La gestion des risques financiers repose sur des concepts complexes qui allient théorie de la probabilité, économie financière et calcul stochastique. L’un des éléments clés dans cette discipline est l’application de mesures de risque cohérentes, qui permettent d’évaluer la quantité de risque pris dans un portefeuille d'actifs, en prenant en compte des facteurs tels que les incertitudes de marché et les contraintes de liquidité.
Les modèles classiques de gestion des risques, tels que ceux basés sur la théorie des mesures de risque cohérentes (Delbaen, 2000), fournissent des outils puissants pour analyser et optimiser les positions des investisseurs. Une mesure de risque cohérente doit satisfaire à plusieurs propriétés essentielles : elle doit être monotone, c'est-à-dire que si une position est plus risquée qu'une autre, sa mesure de risque doit être plus grande ; elle doit être subadditive, ce qui reflète la diversification des risques ; et elle doit être translation-invariante, ce qui signifie que l’ajout d’un actif sans risque n'affecte pas la mesure du risque global.
Un aspect fondamental de cette approche est l’absence d'arbitrage, qui garantit qu'il n'existe pas de stratégies permettant de réaliser un profit sans risque. En effet, dans les marchés incomplets, où il n'est pas toujours possible de répliquer de manière exacte un portefeuille de référence, l’absence d’arbitrage permet d’établir un prix de couverture qui équilibre le risque de manière optimale, tout en respectant les contraintes de marché.
Les travaux de chercheurs tels que Carr, Geman et Madan (2001) ont largement contribué à l’élargissement des modèles de couverture dans des marchés incomplets. L’idée est de proposer une stratégie de couverture robuste permettant de minimiser le risque dans un environnement où la possibilité d’exploiter des opportunités de marché est limitée. Cela implique l’utilisation de techniques avancées d’optimisation de portefeuille dans un cadre de contraintes spécifiques, comme les limites de liquidité ou les barrières de prix.
Un autre axe de réflexion concerne l’évaluation des options dans des modèles de marché non-linéaires et incomplets, où les prix d'options et les positions de couverture doivent être ajustés pour tenir compte de la structure stochastique du marché. La littérature propose diverses approches, notamment celle de Cox, Ross et Rubinstein (1979), qui ont simplifié le calcul du prix des options en intégrant des variables liées à l’arbitrage et à la dynamique des prix sous-jacents.
Au-delà des approches classiques, il est également essentiel de prendre en considération l'impact des mesures de risque dynamique, qui permettent d’évaluer l’évolution du risque au fil du temps, en réponse à des changements de conditions de marché. Ces modèles prennent en compte l’incertitude qui pèse sur les actifs financiers, et sont basés sur des processus stochastiques adaptés aux différents horizons temporels.
De plus, l’émergence de modèles de partage de risque a permis de mieux comprendre les stratégies optimales pour répartir les risques entre différentes parties prenantes dans une transaction financière. Ces modèles, souvent basés sur la théorie de la dominance stochastique, proposent des solutions équilibrées lorsque les agents économiques ont des préférences non-linéaires et des attitudes différentes vis-à-vis du risque.
Enfin, il est important de noter que la gestion des risques dans le cadre des options et des dérivés financiers repose aussi sur une compréhension approfondie des inégalités de réarrangement et de l'utilisation de fonctions de utilité concaves. Ces concepts permettent de modéliser la relation entre le risque et la récompense, et sont particulièrement pertinents dans les modèles de couverture où la maximisation de l’utilité sous contraintes de risque est un objectif clé.
Dans le contexte plus large des stratégies de couverture, l'optimisation du risque reste un domaine de recherche en constante évolution. Les approches actuelles intègrent des techniques de gestion des risques plus sophistiquées, telles que les mesures de risque convexe et la théorie des capacités (Choquet, 1953/54), qui permettent de traiter des modèles plus généraux de prévision des risques dans des environnements incertains. Ces théories se montrent particulièrement utiles lorsqu'il s'agit de définir des contrats d'assurance ou des produits financiers dérivés adaptés aux conditions économiques instables.
Le lecteur doit comprendre que la gestion des risques financiers ne se limite pas simplement à l’évaluation des actifs sous-jacents, mais implique aussi la prise en compte de l’impact des choix de couverture sur l’ensemble du portefeuille. Les approches basées sur la diversification et les stratégies d’arbitrage sont nécessaires mais doivent être accompagnées de l’utilisation judicieuse des outils d’optimisation. L’intégration de nouvelles méthodes d’évaluation des risques, notamment à travers des modèles de mesure du risque dynamique et de couverture dans des marchés incomplets, constitue un domaine central pour améliorer la résilience des stratégies financières face aux turbulences des marchés.
Pourquoi les prix des actifs suivent-ils une dynamique martingale en l’absence d’arbitrage ?
Le cadre formel de la finance moderne repose sur une intuition fondamentale : l’absence d’opportunités d’arbitrage implique une structure de prix cohérente, modélisable, et, sous certaines conditions, représentable par une mesure de probabilité équivalente à la mesure historique, dans laquelle les prix actualisés des actifs suivent une martingale. Cette intuition, démontrée rigoureusement dans les théorèmes fondamentaux de l’évaluation des actifs, trouve ses origines dans les travaux de Samuelson, et a été étendue par la suite par des auteurs comme Schachermayer, Delbaen, ou encore Schweizer, dans des contextes de plus en plus généraux, allant des marchés complets aux marchés incomplets, en passant par les espaces discrets ou continus.
Dans un modèle discret en temps fini, la formulation mathématique de cette équivalence entre absence d’arbitrage et existence d’une mesure de probabilité dite martingale est bien établie. Schachermayer propose une preuve élégante dans un cadre d’espace de Hilbert, révélant ainsi l’universalité du résultat indépendamment de la complexité du modèle. Ce formalisme s’étend à des cadres plus sophistiqués où les espaces fonctionnels jouent un rôle central (par exemple, , , ou ) et où des notions de topologie faible-*, dualité convexe et continuité séquentielle sont cruciales. Les contributions de Yan ou encore Ryff sur la structure convexe des ensembles admissibles illustrent la robustesse géométrique de ces modèles.
Dans les marchés incomplets, où tous les risques ne sont pas couvertures, l’unicité de la mesure martingale disparaît, mais sa non-vacuité subsiste. C’est précisément dans cette pluralité que s’insère l’optimisation robuste : en présence d’incertitude sur le modèle, la sélection d’une stratégie d’investissement optimale devient une question de préférences vis-à-vis du risque et de l’ambiguïté. Schied, Wu, Talay, et Zheng proposent divers cadres où l’investisseur prend en compte le pire des scénarios (worst-case models), en minimisant par exemple l’espérance conditionnelle des pertes, ou en maximisant une utilité robuste. Cette approche fusionne les cadres de l’utilité espérée avec ceux des mesures de risque convexes, comme l’Average Value at Risk (AV@R) ou les mesures de type Neyman–Pearson adaptées aux préférences non additivement séparables (comme dans la théorie duale de Yaari ou les représentations de Schmeidler).
Les contributions plus techniques autour des copules empiriques, de la transformée distributionnelle (Rüschendorf), ou des ordres stochastiques (Shaked, Shanthikumar) permettent d’étudier finement la dépendance entre risques, et donc d’évaluer les modèles sous-jacents à la construction des portefeuilles. Elles servent aussi de base à la conception de règles d’actualisation cohérentes (Tutsch) ou à la caractérisation de la sensibilité des mesures de risque vis-à-vis de perturbations de distribution.
De manière plus conceptuelle, les paradoxes de Allais ou les travaux de Kahneman et Tversky sur la théorie des perspectives (prospect theory) révèlent la difficulté d’ancrer le comportement réel des agents économiques dans des modèles purement rationnels. Ces observations justifient l’introduction de préférences non linéaires, d’utilités distordues ou encore de pondérations subjectives des probabilités. Le résultat est une classe plus vaste de fonctions d’utilité (robustes, convexes, sensibles à l’ambiguïté), qui nourrissent la littérature moderne en économie financière comportementale.
Il est essentiel que le lecteur comprenne que l’équivalence entre absence d’arbitrage et propriété de martingale n’est pas simplement un artefact mathématique. Elle exprime une forme d’efficacité du marché, où toute stratégie de profit sans risque a été exploitée et donc éliminée. Ce principe agit comme une boussole : en présence d’arbitrage, le modèle est incorrect. En l’absence d’arbitrage, il est encore loin d’être unique — mais il est cohérent.
La théorie des mesures de risque convexes et le formalisme des espaces topologiques fonctionnels (comme introduit par Schaefer ou exploré par Weber dans le cadre dynamique) offrent une base rigoureuse pour le traitement de l’incertitude. La notion de cohérence (comme celle discutée par Ziegel) et d’éliticité de ces mesures souligne leur aptitude à être inférées à partir de données empiriques, critère indispensable à leur applicabilité.
Enfin, la littérature souligne l’importance des outils probabilistes avancés (martingales, mesures absolues continues, ordres convexes, balayages, etc.) dans l’élaboration d’une théorie complète du risque, de l’anticipation, et de l’évaluation des actifs financiers. Le lecteur doit intégrer que, derrière la complexité technique, se cache une quête fondamentale : comprendre, représenter et gérer rationnellement le risque dans un univers foncièrement incertain.
Comment représenter numériquement les relations de préférence en économie et finance ?
Le concept fondamental de la théorie économique consiste à formaliser la manière dont un agent économique choisit entre différentes options. Ces choix sont modélisés par une relation binaire appelée relation de préférence, notée ≻, définie sur un ensemble X d’alternatives possibles. Cette relation satisfait deux propriétés essentielles : l’asymétrie, signifiant que si une option x est préférée à une option y (x ≻ y), alors y ne peut pas être préférée à x ; et la négative transitivité, qui garantit une cohérence des préférences face à un troisième choix z. Autrement dit, si x ≻ y, alors pour tout z dans X, on doit pouvoir ordonner clairement ces trois options, assurant une forme de continuité dans la préférence.
À partir de ≻, on définit une relation de préférence faible ⪰ qui exprime que x est au moins aussi préféré que y, autrement dit, y n’est pas strictement préféré à x. Cette relation est complète (on peut toujours comparer deux éléments) et transitive, ce qui assure que les préférences forment un ordre cohérent. Enfin, la relation d’indifférence ∼ découle naturellement de ⪰, identifiant les éléments que l’agent considère comme équivalents.
La représentation numérique de ces préférences par une fonction U : X → ℝ vise à associer à chaque choix un nombre réel, de sorte que la préférence entre deux choix x et y se traduise par une inégalité entre U(x) et U(y). Cette fonction utilité capture ainsi l’ordre des préférences, et son existence repose sur des conditions d’ordre structurelles. Cette représentation n’est cependant pas unique, puisque toute fonction strictement croissante de U donne une représentation équivalente.
Dans le contexte financier, les éléments x de X correspondent souvent à des profils de gains, eux-mêmes fonctions des scénarios futurs incertains. Cette incertitude est modélisée par un espace probabilisé, transformant la préférence sur les profils en une préférence sur les distributions de gains (les loteries). L’approche classique repose alors sur la théorie de l’utilité espérée, où les préférences sur les loteries sont représentées par une intégrale du type ∫ u(x) μ(dx), u étant la fonction d’utilité sur les gains et μ la mesure de probabilité sur ces gains.
Au-delà des modèles complets où les probabilités sont données, les marchés incomplets introduisent une incertitude plus profonde, rendant nécessaire la prise en compte des préférences explicites de l’investisseur. La théorie moderne développe alors des représentations robustes des préférences qui intègrent une famille de probabilités subjectives pondérées par des pénalités, permettant ainsi de modéliser une aversion à l’ambiguïté et aux risques non-hedgeables. Ces développements s’appuient sur les travaux de Savage, Gilboa, Schmeidler et d’autres, et relient les préférences robustes à la construction des mesures de risque cohérentes et convexes.
Par ailleurs, des résultats techniques importants tels que la fermeture des ensembles K dans L0 ou le principe de Komlós assurent la stabilité des constructions mathématiques sous-jacentes, notamment dans l’étude des suites de variables aléatoires. Par exemple, la version adaptée de Komlós garantit l’existence de suites convergentes issues de combinaisons convexes, ce qui est crucial dans l’analyse asymptotique des stratégies financières.
Il est également important de comprendre que la formalisation des préférences implique une rigueur axiomatique qui garantit non seulement la cohérence des choix, mais aussi leur représentation numérique par une fonction d’utilité. La précision de ces axiomes conditionne la validité des résultats économiques et financiers issus de cette modélisation.
Enfin, cette théorie s’inscrit dans un cadre plus large d’analyse fonctionnelle et de théorie de la mesure, ce qui justifie la complexité mathématique de ses fondements. La compréhension approfondie de ces concepts permet de mieux saisir les limites et les potentialités des modèles économiques, notamment dans la gestion des risques et la prise de décision sous incertitude.
Comment caractériser les mesures de risque monétaires à partir des fonctions convexes et de leur dualité ?
Pour analyser les mesures de risque monétaires, on considère une fonction convexe ℓ : ℝ → [x₀, ∞), souvent liée à des pertes ou pénalités. La question centrale est de comprendre comment, à partir de ℓ, on peut représenter la mesure de risque ρ et en déduire ses propriétés. Une des hypothèses essentielles est que ℓ est bien définie, convexe, et que son image couvre un intervalle commençant à x₀, l’infimum de ℓ, qui peut être atteint ou non.
On s’appuie sur la dualité convexe via la transformée de Fenchel–Legendre ℓ∗, définie par ℓ∗(z) = supₓ(xz − ℓ(x)), fonction qui joue un rôle crucial dans la représentation duale des mesures de risque. Par la suite, on étudie des suites λₙ > 0 convergeant vers un certain λ_ε ∈ (0,∞) pour construire des majorations et minorations contrôlées, en exploitant la convergence monotone et la semi-continuité inférieure des fonctions ℓ∗ₙ.
Dans le cas où l’infimum x₀ de ℓ est atteint, soit x₀ = inf ℓ = min ℓ, la fonction ℓ se comporte comme une fonction constante sur un intervalle [−∞, κ], avec κ ∈ ℝ. Cette particularité induit une mesure de risque ρ qui se traduit par une traduction de la mesure du pire cas sur L∞, soit ρ(X) = − ess inf X − κ. Ce cas illustre qu’en présence d’un infimum atteint, la continuité de ρ par rapport à la convergence croissante peut échouer, et certaines propositions usuelles ne s’appliquent plus. Toutefois, la représentation duale de ρ persiste, cette fois avec une fonction de pénalité α(Q) qui n’est plus nécessairement minimale mais conserve une borne inférieure égale à κ. Cette fonction de pénalité est définie par
pour toutes les mesures Q absolument continues par rapport à P. Lorsque la densité dQ/dP est bornée presque sûrement, α(Q) atteint la valeur κ.
Le raisonnement s’appuie notamment sur la propriété de croissante du terme λ ↦ λ(x₀ + E[ℓ(λy)]) pour chaque y > 0, ainsi que sur l’analyse précise de la limite quand λ tend vers 0, grâce à la continuité et la dérivabilité à droite de ℓ∗. Ces arguments garantissent que la borne inférieure κ sur α(Q) est bien atteinte dans le cas de densités bornées, ce qui permet d’obtenir la représentation duale
avec Q absolument continu par rapport à P.
Un exemple illustratif est donné par la fonction ℓ(x) = (x_+)^p / p pour p > 1, avec x₀ = 0. La mesure de risque ρ correspond alors à la mesure du pire cas, ρ(X) = − ess inf X. La fonction de pénalité α(Q) associe à une mesure Q une quantité finie si et seulement si dQ/dP appartient à L^q avec q = p/(p−1), et vaut l’infini sinon. Ici, α n’est pas minimale, ce qui montre la complexité intrinsèque de la dualité dans ce cadre.
Pour un X fixé dans L∞, on considère la fonction
dont la dualité permet d’exprimer
pour tout x réel, ce qui étend la dualité même lorsque x ne fait pas partie de l’image de ℓ. Le comportement asymptotique de ℓ∗ près de 0 joue un rôle déterminant pour garantir que les cas où x est hors de ℓ(ℝ) entraînent une valeur infinie, assurant ainsi la cohérence de la définition.
La section se termine en établissant la relation entre les mesures de risque dites de divergence et les mesures de risque à seuil d’utilité. On introduit une fonction convexe g : [0,∞) → ℝ ∪ {+∞} vérifiant g(1) < ∞ et une croissance superlinéaire. Le risque de divergence ρ_g associé est défini par
où
est la divergence relative. La continuité par convergence croissante de ρ_g garantit que la fonction de pénalité minimale est I_g(·|P) et que le supremum est atteint. La dualité de Fenchel–Legendre sur g fournit une autre représentation essentielle :
où g^* est la transformée convexe conjuguée de g. Cette formule explicite établit un lien étroit entre la forme convexe g, sa duale, et la mesure de risque associée.
Il importe de souligner que cette théorie s’appuie sur des hypothèses de convexité, semicontinuité et bornes sur ℓ ou g, conditionnant la validité des représentations duales et des propriétés de continuité de la mesure de risque. Par ailleurs, la présence ou non d’un minimum atteint pour ℓ change profondément la nature des mesures de risque et la structure de leur fonction de pénalité.
Ces résultats mettent en lumière l’interaction subtile entre la structure fonctionnelle des pénalités de risque, la nature des densités des mesures Q considérées, et la dualité convexe, et permettent d’établir des représentations explicites cruciales en finance mathématique et en théorie du risque.
Comment comprendre les modules quotients et les espaces quotients dans le cadre des modules linéaires ?
Quels sont les effets et les risques des drogues psychotropes et des substances addictives?
La transition métal-isolant et l'importance de la théorie des bandes d'énergie

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский