Lentinula edodes, mieux connue sous le nom de champignon shiitake, est un champignon comestible dont les composants actifs ont fait l’objet de nombreuses études scientifiques. Parmi ces composants, les polysaccharides, notamment les β-glucanes, sont considérés comme les plus précieux, en raison de leurs multiples propriétés pharmacologiques, notamment anticancéreuses, antioxydantes, anti-âge, antimicrobiennes et immunomodulatrices. Ces polysaccharides sont responsables d'une grande partie des effets biologiques observés, en particulier en raison de leur interaction complexe avec le système immunitaire.

Les β-glucanes, présents principalement dans la paroi cellulaire du champignon, sont des molécules qui peuvent être reconnues par des récepteurs de type « pattern recognition receptors » (PRR), ce qui déclenche une réponse immunitaire. Les polysaccharides extraits de L. edodes, en particulier le lentinan, ont démontré des effets thérapeutiques significatifs dans la lutte contre diverses maladies, notamment le cancer. Le lentinan, un glucane β-D branched, provient à la fois du corps fructifère et du mycélium du champignon. Il a été prouvé qu'il stimule la production de lymphocytes T, des cellules du système immunitaire, et qu'il peut améliorer l’efficacité des traitements antiviraux, comme l’AZT dans le traitement du VIH.

Le lentinan est un modificateur de la réponse biologique et un immunostimulant efficace, approuvé au Japon en 1985 pour le traitement complémentaire du cancer de l'estomac. Aujourd'hui, il est utilisé dans le traitement de nombreux types de cancers, ainsi que dans des affections comme l’hépatite et d’autres maladies virales chroniques. Il existe sous différentes formes : capsules, comprimés et injections. Des études cliniques ont démontré son efficacité dans le traitement de maladies telles que l'hépatite, le VIH, les effusions pleurales malignes et divers types de cancer. En Chine, il a été approuvé par l'Administration nationale des produits médicaux comme médicament prescrit pour le traitement de l’hépatite virale chronique.

En plus de ses effets sur le système immunitaire, les polysaccharides de L. edodes ont montré des effets bénéfiques sur le microbiote intestinal. Ils favorisent la croissance de certaines espèces bactériennes bénéfiques, comme les Bifidobacteriaceae et Lactobacillaceae, tout en réduisant la présence d'autres espèces moins souhaitables. De plus, ces polysaccharides peuvent agir comme prébiotiques, régulant la quantité et la diversité du mycobiote intestinal, ce qui contribue à améliorer la santé digestive.

Lentinan est également un polysaccharide biocompatible aux multiples fonctions. Il a été utilisé dans des applications biomédicales innovantes, notamment dans le développement de médicaments personnalisés ou comme vecteur pour la livraison de gènes, grâce à son profil de sécurité amélioré. Ce type de recherche pourrait ouvrir la voie à des traitements plus ciblés et efficaces dans le domaine des thérapies géniques et des médicaments de précision.

Par ailleurs, les composants phénoliques présents dans le shiitake, comme l’acide p-hydroxybenzoïque, l’acide vanillique, l’acide syringique et les flavonoïdes, ont été identifiés dans le corps fructifère. Ces substances possèdent des propriétés antioxydantes, ce qui en fait un ajout potentiel dans les formulations cosmétiques destinées à lutter contre le vieillissement de la peau. Une étude a montré que l’extrait de shiitake pouvait inhiber l’expression des métalloprotéases matricielles (MMP-1 et MMP-9), responsables de la dégradation du collagène dans la peau, tout en augmentant l’expression du procollagène de type I, ce qui suggère son potentiel en tant que produit cosmétique anti-âge.

L'impact de la culture des shiitakes sur leurs propriétés bioactives est également un domaine de recherche important. La composition chimique des champignons varie selon les conditions de culture et le type de substrat utilisé. Par exemple, les champignons cultivés sur des bûches contiennent plus de terpénoïdes et de composés phénoliques, ce qui améliore leur capacité antioxydante, tandis que ceux cultivés sur sciure de bois présentent un taux de croissance plus élevé mais un profil chimique différent.

La recherche continue dans le domaine des champignons médicinaux comme L. edodes est cruciale pour maximiser leur potentiel thérapeutique. Bien que des preuves de leurs bienfaits existent, la validation scientifique à travers des études cliniques rigoureuses est essentielle pour confirmer leur efficacité dans le traitement de diverses pathologies humaines. Les polysaccharides, acides aminés, acides gras essentiels et vitamines présents dans les champignons shiitake constituent une ressource précieuse pour la santé humaine, mais il reste encore beaucoup à découvrir sur leur mécanisme d’action et leurs applications.

Les Propriétés Bénéfiques du Cumin Noir et de la Lamium dans les Technologies Alimentaires et la Santé

Le cumin noir, ou Nigella sativa, est un végétal qui a fait l'objet de nombreuses études en raison de ses propriétés médicinales et nutritionnelles. L'une des caractéristiques les plus notables du cumin noir est son efficacité à prévenir l'athérosclérose, en inhibant l'oxydation des lipoprotéines de basse densité et la formation de plaquettes dans le sang (Mehta et al., 2009). De plus, des recherches menées sur des rats diabétiques ont révélé que les extraits de cumin noir contribuaient à stabiliser les concentrations de glucose sanguin et à améliorer le profil lipidique (Kaur et al., 2018). Cette action est en partie attribuée à la capacité du cumin noir à atténuer le stress oxydatif, en améliorant notamment la fonction endothéliale (Abbasnezhad et al., 2019) et en favorisant la régénération des tissus ainsi que la cicatrisation des plaies.

Les composés bioactifs du cumin noir, tels que le p-cymène, la thymoquinone et l'α-thujène, se révèlent particulièrement efficaces dans le traitement des inflammations (Pop et al., 2020). La thymoquinone, extraite des graines de cumin noir, possède des propriétés antibactériennes contre de multiples souches de bactéries Gram-négatives et Gram-positives, en particulier contre les cocci Gram-positifs (Chaieb et al., 2011). Cette même molécule a également démontré son efficacité contre les champignons, notamment le pathogène opportuniste Candida albicans (Aljabre et al., 2015). Il a été prouvé, dans un essai clinique randomisé et contrôlé, que la consommation de poudre de graines de cumin noir (2 g/jour) était bénéfique comme traitement adjuvant pour les patients infectés par Helicobacter pylori (Yousefnejad et al., 2023). Toutefois, l'utilisation de l'huile de cumin noir comporte certains risques, comme la toxicité du mélanthine au-delà de 400 microgrammes et des risques d'irritations cutanées telles que la dermatite de contact allergique (Gholamnezhad et al., 2016). De plus, l'huile de cumin noir peut augmenter le risque de saignement en cas de troubles hémorragiques (Wang et al., 2020).

Le Lamium, bien que moins connu, est également un ingrédient précieux dans les technologies alimentaires. Ses fleurs ont été utilisées en Suisse comme en-cas, accompagnées de feuilles et de pousses (Abbet et al., 2014). Les extraits de Lamium, notamment ceux contenant des ecdystéroïdes comme l’abutastérone et l’inokostérone, sont utilisés comme supplément alimentaire et agent anabolisant. En effet, les feuilles de Lamium, après avoir été blanchies, séchées et réduites en poudre, sont largement employées pour leurs propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Le séchage par congélation, en particulier, permet de conserver le potentiel antioxydant élevé du produit final (Chakravartula et al., 2021).

Les applications du Lamium dans l'industrie alimentaire sont variées et prometteuses. Par exemple, l’extrait de Lamium a été utilisé pour prolonger la durée de conservation du poisson. Une étude a montré que l'incorporation de cet extrait dans des filets de truite arc-en-ciel permettait de réduire la croissance de bactéries psychrotrophes, de coliformes, de levures et de moisissures, tout en améliorant les propriétés chimiques et microbiennes des produits stockés (Alirezalu et al., 2021). Dans la fabrication de produits sucrés, comme les chocolats enrichis en extrait de Lamium, on a observé une augmentation significative du contenu polyphénolique, bien que cette teneur diminue au fil du temps en raison des processus d'oxydation et des facteurs de dégradation, notamment en présence de sucres et de graisses (Galmarini et al., 2013). L'ajout de farine de graines de Lamium ou d'extrait de phénols de Lamium dans la fabrication de biscuits a permis d’augmenter la capacité antioxydante de ces produits de manière notable (Mitrović et al., 2021). Le Lamium a également montré un effet inhibiteur contre les champignons pathogènes affectant les céréales, comme Fusarium culmorum et Fusarium proliferatum (Uwineza et al., 2023), ce qui ouvre la voie à son utilisation comme agent de conservation naturel dans les produits à base de grains.

Le cumin noir trouve également sa place dans les technologies alimentaires en raison de ses effets antioxydants et de sa capacité à améliorer la qualité nutritionnelle des produits. Les phytostérols extraits du cumin noir peuvent être ajoutés aux régimes alimentaires pour leurs bienfaits en matière de réduction du cholestérol LDL et du cholestérol total (San Mauro-Martín et al., 2018). Les extraits de graines de cumin noir ont montré des effets positifs sur les propriétés physico-chimiques, antioxydantes et antidiabétiques du yaourt, même à faibles concentrations (50 mg/100 ml de lait) (Nazari et al., 2023). En outre, l'ajout d'huile de cumin noir ou d'extraits alcooliques dans des produits laitiers comme le fromage de brebis améliore non seulement les caractéristiques sensorielles et physico-chimiques, mais renforce également la qualité microbiologique en inhibant la croissance des bactéries de la famille des Enterobacteriaceae (Voșgan et al., 2024). Le cumin noir peut également être utilisé dans la fabrication de pain, où il ne modifie pas les propriétés rhéologiques de la pâte, tout en apportant une valeur nutritionnelle accrue et des bénéfices antioxydants.

Ainsi, tant le cumin noir que le Lamium possèdent un potentiel considérable dans les industries alimentaires, non seulement comme ingrédients fonctionnels mais aussi comme sources naturelles de préservation et d'amélioration de la qualité des produits. Leur utilisation dans des contextes variés, allant de la prolongation de la durée de conservation des aliments à l'enrichissement de produits laitiers et de pâtisseries, montre que ces plantes sauvages comestibles peuvent jouer un rôle central dans le développement de produits alimentaires plus sains et durables.

Quelle est l'importance des composés phénoliques dans les plantes sauvages comestibles ?

Les plantes sauvages comestibles, telles que celles du genre Nepeta, sont des réservoirs naturels de composés bioactifs ayant des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires importantes. Ces composés, principalement des acides phénoliques et des flavonoïdes, sont largement reconnus pour leurs bienfaits pour la santé humaine. Une étude approfondie de ces plantes révèle une richesse particulière en acides phénoliques, notamment l’acide rosmarinique, qui joue un rôle majeur dans les propriétés antioxydantes et antimicrobiennes de ces végétaux.

Les plantes du genre Nepeta, par exemple, montrent une variation significative de la composition en acides phénoliques selon les espèces et les conditions de culture. Parmi ces composés, l'acide rosmarinique est souvent dominant, mais il est aussi accompagné d’autres acides comme le chlorogénique, le cinnamique et le ferulique, chacun apportant ses propriétés distinctes. La diversité des acides phénoliques peut être attribuée à des différences génétiques entre les espèces, mais aussi à des facteurs environnementaux comme la lumière, l'humidité et la température, qui influencent leur concentration. Par exemple, des études ont montré que l’acide rosmarinique est abondant dans Nepeta cataria et Nepeta trachonitica, mais la quantité exacte peut varier selon la source ou même les conditions de culture.

Les flavonoïdes, quant à eux, jouent également un rôle crucial dans les propriétés des plantes. La lutéoline est le flavonoïde le plus fréquemment observé dans Nepeta cataria, bien que d'autres flavonoïdes comme la quercétine et la rutine soient moins courants. Les flavonoïdes sont particulièrement importants en raison de leur capacité à inhiber la peroxydation des lipides et à moduler l’activité de certains enzymes impliqués dans les processus inflammatoires.

Les acides phénoliques présents dans ces plantes sont non seulement bénéfiques pour la santé humaine, mais ils jouent aussi un rôle protecteur pour la plante elle-même, en l’aidant à résister aux stress environnementaux, tels que les agents pathogènes et les conditions climatiques extrêmes. Par exemple, la lumière et les conditions de culture influencent directement la synthèse des composés phénoliques dans les plantes. Une étude a révélé que les plantes cultivées in vitro sous différentes intensités lumineuses ont montré une modification significative de leur contenu en acides phénoliques, ce qui ouvre la voie à des pratiques agricoles contrôlées visant à maximiser la production de ces composés bénéfiques.

Cependant, la compréhension de la composition chimique des plantes sauvages comestibles ne se limite pas seulement à l’identification des composés actifs. Il est également essentiel de prendre en compte les méthodes de préparation et de consommation de ces plantes, car elles peuvent influencer la biodisponibilité et l’efficacité des composés bioactifs. Par exemple, les extraits aqueux de certaines plantes de Nepeta ont montré des concentrations plus élevées en composés phénoliques par rapport aux extraits méthanolique, ce qui suggère qu'une extraction appropriée peut améliorer les effets thérapeutiques des plantes.

Enfin, il est important de noter que les composés bioactifs présents dans ces plantes sauvages ne sont pas uniquement d’intérêt médical. Leur potentiel en tant qu’ingrédients dans des produits alimentaires et des boissons est également de plus en plus reconnu. Par exemple, l'utilisation de ces plantes dans la production de tisanes ou d'extraits aromatiques permet d’offrir des produits naturels riches en antioxydants et en saveurs, tout en bénéficiant des vertus thérapeutiques qu’elles contiennent.

Pour un consommateur ou un chercheur, il est essentiel de comprendre que la composition en composés bioactifs varie non seulement d'une espèce à l'autre, mais aussi en fonction des conditions écologiques et des pratiques agricoles employées. L'étude continue de ces plantes peut ainsi ouvrir de nouvelles perspectives pour leur utilisation à des fins nutritionnelles et médicinales. Il est également primordial de considérer les effets synergiques des différents composés, qui peuvent interagir de manière complexe pour influencer la santé de manière plus globale que ne le ferait chaque composé individuellement.