Le cœur du Pali Tipitaka peut être placé entre le Ve et le IIIe siècle avant notre ère. Le canon aurait été transcrit au Ier siècle avant notre ère à Ceylan, sous le patronage du roi Vattagamani, moment où il aurait subi d'autres modifications. Bien que le Tipitaka soit principalement utilisé par les historiens comme source de l’histoire du début de l’Inde historique du Nord, il est essentiel de comprendre que sa compilation et son statut de canon sont directement liés à des événements qui se sont produits plusieurs siècles plus tard à Ceylan. En effet, il fut produit par les moines du Mahavihara pour se légitimer et se définir face à leurs rivaux de l'Abhayagiri, alors soutenus politiquement.
En plus des textes canoniques, il existe également des œuvres bouddhistes non canoniques en Pali, telles que le Milindapanha (Ier siècle avant notre ère – Ier siècle après notre ère), un dialogue philosophique entre le roi Milinda, sans doute le Menandre indo-grec, et le moine Nagasena. Le Nettigandha ou Nettipakarana (Le Livre de la Guidance), daté de la même époque, offre un récit cohérent de l’enseignement du Bouddha. Des commentaires sur le Tipitaka comprennent une œuvre du Ve siècle par Buddhaghosa. Le Nidanakatha (Ier siècle) présente la première biographie complète du Bouddha. Les chroniques sri-lankaises, telles que le Dipavamsa (IVe–Ve siècles) et le Mahavamsa (Ve siècle), racontent à la fois l’histoire et les mythes de la vie du Bouddha, des conseils bouddhistes, de l’empereur Maurya Ashoka, des rois du Sri Lanka, ainsi que de l’arrivée du bouddhisme sur cette île.
Outre les textes en Pali, plusieurs autres œuvres bouddhistes existent en sanskrit et en sanskrit hybride bouddhiste, une forme mixte de prakrit et de sanskrit. Cette tendance vers l'utilisation du sanskrit se renforce dans les écoles Mahayana, mais certains textes non-Mahayana ont également été rédigés en sanskrit ou en prakrit-sanskrit. Le Mahavastu, un texte du même ordre, contient une hagiographie du Bouddha et décrit l’émergence de l’ordre monastique dans cette langue hybride. Le Lalitavistara (Ier/IIe siècle), qui présente une hagiographie du Bouddha associée à l’école Sarvastivada mais fortement influencée par le Mahayana, est rédigé en sanskrit et en sanskrit hybride bouddhiste.
Les textes bouddhistes sont des sources primaires indispensables pour comprendre l’histoire du bouddhisme, ses doctrines, l’ordre monastique et ses mécènes royaux comme Ashoka, tout en révélant des facettes importantes de la politique, de la société et de l’économie de l’époque. Ils offrent ainsi une fenêtre non brahmanique sur l’Inde ancienne, bien que la perspective brahmanique soit souvent remplacée par celle du bouddhisme.
Les textes jains, quant à eux, sont collectivement connus sous le nom de Siddhanta ou Agama. Le langage des premiers textes est un dialecte estival du prakrit, appelé Ardha-Magadhi. L’ordre monastique jain se divisa en deux écoles principales : les Shvetambara et les Digambara, peut-être au IIIe siècle de notre ère. Le canon Shvetambara comprend les 12 Angas, 12 Uvamgas (Upangas), 10 Painnas (Prakirnas), ainsi que d’autres textes individuels comme le Nandi Sutta et l’Anugodara. Certaines œuvres non canoniques jaines sont rédigées en dialectes prakrits, principalement le Maharashtri, et en sanskrit, ce dernier étant utilisé depuis les premiers siècles de notre ère.
Selon la tradition Shvetambara, les Angas ont été compilés lors d’un conseil tenu à Pataliputra, tandis que la compilation de l’ensemble du canon aurait eu lieu au Ve ou VIe siècle lors d’un conseil à Valabhi, en Gujarat, présidé par Devarddhi Kshamashramana. Certains éléments du canon peuvent remonter au Ve ou IVe siècle avant notre ère, mais des ajouts ont continué à être faits jusqu’au Ve–VIe siècles de notre ère. Les textes jains sont également une source précieuse pour comprendre l’histoire et la doctrine du jaïnisme, les rivalités doctrinales avec les autres écoles, et les récits de saints et de rois. Les Puranas jains, tels que l’Adi Purana, qui raconte la vie du premier tirthankara, Rishabha (ou Adinatha), ou encore le Harivamsha Purana, datant du VIIIe siècle, présentent des versions jaines d’histoires connues du Mahabharata, notamment les récits des Kauravas, des Pandavas et du dieu Krishna.
Le Trishashtilakshana Mahapurana, rédigé au IXe siècle par Jinasena et Gunabhadra, contient des vies de saints jains, de rois et d’héros, ainsi que des sections sur des sujets variés tels que les rituels de la vie, l’interprétation des rêves, ou encore les responsabilités d’un roi. Le Parishishtaparvan (XIIe siècle) de Hemachandra présente l’histoire des premiers maîtres jains et mentionne certains événements de l’histoire politique de l’époque. Les œuvres jaines offrent donc des indices essentiels sur la vie quotidienne et les normes sociales de leur temps, tout en mettant en lumière la manière dont ces traditions religieuses se sont définies et se sont opposées à d’autres courants philosophiques.
Pour comprendre en profondeur les textes bouddhistes et jains, il est crucial d’en analyser non seulement le contenu théologique et doctrinal, mais aussi les contextes politiques et sociaux dans lesquels ces œuvres ont été produites. Il ne suffit pas de considérer ces textes comme des récits religieux, mais il faut aussi les voir comme des témoignages vivants de la pensée et des tensions sociales de l’Inde ancienne, entre compétition religieuse, affirmation d’identités communautaires et interactions avec les puissances politiques de l’époque.
Comment l'architecture des grottes bouddhistes a évolué en Inde: De l'origine à l'apogée
Les monastères bouddhistes se composent de viharas et de chaityas. L'architecture des grottes bouddhistes, en particulier dans les Ghats occidentaux de l'Inde, témoigne d’une évolution notable qui peut être tracée à travers plusieurs étapes marquantes. Les premières grottes bouddhistes ont été sculptées dans les collines de Barabar, où l’on trouve les cavernes de Lomash Rishi et Sudama. Ces premières structures étaient en grande partie influencées par des prototypes architecturaux en bois, et l'agencement des chaityas se limitait à une simple chambre rectangulaire précédant une petite salle circulaire.
Au fil du temps, une évolution s’opère. Dans la grotte de Kondivte (vers 100 avant notre ère), le chaitya est désormais perpendiculaire à l'entrée. Ce changement structurel permet au fidèle de se retrouver directement face à l’objet de culte dès son entrée. La lumière extérieure éclaire ainsi toute la salle, et notamment le stupa. Cette disposition rend l’expérience de la vénération encore plus immersive et centrée autour du stupa, le point focal de la prière.
L'introduction de deux rangées de colonnes marque un autre tournant important. Les colonnes, disposées suivant les lignes des murs, s'étendent jusqu'à l'apse, créant un chemin pour la circumambulation autour du stupa. Cette disposition devient la norme pour les chaityas bouddhistes des Ghats occidentaux. L'exemple le plus frappant de cette phase est l'imposante salle de chaitya de Bhaja (vers 100-70 avant notre ère), avec son entrée en forme d'arc en fer à cheval. Le toit de la salle centrale est en voûte en barillet, tandis que les plafonds des allées latérales sont à moitié voûtés, reprenant les éléments caractéristiques de l'architecture en bois, comme en témoignent les nervures ajoutées au plafond et les colonnes légèrement inclinées.
À Pitalkhora, un autre chaitya classique de l'Inde occidentale offre un bel exemple de cette évolution, tout comme la grotte de Bedsa, où, à côté d'un chaitya apsidal avec des colonnes, on trouve un autre sans colonnes, qui mène directement à des cellules monastiques. Ces derniers montrent bien la diversité des aménagements des grottes bouddhistes dans cette période, qui intégraient des espaces de prière et de méditation mais aussi des lieux de vie pour les moines.
Les viharas des Ghats occidentaux étaient au départ relativement simples. Composés de cellules autour d’une salle centrale avec un portique ouvert en façade, certains d’entre eux étaient à deux étages. À l’intérieur des cellules monastiques, on trouve des lits sculptés dans la roche, parfois accompagnés de coussins en pierre. Les niches murales accueillaient peut-être des lampes. Les premières sculptures en relief apparaissent, comme en témoignent les riches reliefs décorant la véranda et flanquant l'entrée du Vihara 19 à Bhaja. Ces reliefs narratifs sont souvent associés aux Jataka, récits de vies antérieures du Bouddha, et illustrent la présence de divinités comme Surya et Indra, qui marquent l’entrée vers la salle centrale.
L'essor de l'architecture des grottes bouddhistes se poursuit au 2ème et 3ème siècle de notre ère, une période durant laquelle des rois comme ceux des dynasties Satavahana et Kshatrapa ont parrainé ces œuvres monumentales. Cette époque est caractérisée par une expansion de la taille des constructions, mais aussi par une profusion de décorations sculptées, en particulier des figures de mithunas, couples symbolisant l’auspice et la fertilité. Les colonnes sont ornées de chapiteaux plus élaborés, et le toit central des chaityas continue d'être voûté, tandis que les allées latérales restent plates. Un bel exemple de cette phase est le Vihara 3 à Nashik, connu sous le nom de « Caverne de Gautamiputra », dont l’ornementation sculpturale de la porte et des murs extérieurs est remarquable.
Le petit hall de chaitya de Kanheri, datant de l’époque du dernier grand roi satavahana, Yajnashri Satakarni, présente une transition intéressante dans le style des sculptures, avec des figures de mithunas moins gracieuses que celles des monuments plus anciens. Les peintures murales de la période, comme celles retrouvées dans les chaityas 9 et 10 d'Ajanta, montrent des scènes narrative du roi vénérant un arbre de bodhi, puis un stupa, et un passage à travers une porte, illustrant ainsi la continuité des pratiques bouddhistes à travers le temps et l’espace.
En parallèle, à l'Est de l'Inde, les collines d'Udayagiri et de Khandagiri dans l'État d'Odisha offrent un exemple distinct des grottes monastiques, cette fois associées au jaïnisme. Ces grottes, plus petites et sans salles de rassemblement comme celles des Ghats occidentaux, étaient construites dans une roche moins appropriée pour des sculptures détaillées. L’inscription de Hathigumpha, située à l’entrée de la grotte 14, nous relie à la dynastie Chedi de Kalinga, datée du 1er siècle avant notre ère. Ces caves étaient principalement utilisées par des ascètes jaïns, dont les cellules, étroites et basses, reflètent leur mode de vie austère. Bien que certaines grottes aient été agrandies plus tard pour devenir des sanctuaires, l'essence de ces lieux réside dans leur simplicité, où l’espace restreint exigeait une humilité totale de la part des moines qui y résidaient. Les similitudes entre les structures de ces grottes et les huttes de boue de la région, notamment en ce qui concerne les toits voûtés et les colonnes en pierre, renforcent cette idée d’une architecture fonctionnelle et modeste, parfaitement adaptée aux rigueurs de l'ascétisme.
Ce type d'architecture, qu'il soit bouddhiste ou jaïn, est bien plus qu’une simple structure de pierre : il est le reflet d'une vision religieuse et philosophique, un lieu d’introspection, de vénération et de discipline. Comprendre les nuances de l'évolution de ces formes architecturales nous permet non seulement de saisir les transformations culturelles et spirituelles qui ont façonné l’Inde antique, mais aussi d'appréhender l'importance de l’architecture religieuse dans la vie des moines et des ascètes.
Quelles transformations culturelles et politiques marquent l'Inde médiévale précoce ?
Les premières périodes médiévales de l'Inde ont longtemps été interprétées à travers divers prismes théoriques, chacun cherchant à éclairer des aspects spécifiques de cette époque complexe. Parmi les plus influentes, la théorie du féodalisme a longtemps dominé les débats. Selon ce modèle, l'Inde de cette époque était caractérisée par une fragmentation politique, une transformation des paysans en serfs, ainsi qu’un déclin des centres urbains et de l’économie monétaire. Ce cadre interprétatif a été appliqué aussi bien au nord qu'au sud du sous-continent, bien que des spécificités régionales aient nécessité d'autres approches. Pour le sud de l’Inde, par exemple, le modèle de l’État segmentaire a été proposé. Celui-ci dépeint les rois de cette époque comme des figures rituelles dépourvues des deux piliers majeurs du pouvoir royal : une infrastructure fiscale solide et une armée permanente.
En revanche, un autre cadre interprétatif met en avant la formation et la prolifération des États à l’échelle régionale, marquant une période de changements urbains, mais non de déclin urbain. Cette période n'est donc pas une simple décadence des grandes cités, comme le suggèrent certains historiens. Au contraire, ces siècles ont vu émerger de nouvelles formes de sociabilité urbaine, témoignant de l’énergie et de la vitalité qui caractérisaient le paysage politique, social et culturel de l’époque. En dépit des débats théoriques intenses qui se sont poursuivis pendant des décennies, certaines questions demeurent sous-étudiées, en particulier en ce qui concerne l'interaction humaine avec les environnements en mutation, les rôles de la forêt et des peuples forestiers, ainsi que la place des femmes et des groupes marginaux dans cette société.
Il est important de souligner que bien que les modèles théoriques du féodalisme et de l’intégration ont permis une avancée significative, ils sont également limités par une compréhension parfois trop simpliste des relations foncières royales. Les dons de terres faits par les rois, loin d’être uniquement une preuve de fragmentation ou de déclin, peuvent aussi être vus comme faisant partie d'un processus plus large d'intégration et de centralisation de l’autorité. Cependant, il est impératif de ne pas ignorer les conflits et la violence qui marquèrent cette époque. Les modèles théoriques ne doivent pas occulter les réalités sociales et politiques plus nuancées et conflictuelles qui régissaient ces relations.
Les études récentes ont permis de combler certaines lacunes dans la historiographie traditionnelle, notamment en élargissant le champ d’étude au-delà des grandes dynasties et empires pour inclure les principautés plus petites, les sociétés non étatiques et les tribus forestières. Ce changement de perspective est crucial pour comprendre la diversité des expériences historiques au sein de l’Inde médiévale, en particulier celles des groupes sociaux subordonnés. La visibilité accrue des femmes, souvent négligées dans les débats précédents, a également permis de repenser le rôle de ces dernières dans l’exercice du pouvoir et de l’autorité, tant à travers des formes royales que non royales.
La question des sources textuelles et archéologiques reste un aspect clé pour comprendre cette période. Sheldon Pollock, dans ses travaux, distingue deux grands moments de transformation dans l’histoire culturelle et politique de l’Inde pré-moderne. Le premier se situe autour du début de notre ère, lorsque le sanskrit, jusque-là restreint à une fonction religieuse, se réinventa comme une langue d’expression littéraire et politique, s’étendant bien au-delà des frontières du sous-continent. Le deuxième moment de transformation intervient au début du deuxième millénaire, avec l’émergence de formes vernaculaires qui vinrent défier la domination du sanskrit, marquant l’essor de configurations régionales dans les domaines politiques et culturels.
L’époque médiévale précoce a ainsi été marquée par une grande vitalité intellectuelle, créative et artistique. Les mécènes urbains et les élites politiques ont joué un rôle central dans ce soutien à la production littéraire, religieuse et philosophique. Le volume des textes sanskrits produits durant cette période est considérable, allant des commentaires philosophiques et religieux aux œuvres littéraires, sans oublier les anthologies poétiques et les traités techniques. Les compilations de Dharmashastra, telles que celles de Jimutavahana et Vijnaneshvara, ont grandement influencé la pensée juridique et sociale de l’époque, en particulier à Bengal. Ces textes, qui abordaient des sujets aussi variés que le droit, l’héritage, la morale, et la condition des femmes, reflètent une société en transformation.
Les Purāṇas, quant à eux, témoignent de la montée en puissance des éléments théistes au sein de l'hindouisme, notamment avec des textes comme le Bhagavata Purāṇa et le Brahmavaivarta Purāṇa. Ces textes ajoutaient des sections sur les pèlerinages, les vœux, les pénitences et les dons, en plus des traditions établies. Ils sont essentiels pour retracer l’interaction entre les idées brahmaniques et non-brahmaniques.
Cette époque a également vu se développer une littérature en sanskrit souvent qualifiée de pédante ou artificielle, ce qui minimise parfois la diversité et la richesse de la production littéraire de ces siècles. Des œuvres majeures comme celles de Dandin, Banabhatta et Magha témoignent de la vigueur littéraire et de la créativité de cette période.
L'Inde médiévale précoce n'a pas été un âge de simple déclin ou de régression, mais un moment de profondes transformations, tant culturelles que sociales. Les questionnements sur les rapports entre les élites et les masses, sur les dynamiques religieuses et politiques, ainsi que sur les évolutions urbaines et rurales, sont au cœur de ces débats historiographiques. Les recherches récentes continuent de reconfigurer notre compréhension de cette époque et de ses multiples facettes, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour les historiens et les chercheurs.
Le rôle de Tara dans le Bouddhisme Tantrique et son influence sur la pratique spirituelle
Dans le Bouddhisme Tantrique, Tara occupe une place centrale en tant que déesse incarnant la sagesse transcendante et la compassion extraordinaire. Son rôle dans la pantheon Vajrayana est non seulement celui d'une protectrice spirituelle, mais également celui d'une figure dynamique, capable de soulager la souffrance humaine à travers ses multiples manifestations. Elle est souvent associée à des pratiques rituelles complexes et à une compréhension symbolique profonde, qui lient la pratique spirituelle à des aspects sociaux et politiques de l’époque médiévale.
Tara est avant tout une déesse de la protection. Elle est perçue comme une salvatrice capable de défendre les êtres contre huit grands dangers, dits "bhayas" : lions, éléphants, feux, serpents, voleurs, noyades, emprisonnements et démons. Ces protections ne se limitent pas à des dangers physiques, mais s'étendent également à des périls spirituels, ce qui fait de Tara un guide essentiel dans la quête de libération. Les diverses représentations iconographiques de Tara, telles que la Tara verte et la Tara blanche, illustrent sa capacité à manifester diverses formes d'énergie bénéfique selon les besoins de ceux qui la vénèrent. Ces formes sont dites être issues des larmes d'Avalokiteshvara, versées après qu'il eut pris connaissance des souffrances indicibles des êtres dans les enfers.
Au-delà de son rôle de protectrice, Tara est également un symbole de la sagesse transcendantale. Dans le Bouddhisme Tantrique, sa figure est parfois associée à l'énergie du Bouddha ou à une de ses émanations. Certaines représentations la dépeignent sous une forme inquiétante, telle que la Mahachina Tara, une incarnation redoutable née d'Akshobhya, dans laquelle elle apparaît avec plusieurs bras, portant une épée, un couteau de sacrifice, et un crâne, symbolisant l’aspect radical et transformatif de la pratique tantrique.
Dans le contexte du Tantrisme, la déesse Tara incarne la nécessité d'une union mystique, non seulement symbolique, entre les énergies masculines et féminines. Les Bouddhas masculins et féminins, réunis dans une représentation commune, sont un signe de l'achèvement de l'illumination et de l'unité parfaite entre les énergies opposées. Cette union est au cœur de l'enseignement tantrique, qui s'appuie sur l'idée que la sagesse et la compassion ne peuvent être pleinement vécues qu'à travers l'intégration des forces yin et yang de l'univers spirituel.
Les Siddhas, maîtres spirituels du Bouddhisme Tantrique, jouaient un rôle déterminant dans la transmission de ces enseignements. Ces enseignants, qui prônaient l’utilisation sublimée de l’énergie sexuelle comme voie vers la libération, avaient une influence marquée sur la société médiévale, tant du point de vue spirituel que politique. Le Tantra bouddhiste, notamment à travers le Hevajra Tantra, proposait des rituels où l’alcool, la viande et les pratiques sexuelles étaient intégrés, comme moyens de transcender les dualités du monde matériel pour atteindre la sagesse suprême.
Le Bhakti, ou dévotion envers la divinité, trouvait aussi sa place dans ces pratiques, mais d'une manière différente de celle des formes plus classiques du Bouddhisme. Les Sahajayana, une branche du Tantrisme, rejetaient les rituels formels et les mantras, se concentrant plutôt sur l’enseignement direct d'un guru et sur la possibilité d'atteindre l’état de libération tout en vivant une vie mondaine. Ce courant de pensée, particulièrement influent au Bengale, mettait l’accent sur l’intuition et la nature spontanée de l’illumination, plutôt que sur des pratiques dogmatiques ou philosophiques complexes.
Cependant, l'impact du Bouddhisme Tantrique ne se limitait pas seulement à des préoccupations spirituelles ou philosophiques. Le rôle des femmes dans le Tantrisme bouddhiste a été analysé par plusieurs chercheurs. Selon Miranda Shaw, les femmes étaient des actrices importantes de la création et de la propagation du Bouddhisme Tantrique. Contrairement à d'autres formes de Bouddhisme, où les femmes étaient souvent marginalisées, dans le Tantrisme, elles étaient vues comme capables d'atteindre la libération et d'initier des relations d'enseignement mutuelles. Les Yoginis, déesses ou pratiquantes féminines du Tantra, occupaient une place de choix dans l’iconographie tantrique, symbolisant la puissance et la sagesse spirituelle. Toutefois, l’idéalisation de la participation des femmes dans ces pratiques doit être nuancée. À mesure que le Tantrisme se structurait et se hiérarchisait, notamment sous l'influence de dynasties politiques, leur rôle actif et visible a commencé à décliner, surtout au niveau monastique.
Les aspects sociaux et politiques du Bouddhisme Tantrique méritent également une attention particulière. L’émergence de réseaux de patrons et la montée de la puissance de certains monastères, devenus de véritables centres de pouvoir économique, marquent une évolution notable de cette tradition. Les Siddhas, souvent issus des classes populaires ou des castes inférieures, ont trouvé dans le Tantrisme une manière de se soustraire aux structures sociales rigides et de forger des alliances stratégiques. Cette évolution a paradoxalement conduit à une hiérarchisation des divinités, où la notion de "roi spirituel" a trouvé un écho dans les métaphores de domination et de souveraineté personnelle. Cette évolution reflète les changements socio-politiques de la période médiévale, où les anciennes structures de soutien ont progressivement disparu, et de nouvelles formes de pouvoir se sont consolidées autour des pratiques tantriques.
Enfin, le Tantrisme bouddhiste est intrinsèquement lié à la géographie et à l’histoire des régions où il s’est implanté. Le voyageur tibétain du XVIe siècle, par exemple, a laissé des témoignages précieux sur les figures emblématiques des Siddhas, tandis que la vallée de Spiti, le Ladakh, et d'autres régions himalayennes sont devenus des centres de diffusion de ces pratiques. Les monastères, tels que ceux de Key et de Tabo, deviennent des points de convergence non seulement pour les moines et les pratiquants mais aussi pour les érudits cherchant à comprendre l’essence des rituels tantriques.
Pourquoi la ponctualité, la concentration sur les forces d’autrui et l’art du feedback transforment nos relations
Comment gérer les métadonnées et les propriétés des images dans OpenStack pour une gestion optimisée des ressources

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский