Le groupe orthogonal O(n) est défini comme l’ensemble des matrices réelles orthogonales O telles que OOT=IO O^T = I, où II est la matrice identité. Cette condition garantit que la norme euclidienne est préservée, autrement dit, pour tout vecteur xRnx \in \mathbb{R}^n, la norme Ox2\|Ox\|^2 reste égale à x2\|x\|^2. Cette propriété découle directement de l’égalité (Ox)T(Ox)=xTOTOx=xTx(Ox)^T (Ox) = x^T O^T O x = x^T x. Le groupe O(n) inclut à la fois des rotations pures (avec déterminant +1) et des réflexions combinées à des rotations (avec déterminant −1). Ces deux sous-ensembles forment deux composantes connexes distinctes topologiquement, car la fonction déterminant est continue et ne peut pas relier ces deux composantes sans passer par zéro, ce qui est impossible dans O(n).

La restriction à la composante connexe contenant l’identité mène au groupe spécial orthogonal SO(n), constitué uniquement de rotations propres, définies par la condition detO=1\det O = 1. Ce groupe joue un rôle fondamental dans la géométrie euclidienne et la physique classique.

Dans des espaces à métrique indéfinie, comme l’espace-temps de Minkowski, la métrique n’est plus positive définie mais possède une signature mixte, par exemple (p,q)(p,q) avec pp dimensions positives et qq négatives. La norme quadratique s’écrit alors xTIp,qxx^T I_{p,q} x, où Ip,qI_{p,q} est une matrice diagonale avec pp entrées +1 et qq entrées −1. Le groupe préservant cette forme quadratique s’appelle O(p,q)O(p,q). Le groupe de Lorentz O(3,1)O(3,1) en est un exemple essentiel, correspondant aux transformations symétriques de l’espace-temps relativiste. Le groupe de Poincaré étend cette symétrie par l’ajout des translations dans R4\mathbb{R}^4, formant un produit semi-direct O(3,1)×T4O(3,1) \times T_4.

Lorsque l’on considère des espaces vectoriels complexes, la notion d’orthogonalité est remplacée par celle d’unitarité. Une matrice UU est unitaire si UU=IU U^\dagger = I, où \dagger désigne la transposition conjuguée complexe. Le groupe unitaire U(n)U(n) préserve la forme hermitienne x2=xx\|x\|^2 = x^\dagger x. Sa sous-catégorie à déterminant unitaire, le groupe spécial unitaire SU(n)SU(n), joue un rôle central en physique quantique et en géométrie complexe.

La généralisation se poursuit avec des groupes plus complexes comme GL(n,C)GL(n,\mathbb{C}), le groupe général linéaire des transformations inversibles complexes, et ses sous-groupes comme SL(n,C)SL(n,\mathbb{C}) à déterminant unitaire. Les groupes symplectiques Sp(n,R)Sp(n, \mathbb{R}) conservent une forme bilinéaire antisymétrique définie par une matrice JJ, essentielle dans la mécanique classique et la géométrie symplectique.

L’algèbre de Lie associée à un groupe de Lie est un espace vectoriel de générateurs fermés sous le crochet de Lie, défini comme la commutation des opérateurs. Cette structure algébrique abstraite capture la nature infinitésimale des transformations du groupe. Par exemple, dans le cas du groupe SO(3)SO(3), l’algèbre correspond aux générateurs des rotations tridimensionnelles, avec des relations de commutation données par les constantes structurelles antisymétriques.

Les exponentielles d’opérateurs différentielles illustrent comment les groupes de Lie opèrent sur des fonctions analytiques, transformant des translations ou des dilatations en opérateurs exponentiels. Ces exemples montrent que les groupes de Lie fournissent un cadre unifié pour comprendre des transformations continues dans des espaces variés, qu’ils soient euclidiens, relativistes ou complexes.

Un groupe de Lie est également une variété différentiable munie d’une loi de groupe compatible avec la structure lisse. Les translations à gauche et à droite sont des difféomorphismes, et l’inversion est une application différentiable. Un champ de vecteurs invariant à gauche est entièrement déterminé par sa valeur en l’élément neutre, et les crochets de Lie des champs invariants définissent l’algèbre de Lie correspondante.

Cette théorie est centrale pour la compréhension des symétries en mathématiques et en physique, car elle permet d’analyser et de classifier les transformations continues qui préservent des structures géométriques, algébriques ou analytiques. Le passage du global au local, incarné par l’algèbre de Lie, facilite l’étude des propriétés infinitésimales des groupes, ouvrant la voie à leur application dans des domaines aussi variés que la mécanique quantique, la relativité, la théorie des champs et la géométrie différentielle.

Il importe également de saisir que la topologie et la différentiabilité des groupes de Lie conditionnent leur classification et leur représentation. La distinction entre composantes connexes, la nature des constantes de structure, ainsi que la relation entre groupes et algèbres de Lie, sont des éléments essentiels pour comprendre la richesse des symétries dans les espaces mathématiques et physiques.

Quels sont les fondements géométriques des surfaces classiques en espace tridimensionnel ?

Les surfaces quadratiques en R3\mathbb{R}^3 constituent une classe fondamentale d'objets géométriques définis par une équation polynomiale du second degré en trois variables x,y,zx, y, z. Cette équation s’écrit sous la forme Ax2+By2+Cz2+Dx+Ey+Fz=HAx^2 + By^2 + Cz^2 + Dx + Ey + Fz = H, où les coefficients sont constants. Par des transformations affines, notamment rotations et translations, ces surfaces peuvent être ramenées à des formes canoniques qui révèlent leur nature géométrique essentielle. Parmi ces formes, on compte les ellipsoïdes, paraboloïdes elliptiques, cônes, hyperboloïdes à une ou deux nappes, ainsi que les paraboloïdes hyperboliques. Ces familles représentent les types classiques et largement étudiés de surfaces en géométrie différentielle.

La notion de surface de révolution s'inscrit naturellement dans ce cadre. Une surface est dite de révolution si elle peut être obtenue en faisant tourner une courbe régulière plane, par exemple dans le plan xzx-z, autour d’un axe fixe, ici l’axe zz. La paramétrisation se donne alors par x(t,φ)=(r(t)cosφ,r(t)sinφ,h(t))x(t, \varphi) = (r(t)\cos \varphi, r(t)\sin \varphi, h(t)), où φ\varphi est l’angle de rotation. Ainsi, la sphère résulte de la rotation d’un cercle centré à l’origine, tandis que le cylindre correspond à la rotation d’une droite parallèle à l’axe de rotation. Le tore, plus complexe, naît de la rotation d’un cercle de rayon rr dont le centre est décalé sur l’axe xx de distance a>ra > r. La description paramétrique du tore illustre la richesse de ces constructions : x(θ,φ)=((a+rcosθ)cosφ,(a+rcosθ)sinφ,rsinθ)x(\theta, \varphi) = ((a + r \cos \theta) \cos \varphi, (a + r \cos \theta) \sin \varphi, r \sin \theta).

La notion de surface réglée, définie par la représentation paramétrique x(u,v)=c(u)+vr(u)x(u,v) = c(u) + v r(u)r(u)r(u) est un vecteur directeur (souvent unitaire), étend la variété des surfaces étudiées. Une surface réglée possède en chaque point une droite contenue dans la surface. Le cas remarquable de l’hyperboloïde à une nappe, défini par l’équation x2+y2z2=1x^2 + y^2 - z^2 = 1, se révèle être doublement réglé, possédant deux familles distinctes de droites. Cette propriété remarquable est illustrée par la possibilité d’écrire l’équation paramétrique sous deux formes impliquant des vecteurs fonction de paramètres, chacune représentant une famille de droites sur la surface.

Le ruban de Möbius, autre exemple paradigmatique, est une surface réglée dont la paramétrisation complexe intègre une torsion caractéristique, témoignant d’une non-orientabilité. Son expression paramétrique montre que l’ajout d’un paramètre linéaire vv multiplie une direction qui varie suivant une fonction trigonométrique dépendant de uu, illustrant la nature réglée de cette surface unique.

La rigueur formelle s’étend à la définition d’une surface en R3\mathbb{R}^3 comme une application x:UR2R3x: U \subset \mathbb{R}^2 \to \mathbb{R}^3, où la matrice jacobienne relative aux coordonnées locales (u1,u2)(u_1, u_2) doit être de rang maximal (2) en tout point du domaine, assurant la régularité et la dimension locale de la surface. Cette condition exclut des objets de dimension inférieure, tels que des courbes, comme le montre l’exemple d’une fonction paramétrique dont le rang de la jacobienne est 1 partout, réduisant l’image à une courbe au lieu d’une surface.

L’analyse des points singuliers, où le rang de la jacobienne chute, est cruciale pour la compréhension fine des surfaces. Ces points, bien que isolés, marquent des comportements géométriques particuliers, tels que les pôles sur la sphère ou le sommet d’un cône. Ces singularités peuvent être interprétées comme des limites où la structure locale de la surface change qualitativement.

L’étude des plans tangents repose sur la paramétrisation des courbes sur la surface, donnée par un couple (u1(t),u2(t))(u_1(t), u_2(t)). La courbe sur la surface est alors l’image de ce paramètre dans R3\mathbb{R}^3 via x(u1(t),u2(t))x(u_1(t), u_2(t)). La notion de réseau (net) sur une surface est introduite par deux familles paramétriques de courbes qui se croisent transversalement en chaque point, assurant une couverture régulière et une base naturelle pour l’étude des propriétés locales différentielles.

Au-delà de ces définitions et exemples, il est essentiel de comprendre que la géométrie différentielle des surfaces s’articule non seulement autour des équations explicites, mais aussi autour des propriétés intrinsèques telles que la courbure, la torsion, et la structure métrique locale. La compréhension des surfaces réglées, des singularités, et des familles de courbes est fondamentale pour aborder des applications variées, allant de la modélisation géométrique en informatique graphique à l’analyse des formes naturelles en physique et biologie. Les liens entre les formes canoniques et leurs propriétés différentielles constituent la base pour l’étude plus avancée des structures riemanniennes et des surfaces à courbure prescrite.