La transition entre la phase mature Harappéenne et la phase Harappéenne tardive remet en question certaines hypothèses classiques concernant la disparition de la civilisation Harappéenne. Si certaines théories, comme celle de Wheeler, soutiennent que l’invasion des Aryens a causé la chute de cette civilisation, des analyses plus récentes suggèrent un déclin graduel plutôt qu'un effondrement brutal causé par un envahisseur extérieur. L’étude des restes humains menée par K. A. R. Kennedy (1997) ne révèle aucune discontinuité dans le registre osseux du nord-ouest de l'Inde, ce qui indique clairement qu’aucune vague d’immigrants présentant une physiognomie différente n’est intervenue à ce moment-là. Ainsi, l’idée d’une invasion indo-aryenne comme facteur déterminant dans la chute de la civilisation Harappéenne semble peu plausible.
L’une des hypothèses les plus répandues pour expliquer la disparition des Harappéens repose sur les catastrophes naturelles, en particulier les inondations récurrentes de l'Indus. À Mohenjodaro, plusieurs couches de limon témoignent d'épisodes répétés de crues qui ont affecté la ville. Des chercheurs tels que M. R. Sahni (1956) et Robert L. Raikes (1964) ont émis l’idée que ces inondations étaient dues à des mouvements tectoniques. Selon cette théorie, des déformations géologiques dans la région de Sehwan, à environ 150 kilomètres de Mohenjodaro, auraient créé un gigantesque barrage naturel, empêchant l’Indus de rejoindre la mer et transformant la zone en un lac géant. Bien que cette théorie des inondations provoquées par des mouvements tectoniques soit intrigante, elle n’a pas convaincu tous les chercheurs.
Une autre hypothèse suggère que le cours de l'Indus aurait pu changer, déviant de 30 kilomètres vers l’est et privant Mohenjodaro de son approvisionnement en eau. Cependant, la théorie de H. T. Lambrick (1967), selon laquelle un tel changement aurait eu lieu à la suite de l'abandon du fleuve vers l'est, ne repose que sur des preuves circonstancielles et ne peut pas être considérée comme une explication définitive du déclin. En revanche, les sites Harappéens situés dans la vallée du Ghaggar-Hakra semblent avoir été affectés par un processus plus lent de dessiccation. Ce phénomène est dû à des captures fluviales provoquées par des mouvements tectoniques, où le Sutlej ou la Yamuna ont été intégrés dans le système de l'Indus, réduisant considérablement l'apport d'eau dans la vallée.
Les changements environnementaux pourraient aussi être liés à la gestion des ressources par les Harappéens eux-mêmes. L’exploitation excessive des terres, la surexploitation du bétail et la coupe massive d’arbres pour le combustible et l’agriculture ont pu entraîner la perte de fertilité des sols, l'augmentation de la salinité et des inondations. Une étude menée par Fairservis (1975) suggère que l'augmentation de la population humaine et animale dans la zone Harappéenne a contribué à l'épuisement des ressources naturelles, rendant insoutenable la vie dans les cités Harappéennes. Toutefois, certains chercheurs, tels que Shereen Ratnagar (1981), avancent l’idée que la chute du commerce du lapis-lazuli avec la Mésopotamie pourrait avoir joué un rôle majeur dans l’effondrement de la civilisation Harappéenne, bien que cette hypothèse soit sujette à débat.
Ce qui semble plus certain, c’est qu’une dé-urbanisation progressive a caractérisé la période Harappéenne tardive. Cette phase, marquée par des changements culturels et géographiques notables, est moins homogène que la période Harappéenne mature. Elle se manifeste par une diversité accrue des styles et des formes de poteries, ainsi qu’une réduction des contacts interrégionaux, bien que certains échanges aient persisté. Dans la région du Sindh, par exemple, la culture Jhukar, qui correspond à cette phase tardive, ne montre pas de rupture soudaine avec la culture Harappéenne mature. Les sceaux deviennent moins fréquents, et l'écriture se limite à la poterie, une évolution significative par rapport aux pratiques antérieures.
La phase Harappéenne tardive est particulièrement significative dans certaines régions comme le Sindh, la vallée du Ghaggar-Hakra, le Punjab occidental et l’Haryana. À Sindh, des sites comme Jhukar et Amri témoignent de l’évolution progressive de la culture Harappéenne. La poterie y perd en éclat et devient plus épaisse et robuste, tandis que des formes traditionnelles, telles que les jarres à col étroit, disparaissent, bien que de nouvelles formes apparaissent. La disparition progressive de certaines caractéristiques de l’urbanisme Harappéen, telles que les grandes villes, l'écriture et le commerce de longue distance, ne signifie pas pour autant la fin totale de ces pratiques. Des sites comme Daimabad dans la vallée supérieure de la Godavari ou Bet Dwarka dans le Gujarat continuent de témoigner d’une certaine urbanité, bien que leur échelle et leur organisation soient bien différentes de celles des grandes cités de la période mature.
La culture Harappéenne tardive est également caractérisée par une persistance des pratiques artisanales spécialisées, bien qu’elles aient connu un déclin par rapport à la période précédente. Des objets en faïence, des bijoux en pierres semi-précieuses, des cadres de chariots en terre cuite et des poteries avec des graffitis ont été retrouvés dans des sites de cette époque, suggérant des liens persistants avec le passé Harappéen. Cependant, ces vestiges montrent également une adaptation aux nouvelles conditions, qui mêlent continuité et changement. La présence de graffitis et de sceaux circulaires sur la poterie et de signes d’écriture sur certains fragments suggère que la communication et les échanges avec les régions voisines, notamment le Golfe Persique, ont perduré.
En somme, la phase Harappéenne tardive ne marque pas une rupture violente avec la phase Harappéenne mature, mais plutôt une transformation complexe où se mêlent la déclin des pratiques urbaines et la résilience de certaines traditions artisanales et commerciales. L'effondrement de cette civilisation ne se réduit donc pas à un seul facteur, mais résulte d'une combinaison de changements environnementaux, sociaux et économiques qui ont progressivement modifié la nature même de la société Harappéenne. Les archéologues, en étudiant ces sites, révèlent un tableau d’adaptation, où les anciennes pratiques sont modifiées et redéfinies dans un monde en mutation.
Comment les découvertes archéologiques révèlent l'évolution des sociétés de la vallée de la Ganga et de l'Est de l'Inde
Les fouilles menées dans la vallée de la Ganga et dans l'Est de l'Inde ont permis de découvrir une richesse d'informations sur les sociétés anciennes, notamment à travers les vestiges de sites datant des premiers siècles de notre ère. Parmi ces sites, Saheth-Maheth, l'ancienne Shravasti, joue un rôle essentiel dans la compréhension des transitions culturelles et politiques qui ont marqué cette région. Au cours de la période II, la ville a vu l'édification de ramparts en briques et en terre, correspondant aux dernières décennies de l'ère chrétienne. À cet endroit, les fouilles ont également mis au jour des stupas, des monastères et des sanctuaires remontant à la période Maurya, incluant un reliquaire contenant des fragments d'os, des feuilles d'or et une pièce de monnaie en argent marquée d'un poinçon. Ce type de découverte met en lumière l'importance religieuse et la prospérité commerciale de la région à cette époque.
Dans d'autres sites, comme Rajghat, les structures trouvées remontent à la période II (environ 200 av. J.-C.–1er siècle de notre ère), une époque où l'habitat prend des formes plus complexes. On y découvre des maisons comprenant deux pièces, un vestibule, une salle de bain et un puits. Cette évolution des habitats, avec l’apparition de puits en terracotta et d'autres installations, témoigne du développement urbain de la région. La période III, s'étendant du 1er au 3e siècle de notre ère, marque une phase de prospérité avec des constructions plus complexes et des aménagements collectifs.
Les vestiges de Khairadih, sur les rives du fleuve Sarayu dans le district de Ballia (Uttar Pradesh oriental), révèlent des structures datant des premiers siècles de notre ère, dont une rue, des ruelles, et des bâtiments tels qu'une maison de deux pièces et une structure souterraine. Cette période offre un aperçu des dynamiques sociales et économiques de l'époque, avec une organisation de l’espace centrée sur la fonctionnalité et la densité urbaine. Les sites de Ganwaria et Basarh, qui datent des périodes Shunga et Kushana, fournissent également des informations précieuses sur les différentes phases de l’urbanisation dans cette région.
Les découvertes dans le district de Muzaffarpur, notamment à Vaishali et Katragarh, révèlent des fortifications et des structures associées à des périodes spécifiques comme le Shunga et le Kushana. À Vaishali, l'important réservoir de couronnement des Lichchhavis et les monnaies trouvées en lien avec ce réservoir témoignent de l'importance politique et religieuse de la région au 2e siècle avant notre ère. Les structures de Katragarh, comprenant des ramparts en briques cuites et des fossés, sont caractéristiques de la période Shunga, marquant la défense et l'organisation militaire dans cette zone.
À Lauriya-Nandangarh et Balirajgarh, deux autres sites du Bihar, des vestiges d’un stupa terrassé et de grandes fortifications sont retrouvés, datés entre le 1er et le 2e siècle de notre ère. Ces éléments soulignent le rôle des structures religieuses et militaires dans l'organisation des sociétés anciennes. Dans le district de Bhagalpur, le site de Champa présente des maisons en briques et un drain qui remontent à la période Kushana-Gupta, confirmant le développement de l’urbanisme et de l’hygiène dans cette région.
À Mahasthangarh, un autre site majeur situé dans le district de Bogra (Bangladesh), les fouilles ont révélé des fortifications massives datant de la période NBPW, avec des artefacts incluant des pièces de monnaie et des objets en cuivre. Ce site est un exemple classique de l'intégration des dynamiques locales dans un réseau commercial plus vaste, reliant la région aux voies commerciales du Bengale, de l'Assam, de la région du Brahmapoutre et de la Chine du Sud.
Les vestiges de Bangarh, dans le district de South Dinajpur, mettent en évidence une phase de prospérité urbaine de 200 av. J.-C. à 300 de notre ère. Les fortifications en briques, les maisons en briques cuites et les égouts témoignent de l’évolution des structures urbaines. Ce site est identifié comme Kotivarsha, un centre administratif majeur. En parallèle, le site de Tamluk, un port stratégique mentionné dans les sources indiennes, gréco-romaines et chinoises, offre des éléments essentiels pour comprendre l’importance commerciale de la région de la côte est de l’Inde. Les découvertes ici comprennent des réservoirs en briques, des figurines en terre cuite et des inscriptions dans diverses écritures.
Le site de Chandraketugarh, situé dans le delta du Gange, est l’un des sites les plus significatifs de la région. Il est souvent considéré comme un centre majeur de fabrication de terracotta, produisant une vaste gamme d'objets en terre cuite. Les fouilles y ont révélé des artefacts variés, y compris des figurines représentant des femmes ornées de bijoux, certaines associées à des motifs végétaux. Ces objets pourraient symboliser des déesses ou des yakshis, des figures féminines sacrées de la mythologie indienne. La combinaison d’inscriptions en Brahmi et Kharoshthi sur des pots et des sceaux met en lumière la diversité culturelle et linguistique de la région.
Chandraketugarh est un exemple parfait de la manière dont les sites archéologiques peuvent offrir une vue d'ensemble des dynamiques sociales, économiques et religieuses de l'époque. Les différents artefacts trouvés sur le site témoignent non seulement des échanges commerciaux mais aussi des influences culturelles et religieuses qui ont façonné cette partie de l'Inde ancienne.
La stigmatisation du ghetto noir et l'impact des inégalités raciales sur la société américaine
Comment gérer le stockage en bloc dans OpenStack : Création, gestion et vérification
Mussolini et Trump : Parallèles entre deux figures autoritaires

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский