Un des symptômes les plus évidents de la mentalité de croissance réside dans l’expansion démesurée de nos économies, bien au-delà de tout besoin matériel réel. Bien que de nombreuses personnes dans le monde aient des besoins matériels urgents, ce ne sont pas elles qui propulsent cette croissance absurde. Gilding propose de renverser le changement climatique galopant et de commencer à décarboner en creusant un nouveau canal plutôt qu’en essayant de déplacer un fleuve. L’argument environnemental n’a plus de pertinence — oublions le changement climatique, la destruction des espèces et l’acidification des océans, car nous savons désormais que ces crises environnementales ne font que mener à des débats politiques polarisés. Concentrons-nous sur l’économie, en mobilisant les gens en parlant de leur porte-monnaie. Additionnons les différents coûts générés par la déstabilisation climatique — pas dans le futur, mais dès maintenant : les sécheresses, les inondations, les camps de réfugiés nécessaires en raison des catastrophes naturelles, toutes ces tempêtes étranges, les vents de la force d’un ouragan à Washington en 2013 qui ont privé six millions de personnes d’électricité pendant l’été. Gilding suggère que si nous nous concentrions sérieusement sur le calcul de ces coûts économiques divers de la déstabilisation climatique, nous pourrions voir qu’ils handicapatent déjà nos économies. Nous n’avons pas besoin d’attendre dix ans pour cela.
La pensée systémique appliquée peut être résumée en un mot : levier. Dans l'exemple du changement climatique, Senge souligne que nous avons un défi à relever pour diriger rapidement l’économie de l’énergie dans une direction différente. Les besoins des individus à vouloir débattre sont généralement motivés par le désir de l'ego de « avoir raison » et de prouver que l'autre a tort. C’est pourquoi il faut abandonner ces besoins égotiques et cesser de « gaver » les gens avec des opinions qu'ils ne peuvent pas accepter. Ne perdez pas votre temps avec ceux qui croient que le monde est trop grand et nous, trop petits, pour influencer le climat mondial. « Allez vers ceux qui sont ouverts d’esprit et déjà prédisposés à un changement profond… allez vers les jeunes. » Il pense que les jeunes seront les moteurs du changement et qu'ils dirigeront la révolution énergétique car, dans un avenir proche, il leur semblera absurde d’avoir une voiture qui fait moins de 100 ou 150 miles par gallon, ou de ne pas envisager des motos à pile à hydrogène. Les gouvernements suivront avec des initiatives politiques, et « cela devrait être motivé ou coordonné par une vision systémique pour ne pas perdre de temps à débattre. »
De plus, avec qui jouons-nous vraiment, demandait-il ? Nous parions avec la vie des jeunes. C’est pourquoi il propose une stratégie qui consiste à mettre en avant les voix et à encourager l'activisme des personnes âgées de 10 à 30 ans, car leurs voix résonnent. Ces voix ont une qualité émotionnelle qui nous touche. « Quand les jeunes disent ‘Vous pariez avec ma vie’, cela arrête les adultes dans leur élan. » On peut toujours argumenter qu'il existe des incertitudes, que les changements nécessaires vont coûter cher ou se dire « je suis une seule personne, que puis-je accomplir ? » Mais il revient toujours à la réalité de ces vies jeunes que nous mettons en jeu.
Le dénominateur commun sous-jacent à de nombreux problèmes — qu’il s’agisse de la crise environnementale, de la justice sociale ou de l’écart grandissant entre riches et pauvres — réside dans notre incapacité systématique à élaborer des stratégies sages et tournées vers l'avenir. Notre société sous-évalue systématiquement l’avenir et est fortement biaisée en faveur du court terme. Cela est profondément lié au fait que les voix des enfants et des jeunes sont presque inexistantes dans nos sociétés. L’avenir n’est pas émotionnellement réel pour nous. « L’avenir est une série de statistiques et de projections — mais cela changerait si les enfants et les jeunes s’impliquaient. » Encourager la participation des jeunes s’inscrit également dans une stratégie visant à se concentrer là où le mouvement se déroule déjà. Des écoles mettent en place des programmes de pensée systémique, avec la durabilité comme fondement. Le projet Kid’s Footprint montre aux élèves du secondaire comment cartographier leur empreinte énergétique, en commençant par leurs propres écoles, où ils apprennent à analyser les données et à élaborer des propositions de rentabilité d’initiatives telles que l’amélioration de l’éclairage, de l’isolation, des compteurs intelligents et d’autres aspects fondamentaux. C’est un véritable laboratoire d’apprentissage, dont l’objectif est de les impliquer dans leurs communautés, en collaborant avec des PME qui ne peuvent pas se permettre des hausses de coûts énergétiques.
En parlant avec une fille ou une petite-fille, un jeune, un modèle émerge souvent : quel monde leur laisserons-nous ? Les adultes se regardent dans le miroir et, un jour, ils se disent : « Mince. Que suis-je en train de faire ici ? » C’est une question profondément personnelle. Si vous êtes coincé dans votre rôle de PDG, il est difficile de faire preuve de créativité ou d'imaginer une nouvelle perspective, expliquait Senge. « Vous êtes tellement pris dans les nœuds pour satisfaire les parties prenantes et, surtout, vos actionnaires. Votre travail dépend de la croissance de vos bénéfices. » Selon lui, lorsqu’un adulte connaît cette épiphanie, ce n’est généralement pas en raison d’une analyse approfondie, mais plutôt d’une prise de conscience soudaine et d'une conviction profonde qui l’amène à se dire : « C’est ce que je dois faire. » Il devient alors personnel, factuel, et c’est à ce moment-là qu'il commence à penser différemment, à regarder le système dans son ensemble.
Le changement ne survient que lorsque quelque chose fait profondément sens pour vous, disait Senge. Comprendre la logique des autres, leur raisonnement, permet progressivement de les amener avec vous. « Ils se taisent peut-être parce que leur culture ne favorise pas cela, ou simplement parce qu’ils n’ont pas encore trouvé ce qui les relie à ce dont ils se préoccupent vraiment. » Il est possible de penser en termes de la fameuse courbe en cloche. « Il y a des gens qui sont engagés. À l’autre extrémité de la courbe, il y a ceux qui sont opposés. Et puis, il y a ceux qui sont prédisposés mais pas encore engagés, car ils ne savent pas comment s’impliquer. Vous ne devez pas les convaincre. Vous devez les aider à voir comment se connecter. » Il suffit alors de viser quelques personnes dans ces deux derniers groupes pour les amener à la réflexion.
Comment la perception du consensus scientifique et la résistance au changement influencent l'engagement en matière de climat
Dans de nombreux contextes, la manière dont l'information est communiquée a un impact décisif sur la manière dont elle est perçue et intégrée. Un des exemples les plus frappants de cette dynamique est la manière dont les individus réagissent aux informations scientifiques sur le changement climatique. Des recherches ont montré que la présentation d'informations sur le consensus scientifique peut être facilitée en modifiant la manière dont elles sont abordées. Par exemple, lorsqu’on demande à un individu d'estimer le pourcentage d'experts qui croient au changement climatique causé par l'homme avant de lui fournir des informations sur le consensus scientifique, cela modifie son perception de manière significative. Cette technique a permis d'augmenter l'adhésion au consensus de 20 %. Cela démontre que le simple fait d’amener les gens à exprimer ce qu’ils croient avant de confronter leurs croyances à des faits peut profondément les affecter. Une prise de conscience de la divergence entre la perception personnelle et la réalité objective les pousse à réévaluer leur position.
Une autre technique efficace dans la communication de ces idées est l’utilisation d’experts locaux et de visages familiers. L’association de déclarations sur le changement climatique à des experts reconnus localement, avec des images et des témoignages personnalisés, améliore la crédibilité du message et renforce son efficacité. Cela souligne l’importance de la répétition et de la personnalisation dans les stratégies de communication. Un message, même scientifique, qui est constamment répété par une source digne de confiance, devient plus efficace. Maibach, un expert en communication, l’a bien résumé en indiquant que, bien que la science soit complexe, sa diffusion doit être simplifiée, répétée et exprimée par ceux en qui le public a confiance.
Cependant, tout message ne se transmet pas de manière uniforme. Parfois, des métaphores et analogies sont employées pour rendre les informations complexes plus accessibles. Mais il a été démontré que ces simplifications ne sont véritablement utiles que lorsque l’information à transmettre est particulièrement dense ou difficile à comprendre. Dans le contexte du changement climatique, une métaphore médicale, par exemple, pourrait perdre de son efficacité si elle est perçue comme exagérée ou mal adaptée à la situation. Ce type de communication nécessite donc une approche plus nuancée, où l’essentiel réside dans la clarté et la répétition, plutôt que dans des simplifications excessives.
Dans un autre registre, la résistance au changement en matière d’environnement est souvent attribuée à un manque d’intérêt ou d’engagement des citoyens. Cependant, cette hypothèse de l’apathie est remise en question par des chercheurs comme Renee Lertzman, qui proposent que ce manque d’engagement n’est pas nécessairement une absence de préoccupation, mais plutôt une forme de conflit intérieur. Lertzman a observé que dans des régions industrielles, comme le Wisconsin, les gens sont souvent partagés entre leur amour pour l’environnement et la nécessité économique liée à des industries polluantes. Ils expriment une forte inquiétude pour la qualité de l’eau et l’avenir des lacs, mais cette inquiétude est souvent noyée par la nécessité de préserver un mode de vie qui les relie à des secteurs économiques polluants. Lertzman suggère que l’on ne devrait pas partir du principe que les gens ne se soucient pas de l'environnement, mais plutôt que la manière dont cette préoccupation est exprimée n’est pas toujours visible. Loin d’être indifférents, beaucoup éprouvent une forme de tristesse ou de perte face à l’état de la planète, mais cette émotion est souvent muette, incomprise ou ignorée.
Ce paradoxe – une forte inquiétude combinée à une faible action – illustre une vérité essentielle : la résistance au changement ne vient pas seulement d’un manque de volonté ou d’intérêt, mais aussi de facteurs psychologiques profonds, comme le sentiment d’impuissance ou de culpabilité, ou encore les dilemmes moraux auxquels sont confrontées les personnes dépendantes d’industries polluantes. Ce phénomène montre qu’il est impératif d’aborder le changement climatique non seulement comme une question scientifique ou politique, mais aussi comme une question émotionnelle et psychologique, où l’empathie et la reconnaissance des sentiments des individus jouent un rôle crucial.
Ce qui est crucial pour une communication efficace sur le climat, c’est donc de prendre en compte non seulement la complexité scientifique du sujet, mais aussi la manière dont les gens se sentent par rapport à ce sujet. Cette approche doit être fondée sur une reconnaissance de la confusion, de l’anxiété et de la peur que ces informations peuvent susciter. Il ne suffit pas d’apporter des faits ; il faut aussi apporter de la clarté émotionnelle et une forme de soutien psychologique pour aider les gens à faire face aux défis environnementaux sans se sentir accablés. La clé réside dans un équilibre entre la transmission d'informations précises et la prise en compte des aspects émotionnels et psychologiques qui influencent les comportements.
Quel rôle les industries et le gouvernement jouent-ils dans l'inaction face aux défis environnementaux?
Les débats actuels sur les politiques climatiques et environnementales révèlent une réalité inquiétante : les gouvernements et les grandes entreprises ont souvent pris des mesures insuffisantes pour répondre à l’urgence du changement climatique. Les données disponibles témoignent d’une lente prise de conscience et d’une action bien trop timide face à une crise qui nécessite des mesures drastiques. La problématique de la pollution de l'air et des émissions industrielles, par exemple, reste un problème majeur malgré l’augmentation de la sensibilisation publique et des efforts pour imposer des régulations plus strictes.
Il est fascinant de constater que, bien que des actions soient entreprises par certains gouvernements, l'ampleur de ces actions ne correspond pas à l’ampleur du défi. Un exemple parlant est celui des centrales à charbon. Bien que les émissions des centrales à charbon aient diminué, passant de 24 000 décès en 2004 à un nombre réduit grâce à une régulation plus stricte, les résultats demeurent insuffisants face aux effets catastrophiques de la pollution. Un autre aspect qui souligne ce décalage entre les paroles et les actions est le mythe du "charbon propre", souvent propagé par les lobbies industriels, malgré les preuves scientifiques qui montrent que cette technologie ne permet pas de résoudre les problèmes d’émissions à grande échelle.
Les chercheurs et activistes dénoncent également un autre facteur crucial : la méfiance grandissante envers les acteurs politiques et économiques, une méfiance qui paralyse l'action. La perception que les actions individuelles ne suffisent pas, en raison de l'ampleur du problème, aggrave cette situation. Un sondage canadien révèle qu’une large majorité de la population perçoit le changement climatique comme une menace sérieuse, mais craint que les efforts individuels n’aient qu’un impact marginal face aux intérêts des grandes entreprises et au manque de volonté politique.
Au-delà de cette méfiance, un autre obstacle est la désinformation et les stratégies de manipulation de l’opinion publique. La montée des discours polarisants, comme ceux qui dépeignent les problèmes environnementaux comme une question idéologique ou politique, a pour effet d’obscurcir les enjeux réels et de semer la confusion. L'exemple de la manipulation de l’opinion publique par certains groupes industriels, qui exploitent les incertitudes et créent des narratives erronées, est un élément clé pour comprendre pourquoi les solutions semblent hors de portée, même lorsqu’elles sont clairement nécessaires.
Il est également pertinent de souligner l'impact de la logique économique dominante dans la gestion des crises environnementales. Les politiques économiques actuelles sont souvent axées sur la croissance à court terme, au détriment de la durabilité à long terme. Dans ce contexte, la recherche de bénéfices rapides empêche la mise en place de solutions durables, exacerbant ainsi les inégalités sociales et environnementales. Il n’est pas rare que les gouvernements, dans une logique électoraliste, fassent des compromis qui retardent la mise en œuvre de politiques ambitieuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ou protéger la biodiversité.
En outre, il faut prendre en compte la question de l'information. Les gouvernements et les entreprises devraient faciliter l'accès à des informations fiables et pertinentes sur les impacts environnementaux des politiques et des technologies. Or, cette information est parfois volontairement manipulée ou rendue difficilement accessible pour le grand public. Cela participe à une forme de contrôle social où seules les voix des puissants et des intérêts financiers dominent, réduisant les citoyens à des spectateurs passifs.
L’enjeu de la transition énergétique doit également être abordé sous un autre angle : celui de l’acceptabilité sociale des solutions proposées. L'introduction de nouvelles technologies, comme les énergies renouvelables, rencontre souvent des résistances, non seulement de la part des entreprises du secteur fossile mais aussi des communautés locales, préoccupées par les répercussions sur leur mode de vie. Pourtant, une transition réussie implique non seulement des innovations technologiques, mais aussi une transformation des mentalités et des structures économiques existantes.
Dans ce contexte, le défi n'est pas seulement de comprendre les causes du réchauffement climatique, mais aussi d’agir face à des forces puissantes qui préfèrent maintenir le statu quo. Il est essentiel que les citoyens prennent conscience du rôle qu’ils peuvent jouer, non pas seulement par des actions individuelles, mais aussi en influençant les politiques publiques et en soutenant des initiatives collectives visant à renverser la tendance actuelle.
Cela nous amène à la conclusion suivante : pour véritablement affronter la crise environnementale, il ne suffit pas de renforcer les régulations. Il faut repenser en profondeur les structures de pouvoir qui définissent les priorités économiques et sociales. Cela passe par une prise de conscience collective et par des actions politiques audacieuses qui remettent en question l'influence disproportionnée des intérêts industriels sur la politique environnementale.
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