Les mesures des voies respiratoires nasales sont essentielles pour l'évaluation et la gestion des affections rhinologiques. Elles permettent non seulement d'identifier des anomalies anatomiques mais aussi de suivre l’évolution des symptômes, de poser un diagnostic plus précis et d’adapter le traitement. Dans ce contexte, plusieurs tests peuvent être utilisés, allant des méthodes simples aux techniques plus sophistiquées. Ces tests, tout en étant complémentaires, visent à mieux comprendre la fonction nasale et son impact sur la respiration.

Parmi les méthodes les plus courantes, on trouve l'utilisation d'un spatule métallique froide pour tester la brume nasale, bien qu'il s'agisse d'un examen très basique qui ne permet de détecter que des déséquilibres évidents dans les cavités nasales. Ce test permet d’évaluer de manière rapide et grossière la présence d’asymétries importantes dans la fonction nasale. Mais il n’est en aucun cas un substitut à des tests plus approfondis.

Le test de débit inspiratoire nasal de pointe (PINF) est une méthode plus précise pour évaluer la fonction respiratoire nasale. En utilisant un débitmètre de pointe, le patient est invité à inspirer profondément par le nez après avoir fermé la bouche. Le débit maximal est mesuré, et ce test peut être répété pour obtenir plusieurs résultats afin de déterminer la meilleure mesure. Ce test peut également être modifié en bouchant alternativement chaque narine pour comparer les résultats unilatéraux. Les résultats obtenus donnent un aperçu de l’intensité de l’obstruction nasale : une valeur inférieure à 50 L/min correspond à une obstruction sévère, entre 50 et 80 L/min à une obstruction modérée, entre 80 et 120 L/min à une obstruction légère, et au-delà de 120 L/min, la fonction nasale est normale.

L'acoustique rhinométrique, qui repose sur la réflexion des ondes sonores pour mesurer l'air traversant les voies nasales, constitue une autre méthode plus avancée mais principalement utilisée à des fins de recherche. Bien que la technique soit intéressante, sa mise en œuvre est complexe et nécessite une certaine pratique pour obtenir des résultats significatifs. Elle permet de cartographier les zones de la cavité nasale en fonction de la réponse acoustique, ce qui peut être utile pour évaluer les structures anatomiques et les anomalies de la valve nasale.

La rhinomanométrie, qui mesure la résistance des voies nasales en fonction du débit d'air, est plus précise que l'acoustique rhinométrique et plus couramment utilisée en clinique. Elle permet de calculer le rapport de partitionnement du flux nasal (NPR), qui donne une idée de la symétrie de l’écoulement de l’air entre les deux narines. Un NPR supérieur à 0,34 suggère une obstruction importante. La rhinomanométrie peut être utilisée avant et après une décongestion nasale pour évaluer l’amélioration de la fonction après un traitement ou une intervention.

Enfin, des tests moins utilisés mais non moins importants incluent la rhinospirométrie et les mesures du temps de clairance mucociliaire. La rhinospirométrie permet d’évaluer la fonction des voies respiratoires supérieures et peut être effectuée en utilisant un spiromètre modifié. En outre, le test de clairance mucociliaire, tel que le test de la saccharine, permet d’évaluer l’efficacité du système mucociliaire, qui joue un rôle crucial dans le nettoyage des voies respiratoires.

Ces tests sont cruciaux pour le suivi des maladies respiratoires chroniques comme la sinusite chronique, ainsi que pour évaluer l'efficacité des traitements médicaux et chirurgicaux, notamment les polypectomies nasales ou la chirurgie du septum nasal. L'utilisation d'imagerie, notamment la tomodensitométrie (TDM), est également recommandée avant toute chirurgie pour évaluer les anomalies anatomiques et planifier un traitement ciblé. En présence de polypose nasale, la TDM peut aider à évaluer la réponse au traitement médical et chirurgical, ce qui est essentiel pour adapter les stratégies thérapeutiques.

En conclusion, les tests de mesure de la fonction nasale ne sont pas seulement des outils diagnostiques, mais aussi des moyens d’évaluer les résultats des traitements et d’adapter la prise en charge des patients. Leur utilisation systématique permet de mieux comprendre la pathophysiologie des troubles respiratoires supérieurs et d'optimiser les choix thérapeutiques, qu’ils soient médicaux ou chirurgicaux. L’association de ces tests avec un suivi rigoureux, notamment par imagerie, est essentielle pour améliorer la prise en charge des patients souffrant de maladies rhinologiques.

Comment gérer les pathologies de l'oreille externe : Ostéomes, exostoses et cholestéatome

Les ostéomes et les exostoses sont des pathologies bénignes du canal auditif externe (CAE), souvent découvertes de manière incidente. Ces tumeurs osseuses, bien que généralement unilatérales et solitaires, peuvent être responsables de symptômes obstructifs et d'une perte auditive conductive. Leur développement est lent et, bien que la cause exacte demeure inconnue, on suppose qu'il s'agit d'une réponse de protection du CAE, notamment face aux expositions répétées à l'eau froide. Les ostéomes se développent souvent sur un pédicule étroit, tandis que les exostoses possèdent une base large et peuvent se former suite à une exposition prolongée à l'eau froide, en particulier chez les nageurs. Les symptômes varient en fonction de leur taille et de leur emplacement, mais les douleurs et la perte auditive sont les plaintes les plus fréquentes.

Dans de nombreux cas, ces affections peuvent ne pas nécessiter de traitement actif, particulièrement si elles sont asymptomatiques. Dans ce cas, un traitement conservateur est souvent suffisant, avec des recommandations pour un nettoyage régulier du canal auditif afin de prévenir les complications et des conseils pour gérer les otites externes concomitantes. Les bouchons d'oreilles peuvent être conseillés aux patients souffrant d'exostoses pour éviter l'exposition continue à l'eau froide, facteur aggravant de cette condition.

Lorsque ces lésions provoquent une obstruction ou une perte auditive notable, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Cependant, la chirurgie peut être complexe, en particulier pour l'élimination des exostoses. L'accès à la zone concernée est souvent difficile en raison de l'étroitesse de l'espace entre les structures osseuses et de la fragilité de la peau qui recouvre ces zones. En outre, la protection de la peau du CAE, de la membrane tympanique (TM), ainsi que du nerf facial et de l'articulation temporo-mandibulaire (TMJ) lors de la procédure est essentielle. La voie postauriculaire est privilégiée car elle permet une meilleure visualisation, notamment des exostoses antérieures, et un accès optimal pour le fraisage.

L’approche chirurgicale consiste généralement à soulever la peau de manière médiale et latérale, en enlevant d'abord l'exostose antérieure avant de procéder à un fraisage plus en profondeur de la zone osseuse. Il est essentiel de préserver une fine couche de peau pour recouvrir la nouvelle paroi du canal auditif afin de favoriser une guérison rapide. La perte de cette peau entraînera une guérison plus lente, par second intention, et compliquera la cicatrisation.

En comparaison avec les ostéomes, les exostoses ont une tendance plus marquée à la récidive en cas d'exposition continue à l'eau froide, alors que les ostéomes, une fois retirés, ne se reproduisent généralement pas. Ces tumeurs osseuses sont le plus souvent bénignes et ne nécessitent pas de traitement immédiat si elles sont découvertes de manière fortuite, tant qu'elles ne provoquent pas de symptômes invalidants.

Les investigations sont essentielles pour poser un diagnostic précis. Les tomodensitogrammes (TDM) de haute résolution sont utilisés pour évaluer l'étendue de l'atteinte osseuse, tandis que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de mieux visualiser les implications au niveau des nerfs et des structures osseuses profondes. Les tomographies permettent de différencier les ostéomes des exostoses et d’identifier les éventuelles complications liées à une infection secondaire ou à une prolifération tumorale.

En ce qui concerne les pathologies plus complexes, telles que le cholestéatome de l'oreille externe (EACC), qui est une affection plus rare, il se manifeste par une érosion osseuse accompagnée de l'invasion de l'épithélium squameux, entraînant une périostite localisée et parfois la séquestration osseuse. Le cholestéatome de l'oreille externe survient souvent après une obstruction ou un traumatisme du canal auditif et est beaucoup moins fréquent que le cholestéatome de l'oreille moyenne. Il est crucial de différencier cette affection d’autres pathologies, telles que l’otite externe nécrosante (NOE) ou le carcinome épidermoïde, qui peuvent présenter des symptômes similaires. Un diagnostic précis repose souvent sur une combinaison de données cliniques et de résultats d'imagerie, y compris les TDM et l’IRM pour évaluer l’implication du crâne et des structures voisines.

Le traitement du cholestéatome de l'oreille externe dépend de l’étendue de la pathologie. Les interventions conservatrices avec des antimicrobiens topiques et un nettoyage régulier du canal auditif peuvent être efficaces pour les formes limitées. Cependant, une intervention chirurgicale est souvent nécessaire pour prévenir l’aggravation et les complications associées, telles que la sténose du canal auditif et la perte auditive. Cette chirurgie vise à rendre le canal auditif sec et à prévenir la progression de l’infection, avec des options allant de la canaloplastie à la chirurgie tympanomastoïdienne dans les cas plus graves.

Il est également essentiel de différencier cette pathologie de la kératose obturante (KO), qui est caractérisée par un bouchon de kératine dans le canal auditif, provoquant une expansion osseuse et une obstruction du conduit auditif. Bien que la kératose obturante soit également liée à des conditions comme la sinusite, la bronchiectasie, et des affections cutanées, son étiologie demeure floue. Le traitement consiste généralement à retirer le bouchon de kératine, mais cette procédure peut nécessiter des répétitions régulières en raison de la nature chronique du défaut migratoire de l’épithélium.

Les imageries de haute résolution, telles que les scanners CT, sont utiles pour exclure d’autres pathologies associées à des symptômes similaires. Pour les formes sévères d'otite externe nécrosante (NOE), l’imagerie au scintigraphie osseuse peut être employée pour détecter les érosions osseuses. La biopsie des granulations et des débris nécrotiques est obligatoire afin d'exclure une malignité sous-jacente, et des cultures microbiologiques doivent être réalisées pour orienter le traitement antibiotique.

Comment la fièvre glandulaire, les infections opportunistes et les néoplasmes pharyngés se manifestent-ils chez les patients atteints du VIH ?

La fièvre glandulaire est une maladie virale fréquente causée par le virus Epstein-Barr (EBV), principalement responsable de la mononucléose infectieuse. Chez les patients infectés par le VIH, cette affection peut présenter des symptômes similaires, mais se complexifie souvent par la présence d'autres infections opportunistes. Lors de la phase aiguë de l'infection par le VIH, une éruption cutanée, des maux de gorge et une lymphadénopathie cervicale sont courants. Toutefois, ces symptômes sont rarement isolés et sont généralement associés à des signes systémiques comme une fièvre élevée, une fatigue extrême, et parfois des ulcérations muqueuses.

Un des aspects diagnostiques de la fièvre glandulaire est la présence d'anticorps hétérophiles, dont la détection est possible grâce aux tests Paul-Bunnell et Monospot, qui impliquent l’agglutination des globules rouges de mouton ou de cheval. Toutefois, ces tests ne sont pas spécifiques à la mononucléose infectieuse et peuvent être positifs dans d'autres conditions, notamment les infections liées au VIH. L'évidence sérologique de la présence d'anticorps IgM spécifiques à l'antigène viral de la capside constitue la norme diagnostique pour confirmer l'infection par le virus Epstein-Barr.

Les tests de fonction hépatique sont souvent altérés dans la mononucléose infectieuse, une condition également observée chez les patients VIH-positifs. Cette hépatotoxicité doit être prise en compte lors du suivi, surtout si d'autres infections virales sont présentes, comme l’hépatite ou la tuberculose, qui sont fréquentes chez les patients immunodéprimés. Le traitement est principalement symptomatique, et dans le cas de complications bactériennes secondaires, des antibiotiques peuvent être administrés, tout en évitant les ampicillines, car elles sont connues pour induire des éruptions cutanées sévères dans ce contexte.

Les infections opportunistes, telles que la candidose dans la cavité pharyngée, sont également courantes chez les patients vivant avec le VIH. L'infection à Candida, souvent causée par des souches autres que Candida albicans, peut se manifester par des lésions muqueuses dans la gorge et la bouche, augmentant le risque de complications chez les patients immunodéprimés. D’autres pathogènes comme le cytomégalovirus, la toxoplasmose et les infections à herpès peuvent se superposer à la mononucléose et compliquer la prise en charge clinique.

La gestion des néoplasmes pharyngés chez les patients VIH-positifs mérite une attention particulière. Les cancers tels que le sarcome de Kaposi, les lymphomes non hodgkiniens et le carcinome épidermoïde sont observés plus fréquemment chez les individus immunodéprimés, notamment ceux vivant avec le VIH. Bien que ces pathologies soient gérées de manière similaire à celle des patients non-VIH, la thérapie doit être adaptée en fonction du profil immunitaire du patient et de la réponse au traitement antirétroviral. Le risque accru de cancers de la tête et du cou chez ces patients souligne la nécessité d'une surveillance étroite.

En outre, jusqu'à 20 % des patients ayant présenté une mononucléose infectieuse développent un syndrome de fatigue chronique. Une période prolongée de repos est conseillée pour éviter cette complication. Il est essentiel que les patients évitent les sports de contact pendant les six premières semaines après l'infection afin de prévenir la rupture de la rate. De plus, l'alcool doit être évité pour minimiser les risques de lésions hépatiques.

Dans le contexte du VIH, les complications pharyngées ne se limitent pas à la mononucléose ou aux infections opportunistes. Les patients peuvent présenter une variété de symptômes oropharyngés, y compris des ulcérations, des douleurs persistantes et des infections à levures. Les traitements doivent toujours être adaptés, en tenant compte de la charge virale, du traitement antirétroviral en cours, ainsi que des éventuelles comorbidités.