorème de structure, MM peut être isomorphe à un quotient de DmD^m par le noyau d'un morphisme linéaire π\pi. Le noyau Ker(π)\text{Ker}(\pi) est libre et de rang fini, ce qui permet d'examiner la structure interne de MM. À partir de cette décomposition, il est possible de trouver un ensemble de générateurs pour Ker(π)\text{Ker}(\pi), noté f1,f2,,fnf_1, f_2, \dots, f_n, et de construire une carte linéaire ϕ:DnDm\phi : D^n \to D^m qui mappe la base standard sur ces générateurs. Cela permet de réduire la question à une analyse du cône de ϕ\phi et de Coker(ϕ)\text{Coker}(\phi), qui sont des quotients d’espaces libres sur DD.

La décomposition des modules en somme directe de modules cycliques est rendue possible grâce aux propriétés particulières des PIDs. En effet, le théorème de structure garantit que pour tout module fini MM sur un PID, il existe des éléments z1,z2,,zsMz_1, z_2, \dots, z_s \in M tels que :

M=Dz1Dz2Dzs,M = D z_1 \oplus D z_2 \oplus \cdots \oplus D z_s,

où chaque DziD z_i est un module cyclique, et les anneaux d'annulateur satisfont la relation :

Dann(z1)ann(z2)ann(zs).D \supset \text{ann}(z_1) \supset \text{ann}(z_2) \supset \cdots \supset \text{ann}(z_s).

L'annulateur d'un élément ziz_i, noté ann(zi)\text{ann}(z_i), est un idéal de DD, et cette relation de chaînage est essentielle pour comprendre comment ces modules cycliques s'imbriquent les uns dans les autres. L'annulateur ann(zi)\text{ann}(z_i) peut être vu comme un idéal principal de DD, ce qui implique que chaque module cyclique DziD z_i est associé à un idéal principal de DD.

Les modules cycliques eux-mêmes jouent un rôle crucial. En effet, chaque module cyclique est de la forme D/dD / \langle d \rangle pour un certain élément dDd \in D. Ce type de module est important car il permet de simplifier la structure de MM en un ensemble plus simple de générateurs, dont les propriétés peuvent être facilement étudiées grâce à des théorèmes tels que le théorème de la division.

Il convient également de noter que, dans le cas où les did_i sont des éléments non-nuls de DD qui divisent successivement les di+1d_{i+1}, les éléments d1u1,d2u2,,drurd_1 u_1, d_2 u_2, \dots, d_r u_r sont linéairement indépendants sur DD. Cette linéarité est un aspect fondamental de la structure du module et permet d’affirmer que la somme directe des modules cycliques Dd1u1Dd2u2D d_1 u_1 \oplus D d_2 u_2 \oplus \cdots est effectivement une décomposition correcte du module MM.

Une autre conséquence importante du théorème est la possibilité de classifier les modules finis sur un PID selon la taille de leurs éléments de génération. Par exemple, si un élément (4,6)(4, 6) appartient à un module MM sur Z\mathbb{Z}, on peut analyser son annihilateur et déterminer le nombre d'éléments dans MM. L'exemple montre qu'après avoir décomposé MM en une somme de modules cycliques, on peut conclure que le module MM a exactement six éléments.

Dans des cas plus généraux, comme les groupes additifs, la structure du groupe peut être déterminée de manière similaire. Par exemple, dans un cas où la matrice associée à un groupe GG est une matrice de type 4×34 \times 3 sur Z\mathbb{Z}, il est possible d'appliquer la normalisation des matrices pour obtenir une décomposition de GG en une somme directe de Z\mathbb{Z}-modules. Cette décomposition permet de déterminer que le groupe est infini, avec un seul élément d'ordre fini, l'élément trivial.

L'analyse de la structure d'un module fini généré sur un PID nécessite donc de maîtriser plusieurs outils algébriques avancés, dont la normalisation de matrices et l’étude des idéaux principaux. Toutefois, ces techniques permettent une compréhension claire de la manière dont ces modules se comportent et comment leur structure peut être simplifiée à l'aide de décompositions en modules cycliques.