L'adsorption du CO2 se révèle de plus en plus être une technologie clé pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'industrie du ciment. Cette méthode repose sur des matériaux adsorbants capables de capturer le dioxyde de carbone, afin de limiter son impact environnemental. Une des technologies les plus prometteuses dans ce domaine est celle basée sur l'adsorption par changement de pression thermique (TSA, Thermal Swing Adsorption), qui pourrait permettre une démonstration à grande échelle dans le secteur du ciment. Selon certaines études, le coût de capture du CO2 pourrait être aussi bas que 38,6 €/tonne de CO2 évitée, grâce à l'utilisation des chaleurs résiduelles disponibles dans les cimenteries. Ce chiffre est compétitif, surtout si l’on considère les avantages économiques offerts par les crédits fiscaux, comme le crédit d'impôt 45Q aux États-Unis.

Une des principales initiatives dans ce domaine a été lancée en janvier 2020, lorsque Svante, LafargeHolcim, Oxy Low Carbon Ventures et Total ont collaboré pour évaluer la viabilité d’une installation de capture de CO2 à l’échelle commerciale. Ce projet, le LH CO2MENT Colorado, situé à la cimenterie de Portland au Colorado, a reçu un soutien fédéral de 1,5 million de dollars en septembre 2020, dans le cadre du programme du Département de l’Énergie des États-Unis. Cette installation, qui utilise la technologie de capture du CO2 de Svante, prévoit de capturer jusqu’à 2 millions de tonnes de CO2 par an. L’innovation clé de cette technologie réside dans l’utilisation d’un adsorbant structuré qui permet une régénération continue à l’aide de vapeur et de vide. Le processus Veloxotherm™, utilisé dans cette installation, améliore considérablement l’efficacité de l'adsorption, réduisant ainsi les coûts d’opération et augmentant la capacité de travail de l'adsorbant.

Le potentiel des matériaux adsorbants, tels que les silices fonctionnalisées ou les structures de type MOF (Metal-Organic Frameworks), est également en constante évolution. Ces matériaux peuvent offrir des avantages significatifs par rapport aux adsorbants traditionnels, comme une meilleure résistance aux fluctuations de pression et de température, ce qui conduit à une réduction de la consommation d'énergie parasitaire et à des vitesses cinétiques plus rapides. Bien que ces matériaux soient encore en phase de développement, leurs promesses laissent présager une diminution notable des coûts de capture du CO2 à l'avenir.

Dans le secteur du ciment, les avancées technologiques récentes ont permis de mieux intégrer les processus de capture du carbone. Des usines comme celle de Mitchell, dans l'Indiana, font figure de modèle en matière de réduction des émissions de CO2. Cette usine, qui a la capacité de produire 2,4 millions de tonnes de ciment par an, a réussi à réduire ses émissions de dioxyde de carbone de près de 30 % grâce à l’utilisation de gaz naturel et à la mise en œuvre de technologies avancées de capture du CO2. D’ici 2030, la Mitchell prévoit d’atteindre un taux de capture de CO2 de 95 %, ce qui représente une réduction potentielle de 2 millions de tonnes d’émissions annuelles. Ce projet est également soutenu par l’utilisation de combustibles alternatifs, notamment de la biomasse et de l’hydrogène, pour atteindre les objectifs de neutralité carbone d’ici 2050.

L’un des principaux avantages de ces technologies est leur capacité à améliorer l'efficacité énergétique de la production de ciment, tout en répondant à des objectifs environnementaux de plus en plus stricts. À titre d’exemple, l'usine de Mitchell a optimisé l’utilisation de combustibles alternatifs et a intégré un système de calcination à haut rendement pour réduire encore davantage son empreinte carbone. Parallèlement, des produits comme l’EcoCem PLC™ ont été développés pour offrir des solutions de ciment à faible empreinte carbone, un aspect essentiel dans le cadre de la transition vers une production plus durable.

Cependant, la mise en œuvre de ces technologies à grande échelle rencontre plusieurs défis. La première difficulté réside dans la nécessité de capter le CO2 à des concentrations relativement faibles, notamment dans le cas du gaz naturel où la concentration de CO2 dans les émissions est inférieure à 4 %. Cela exige des adsorbants ayant une grande capacité de capture à basse concentration, ce qui pose des défis en termes d'efficacité énergétique et de coût. Par ailleurs, les températures de régénération nécessaires pour l’adsorption du CO2 sont souvent élevées, ce qui peut entraîner une dégradation des matériaux adsorbants et des coûts énergétiques accrus.

En outre, l'intégration de la capture du CO2 dans le processus de production de gaz naturel présente également des défis particuliers. Les émissions de gaz naturel sont souvent humides, ce qui complique encore l’adsorption sélective du CO2 sans affecter la stabilité des adsorbants. Il est donc essentiel de développer des matériaux capables de résister à des conditions de forte humidité tout en maintenant une performance optimale.

Dans ce contexte, les recherches en cours visent à améliorer les matériaux adsorbants afin de répondre à ces défis. Des procédés comme l'adsorption à changement de pression (PSA) ont été développés pour améliorer la pureté du gaz naturel et réduire l'impact environnemental des combustions, mais ces technologies restent relativement coûteuses et moins efficaces par rapport aux méthodes traditionnelles comme le lavage à l’amine. Le défi consiste donc à trouver des solutions qui offrent un compromis entre coût, efficacité et durabilité.

Pour résumer, bien que l’adsorption du CO2 soit une technologie prometteuse pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, plusieurs défis techniques et économiques demeurent. L'amélioration des matériaux adsorbants, l’optimisation des procédés et la réduction des coûts d'exploitation seront essentiels pour rendre ces technologies plus compétitives et accessibles à l'échelle industrielle. Le développement de nouvelles approches et l'intégration de technologies comme la capture et le stockage du CO2 (CCUS) constituent des avenues cruciales pour le secteur du ciment et au-delà.

Comment les Politiques d'Efficacité Énergétique Contribuent-elles à la Réduction des Émissions de CO2 ?

L'un des aspects les plus cruciaux de la transition énergétique mondiale réside dans le financement de la recherche et du développement (R&D) des technologies d'énergie renouvelable. L'objectif est de rendre ces technologies non seulement efficaces, mais également fiables et rentables. Cependant, l'avancement de ces technologies nécessite souvent un soutien financier substantiel, surtout au stade initial où les risques sont plus élevés pour les investisseurs privés. Les subventions gouvernementales peuvent jouer un rôle déterminant dans la réalisation de percées dans ce domaine. En soutenant financièrement la recherche dans des projets jugés trop risqués pour les investisseurs privés, les gouvernements facilitent l'émergence de solutions innovantes qui permettront de surmonter les défis actuels liés à l'énergie renouvelable.

Parallèlement à cet effort de recherche, les campagnes de sensibilisation publique représentent un autre levier important. L'éducation de la population sur les avantages des énergies renouvelables et sur les moyens de les intégrer dans la vie quotidienne peut favoriser une plus grande acceptation et une augmentation de la demande pour ces technologies. Une telle sensibilisation peut également informer les citoyens des incitations fiscales et des programmes d'aide disponibles, rendant l'adoption de solutions renouvelables plus attractive et accessible. Ces actions, bien que souvent sous-estimées, sont essentielles pour transformer les comportements collectifs et pour créer une dynamique de soutien populaire autour de la transition énergétique.

En outre, la coopération internationale joue un rôle fondamental dans cette transition. Les accords internationaux, tels que l'Accord de Paris, engagent les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et soutiennent la transition vers des sources d'énergie renouvelables. Le partage des technologies, des meilleures pratiques et des ressources financières entre les nations, notamment pour encourager la croissance des énergies renouvelables dans les pays en développement, est un moyen efficace de faciliter cette transition mondiale. Cependant, cette coopération reste complexe en raison des différences de régulations nationales, ce qui complique la mise en place de politiques homogènes et d'un cadre législatif clair à l'échelle internationale.

L'adoption des énergies renouvelables nécessite également des ajustements dans les codes du bâtiment et les normes de construction. L'intégration de systèmes d'énergie renouvelable, tels que des panneaux solaires ou des chauffages géothermiques, dans les nouvelles constructions peut considérablement augmenter le taux d'adoption de ces technologies. De même, les normes d'efficacité énergétique des bâtiments et des appareils électriques permettent de réduire la demande énergétique globale, soutenant ainsi l'essor des énergies renouvelables. Les politiques de zonage et d'utilisation des terres peuvent également jouer un rôle crucial en désignant des zones spécifiques pour les projets d'énergie renouvelable, en simplifiant les processus de permis et en équilibrant les besoins en infrastructures énergétiques et la protection de l'environnement.

Les défis auxquels nous faisons face dans la transition vers les énergies renouvelables sont multiples et touchent divers secteurs tels que l'économie, la technologie, la réglementation, la société et l'éducation. D'un point de vue économique, les coûts initiaux élevés peuvent décourager les investisseurs, d'autant plus que les marchés sont souvent dominés par des combustibles fossiles moins coûteux. D'un point de vue technique, l'intégration de l'énergie générée par des sources intermittentes comme le vent ou le soleil dans les réseaux électriques pose un problème majeur, car ces énergies ne peuvent pas être stockées de manière efficace pour être utilisées lorsque les conditions sont défavorables. L'installation de systèmes de stockage d'énergie est ainsi devenue indispensable pour répondre à cette contrainte.

Un autre obstacle est la fragmentation des régulations internationales, car chaque pays a ses propres règles et normes concernant les énergies renouvelables. Cela rend difficile la coordination des efforts mondiaux et crée de l'incertitude politique, ce qui peut ralentir les progrès dans ce domaine. La formation de la main-d'œuvre, particulièrement dans les pays en développement, et le transfert de connaissances nécessaires à une mise en œuvre à grande échelle des solutions énergétiques renouvelables complètent ce tableau complexe. Il est donc essentiel de développer une stratégie globale qui intègre des incitations financières, des innovations techniques, la coopération internationale et des législations de soutien pour surmonter ces obstacles.

Les normes d'efficacité énergétique gouvernementales visent également à réduire les émissions de gaz à effet de serre en imposant des critères de consommation d'énergie dans les industries. Ces règles, en place pour encourager l'adoption de technologies permettant de réduire la consommation d'énergie et les émissions polluantes, offrent aux entreprises une double incitation : elles leur permettent de réduire leurs coûts énergétiques tout en répondant aux exigences environnementales. Les industries doivent se conformer à ces critères, faute de quoi elles s'exposent à des sanctions. Ces réglementations favorisent l'innovation, encouragent la compétitivité et contribuent à une réduction substantielle des émissions industrielles. De plus, elles ont des avantages économiques directs, notamment des économies d'énergie à long terme et une réduction de l'impact environnemental des activités industrielles.

Les règles d'efficacité énergétique sont également en harmonie avec les normes internationales, facilitant ainsi la coopération mondiale pour la conservation de l'énergie. Par exemple, des programmes comme le programme Energy Star de l'Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis ou la norme ISO 50001 en matière de gestion de l'énergie encouragent l'innovation dans la réduction de la consommation d'énergie et des émissions. Ces politiques ont non seulement permis de réduire la consommation énergétique dans les secteurs industriels, mais aussi d'inciter à la mise au point de technologies de pointe qui offrent de meilleures performances énergétiques.

En résumé, les politiques d'efficacité énergétique, en collaboration avec les avancées dans les technologies renouvelables, jouent un rôle central dans la réduction des émissions de CO2 et dans la lutte contre le changement climatique. Elles incitent à l'innovation tout en favorisant la compétitivité et la durabilité dans l'industrie. Toutefois, pour que ces efforts soient efficaces, il est impératif d'intégrer ces mesures dans une stratégie globale cohérente, tout en favorisant l'éducation, la coopération internationale et l'engagement de la société dans son ensemble.

Quelle est l'efficacité de l'adsorption du CO2 et quelles sont les méthodes les plus prometteuses pour son captage ?

L'adsorption du dioxyde de carbone (CO2) joue un rôle clé dans les technologies de capture et de stockage du carbone (CSC). Parmi les méthodes employées pour capturer le CO2, l'adsorption par des matériaux solides reste l'une des plus étudiées. Le processus d'adsorption repose sur l'interaction entre les molécules de CO2 et les matériaux adsorbants, généralement des solides poreux tels que les MOF (Metal-Organic Frameworks), les zéolithes et les carbones poreux. Ces matériaux, grâce à leur grande surface spécifique et leur capacité à moduler leur structure poreuse, se révèlent particulièrement efficaces pour l'adsorption du CO2. Toutefois, leur capacité et leur efficacité sont influencées par divers facteurs, notamment la structure des pores, la chimie de surface, et les conditions opératoires telles que la température et la pression.

Dans le cadre des amines, les amines tertiaires, en particulier, se distinguent par leur capacité élevée d'absorption du CO2 et leur excellente stabilité. Elles sont également faciles à régénérer, ce qui les rend prometteuses pour des applications à grande échelle. À l'inverse, les amines primaires et secondaires, bien qu'efficaces pour la capture du CO2, nécessitent plus d'énergie pour leur régénération et présentent une capacité d'absorption plus faible. Ces différences entre les types d'amines sont cruciales pour choisir le bon type de réactif dans le cadre des procédés d'absorption.

Les méthodes d'adsorption physiques et chimiques sont deux approches fondamentales dans la capture du CO2. L'adsorption physique implique la dissolution des molécules de CO2 dans un solvant sans réaction chimique, ce qui suit la loi de Henry, où la quantité de gaz adsorbé augmente linéairement avec la pression partielle du CO2. En revanche, l'adsorption chimique est marquée par une interaction plus forte entre le CO2 et l'adsorbant, entraînant une plus grande capacité de récupération du CO2, une chaleur d'adsorption élevée, ainsi qu'une sélectivité remarquable pour le CO2. Cependant, l'adsorption chimique présente des défis supplémentaires, tels que la dégradation des adsorbants, la nécessité d'une régénération énergivore, et des problèmes de corrosion.

Les méthodes de capture du CO2 post-combustion, utilisées pour capter le CO2 des gaz de combustion après la combustion de combustibles fossiles tels que le charbon ou le gaz naturel, sont également largement étudiées. Ces procédés, qui font appel à des solvants liquides comme la monoéthanolamine (MEA), permettent de séparer le CO2 des gaz de combustion et de le capturer. Cette approche présente des avantages considérables, notamment la possibilité d'être installée dans des installations existantes et une capacité de capture du CO2 pouvant atteindre 90 %. Cependant, elle demeure coûteuse et énergivore, et les solvants utilisés peuvent être corrosifs et difficiles à gérer.

Les matériaux les plus prometteurs pour l'adsorption du CO2 incluent les MOF, les zéolithes, et les carbones poreux dérivés de la biomasse. Les MOF, en particulier, sont renommés pour leurs surfaces spécifiques extrêmement élevées et leur porosité modulable. Ces matériaux surpassent les zéolithes en termes de capacité d'adsorption du CO2, car ils peuvent atteindre des surfaces allant jusqu'à 7000 m²/g, bien au-delà des 1500 m²/g des zéolithes. Les zéolithes, toutefois, sont également efficaces grâce à leurs micropores bien définis, qui améliorent leur sélectivité et leur capacité d'adsorption du CO2.

Une autre catégorie de matériaux qui montre des résultats prometteurs pour la capture du CO2 est celle des matériaux composites. Ces composites, qui combinent des MOF avec des matériaux comme les nanotubes de carbone ou des polymères fonctionnalisés, offrent plusieurs avantages, notamment une capacité d'adsorption accrue, une meilleure stabilité dans des environnements humides, et des effets synergiques qui optimisent la structure des pores et augmentent les performances d'adsorption. L'incorporation de CNT dans les MOF, par exemple, améliore l'hydrophobicité et l'intégrité structurelle des matériaux, ce qui les rend plus stables et efficaces pour des applications pratiques.

Le choix de la taille des pores et de la chimie de surface des matériaux est également un facteur déterminant dans l'efficacité de l'adsorption du CO2. Les matériaux mesoporeux comme le SBA-15 présentent une capacité d'adsorption accrue grâce à une structure ouverte qui favorise la diffusion des gaz et l'augmentation de la surface disponible pour l'adsorption. De plus, la modification de la chimie de surface avec des groupes fonctionnels réactifs peut encore améliorer la capacité d'adsorption en renforçant les interactions avec le CO2.

En ce qui concerne les conditions opératoires, la température joue un rôle important dans la capacité d'adsorption du CO2. En général, une augmentation de la température diminue la capacité d'adsorption, car l'énergie thermique accrue favorise la désorption du CO2. Ce phénomène est observé avec des matériaux tels que le kaolin et les tamis moléculaires, où la capacité d'adsorption du CO2 diminue significativement avec une augmentation de la température. Les procédés de capture du CO2 nécessitent donc un contrôle rigoureux des conditions thermiques pour maximiser l'efficacité de l'adsorption.

Enfin, les méthodes de capture pré-combustion, qui impliquent la capture du CO2 avant la combustion des combustibles fossiles, offrent également des avantages intéressants. Ce procédé, qui repose sur la gazéification ou la pyrolyse des combustibles, permet de séparer le CO2 de l'hydrogène avant la combustion, facilitant ainsi une capture plus efficace du CO2. Cependant, la mise en œuvre de ces technologies présente également des défis, notamment en termes de coût et de complexité des procédés industriels nécessaires.

Les technologies de capture et d'adsorption du CO2 sont essentielles pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et le changement climatique. Si des progrès notables ont été réalisés, le développement de matériaux plus performants et la réduction des coûts énergétiques et opérationnels restent des défis cruciaux pour l'industrialisation de ces technologies.

L'application de la spectroscopie Raman dans l'étude de l'adsorption du CO2

La spectroscopie Raman, en tant que technique analytique avancée, joue un rôle fondamental dans l'étude des interactions moléculaires et des processus de transformation associés à l'adsorption du dioxyde de carbone (CO2) sur différents substrats. Cette méthode a gagné en importance au cours des dernières décennies, notamment dans le domaine de la recherche environnementale et énergétique, en raison de sa capacité à fournir des informations détaillées sur la dynamique de l'adsorption et des interactions moléculaires en temps réel.

L'un des principaux avantages de la spectroscopie Raman dans l'étude de l'adsorption du CO2 réside dans sa capacité à effectuer des mesures in situ, permettant ainsi l'observation directe des processus de capture du CO2 pendant leur déroulement. Par exemple, des chercheurs tels que Mallick et al. ont utilisé la spectroscopie Raman résolue dans le temps pour étudier l'adsorption de CO2 sur des surfaces de dioxyde de titane (TiO2) dans le cadre de la réduction photocatalytique du CO2. Leurs résultats ont permis de mettre en évidence des bandes Raman spécifiques au TiO2, signalant la formation d'intermédiaires réactifs lors de l'interaction avec le CO2. Ces observations renforcent l'efficacité de la spectroscopie Raman pour le suivi des processus dynamiques en temps réel.

De plus, la spectroscopie Raman se distingue par sa capacité à différencier les différentes phases du CO2 adsorbé, une caractéristique essentielle pour comprendre les mécanismes moléculaires à l'échelle de l'adsorption. Par exemple, la diffusion cohérente anti-Stokes a été utilisée pour identifier distinctement les différentes couches de CO2 adsorbées dans des matériaux vitreux mésoporeux, distinguant ainsi la monocouche initiale de CO2 des couches polymoléculaires suivantes. Cette capacité à résoudre les phases d'adsorption est cruciale pour l'optimisation des matériaux destinés à la capture du CO2.

Au-delà des informations structurales, la spectroscopie Raman a également montré son efficacité dans l'étude de l'adsorption compétitive de CO2 aux côtés d'autres gaz, comme la vapeur d'eau. Des études ont montré que la vapeur d'eau peut expulser le CO2 adsorbé, un phénomène d'une grande importance pour la conception de systèmes de capture du CO2 dans des conditions humides. Comprendre cette adsorption compétitive est essentiel pour développer des matériaux capables de maintenir leur efficacité dans des conditions opérationnelles variables.

En outre, la spectroscopie Raman a été largement utilisée pour caractériser les interactions entre le CO2 et différents adsorbants. Par exemple, des bandes Raman observées autour de 1062 et 1085 cm⁻¹ ont été attribuées aux vibrations d'étirement des anions carbonates intercalés dans les hydrotalcites. Cette découverte a permis de confirmer que l'adsorption du CO2 entraîne la régénération structurale de ces matériaux, induisant la formation d'un cadre carbonate caractéristique. La présence de K2CO3 a, par ailleurs, favorisé la formation de K2Mg(CO3)2, comme l'indiquent les déplacements observés dans les spectres infrarouges.

La capacité de la spectroscopie Raman à détecter les interactions moléculaires spécifiques revêt une importance capitale pour l'amélioration des technologies de capture du CO2. En effet, elle permet de suivre l'absorption du CO2 dans diverses solutions, comme les solutions de monoéthanolamine, et de révéler la formation de différents complexes chimiques. Ces informations sont cruciales pour optimiser les matériaux adsorbants et développer des systèmes plus efficaces.

De plus, la spectroscopie Raman est un outil précieux pour étudier la solubilité du CO2 dans différents milieux, comme le système H2O–CO2 sous des pressions variables. Une corrélation linéaire entre la solubilité du CO2 et l'intensité du pic Raman a été établie, ce qui permet de mieux comprendre le comportement du CO2 sous différentes conditions environnementales, et de concevoir des systèmes de capture plus adaptés.

La spectroscopie Raman a également été utilisée pour étudier la formation de clathrates et de semi-clathrates impliquant le CO2. Des études ont montré que les déplacements Raman des hydrates de CO2 se produisent à des fréquences spécifiques, permettant ainsi de différencier les structures d'hydrates formées par le CO2 et d'autres gaz tels que le N2. Cette capacité à différencier les structures d'hydrate permet de mieux évaluer la stabilité et l'efficacité des matériaux pour la capture du CO2.

Dans le cadre de l'optimisation des matériaux adsorbants, la spectroscopie Raman a été largement utilisée pour évaluer les changements structuraux dans les matériaux à base de biochar fonctionnalisés. Par exemple, des études ont montré que les groupes fonctionnels présents dans le biochar modifié à l'ammoniaque améliorent l'efficacité de l'adsorption du CO2, ce qui est particulièrement important dans les applications de captage du CO2 dans les gaz de combustion.

Enfin, la spectroscopie Raman offre également une compréhension plus profonde des mécanismes de transformation des carbonates lors de l'adsorption du CO2. En effet, l'examen des transformations des espèces carbonatées dans des matériaux tels que les hydrotalcites promues au potassium a permis de révéler des détails sur les processus de formation et de désorption des carbonates, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour la conception de matériaux de capture du CO2.

En somme, la spectroscopie Raman, grâce à sa capacité à fournir des informations en temps réel, à différencier les différentes phases de CO2 adsorbé et à caractériser les interactions moléculaires à un niveau très détaillé, constitue un outil indispensable pour le développement de technologies de capture du CO2 plus efficaces et adaptées aux conditions environnementales diverses.

La formation et l'application des aérogel siliceux et des nanofibres pour la capture du CO2

La formation d’aérogel sphérique à base de silice peut être illustrée par une expérience simple, où un sol aqueux de silice est introduit dans un bain d'huile chauffé. Cette méthode permet la création d'une sphère liquide, qui, en raison de son immiscibilité avec l'huile, conserve son intégrité et donne ainsi naissance à un gel sphérique de silice. Cette approche présente des avantages considérables pour l’adsorption du dioxyde de carbone (CO2), notamment grâce à la faible densité, la grande porosité et la surface spécifique élevée des aérogel. En effet, les aérogel de silice se caractérisent par de puissantes propriétés d'adsorption, et peuvent être modifiés pour capter le CO2 en ajustant la taille des pores et en fonctionnalisant leur surface.

Dans le but d'améliorer la capacité et la sélectivité des aérogel pour l'absorption du CO2, des matériaux actifs tels que des amines, du carbonate de potassium ou des liquides ioniques ont été incorporés à la surface des aérogel. Un exemple spécifique de cela est la création d’aérogel de silice sphérique greffé d’amines, par un processus de greffage de l’APTES sur le cadre de gel de silice. Lorsque la durée du greffage est prolongée, la surface spécifique (SSA) et le volume des pores diminuent en raison de l’obstruction des espaces poreux. De plus, un excès d’amines entraîne une capacité réduite d'adsorption du CO2. Ainsi, la capacité maximale d’adsorption de CO2 observée était de 1,56 mmol/g dans des conditions sèches à 1 % de CO2 à 35°C. Il a également été démontré que la capacité d’adsorption du CO2 dépendait à la fois de la température d'adsorption et du contenu en amine de la surface des aérogel.

Une autre étude a montré qu'un aérogel de silice greffé d'amines (AMSA) fabriqué par un processus de séchage sous pression ambiante pouvait capturer du CO2 avec une capacité de 3,37 mmol/g à 70°C, tout en maintenant une stabilité de 87,6 % après dix cycles d'adsorption et de désorption. Plus encore, des échantillons dopés avec des métaux comme le fer ou le titane ont montré des capacités d’adsorption du CO2 considérablement améliorées, atteignant jusqu'à 4,95 mmol/g à 70°C, avec une stabilité cyclique de 94,3 % après dix cycles.

L’utilisation de nanofibres pour la capture du CO2 représente une autre voie prometteuse. Contrairement aux matériaux classiques en forme de particules, qui présentent des défis liés au recyclage et au risque de colmatage des tuyaux, les nanofibres offrent une plus grande surface spécifique, une porosité accrue, ainsi qu'une meilleure stabilité chimique et thermique. De plus, les nanofibres présentent une faible résistance au transport des gaz et une cinétique d'adsorption plus rapide, ce qui les rend particulièrement adaptées pour des applications de capture du CO2.

Les nanofibres de carbone sont un excellent exemple de matériaux prometteurs pour la capture du CO2 en raison de leur stabilité thermique et de leur inertie chimique. Par exemple, les nanofibres de carbone poreuses (ACNF) obtenues par électrofilage ont démontré une capacité d'adsorption du CO2 de 60 cm³/g à température ambiante. Cependant, cette capacité diminue à mesure que la température augmente. D'autre part, les nanofibres de carbone à structure hiérarchique à multiples ouvertures (PCNF), ayant une taille de pore moyenne d’environ 0,71 nm, ont montré une capacité d'adsorption du CO2 de 3,11 mmol/g, avec une stabilité à long terme après 50 cycles d'adsorption et de désorption.

Une autre catégorie de nanofibres prometteuses pour la capture du CO2 est celle des nanofibres de cellulose. Leur grand rapport de surface et leur biodégradabilité les rendent particulièrement intéressantes, bien qu'une modification chimique soit souvent nécessaire pour surmonter leur hydrophilie intrinsèque, ce qui pourrait entraver leur efficacité. Une modification chimique par le phthalimide a permis d'améliorer leur affinité pour le CO2, ce qui a conduit à une augmentation de la surface spécifique, bien que cela ait également entraîné une réduction de la porosité et du volume des pores.

Les nanofibres de cellulose modifiées, notamment celles obtenues par oxydation TEMPO, ont également montré de bons résultats pour l'adsorption du CO2. L'incorporation d'argiles organiques échangeuses de cations et d’anions dans la matrice de nanofibres de cellulose oxydées a permis d'améliorer encore leur performance d'adsorption. Les films de nanofibres de cellulose oxydées (TOCNF) ont ainsi montré une meilleure capacité d'adsorption du CO2, notamment lorsque les argiles organiques échangeuses de cations ont été utilisées.

Il est essentiel de comprendre que la modification chimique et l’optimisation des caractéristiques des matériaux à base de nanofibres ne sont pas uniquement des processus visant à augmenter la capacité d’adsorption du CO2, mais aussi à garantir la stabilité à long terme de ces matériaux. La capacité à maintenir cette stabilité après plusieurs cycles d'adsorption et de désorption est cruciale pour leur viabilité dans des applications industrielles à grande échelle. De plus, le choix du matériau de base et la méthode de fabrication influencent profondément la performance, la durabilité et la réutilisabilité de ces adsorbants, faisant de la recherche dans ce domaine un champ d’innovation clé pour les technologies de capture du CO2.